Bienheureuse Louise de France
Epoque : née à Versailles le 15 juillet 1737, morte à Paris le 23 décembre 1737.
Titre : dernière fille de Louis XV, roi de France, et de Marie Leczinska ; religieuse.
Fête : 23 décembre.
Louis Xv, libertin effréné, avili par la passion, dégrade l’institution monarchique. Néanmoins Marie Leczinska réussit à donner une éducation vraiment chrétienne à leurs 7 enfants. Ses filles diront : « Maman remplit ses journées encore plus saintement qu’on nous le proposait de le faire au couvent. »
Dans cette société où la bourgeoisie est souvent égoïste et dépravée, de grandes âmes se révèlent. Ainsi le cousin du roi, le duc d’Orléans, fils du régent, fait une retraite de pénitence annuelle à Sainte Geneviève.
Louise désire ardemment rentrer au carmel de Saint-Denis, surnommée la « trappe des carmels ». C’est un projet mûrement réfléchi, à la lumière de la lecture de saint Thérèse d’Avila. Son directeur de conscience, l’archevêque de Paris, Monseigneur de Beaumont, mis au courant, se rend le 30 janvier 1770 auprès de son père pour lui demander son consentement. Le roi, à ces propos, recule de quelques pas, en proie à une vive émotion, mais il finit par accepter.
Le 10 septembre 1770, Madame Marie-Louise de Bourbon revêt l’habit des filles de sainte Thérèse d’Avila sous le nom de sœur Thérèse de Saint Augustin, au Carmel de Saint-Denis. Pendant dix-sept ans, Louise de France mène une vie religieuse de vertus et de prières. Elle veut et cherche les plus humbles tâches, celle de troisième sacristine. Elle refuse tout net d’être mieux chauffée ou mieux nourrie que les autres, exigeant d’être confondue parmi les autres.
Aussi longtemps que la vénérable Louise de France vécut à la cour, elle fut d’une constitution délicate et très faible. Quand elle devint carmélite, elle acquit une vigueur et une santé bien meilleures, au grand étonnement de tous. On sait pourtant la sévérité de l’ordre, le jeûne fréquent, l’abstinence et les pénitences. Elle-même disait à une de ses amies « Je suis réellement heureuse : aussi bien au point de vue physique que moral, j’ai gagné énormément. »
Louis XV vient la voir d’une manière assez fréquente, trouvant la paix pour son âme. Selon son privilège, il franchit la clôture. « Je serai bien gardé les carmélites » dit-il un jour. Soeur Thérèse de Saint Augustin le fait asseoir sur la paillasse de sa cellule puis l’emmène à l’office en l’installant sur un banc. Louise connaît la vie turbulente de son père et lui indique simplement par sa vie et son exemple qu’elle prie pour lui. Louis XV sait bien que sa fille rachète ses péchés par une vie de pénitence.
Au moment de mourir, Louis XV se repent publiquement, désavouant ses fautes avec regret et s’abandonne à Dieu en vrai Chrétien. Quant à Louise, la noble fille de France, elle continue d’intercéder pour lui.
Elle devient prieure du carmel et reçoit aussi la visite de Louis XVI . Le Marquis de La Franquerie raconte ainsi sa mort : « Les francs-maçons redoutant son énergie et la lucidité des conseils qu’elle donnait au jeune roi Louis XVI, décidèrent sa perte et lui envoyèrent un bouquet contenant de prétendues reliques qui l’empoisonna. » Elle reçoit, selon l’usage, les derniers sacrements à la dernière extrémité. Sa joie et son amour sont identiques à ceux de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. On raconte qu’en rendant son dernier soupir, elle s’écria : « Au galop ! Au galop ! En paradis ! »
Clément XIV, son contemporain, admire Louise de France. Le 18 juin 1873, pie IX introduit et approuve le procès en béatitude. En 1985, un relateur est nommé. Le postulateur est le Père Siméon. Le 10 décembre 1991, un avis favorable est donné par la commission historique. Le 18 décembre 1997, Jean-Paul II signe son décret de béatification. Louise de France s’est illustrée par la vie qu ‘elle a menée mais aussi par sa lutte contre le gallicanisme.
Les Saints de souches royales Etienne Lelièvre Le Sarment Fayard p. 178
Conseil de Madame Louise à ses novices.
