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Jeudi dernier, j'ai eu le grand honneur de recevoir la visite de Benjamin Netanyahu à la mairie du 16ème. L'ancien Premier Ministre israélien, en passe de le redevenir dans les prochaines semaines, était en visite officielle auprès du Président de la République.
Il a tenu à venir signer la pétition en faveur de la liberté de Gilad Shalit, ce jeune franco-israélien détenu dans les geôles du Hamas depuis plus de 2 ans.
Au cours de notre entretien nous avons pu évoquer la situation au Moyen-Orient, l'inquiétude que soulève les propos irresponsables du président iranien et la continuation des préparatifs nucléaires de cette République islamique.
Benjamin Netanyahu s'est dit préoccupé par la reprise des hostilités du Hamas lié au Hezbollah et à l'Iran. Il s'est dit rassuré par la position de Nicolas Sarkozy au côté d'Israël et la continuation d'une pacification de cette région.
Le même jour j'ai eu le grand honneur de recevoir un diplôme Honoris Causa de l'Université de Netanya, en même temps que Simone Veil. La remise de ce diplôme me conforte dans l'idée qu'il faut continuer le rapprochement entre la France et Israël dans un esprit de paix, de relations privilégiées de la société civile pour développer un esprit de concorde, de liberté religieuse et de lutte contre le fanatisme.
Je devrais, dans les semaines qui viennent, aller en Israël comme président de groupe d'amitié. La décision de promouvoir Gilad Shalit comme citoyen d'honneur de la ville de Paris a eu un énorme écho en Israël au lendemain de la mascarade à laquelle s'est livrée le Hamas pour ridiculiser la détention du jeune otage à Gaza.
Le prix de la liberté religieuse
L’histoire de Hanouccah est une longue bataille pour la conquête de la liberté religieuse et l’indépendance politique de Juda (la Judée). L’une sacrifiant parfois à l’autre. C’est probablement le point de départ de ce qu’on appelle l’Espérance messianique, dès lors que le Peuple Juif se vit menacé pour la première fois, de disparaître dans son essence spirituelle.
En 198 avant l’ère chrétienne, [1] Jérusalem passa du joug des "Grecs du sud", les Ptolémées, au joug des "Grecs du nord", les Séleucides, sous le règne de Antiochus III. Les Juifs de Judée jouissaient alors et d’autonomie et de liberté religieuse.
Tout bascula en -175 av.èc, lorsque accéda au trône Antiochus IV Epiphane (le fou) qui entreprit l’unité culturelle des peuples de l’Empire, en imposant le culte des dieux grecs [2]. L’hellénisme fit des adeptes parmi la population juive, et certains en adoptèrent les vêtements et les moeurs, instillant ainsi une déjudaisation du peuple. Des conflits en résultèrent, ainsi en -169 sous prétexte de rétablir l’ordre, l’empereur pénétra dans le Temple et le pilla, provoquant des émeutes dans la ville. Antiochus Epiphane réprima violemment et fit massacrer un grand nombre des habitants de Jérusalem, détruisant partiellement remparts et bâtiments, installant une garnison face au Temple, sur la colline ouest, la citadelle Akra qui resta un bastion grec durant les années d’affrontements.
Les Juifs de Judée abordaient ici la phase d’hellénisation à outrance, le Temple fut dédié à Zeus, des rites païens furent pratiqués par les troupes, des porcs y furent sacrifiés, les Rouleaux de la Torah furent détruits. La non-observance des rites grecs comme l’observance des rites juifs (Shabbat, fêtes, circoncisions …) furent passibles de mort. Des Juifs "pieux" ou "hassidim" pris à observer le judaïsme en secret, étaient exécutés. Cette résistance passive, passa à l’action de résistance armée, généralisant la répression violente.
En -167 av.èc, la révolte donna le signal d’un affrontement qui n’avait pour but que la libération et la "purification" du Temple de Jérusalem, avec pour seule ambition, recouvrer la liberté de culte ; il n’y avait pas alors d’ambition politique. La révolte était conduite par des hassidim, soucieux de l’intégrité du Temple et du culte.
Les rebelles juifs constitués en petits groupes épars dans la montagne, mal organisés et peu armés, attaquaient les positions aux abords de Jérusalem, en tentant d’isoler la garnision principale installée dans la Cité. C’est à Modiin (30 km de Jérusalem, vers Lod) que survint l’événement qui fit entrer Mattathias, de la Maison d’Asmon [3], et ses fils dans l’histoire. Des soldats imposèrent à Mattathias, le patriarche, de célébrer le culte public en immolant des porcs. Alors qu’il refusait, un juif hellénisé s’avança pour obéir aux ordres. Mattatias courut alors et égorgea le juif et le soldat du roi, puis exhorta le peuple à le suivre dans la montagne.
