J'aurais pu, comme tout le monde, évoquer l'élection de Daphna Poznanski lors de mon éditorial de jeudi dernier. Mais plutôt que de me joindre à la cohorte de ceux qui ont immédiatement commenté les résultats de cette première consultation législative de la 8ème circonscription des Français de l'étranger, je préférais déguster mon plaisir et profiter de voir apparaître mardi dernier dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale la première députée franco-israélienne de la République française. On ne peut que se réjouir de la victoire de Daphna, une femme de qualité, bien connue et très proche des Israéliens de nationalité française. Elle était la seule des candidats à habiter en Israël.Elle représente dorénavant tous les électeurs de la circonscription, mais qui mieux qu'elle connaît les problèmes et les spécificités de la communauté des Français d'Israël ?
Nous avons pu constater son efficacité lorsqu'elle fut élue à l'Assemblée des Français de l'Etranger.
Par ailleurs, même si, bien entendu, elle n'est pas la représentante d'Israël, tous ceux qui la connaissent savent qu'elle sera très vigilante contre toute velléité de boycott ou autre forme de diabolisation de l'Etat hébreu par ses ennemis, quels que soient les bancs sur lesquels ils siègent. Et ceux qui lui jetèrent la pierre et tentèrent de la salir du fait de son appartenance au PS feraient bien de se demander ce qu'ils ont fait ou ce qu'ils font en faveur d'Israël et du Peuple juif par rapport à Daphna.
Dans leur intérêt, il vaut mieux éviter la comparaison…
Je souhaite donc un énorme Mazeltov à Daphna pour son mandat, je sais que les intérêts des électeurs de sa circonscription et ceux d'Israël en particulier seront bien défendus. Elle incarne cette diversité que nous revendiquons et cet amour pour nos deux patries comparable à celui d'un enfant pour sa mère et son père.
Car jamais je ne renierai le lien qui nous unit à la France, à sa culture, à cette richesse dont elle nous a fait don.
Il m'arrive de critiquer la politique de ma France, ses élus, elle peut parfois me décevoir, mais je ne peux pas exiger d'elle qu'elle calque ses intérêts sur ceux d'Israël. Je ne vis pas, comme certains, les querelles franco-israéliennes comme une trahison.
Les intérêts divergent, on peut être amis et se disputer de temps en temps.
Même si le résultat de l'élection présidentielle française n'était pas celui escompté, les responsables israéliens n'ont pas vécu l'arrivée au pouvoir de François Hollande comme une catastrophe. La France, qu'elle soit rose ou bleue, reste fondamentalement une amie d'Israël. Si nous connaissons tous, ceux qui, au sein du PS ou même du nouveau gouvernement, sont hostiles à Israël, on compte également de nombreux amis dans ces mêmes sphères et parmi les proches du président, une situation comparable à celle qui prévalait à l'époque de Nicolas Sarkozy.
Ne soyons pas manichéens : il existe aussi nombres d'Israéliens qui portent atteinte à l'image de notre pays, qui salissent notre réputation, qui ont la prétention de se proclamer juifs ou plus juifs que les autres et se trouvent néanmoins aux antipodes de toutes nos valeurs. Et il n'y a pas qu'à gauche qu'on les trouve, loin s'en faut.
Une partie de la gauche est effectivement antisioniste (je n'y inclus pas les listes arabes qui roulent pour l'ennemi), elle est cependant marginale. Le mouvement Shalom Arshav (La Paix maintenant) ne doit pas être assimilé à ce groupe car il n'est pas antisioniste. Il compte de nombreux officiers au sein de l'armée, il est en conflit idéologique avec la droite, mais n'est en aucun cas opposé à l'existence de l'Etat juif d'Israël. On constate au sein de ce mouvement certaines dérives, mais globalement il représente une famille politique dont les membres ne peuvent pas être assimilés à des traitres, même si la démocratie doit pouvoir permettre de leur porter la contradiction avec vigueur.
Mais à droite la situation est assez comparable. Il existe des éléments extrémistes qui sont nuisibles à l'Etat et malheureusement ils ne sont pas si marginaux que cela.
Les héritiers du rabbin Kahana qui défendent ce mouvement des "jeunes des Collines" qui attaquent des bases de Tsahal, molestent des militaires, trouvent des justifications à l'acte de Ygal Amir, l'assassin de Yitsahak Rabin z"l. Ces activistes ne sont pas plus dignes de défendre les valeurs du Peuple Juif et le drapeau d'Israël que leurs ennemis jurés d'extrême-gauche. Ils causent un tort considérable aux habitants des localités juives de Judée-Samarie qui sont des Israéliens loyaux remplissant leur devoir à l'égard de la patrie, ils dévoient la cause qu'ils affirment défendre. Tout comme les ultra-orthodoxes s'attaquant aux symboles sionistes et même juifs, osant même jusqu'à profaner la Shoah, il y a quelques jours à Yad Vashem. Ces gens ne sont pas de vrais religieux, ils en portent les costumes traditionnels, mais ils n'ont rie n de commun avec le judaïsme et le message qu'il porte.
C'est aussi le cas de cette passionaria hystérique, députée du parti Israel Beteïnou, Anastasia Michaeli, championne de l'homophobie, sœur jumelle de la blondasse bleu marine, plusieurs fois sanctionnée par la Knesset pour ses excès dignes de la Douma de Moscou.
Il reste heureusement l'immense majorité des Israéliens avec leurs sensibilités sionistes de gauche ou de droite vivant dans une saine démocratie. Ils représentent le "bel" Israël, le "vrai" Israël où les extrémistes n'ont pas leur place.
Ils sont le parallèle de "ma" France et de ses valeurs humanistes.
France et Israël, Israël et France, deux destins liés dans une relation apaisée quoiqu'on puisse en penser, nous n'avons pas le choix et c'est bien comme cela.
Aimons-les comme on aime son père et sa mère.
Marc Femsohn
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