Vous sentez de la répugnance pour un de nos devoirs, ne songez pas même aux moyens les plus légitimes de vous en dispenser. Vous vous plaisez moins auprès de certaines de vos sœurs, redoublez d’attention pour elles en leur présence, et de charité en leur absence, sans que personne pénètre votre motif. On combat votre opinion, et vous pourriez triompher d’un seul mot, abstenez-vous de prononcer c mot. On parle d’une nouvelle qui ne renferme rien pour votre édification, mais qui satisfait votre curiosité, évitez d la connaître, pourvu que ce soit sans affectation.
On raconte en votre présence une histoire que vous savez et on la défigure, ne vous donnez pas la satisfaction de rétablir les faits dans les cas où vous le pourriez. Quelques pratiques de la vie religieuse vous coûtent plus que les autres, n’en dites rien et observez-les fidèlement.
Vous n’aimez pas certains mets que l’on sert ordinairement à la communauté, attachez-vous à les prendre comme des remèdes à votre sensualité, et que Dieu seul connaisse votre secret.
On vous fait une réprimande publique, on vous enjoint une satisfaction humiliante, soumettez-vous volontiers et avec humilité à l’un et à l’autre. S’il arrivait que vous fussiez innocente lorsqu’on vous reprend ou qu’on vous punit, oh ! alors taisez cela soigneusement aux créatures, afin que Celui-là seul en ait connaissance qui doit le récompenser… (Cité par Mère Tourel)
Neuvaine à Sainte Thérèse de Jésus
Premier jour. Me voici encore à vos pieds, ô ma Mère ; et toujours pour obtenir la grâce que je sollicite depuis tant d’années ; mes espérances sont augmentées, mais, hélas ! ce ne sont que des espérances, je suis toujours dans le monde, toujours loin de vos saints asiles, et je ne vois pas même de route certaine pour y arriver.
Je persiste, ô mon Dieu, à me soumettre sans réserve à votre sainte volonté ; je ne demandais que de la connaître. Eût-elle été opposée à mes vœux, sur le champ je m’y serais soumise, j’aurais renoncé à mes plus chers desseins, et je me serais fixée dans l’état où votre adorable Providence m’aurait retenue. Mais soyez-en loué à jamais, ô mon Dieu, votre miséricorde n’a point rejeté mes vœux ; votre oracle a parlé ; vous avez agréé mon sacrifice ; et il ne me reste qu’à attendre le moment que vous avez marqué. Je l’attends ô mon Dieu, et c’est avec autant de soumission que d’empressement : mais vous nous permettez de vous prier, et vous ne prenez point mes sollicitations pour des révoltes. Hâtez donc, ô mon Dieu, hâtez, précipitez cet heureux moment.
Deuxième jour Ô ma bonne Mère, joignez vos instances à celles d’un enfant que vous ne pouvez plus désavouer : jetez les yeux sur moi, voyez l’esclavage où je suis, l’agitation où je vis ; mes prières gênées, mes méditations coupées, mes dévotions contrariées ; voyez les affaires temporelles dont je suis assaillie ; voyez le monde, qui sème sous mes pas ses pompes, ses jeux, ses spectacles, ses conversations, ses délices, ses vanités, ses méchancetés, ses tentations, sans que je puisse ni fuir ni me détourner ; voyez les dangers que je cours, les épines sur lesquelles je marche, mes fautes, le peu de bien que je fais ; voyez mes désolations, mes tristesses, mes ennuis ; ayez pitié de moi ; obtenez-moi, enfin la sainte liberté des enfants de Dieu.