Quelques mois plus tard, Mattathias mourut, et son fils Judas prit le commandement, sous le nom de Maccabée - en hébreu marteau - Judas se révéla un chef militaire plein de ressources, il transforma la guérilla en une véritable armée de libération. Le livre des Maccabées cite quatre principales batailles victorieuses : une contre le général Apollonius puis le général Séron à Béthoron près de Modiin, celle de Emmaüs à l’ouest de Jérusalem et celle de Beth-Tsur au sud. Les voies d’accès vers Jérusalem étant libres, Judas rassembla les Maccabées et montèrent à la montagne de Sion, découvrant un spectacle de désolation du Temple et ses alentours, l’autel profané, les portes brûlées, la végétation avait tout envahi. Judas donna l’ordre de combattre les Séleucides restés dans la Citadelle, jusqu’au dernier.
La nouvelle dédicace du Temple eut lieu : "Le vingt-cinq du neuvième mois [4]", trois ans jour pour jour après sa profanation. "Judas décida avec ses frères et toute l’assemblée d’Israël que les jours de la dédicace du nouvel autel seraient célébrés en leur temps chaque année pendant huit jours, avec joie et gaieté."
Mais si le récit de la fête de Hanouccah s’arrête là, au miracle de la fiole d’huile qui brûla durant huit jours, alors qu’elle ne contenait la quantité suffisante que pour un seul jour. Si la fête a retenu que c’était la victoire du bien sur le mal, de la liberté sur la persécution, de la vie sur la menace d’anéantissement du peuple juif ; l’histoire politique de la Judée se poursuivit.
Les Maccabées et les Juifs pieux n’occupèrent que le Mont du Temple, laissant la Cité à proprement dit, aux Grecs et aux apostats, protégés par la garnison de la citadelle d’Akra. Un face à face de cent mètres de séparation dura vint-trois ans, faits de harcèlements, de combats, de trêves. La mort d’Antiochus Epiphane en -163, diminua la pression, et la mort de Judas à la bataille d’Elassa (à 20 km de Jérusalem) laissa le commandement à son frère Jonathan.
La succession Séleucide exprima la volonté d’une politique plus clémente à l’égard de la religion juive, et proposa un accord avec Jonathan qui, investi des fonctions cumulées (pour la première fois et en contradiction avec la tradition juive de séparer le pouvoir civil du pouvoir religieux) de gouverneur de la Judée, et de Grand Prêtre, par le roi Démétrius, entra dans Jérusalem en -152 av.èc. Il entreprit de reconstruire la Cité, de relever les fortifications, de libérer le territoire et reconquit Jaffa, Ashkelon, Ashdod. Alors que la Citadelle d’Akra resta aux mains des Séleucides. Jonathan fut assassiné par un général séleucide en -143 av.èc. Ses frères Jean et Eleazar ayant été tués sur le champ de bataille, c’est Simon qui prit la succession.
En -141 av.èc, la citadelle d’Akra fut défaite, une assemblée solennelle réunie à Jérusalem conféra à Simon les titres de "Grand Prêtre", "stratège et ethnarque des Juifs", ces titres furent assimilés à la royauté par la suite, et devinrent héréditaires. Une monnaie juive fut frappée sans l’effigie de Simon. C’est avec Simon que commence la dynastie des Asmonéens, qui se perpétua jusqu’à la conquête romaine par Pompée, en -63 av.èc, avec une reprise de 40 à 37.
Ce fut une période stable et prospère, le territoire non divisé de l’époque de David et de Salomon est reconstitué, les marchands et les pélerins affluent, les constructions se développent. Simon fut assassiné en -135 av.èc. Le pouvoir passa à Jean-Hyrcan, qui profitant du déclin séleucide put agrandir son état, en englobant une partie de la Transjordanie à l’est, Samarie au nord, et le pays d’Edom (Idumée) [5] au sud.
