Communiqué de Michel Darmon
Mardi 19 mai 2009 - Les amis d’Israël ont pu apprécier le souci du pape Benoît XVI, dès son arrivée en Israël, « d’honorer la mémoire de six millions de Juifs victimes de la Shoah ». C’était le moins qu’ils espéraient entendre à ce sujet. Mais le pape est plusieurs fois sorti de son rôle de pèlerin pour aborder le terrain politique d’une façon que nombre de chrétiens, de juifs, de laïques et même de musulmans, ne peuvent absolument pas partager, dans leur volonté de vérité et de justice pour Israël et pour tout le Proche-Orient. Le pape a condamné l’antisémitisme, mais pas les despotes – nombreux dans le monde arabo-musulman – qui le professent et l’enseignent à leurs enfants, notamment au sein de la population palestinienne. Et, étrangement, il a gardé le silence sur la persécution des chrétiens dans ce monde arabo-musulman, persécution pourtant systématique à Bethléem comme ailleurs. Le pape a souhaité que « s’arrête le cycle des agressions », ce qui suggère une symétrie qui n’existe pas entre les Israéliens et les autoproclamés Palestiniens. Israël ne pratique pas le terrorisme, tandis que ces Palestiniens y recourent et, de surcroît, se font gloire de leurs exploits criminels. Les inviter seulement à « résister à la tentation du terrorisme », c’est jeter un voile là où la morale des nations civilisées appelle une condamnation. Le pape a stigmatisé le mur de protection, qu’Israël a dû construire pour protéger ses citoyens des assassins venus de l’autre côté. Il a bien dit, trop discrètement, que les « hostilités sont à l’origine de ce mur », mais il n’est resté de son message qu’un contenu accablant Israël, coupable d’un mur qu’il « est tragique de voir construire ». S’adressant aux Palestiniens, le Pape a évoqué « une patrie palestinienne souveraine sur la terre de vos ancêtres ». C’est donner au nationalisme palestinien une consistance historique qu’il n’a pas. Une personnalité chrétienne, le professeur Ellul, a eu l’occasion d’écrire que la fabrication du problème palestinien à partir de rien était l’exemple du mal absolu dont la politique était capable au XXe siècle. De cette politique mortifère, la population palestinienne est la première victime et le premier instrument contre Israël, pour nombre d’États aux visées inavouables (et mêmes avouées dans le cas de l’Iran). Le pape semble méconnaître que le conflit israélo-arabe et la poussée islamique dépassent largement le problème palestinien. Il y avait donc matière, pour le pape, à prendre ses distances avec le discours des politiques et les mensonges des médias. Le soutien sans réserve qu’il a apporté à un hypothétique État palestinien apparaîtra dans l’histoire, c’est à craindre, comme une contribution au malheur des hommes et non comme une avancée vers la paix. Il est en effet impossible de traiter d’un tel État comme s’il s’agissait de créer une petite Suisse paisible à côté d’Israël. Les inflexions que le pape a tenu à apporter à certaines de ses déclarations antérieures en quittant Israël n’ont pas pu apaiser les inquiétudes, les interrogations et les regrets que ces déclarations avaient déclenchés. Un rattrapage ne remplace pas une spontanéité authentique. Les condamnations répétées de l’État juif et du sionisme sur la scène mondiale s’inscrivent tragiquement comme une suite de la persécution de l’homme juif au long des siècles. Aux silences coupables de la dernière guerre, durant le massacre des Juifs, succède, de notre temps, une participation active aux difficultés qui assaillent Israël. Les amis d’Israël auraient, au contraire, voulu entendre, du pape Benoît XVI, le cri des consciences, qui, seul, peut arrêter l’injustice.
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