Troisième jour Ne suis-je pas assez éprouvée, ne connaissez-vous pas à fond le vœu de mon cœur ; après tant d’années de constance ? Doutez-vous de ma résolution, m’avez-vous vue varier un seul instant, ne m’avez-vous pas toujours aperçue toute tournée vers la voix qui m’appelle, tendant à elle de toutes mes pensées, de tous mes désirs et de toutes mes forces ; soupirant sans cesse après le bonheur de la suivre ; fondant en larmes de me voir ainsi renvoyée d’année en année ; conjurant Dieu de toute la ferveur, et dans toute la sincérité de mon âme, de briser, enfin, mes liens ; vous pressant, vous sollicitant de m’aider à les rompre, employant pour vous y engager, l’intercession de vos plus chères filles ? N’ai-je pas connu assez le monde pour le détester à jamais, pour ne jamais le regretter ? J’ai considéré tant de fois, une à une, toutes les douceurs de cet état, auquel je veux renoncer ! Vous m’êtes témoin, ô mon Jésus, qu’il n’en est point que j’aie balancé à vous sacrifier. Vaines douceurs, douceurs pleines d’amertume, fussent-elles mille fois plus pures, je préfère le Calice de mon Sauveur. Ne me dites point, ma Sainte Mère, que je ne connais pas encore assez votre règle. Ah ! ne m’avez-vous pas vu la lire sans cesse, la méditer, la porter toujours sur moi, en faire mes délices ? Je ne me suis rien déguisé, abaissements, pauvreté, austérités de toutes espèces, privations de toutes sortes, solitude, délaissements, contradictions, humiliations, mépris, mauvais traitements, j’ai mis tout au pis ; rien ne m’a effrayée, j’ai comparé l’état de Princesse et l’état de Carmélite, et toujours j’ai prononcé que celui de Carmélite valait mieux que celui de Princesse ; et jamais ce jugement ne s’effacera de mon cœur ; j’ai vu, ô mon Jésus, j’ai soupesé la croix, dont je, vous prie de me charger. Ah ! que n’est-elle aussi pesante que la vôtre !
Quatrième jour Ô ma bonne Mère, que faut-il donc de plus ? Mes jours se dissipent, mes années s’écoulent ; hélas ! que me restera-t-il à donner à Dieu ? Vos filles elles-mêmes ne me trouveront-elles pas trop âgée ? Ouvrez-moi donc enfin, ô ma Mère, ouvrez-moi la porte de votre maison, tracez-moi la route, frayez-moi le chemin, aplanissez-moi tout obstacle ; dès le premier pas, j’ai besoin de tous vos secours pour me déclarer à celui dont le consentement m’est nécessaire ; faites-moi naître une occasion favorable, préparez-moi son cœur, disposez-le à m’écouter, défendez-moi de sa tendresse, défendez-moi de la mienne, donnez-moi avec le courage de lui parler, des paroles persuasives qui vainquent toutes ses répugnances ; mettez-moi sur les lèvres ce que je dois lui dire, ce que je dois lui répondre ; parlez-lui vous-même pour moi, et répondez-moi pour lui. Vous obtîntes autrefois tant de grâces pour rompre les liens qui vous retenaient dans le monde ; vous en obtenez tant de pareilles pour vos filles ; intercédez donc aussi pour moi, ô ma Mère, et dites à mon cœur, avant que je sorte d’ici, que je puis parler quand je voudrai et que le cœur du Roi est incliné à mes vœux ; mais, ma sainte Mère, comment apprendra-t-il ma résolution ? Y consentira-t-il ? La verra-t-il s’exécuter sans être touché de Dieu, et sans retourner entièrement vers lui. Moi Carmélite et le Roi tout à Dieu. Quel bonheur ! Dieu le peut, Dieu le fera, ô ma sainte Mère, si vous le lui demandez. Hélas ! il le ferait même pour moi, si j’avais autant de foi que de désir ; ah ! je crois, ô mon Dieu, je crois, ô ma bonne Mère, présentez ma foi aux pieds de votre divin Epoux ; qu’elle croisse, qu’elle s’augmente entre vos mains, et qu’elle égale la vôtre ; et comme elle a mérité des miracles, après cela qu’aurais-je à désirer ? Mourir, et mourir Carmélite ; et laisser ici-bas toute ma famille dans le chemin du Ciel.
Cinquième jour. Mais s’il faut encore par quelque délai acheter de si grandes grâces ; ah ! du moins, ma sainte Mère, augmentez-en le pressentiment dans mon cœur ; faites-y luire le plein jour de la volonté de Dieu ; daignez sans cesse m’y certifier ma vocation, mais surtout ne me laissez pas perdre cet intervalle, quelqu’encore qu’il puisse être, aidez-moi à me défaire dès aujourd’hui de tous les attachements contraires à ma vocation. Hélas ! à quoi ne s’attache pas notre cœur, et presque toujours sans que nous nous doutions de l’attachement. Parents, amis, meubles, habits, bijoux, bonne chère, commodités, habitudes, consolations humaines : que sais-je ? Voyez, faites moi voir, arrachez-y tout ce que je ne dois pas porter chez vous. Ah ! n’épargnez rien au-dedans de moi ; mais au dehors, ma bonne Mère, retenez par vos instances les plus vives, ce bras terrible qui a déchiré mon âme par tant de funestes coups. Ô mon Dieu, conservez la Reine ; donnez-lui la consolation de me voir au nombre de ses chères carmélites ; conservez toute ma famille, conservez tous ceux que j’aime, ne m’en détachez que par votre grâce. Non, je ne serai pas rebelle, et je foulerai aux pieds toutes mes inclinations pour suivre votre voix. Mais, ô ma sainte Mère, pendant que je travaille à déraciner toutes mes anciennes attaches, ne permettez pas que j’en contracte de nouvelles ; protégez-moi contre toutes les occasions, contre tous les pièges qu’on me tend.