A l’époque des conflits opposaient les Sadducéens et les Pharisiens ; les Sadducéens étaient de strictes observants des commandements écrits de la Torah, avec le Temple pour centre religieux, ils soutenaient la classe sacerdotale et cautionnaient la réunion du pouvoir religieux et politique sous l’autorité du Grand Prêtre. Les Pharisiens étaient partisans de la séparation du religieux et du politique, mettant à égalité la Loi écrite et la Loi orale, les commentateurs laïques de la Torah et les prêtres, préférant défendre les valeurs religieuses que l’indépendance politique.
Ce conflit ne cessa de s’aggraver et de mettre en péril l’Etat. Avec Jean Hyrcan, puis Judas Aristobule et Alexandre Jannée qui réprima avec cruauté les Pharisiens. Mais avec Salomé Alexandra qui succéda à Alexandre Jannée, et qui régna de 76 à 67 av.èc, ce sont les Sadducéens complices du massacre des Pharisiens qui furent mis à mort. Salomé avait nommé son fils aîné Hyrcan, Grand Prêtre, et à la veille de sa mort, son deuxième fils Aristobule se proclama roi avec l’appui des Sadducéens. C’est Antipater, chef de l’Idumée et père du futur Hérode, qui conseilla à Hyrcan de se réfugier à Pétra chez le roi des Nabatéens, qui se fit un allié pour la reconquête de la Judée. Aristobule affaibli, se retrancha dans l’enceinte du Mont du Temple à Jérusalem.
Au même instant, Pompée venait de conquérir l’Arménie, et avait dépêché un corps d’armée pour prendre Damas. Le général Scaurus qui eut vent du conflit qui déchirait la Judée au sud, y vit "une affaire juteuse" et vendit son concours à Aristobule pour "400 talents", aussitôt, la menace romaine fit lever le camp des Nabatéens, et Aristobule retrouva son trône. Pompée qui était en route pour Damas, une fois sur place, entreprit de prendre Jérusalem et la Judée. Les partisans d’Aristobule opposèrent une résistance à mort, et Aristobule fut fait prisonnier. Tandis que les partisans de Hyrcan prônant la soumission ouvrirent les portes de la ville haute de Jérusalem, et Pompée y entra triomphant.
Après trois mois de résistance, les romains qui avaient comblé les fossés profonds de 18 m et de 75 m de large qui les séparaient de l’enceinte nord, et armés de béliers et de machines réussirent une percée. Comme c’était un jour de jeûne, ce fut un massacre total.
Jérusalem fut mis désormais sous l’autorité de Rome, Hyrcan réintégra ses fonctions de Grand Prêtre, les fils d’Aristobule, Alexandre et Mattathias Antigonos furent emmenés captifs à Rome, d’où ils s’évadèrent…seul Antigonos retrouvera quelques temps le trône de Juda. C’était en -63 av.èc.
La fête de Hannouccah qui commémore l’inauguration du Temple libéré et purifié (le miracle de la fiole d’huile), est fixée au 25 du mois de Kislev (décembre) et finit huit jours plus tard, le 2 du mois de Tévet (janvier). La tradition célèbre cet événement chaque année avec l’allumage dans chaque famille, d’une lumière (bougie) placée à droite qui s’ajoute à une autre chaque jour jusqu’à former un chandelier complet de huit flammes sur une même rangée. Le neuvième étant le Shamesh (ou Chamach), le veilleur avec lequel on allume. L’allumage se déroule à partir de la gauche vers la droite, pour symboliser le processus qui va de la nuit vers la lumière. Le chandelier est appelé Hannukiah, à neuf branches, et se distingue du chandelier à sept branches appelé Ménorah, emblême du Peuple Juif, notamment dans le Temple de Jérusalem.
[1] Source : "Jérusalem ville sacrée de l’humanité" de Théodore Kollek et Moshe Pearlman, éd. France-Empire, Paris.
[2] On entend ici par grecs, les Assyriens de culture grecque.
[3] Qui donna le nom de la dynastie des Asmonéens.
[4] En décembre.
[5] Les Iduméens, qui se convertirent au Judaïsme, donnèrent le roi Hérode le Grand.
Le CCJ 93 vous invite à participer à:
L’ALLUMAGE PUBLIC EXCEPTIONNEL DE LA TROISIEME LUMIERE DE HANOUKAH
Devant le monument du mémorial de Drancy, 112 ave Jean jaurès 93 DRANCY
Le 23 décembre 2008 à 19h, en présence des autorités politiques, administratives et commuautaires.
Cette manifestation revêt un carctère particulier en raison du lieu, d’autant que c’est la première fois que cette cérémonie va se dérouler, suivie d’un coktail .
