Tous les chrétiens de France doivent manifester leur trés vivent solidarité vis à vis de Madame Habiba Kouider, demain, lors de la tradionnelle messe du dimanche!
24 mai 2008
Algérie : Une chrétienne risque trois ans de prison !!!
Alain Vincenot
A un barrage de gendarmerie
Le 29 mars dernier, Habiba Kouider, 37 ans, éducatrice dans une crèche à Tiaret, rentrait d’Oran, où elle fréquente une école biblique. A un barrage de la gendarmerie : fouille de bagages. Dans son sac, les gendarmes trouvent des bibles et des évangiles. Immédiatement arrêtée, elle est conduite, telle une délinquante, au commissariat de Tiaret pour interrogatoire. Elle est présentée le lendemain au procureur, qui lui propose : « Tu réintègres l’islam et je classe le dossier. Si tu persistes dans le péché, tu subiras les foudres de la justice ! » Elle ne répond pas.Le verdict sera rendu le 27 mai. Ce jour-là, comparaîtront devant le même tribunal correctionnel de Tiaret six chrétiens accusés de « distribution de tracts visant à ébranler la foi des musulmans ».
Une succession d’affaires
Depuis la loi de février 2006 qui fixe « les conditions d’exercice des cultes autres que musulman », il ne fait pas bon être non musulman en Algérie. Même si, à l’époque, le président Abdelaziz Boutefika avait rappelé que le texte en question visait à « perpétuer cette tradition de convivialité et de respect mutuel entre les fidèles des religions du Livre ». Et de souligner combien le peuple algérien est « fidèle à ses traditions et attaché au dialogue fécond entre les religions et les civilisations. »
En fait, dès 2006, une vingtaine d’étudiants africains, qui avaient participé à une rencontre biblique à Tizi-Ouzou, en Kabylie étaient expulsés. L’année suivante, en novembre, de jeunes Brésiliens, invités par l’archevêque d’Alger, Mgr Henri Tessier, étaient également chassés du pays, tandis qu’en décembre un directeur d’école et un instituteur, Algériens de confession chrétienne, étaient radiés de l’éducation nationale pour « prosélytisme ».
Quelques dates plus récentes
Le 27 janvier 2008, trois responsables protestants sont jugés sans comparution. Trois ans de prison et 500.000 dinars d’amende (5.000 euros). Ils auraient « proféré des injures contre la religion et la personne du Prophète ».
Le 30 janvier, un prêtre catholique d’Oran, le père Pierre Wallez, est condamné à un an de prison avec sursis pour avoir prié, le lendemain de Noël, à Maghnia, près de la frontière marocaine, avec un groupe d’immigrés clandestins camerounais catholiques. Le médecin algérien qui l’accompagne, un musulman, se voit, lui, infliger un an de prison ferme et 200.000 dinars d’amende. Il lui est reproché de les avoir soignés avec des médicaments et du matériel du centre public de santé dans lequel il travaille.
Le 26 mars, l’ancien président méthodiste de l’Eglise protestante, Hugh Johnson, 74 ans, en Algérie depuis 1963, est expulsé. Un « non-renouvellement du permis de séjour », explique pudiquement le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamellah, « lié à la sécurité de l’Etat ».
Pour le père Gilles Nicolas, du diocèse d’Alger, la multiplication des affaires illustre la « lutte idéologique de tous ceux qui veulent épurer le pays de toute présence non musulmane ». Quant au pasteur Mustapha Krim, président de l’Eglise protestante d’Algérie, il réagit aux accusations de prosélytisme. « Je ne comprends pas que 32 petites communautés chrétiennes peuvent faire trembler 32.000 mosquées. » Et d’ajouter que « le prosélytisme en Algérie est surtout islamique ».
Le 18 mars dernier, des intellectuels algériens signaient un appel « pour la tolérance ». Parmi eux, l’écrivain Boualem Salam, l’historien Mohamed Harbi, l’universitaire Boualem Sansal, l’universitaire Salem Chaker, le président de la Ligue algérienne des droits de l’homme Abdennour Ali Yahia, et le caricaturiste Ali Dilem. Au nom de la « liberté de conscience, du droit de chacun de pratiquer la religion de son choix, ou de ne pas pratiquer », ils exprimaient leur « solidarité avec la communauté chrétienne d’Algérie, cible de mesures aussi brutales qu’injustifiées ». Et les harcèlements de se poursuivre…
La loi de février 2006
L’article 11 prévoit une peine d’emprisonnement de deux à cinq ans ainsi qu’une amende de un million de dinars pour quiconque :
– « incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion, ou en utilisant à cette fin des établissements d’enseignement, d’éducation, de santé, à caractère social ou culturel, ou institutions de formation, ou tout autre établissement, ou tout autre moyen financier » ;
– « fabrique, entrepose ou distribue des documents imprimés ou métrages audiovisuels ou par tout autre support ou moyen qui visent à ébranler la foi d’un musulman ».
L’article 12 prévoit de un à trois ans de prison et une amende de 100.000 à 300.000 dinars pour quiconque « a recours à la collecte de quêtes ou accepte des dons sans autorisation des autorités habilitées légalement ».
L’article 13 prévoit de un à trois ans de prison et une amende de 100.000 à 300.000 dinars pour quiconque « prêche à l’intérieur des édifices destinés à l’exercice du culte, sans être désigné, agréé ou autorisé par l’autorité religieuse de sa confession, compétente, dûment agréée sur le territoire national et par les autorités algériennes compétentes ».
1 % de la population
Le christianisme est présent en Algérie depuis le Ier siècle après Jésus-Christ. Saint Augustin en est l’une des grandes figures. Aujourd’hui, les chrétiens ne représentent qu’une partie infime de la population. Ils ne seraient plus que 11.500, sur 33 millions d’habitants : 10.000 protestants et 1.500 catholiques.
Edition France Soir du vendredi 23 mai 2008 n°19804 page 17