Sixième jour. A mesure que mon cœur se videra de toutes les pensées de la terre, il se remplira de celles de ma vocation, de celles du Ciel. Ô ma Mère, dilatez, étendez dans mon âme toutes les vertus religieuses ; que dès à présent j’en pratique tout ce qu’il m’est possible de pratiquer dans le monde ; donnez-moi des occasions fréquentes d’obéir, de me mortifier, de m’humilier, de me confondre avec mes inférieurs, de descendre au-dessous d’eux, de fouler aux pieds le monde et ses vanités, de glorifier Dieu sans respect humain, d’embrasser, sans honte, la croix de Jésus, de confesser hautement sa Religion et son Eglise, de renoncer à moi-même et à toutes mes affections, de goûter les contradictions, les délaissements, le défaut de consolations humaines ; de sentir le froid, le chaud, la faim, la lassitude , de me dépouiller de ma propre volonté, de me résigner à celle de Dieu ; de m’élever à lui ; de le prier, de converser avec lui, de l’aller visiter aux pieds de ses autels ; de participer à sa Sainte Table, d’entendre sa Parole, d’assister à ses saints offices. Multipliez toutes les occasions pareilles, et que je n’en perde pas une ; que partout, et dans les lieux les plus consacrés au monde, je porte un cœur crucifié, un cœur de Carmélite ; que toutes mes pensées soient dignes de vous.
Septième jour. Soyez sans cesse à mes côtés, ô ma sainte Mère, pour me dire, sans relâche, songez à votre vocation, il vous reste peu de temps, songez à former une Carmélite ; une Carmélite ne penserait pas, ne dirait pas, ne ferait pas cela. Ah ! qu’avec cette assistance, j’espérerais former en moi dès à présent, et au milieu même du monde, une parfaite Carmélite, à qui il ne manquerait que le cloître et l’habit. Daignez donc, ma sainte Mère, si vous voulez encore me laisser dans le monde, daignez ne me pas perdre un moment de vue ; veillez sur moi comme sur une de vos filles, soyez mon soutien, soyez ma sûre garde, soyez mon conseil assidu.
Huitième jour. Je vous recommande non seulement mon cœur pour y former toutes les vertus et toutes les perfections de votre règle, mais encore mon corps pour le mettre en état d’en soutenir les austérités ; je ne demande pas une santé parfaite, je veux ô ma sainte Mère, vous ressembler en tout point, je veux ressembler à Jésus-Christ, mon divin modèle, et porter sa croix en mon cœur et en mon corps jusqu’au dernier soupir. Ou souffrir ou mourir, sera ma devise, comme ce fut la vôtre ; mais qu’au milieu des douleurs et des infirmités, mon tempérament se fortifie, afin que sa faiblesse ne soit pas un obstacle à ma vocation, quand par la miséricorde de Dieu, tous les autres obstacles seront levés.
Neuvième jour. Mais tandis que je m’occupe de mon cœur, que je m’en propose les vertus, et que je m’y exerce, ne me laissez pas non plus, ô ma sainte Mère, négliger l’état où la Providence me retient encore, quelque court que doive être le temps qu’elle m’y retiendra. Suggérez-moi aussi tous les devoirs, obtenez-moi de les remplir ponctuellement avec autant d’exactitude, d’émulation, et de perfection, que si je devais être toute ma vie ce que je suis à présent ; multipliez aussi, sous mes mains, les occasions de faire le bien propre de cet état, le bien que je ne pourrai plus faire dans le cloître. Hélas ! qu’ai-je fait ici pour répondre à la Providence, et la justifier de m’avoir placée, et de m’avoir tenue plus de trente ans dans ce rang d’élévation ? Ô mon Dieu ! Remplissez le peu de jours qui me restent de cette grandeur, et que de leur plénitude soient comblés tous les vides de ma vie passée. Donnez-moi dans ce court espace de temps de servir la Religion, l’Eglise et l’Etat ; de tirer de la misère tous les malheureux, de soutenir, de ranimer, d’encourager la piété, de protéger l’innocence opprimée, d’imposer un silence éternel à la calomnie et à la médisance, de vous gagner toute ma maison, d’édifier toute la Cour ; et avant de m’enfermer pour travailler uniquement à mon salut, d’avoir procuré celui de tous ceux à qui l’élévation dont je descends m’aura donnée en spectacle. Ainsi soit-il.
