Israël: Olmert soumis à des pressions de toutes parts pour démissionner
Dan Balilty AFP/archives ¦ Le ministre de israélien de la Défense Ehud Barak (d) et le Premier ministre Ehud Olmert, le 30 septembre 2007 à Jérusalem
Au lendemain d'un témoignage clef jugé accablant par la classe politique dans une affaire de corruption, le Premier ministre israélien Ehud Olmert était soumis mercredi à des pressions redoublées pour qu'il quitte le pouvoir.
La grande inconnue portait sur l'attitude du chef du parti travailliste et ministre de la Défense Ehud Barak qui pourrait exiger mercredi la démission ou ou la suspension de M. Olmert, selon plusieurs médias israéliens.
Après avoir consulté des experts en relations publiques et des responsables travaillistes, M. Barak devait se prononcer au cours d'une conférence de presse prévue vers 13H30 locales (10H30 GMT) à la Knesset, selon la radio de l'armée.
Cette effervescence a été alimentée par le témoignage d'un homme d'affaires américain, Morris Talansky, qui a affirmé mardi sous serment devant un tribunal de Jérusalem avoir versé à Ehud Olmert près de 150.000 dollars en liquide pour financer notamment ses campagnes électorales et des vacances de luxe.
Sur le front politique, la décision de M. Barak pourrait s'avérer cruciale. Sans le soutien des 17 députés travaillistes, M. Olmert ne disposerait plus d'une majorité au Parlement qui regroupe actuellement 67 députés sur 120.
Tous les commentateurs s'interrogeaient toutefois sur la question de savoir si M. Barak ira jusqu'à fixer un ultimatum à M. Olmert sous forme d'une date butoir pour obtenir son départ.
Le conseiller en communication de M. Olmert, Tal Silberstein a pour sa part assuré que le Premier ministre comptait rester au pouvoir. "Il est déterminé à rester à la tête du gouvernement et, sur la foi d'une conversation que je viens d'avoir avec lui, il n'a aucune intention d'annoncer qu'il se met en vacance du pouvoir ou tout autre chose", a-t-il affirmé à la radio militaire.
Le secrétaire général du parti travailliste, Eytan Cabel, a pour sa part affirmé à la radio publique qu'après le témoignage de M. Talansky, "Ehud Olmert ne peut pas rester un seul jour au pouvoir, c'est une question de morale, il faut agir, les mots ne suffisent pas".
M. Cabel a estimé que le Parlement pourrait déterminer cet été la date d'élections anticipées alors que la législature actuelle doit normalement s'achever en 2010.
Parmi les autres signes d'une crise politique figure notamment la menace de quitter la coalition du parti ultra-orthodoxe Shass (12 députés) au cas où M. Olmert refuserait d'augmenter les allocations familiales.
L'opposition de gauche qui, dans le passé, a soutenu des gouvernements engagés dans le processus de paix, estime également que les charges pesant sur M. Olmert sont trop lourdes pour lui accorder un "filet de sécurité", sous forme d'un soutien au Parlement.
"Je suis totalement favorable à des négociations avec les Palestiniens et la Syrie, mais Ehud Olmert ne peut pas d'un point de vue moral mener de telles discussions après le témoignage accablant de Morris Talansky", a prévenu Ran Cohen, député du parti Meretz.
Le député du Likoud (droite), Gideon Saar a également exigé la démission immédiate de M. Olmert en expliquant à la radio publique que "quelqu'un qui reçoit des enveloppes ne peut négocier l'avenir du plateau du Golan" avec la Syrie, en allusion à une reprise des négociations indirectes sur ce dossier.
Plusieurs membres du parti Kadima ont déjà présenté leur candidature à la succession de M. Olmert, parmi eux Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères, Shaul Mofaz (Transports), Avi Dichter (Sécurité intérieure) et Meïr Sheetrit (Intérieur).
Avant même le témoignage de M. Talansky, M. Olmert était déjà en grande difficulté auprès de l'opinion publique. Selon un récent sondage rendu public le 12 mai, 59% des Israéliens se déclaraient favorables à une démission de M. Olmert.
Les commentaires récents