Michael Lonsdale, pour l’amour de Dieu.
À 82 ans, il a été élu aux Césars (cérémonie du cinéma français): Meilleur second rôle pour le film: "Des Hommes et des Dieux"
Rencontre avec Michael Lonsdale dans un café. À près de 80 ans, l’homme en impose. Grand acteur, il a joué sous la direction des plus grands metteurs en scène, d’Orson Welles à François Truffaut ou Steven Spielberg. Il a interprété de nombreux textes et sa voix résonne encore de ses nombreuses lectures. Avec son parcours éclectique, le comédien intrigue et l’homme reste discret. Pourtant, la simplicité de son accueil est frappante, comme la profondeur et la douceur de sa voix, parfois malicieuse, toujours vraie. Dans le monde des artistes, il ne cache pas sa foi, une foi vivante qui le conduit régulièrement à Paray-le-Monial. Chrétien passionné, l’acteur nous ouvre son cœur et nous dit l’urgence d’aimer.
P.L.M. : Michael Lonsdale, vous êtes un ami de Paray-le-Monial…
Je vais à Paray-le-Monial depuis 1987. C’est un lieu qui m’est cher, parce qu’il est très lié à la
Communauté de l’Emmanuel dont je suis proche. J’ai été très touché par la découverte du Renouveau charismatique lors de ma conversion et c’est à Paray que nous avons fondé en 1988,
avec le supérieur des chapelains et actuel évêque de Toulon, Mgr Dominique Rey, un groupe de prière pour les artistes.
P.L.M. : Paray-le-Monial est appelé la cité du Sacré Cœur, qu’est-ce que cela représente
pour vous ?
Pour moi, c’est plutôt la cité du Saint Esprit ! Ici, le Saint Esprit travaille en démultiplication ! Il
y a des conversions incroyables, des miracles. Mais c’est surtout un lieu de fraternité magnifique.
L’été, lors des sessions, les chrétiens vivent, prient, chantent ensemble. C’est un lieu qui touche les cœurs.
P.L.M. : Le Sacré Cœur demande l’amitié des hommes. Êtes-vous sensible à cet appel ?
Le Seigneur nous le demande depuis les Évangiles ! Et j’essaie de le vivre le plus possible. Ma journée est remplie de prière, comme un dialogue avec Lui. Je donne tous les moments que je vis au Seigneur. C’est une intimité, un partage immédiat avec Dieu. Il m’est arrivé de prier sur scène, quand je ne disais rien pendant dix minutes, et ça ne se voyait pas ! Mais surtout, j’essaie d’aimer tous ceux qui me sont proches. Car le message du Christ passe d’abord par l’amour du prochain.
Je découvre de plus en plus la grâce et le bonheur de savoir que Dieu est en toute personne.
Malheureusement, on ne lui ouvre pas toujours notre porte.
P.L.M. : Le Sacré Cœur a dit à Marguerite-Marie : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes… et je ne reçois de la plupart que des ingratitudes ». Pensez-vous que ce message
soit toujours d’actualité ?
Oui, il nous dit qu’il est urgent d’aimer. Le Christ nous aime infiniment et il est triste à mourir
quand ses enfants dérapent. Longtemps, la méchanceté des gens m’a interrogé. J’ai compris qu’ils sont malheureux parce qu’ils ne s’aiment pas et j’ai beaucoup de compassion pour eux. Certains n’ont pas d’amour dans leur vie, ni amour charnel, ni amour spirituel. Il n’y a rien. Il faut leur donner la parole de Dieu. Ensuite, le Seigneur agit, nous ne sommes que des passeurs. Mais dans ce message, le Seigneur nous encourage surtout à le suivre.
P.L.M. : Vous-même êtes un converti. Comment êtes-vous venu à la foi ?
Mes parents n’étaient pas pratiquants et je n’ai pas été baptisé. Nous avons vécu pendant dix ans
au Maroc lorsque j’étais jeune et c’est un musulman qui le premier, m’a parlé de Dieu d’une façon qui m’a impressionné ! J’ai demandé le baptême à 22 ans. Mais c’est en 1987 que j’ai réellement fait la rencontre du Seigneur. J’étais très mal, je venais de perdre des
parents, des amis. Je n’avais plus envie de vivre. J’ai appelé le Seigneur à mon secours. La
réponse a été immédiate. Le lendemain mon parrain m’a emmené dans un groupe de prière charismatique. En entrant, j’ai tout de suite été frappé par les chants, la prière et l’amour qui s’en dégageait.