Prière pour demander la Béatification de Madame Louise
Dieu notre Père, tu as établi Roi des nations ton fils bien-aimé, le Christ Jésus ; à la prière de sa mère la Vierge marie, Reine et Beauté du Carmel, accorde à ton Eglise de recevoir comme modèle la vénérable Thérèse de Saint-Augustin, Madame Louise de France, en confirmant la sainteté de sa vie. Par son intercession et dans la communion de l’Esprit-Saint, enseigne-nous la pratique de l’Evangile dans le contexte social du quotidien ; fais que les responsables politiques oeuvrent pour le bien des peuples, et travaillent au mieux-être des plus démunis ; développe en nous le zèle ecclésial dans le combat contre les forces du mal ; donnes-nous l’amour de la vie religieuse qui est la recherche de Dieu et service fraternel. Amen.
Ayez la bonté de signaler par écrit les grâces obtenues par son intercession à L’Association Louise de France 5, villa de la Réunion 75016 Paris
Exercice pour le saint jour de Noël
Qu’un Prince puissant descendît de son trône, pour venir se confondre dans les derniers rangs de ses sujets, s’asseoir à leur table, partager leur indigence, et essayer de leur rendre le fardeau de la pauvreté plus supportable, en le portant avec eux ; quelles impressions profondes d’amour et de vénération laisserait dans tous les cœurs le spectacle ou le récit d’un tel héroïsme de générosité ! Pour être plus accoutumés aux prodiges de la miséricorde divine, devons-nous en être moins touchés ? Ah ! plutôt que de permettre, Seigneur, que je me rende jamais coupable d’une ingratitude aussi monstrueuse, donnez-moi de recueillir dans mon âme toute la reconnaissance que l’univers vous doit.
Parmi les réflexions qui viennent tumultueusement se présenter à mon esprit, à la vue de Jésus naissant, cinq objets doivent principalement fixer le désir qu’il veut bien m’inspirer, de lui préparer dans mon cœur une demeure digne de lui.
I Son amour infini pour moi. J’étais présente à ses yeux, dès les premiers moments d’un sacrifice qui a commencé avec l’éternité. Il a daigné pourvoir à tous mes besoins. Pas une de mes misères qui ait échappé au dessein qu’il a formé, de venir lui-même apporter aux plaies du genre humain, les seuls remèdes que pût admettre la justice irritée de son Père ! Les intérêts de sa propre gloire, les ignominies et les besoins de cette chair mortelle qu’il n’a pas dédaigné de revêtir, pour m’élever jusqu’à lui, en s’abaissant jusqu’à moi, rien n’a pu l’arrêter.
Ô amour ! qui faites disparaître dans un Dieu tout ce qu’il doit à sa grandeur, échapperez-vous au juste retour dont je me sens redevable ? Ne dois-je pas me donner sans partage à celui qui vient se donner tout entier à moi ?
II Sa miséricordieuse charité. C’est pour tous les hommes, c’est pour les délivrer tous de l’esclavage du péché, c’est pour leur ouvrir à tous l’entrée du Ciel qu’il paraît sur la terre ; j’étais comprise dans cette multitude innombrable de pécheurs qu’il avait la vue et le désir de sauver. Mes infidélités à sa grâce qu’il prévoyait, n’ont pas mis obstacle à la générosité de ses démarches pour moi. Sa charité, comme me l’apprend son Apôtre, s’est manifestée en ma faveur, malgré toute mon indignité. Combien ce regard de bonté d’un Dieu naissant doit-il m’apprendre à renfermer dans ma charité ceux mêmes qui me paraissent si souvent la moins mériter !
