Samedi 21 août. 36 années après le commencement des travaux, l'Iran ouvre sa première centrale nucléaire. Pour certain c'est une victoire, pour d'autre une catastrophe. Qu'en est-il vraiment ?
En théorie, le développement nucléaire, s'il est à unique usage civil, est une bonne chose pour un pays, quel qu'il soit. Ce n'est certes pas l'avis des mouvements écologiques mais hormis les plus ancrés à l'idéologie verte, rares sont ceux qui se plaignent de pouvoir bénéficier de l'énergie nucléaire.
Dans le dossier du nucléaire iranien, la complexité réside dans l'ambiguïté entretenue par le président Mahmoud Ahmadinejad. Déclarations belliqueuses, défit permanent aux instances internationales, démonstrations de force à peine voilées… rien ne manque à la panoplie du parfait fauteur de trouble.
Ahmadinejad use et abuse de tous les moyens pour irriter l'Occident. Si ses intentions étaient aussi pures qu'il veut bien le laisser entendre, pourquoi donc se mettre en permanence en conflit avec les grandes puissances ?
Car personne ne songe à interdire l'Iran d'accéder au nucléaire civil. D'ailleurs, dès l'annonce de l'ouverture de la centrale, la France, par la voix de son président est explicite : "Qu'on me comprenne bien : la France est favorable au développement, dans le strict respect des normes internationales, de l'électricité d'origine nucléaire. C'est pourquoi elle salue le démarrage de la centrale de Bouscher dont le combustible est et sera en totalité fourni par la Russie. Le problème est naturellement ailleurs".
Voilà dans la bouche de Nicolas Sarkozy que pointe un autre développement. De quoi parle donc le président français : "Il y aura bientôt un an, à Pittsburgh, avec Barack Obama et Gordon Brown, nous avions révélé l'existence du site nucléaire clandestin que l'Iran construisait pour ses activités proliférantes".
Nous comprenons donc un peu mieux. Ce n'est plus Bouscher qui est au centre de la polémique mais le fameux réacteur de recherche nucléaire de Téhéran. En fait, grâce à l'appui des Russes, les Iraniens ont accès à de l'uranium enrichi à 3,5%. Ce n'est pas suffisant pour les visées du président iranien qui souhaite enrichir lui-même son uranium, histoire de prouver au monde qu'il peut aisément enrichir à 20%, devenant ainsi très dangereux puisqu'en mesure de fabriquer LA bombe.
Ajoutons à ce lancement en fanfare, les derniers essais des missiles longue portée pouvant atteindre des cibles à près de 200 km et vous aurez compris que si ces missiles étaient dotés de têtes nucléaires il y aurait de nombreux pays qui auraient du mouron à se faire.
Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, voici que le chef spirituel du Hezbollah, Hassan Nasrallah, demande à son gouvernement de s'engager lui aussi dans la voie du nucléaire. Une idée qui a aussi germée il y a quelques années dans la tête de la famille Assad en Syrie.
Avec la Jordanie il y a quelques mois et aujourd'hui l'Egypte qui annonce avoir choisi son site pour la construction de sa centrale, la région risque de devenir une véritable cocotte minute prête à exploser. Reste que pour ces deux derniers pays, leurs intentions ne sont officiellement pas belliqueuses et gageons qu'ils s'en tiendront au nucléaire civil.
Mais même si l'on retire de la liste l'Egypte et la Jordanie, nous vous laissons imaginer le risque encouru par l'Occident, et plus particulièrement l'Europe, si l'arc reliant l'Iran au Liban possède les moyens de se doter de l'arme nucléaire.
Et Nicolas Sarkozy l'a bien compris : ''Il est des moments de l'Histoire où le sort hésite entre le meilleur et le pire. (...) Nous sommes aujourd'hui dans l'un de ces moments. C'est vrai pour l'action de la communauté internationale dans cet arc de crise qui s'étend des frontières du Pakistan aux confins du Sahel, en passant par l'Iran et le Proche-Orient''.
Comme par hasard, nous voyons resurgir les mots de l'ancien président américain George W. Bush que l'opinion internationale a lapidé à la fin de son mandat, le jugeant 'trop guerrier'. Force nous est de constater qu'il semblait plutôt visionnaire par certains côtés.
Aujourd'hui, tout le monde se dit qu'il est peut être déjà trop tard, que rien ne pourra arrêter la machine iranienne. Le monde entier, à l'image de l'ancien ambassadeur américain aux Nation Unies, John Bolton, commence à se dire qu'il n'aurait peut être pas fallu empêcher Israël d'annihiler en son temps les espoirs démoniaques de Mahmoud Ahmadinejad.
Mais tout cela est du passé. L'Histoire est en marche et comme il y a quelques années déjà, la plupart des grands de ce monde n'ont pas cru en la folie meurtrière qu'un seul homme pouvait déclencher. Quelques excuses plus tard, ce n'est plus seulement un peuple qui est en danger mais l'humanité toute entière en passe d'être hachée menue sur l'étal du… Bouscher !
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, aux mains des terroristes du Hamas depuis 1525 jours. Espérons qu'il pourra rapidement retrouver ceux qui l'aiment et qui souffrent de son absence.
Meïr Azoulay
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