PRESENCE NOMBREUSE SOUHAITEE
Sammy GHOZLAN
Amendement Marini : Arrêtons de fragiliser la Famille ! |
Le CNI se félicite que la Commission Mixte Paritaire ait fait preuve de bon sens car l'amendement Marini, prévoyant la suppression progressive de la demi-part fiscale pour les veuves, veufs et parents isolés ayant eu des enfants à charge, était surréaliste. « L'enchaînement de mauvaises nouvelles sur la politique familiale oblige à réagir vivement. Sous le prétexte d'économie budgétaire, on fragilise chaque jour davantage la famille. Ces avantages familiaux ont été établi à l'origine pour corriger les déséquilibres liés à l'existence de charges de famille ou encore compenser des interruptions d'activité. Cette mesure démontre que notre gouvernement n'a pas le sens de la famille, qui est le véritable socle de notre société » s'insurge la Présidente du CNI, Annick du Roscoät. « Rappeler que la famille demeure le cercle essentiel de solidarité sur lequel repose toute organisation sociale pourrait sembler bien banal ; néanmoins, cela nous semble aujourd'hui devenu indispensable » conclut-elle. |
Réforme des 35 heures, des retraites, des régimes spéciaux, du contrat de travail, Xavier Bertrand, dans un entretien au Figaro, le 18 décembre, dresse le bilan de son action depuis mai 2007.
Interview de Xavier Bertrand,
Ministre du Travail, des relations sociales, de la famille et de la solidarité,
Secrétaire Général par intérim de l'UMP
Parue dans Le Figaro, le 18 décembre 2008
Propos recueillis par Béatrice Taupin
Le ministre du Travail, qui devrait quitter le gouvernement fin janvier, dresse le bilan de son action depuis mai 2007. Il prévient que, devenu patron de l'UMP et redevenu député, il restera impliqué dans les dossiers sociaux, dont celui, inabouti, de la pénibilité
LE FIGARO. - Travail du dimanche, libéralisation des 35 heures, on vous sent plus réceptif à l'UMP qu'aux partenaires sociaux. Ils vous accusent de n'avoir pas défendu la fibre sociale au sein du gouvernement. Comprenez-vous ce reproche ?
Xavier BERTRAND. - Il ne sert à rien de caricaturer les choses : hormis les 35 heures, sur tous les autres dossiers, nous avons trouvé des points d'accord avec les partenaires sociaux. Je reconnais toute la place de la légitimité syndicale, mais les partenaires sociaux doivent aussi reconnaître la légitimité politique, l'un ne va pas sans l'autre. Nous avons été élus sur la réhabilitation de la valeur travail. Cela signifie trois choses. Travailler plus, avec la fin des 35 heures obligatoires, les heures supplémentaires, la réglementation sur le travail le dimanche ou les quarante et un ans de cotisation. Travailler mieux, avec l'amélioration des conditions de travail et l'accord sur le stress au travail. Faire travailler plus de monde, avec le plan seniors et les dispositions pour mieux concilier vie familiale et vie professionnelle.
Sur les 35 heures, CGT et CFDT ont parlé de «trahison» ; même le Medef a protesté, car sa signature n'a pas été respectée. Ne regrettez-vous pas d'être passé en force ? Y a-t-il tellement d'accords dans les entreprises ?
J'assume la souplesse donnée sur les 35 heures. Nous avons fait ce que nous avions dit. Ce que les partenaires sociaux avaient négocié, c'était une expérimentation limitée, un quasi-statu quo ! Or on a besoin d'avancer, dans ce pays. Je suis opposé à l'individualisation à outrance. La loi sur les 35 heures permet le libre choix dans des conditions équilibrées : elle fixe des garanties légales, valorise les accords collectifs et renforce les accords d'entreprise. Beaucoup d'entreprises s'en servent, même si elles ne le crient pas. Cette loi a une vertu dynamique en période de croissance et une vertu protectrice en période de difficultés : les entreprises peuvent revoir les accords d'annualisation toute l'année et pas seulement en janvier.
Le dispositif favorisant les heures supplémentaires reste-t-il justifié avec la crise ?
On nous disait il y a peu que les heures sup, ça ne marchait pas. Et aujourd'hui on voudrait nous faire croire qu'elles freinent l'emploi. La dernière fois que l'on nous a joué cette fable sur le partage du travail, c'était lorsque Martine Aubry était ministre du Travail. La réalité des entreprises montre qu'il n'y a rien de systématique et d'automatique entre travailler plus et recruter moins. Certaines entreprises ont encore des marchés porteurs et besoin d'heures supplémentaires, d'autres non. L'erreur des 35 heures a été d'imposer le même costume à toutes les entreprises.