III Ses profondes abjections. En quel état paraît à mes yeux le Roi des Rois, le Dieu de l’univers, le dominateur suprême du Ciel et de la Terre ! Quelle escorte va l’environner dans la crèche ! Une étable sera son palais ; une cabane exposée à toutes les injures de l’air sera son asile ; de pauvres bergers composeront sa cour, le souffle de deux animaux sera l’unique adoucissement à ses premières souffrances ; telle est l’image abrégée de l’anéantissement auquel il s’est condamné pour moi.
Puis-je croire cette vérité et souffrir encore que mon cœur soit susceptible de cet orgueil qui est le poison de toute la grandeur humaine. En peut-il être d’autre pour une âme chrétienne, que celle qui lui donne une conformité parfaite avec Jésus anéanti dans la crèche ? Qu’il est grand ce Dieu caché, malgré ce voile d’abjection qui le couvre à mes yeux ! Que je serai grande moi-même, quand je m’efforcerai de me rabaisser en sa présence !
IV Son état d’infirmité et de souffrances. Jésus les embrasse dès sa naissance, pour m’apprendre à sanctifier les miennes, pour m’y fortifier, et pour m’y consoler. Mais, si le Saint des Saints accepte déjà dans un corps innocent ce douloureux partage, puis-je ne pas m’estimer heureuse des traits de ressemblance qu’il me fournira avec lui-même dans mille circonstances, où je pourrai unir mes souffrances aux siennes. En qualité de chrétienne et de pécheresse, je suis condamnée à la mortification et à la pénitence. La leçon qu’il me présente dans son berceau est un nouveau motif pour moi de me crucifier dans mes sensualités, et encore plus dans ma volonté propre. Plus je trouve de facilités à la satisfaire, plus j’apprendrai, dans ce premier sacrifice de Jésus naissant, à m’immoler dans tout ce que j’ai de plus intime pour les sens, pour l’esprit et pour le cœur .
V L’étendue de ses satisfactions. C’est un Dieu qui me prévient, qui me recherche, qui paye pour moi à la justice de son Père. Que pourrais-je craindre avec une caution d’une valeur et d’une vertu aussi efficaces ? Je porterai à ses pieds bien des misères qu’il connaît, et dont il a compassion, mais qu’il est disposé à me pardonner, dès que je les détesterai toutes, dès que je n’en aimerai aucune. Indépendamment de tant de promesses miséricordieuses, qu’il m’a adressées tant de fois, ne s’offrira-t-il pas aux yeux de ma foi, avec tous les charmes qui peuvent lui attirer ma confiance ? Non, il ne viendra pas à moi en juge, ni en vengeur, mais en Sauveur et en Père. Je me hâterai donc de me jeter entre les bras qu’il daigne me tendre ; je recueillerai avec ardeur ses soupirs ; je le conjurerai d’être mon Jésus et mon libérateur, à l’appui de ces tendres sentiments que je solliciterai au premier trône de son indulgence ; que ne trouverai-je pas de ressources auprès d’un cœur qui ne désire que la pleine confiance du mien !
Ce mystère d’un Dieu naissant, doit donc ranimer tout mon amour pour lui, servir de règle à ma charité pour le prochain, rectifier tous mes jugements et toute ma conduite sur ce qui fait la véritable grandeur, soutenir mon courage dans l’usage de la pénitence chrétienne, réveiller et confirmer toute ma confiance aux miséricordes si étendues, dont la crèche est la dépositaire.
Je demanderai donc avec un redoublement de ferveur, proportionné à tous mes besoins, ces heureux fruits de la fête qui approche ; je purifierai mon âme avec la plus exacte sincérité ; j’y ajouterai avec toutes les protestations de ma douleur, les promesses les plus sincères de ma fidélité future ; je réunirai tous mes désirs les plus ardents et les plus empressés pour attirer les grâces de ce divin enfant. Mille fois, je lui réitérerai ma consécration entière à son service, ma dépendance, ma gratitude et mon amour. Venez, lui dirai-je, venez auteur de tous les biens, répandez-les dans mon âme ; en la visitant, faites-lui goûter combien il est doux de vous aimer et d’être aimée de vous. Communiquez-moi ces saintes ardeurs dont le cœur de votre sainte mère était pénétré ; faites passer dans le mien ce feu céleste qui en consume toutes les froideurs ; remplissez-moi de cet esprit de foi, de cette fervente piété, qui accompagnaient ce saint Roi, mon Patron, à votre divin banquet ; qu’il n’y ait rien en moi qui ne se ressente de ces profonds hommages que vous rendirent à la crèche les esprits bienheureux dont elle était investie ; couronnez enfin, ô Dieu naissant ! tous vos bienfaits par cette paix que vous apportez à la terre ; qu’elle règne en moi, comme un gage de votre grâce et de votre clémence ; et qu’elle y persévère par la confiance de ma fidélité et de mon amour ! Le péché seul peut m’en priver. Ah ! Que jamais il ne trouble, il ne ravisse un trésor dont la possession m’est plus chère que tous les biens de ce monde, que ma vie même. C’est ô mon Jésus ! ce que je vous demande, et c’est ce que je ne cesserai de penser, et désirer jusqu’au dernier soupir ; il sera un soupir d’amour pour vous.