P.L.M. : Le Christ vous a-t-il bousculé dans votre vie ?
Ah oui ! J’ai eu parfois des hésitations entre deux propositions professionnelles dont l’une était
spirituelle et l’autre non. Mais j’entendais une petite voix qui me disait : « Viens avec moi, c’est plus important que de faire du divertissement». J’ai dû faire des choix. J’essaie de mettre Dieu en premier dans ma vie mais le Christ nous bouscule ! C’est pour cela qu’il ne faut pas avoir peur du
changement. Il faut que les choses de Dieu soient en devenir, et non pas installées dans une sorte de tranquillité.
P.L.M. : Dans votre métier, est-il difficile d’évangéliser ?
Il y a 20 ans, quand je parlais de Dieu, les gens du métier me disaient que cela ne les intéressait
pas. Alors je repartais un peu penaud. Mais maintenant, cela a changé. On me pose des questions
et je sens que beaucoup ont besoin de quelque chose qui les aide à vivre. Chaque fois que je peux témoigner, évangéliser, je le fais volontiers. C’est ce que je fais avec le plus de bonheur dans
mon métier. Et c’est pourquoi je monte des spectacles qui montrent la sainteté. Inversement, j’ai
refusé de tourner dans certains films, comme Amen, de Costa Gavras, car je ne voulais pas jouer
une pièce contre le pape Pie XII
P.L.M. : Le message de Paray est aussi celui de la Miséricorde de Dieu. Comment la comprenez vous?
Nous en avons tant besoin ! C’est pour cela que nous disons sans cesse « Aie pitié de nous, prends pitié de nous », parce que nous allons sur des fausses routes ! Mais notre pardon est aussi capital et je m’y atèle avec passion. C’est dur de pardonner à ceux qui nous ont fait du mal et je connais des personnes qui refusent de pardonner. Les gens ont des cancers de l’âme en détestant telle ou telle personne, ils rongent leur os de haine. Or le pardon est un salut
de l’âme, il guérit les corps. Mais on n’y arrive pas tout seul. Il faut presser le Seigneur de nous aider à pardonner.
P.L.M. : Vous-même avez expérimenté ce pardon avec votre père…
J’ai compris que je lui en avais voulu énormément, que je le méprisais, qu’il me faisait honte Il est mort en 1954, il y a bien longtemps, et je pensais l’avoir oublié, mais on n’oublie pas. Quand j’ai compris à quel point je lui en voulais, je lui ai demandé pardon du fond du cœur et j’ai
prié pour lui. J’ai rêvé de lui le lendemain même, il venait vers moi en me tendant la main. C’est
un signe qui m’a bouleversé. Le pardon est miraculeux.
P.L.M. : Dans votre dernier film « Des hommes et des dieux » de Xavier Beauvois, vous jouez
frère Luc. Quelle leçon de vie nous donne-t-il ?
C’est un exemple d’amour ultime qui va jusqu’au don de soi. Frère Luc est un saint homme qui a
offert sa vie pour Dieu mais aussi pour toutes les personnes qu’il aidait chaque jour. Mais le Christ est le premier à avoir donné sa vie pour nous. (Silence) Vous savez, il a fallu que le Christ descende dans la condition humaine la plus humiliante, qu’il soit le pauvre des pauvres, jusqu’à la mort. Il fallait qu’il soit avec nous dans notre détresse, notre misère et notre souffrance la plus totale. C’est le don de soi ultime.
P.L.M. : À Paray, le cœur du Christ est transpercé. L’amour passe-t-il par la croix ?
Jésus nous le dit ! « Prenez votre croix et suivez moi » ! Certains ont des croix terribles, des maladies, des peurs, des angoisses. Le Seigneur nous encourage à les porter avec Lui. J’ai eu beaucoup de souffrance dans ma vie, mais je n’ai jamais désespéré. Il ne faut pas s’arrêter à la croix, car elle conduit toujours à la résurrection. Il faut s’abandonner au Christ avec confiance. Venez à Paray rencontrer Jésus, vous ne serez pas déçu. Et même s’il vous semble qu’il ne fait rien pour vous, revenez plus tard, Lui vous attendra toujours. Il a soif de votre amour.
Propos recueillis par
Emmanuelle Morlin-Ponsãa
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