Litanies de Notre-Dame du Mont Carmel
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu,ayez pitié de nous.
Esprit Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie, priez pour nous pécheurs.
Notre-Dame du Mont Carmel, Reine du Ciel,
Notre-Dame du Mont Carmel, Victorieuse de Satan,
Notre-Dame du Mont Carmel, Fille très obéissante,
Notre-Dame du Mont Carmel, Vierge très pure,
Notre-Dame du Mont Carmel, Epouse très dévouée,
Notre-Dame du Mont Carmel, Mère très tendre,
Notre-Dame du Mont Carmel, Modèle parfait de vertu,
Notre-Dame du Mont Carmel, Ancre sûre d'espérance,
Notre-Dame du Mont Carmel, Refuge dans l'affliction,
ND du Mont Carmel, Dispensatrice des dons de Dieu,
ND du Mont Carmel, Bastion contre nos ennemis,
ND du Mont Carmel, notre Aide dans le danger,
ND du Mont Carmel, Chemin menant à Jésus,
ND du Mont Carmel, notre Lumière dans les ténèbres,
Notre-Dame du Mont Carmel, notre Consolation à l'heure de la mort,
Notre-Dame du Mont Carmel, Avocate des pécheurs les plus abandonnés,
Pour ceux qui sont endurcis dans le vice, nous venons à Vous avec confiance, O Notre-Dame du Mont Carmel,
Pour ceux qui offensent votre Divin Fils,
Pour ceux qui négligent de prier,
Pour ceux qui sont à l'agonie,
Pour ceux qui diffèrent leur conversion,
Pour ceux qui souffrent en purgatoire,
Pour ceux qui ne Vous connaissent pas,
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous.
ND du Mont Carmel, Espérance des désespérés, intercédez pour nous auprès de Votre Divin Fils.
PRIONS. Notre-Dame du Mont Carmel, glorieuse Reine des Anges, Canal de la plus tendre miséricorde de Dieu envers les hommes, Refuge et Avocate des pécheurs, je me prosterne devant Vous avec confiance,
vous suppliant de m'obtenir...
En retour, je vous promets solennellement d'avoir recours à Vous dans toutes mes épreuves, mes souffrances, mes tentations, et je ferai tout en mon pouvoir pour engager les autres à Vous aimer, à Vous vénérer, et à Vous invoquer dans tous leurs besoins. Je vous remercie pour les grâces sans nombre que j'ai reçues de Votre miséricorde et de Votre puissante intercession. Continuez d'être ma défense dans le danger, mon guide pendant la vie et ma consolation à l'heure de la mort. Ainsi soit-il !
Notre-Dame du Mont Carmel, Avocate des pécheurs les plus abandonnés, priez pour l'âme du pécheur le plus abandonné de l'univers (ou pour l'âme de...). Alors les Anges du Ciel se réjouiront et l'enfer sera privé de sa proie.
Je viens à Vous avec confiance, O Notre-Dame du Mont Carmel.
Ces litanies de Notre-Dame du Mont Carmel ont été répandu en langue anglaise au cours de l’année 1912 par les soins des Pères Carmes d’Englewood (Etats-Unis), muniies de l’imprimatur de l’évêque de New-Jersey.
Les Pères carmes avaient ajouté la mention : « Ces belles litanies ont été trouvées très efficaces par tous ceux qui les offres pour la conversion des pécheurs ».
Prier ensuite : Un « Notre Père » + Un « Je vous salue Marie » et terminer par le signe de Croix.
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