Syndicats et patronat jugent que vous avez «raté» le rendez-vous 2008 sur les retraites…
Mais pas pour les mêmes raisons ! Nous avons confirmé le passage à quarante et un ans de cotisation d'ici à 2012, établi de nouvelles règles du jeu pour les seniors, donné plus de liberté de choix en confirmant les carrières longues, en majorant la surcote pour ceux qui veulent continuer et en libéralisant le cumul emploi retraite. Nous avons aussi, comme promis, amélioré les petites retraites et les pensions de réversion.
Confirmez-vous la hausse des cotisations retraite au 1er janvier, alors que la conjoncture va empêcher de baisser à due proportion les cotisations chômage ? Est-ce bien le moment d'accroître le coût du travail ?
Nous sommes prêts à regarder le calendrier pour ne pas augmenter le coût du travail et pénaliser l'emploi.
Vous vous étiez engagé à clore le dossier pénibilité : on attend toujours…
La vraie raison du blocage, c'est combien ça va coûter et qui va payer. J'ai reçu tous les partenaires sociaux, excepté le Medef, que je rencontre prochainement. Il y a un vrai consensus sur les critères de reconnaissance de la pénibilité et un large accord sur l'idée qu'une commission devra vérifier les situations individuelles. Je pense aussi qu'une participation financière des entreprises est indispensable, mais cela ne passe pas forcément par une cotisation nouvelle. Ensuite, il faudra voir si on laisse le choix au salarié d'arrêter de travailler plus tôt ou de poursuivre son activité à temps partiel avec une garantie de revenu supérieure. N'oublions pas non plus la prévention, car c'est un pur scandale que d'avoir un écart de sept ans d'espérance de vie entre l'ouvrier et le cadre. Nous aurons, je pense, une réunion tripartite en début d'année. Et, à l'avenir, j'aurai de la suite dans les idées. J'ai lancé ce dossier comme député en 2003 ; il peut être réglé par un projet de loi du gouvernement, mais aussi par une proposition de loi déposée par un député ! Nous serons la majorité qui aura à la fois permis d'arrêter de travailler plus tôt, avec les carrières longues et la pénibilité, et de travailler plus longtemps pour ceux qui le peuvent et le veulent. 2008 n'aura pas été un rendez-vous pour rien !
Pourquoi, alors, avoir fixé un nouveau rendez-vous en 2010 ? Poserez-vous la question de l'âge légal, comme le veut le Medef ?
La vraie question est celle de l'âge réel auquel on part. Il nous faut déjà atteindre 60 ans ! Il nous faut évaluer régulièrement la pertinence des dispositions prises et sortir du caractère anxiogène de ce dossier. En 2010, l'emploi des seniors aura progressé, mais je pense que nous pouvons aller plus loin : le coût du travail d'un senior, c'est 160 % de celui d'un junior. Pour développer le tutorat dans les entreprises, je souhaite poser la question des cotisations chômage des seniors qui ont acquis leurs droits complets à retraite et ne risquent plus d'être au chômage.
La réforme des régimes spéciaux fera-t-elle faire vraiment des économies ?
C'était une réforme que l'on disait impossible. Mais c'était une question d'équité. Malgré 9 jours de conflit dur, les salariés des régimes spéciaux cotiseront eux aussi quarante et un ans pour une retraite complète. La loi s'appliquera progressivement à ceux qui sont déjà en activité : cela permettra des économies nettes cumulées de 500 millions en 2012, puis de 500 millions par an à partir de 2015. Mais la réforme change déjà les comportements : avec la fin des âges couperets, 40 % des cheminots qui pouvaient partir à la retraite ont décidé de prolonger, et à EDF c'est déjà un agent sur dix.
La réforme du contrat de travail remplit-elle ses promesses ?
Je crois que nous sommes sortis de la rupture conflictuelle presque systématique : nous en sommes à 14 000 ruptures amiables validées, dont 8 000 en octobre. Par ailleurs, 20 % des demandes n'ont pas été homologuées par les directions du travail, soit pour non-respect des procédures et des délais, soit pour calcul inadéquat des indemnités de rupture. Cette réforme correspondait à une vraie demande, à la fois de sécurité juridique pour les entreprises et de sécurisation des parcours professionnels pour les salariés. Et les négociations sur la formation professionnelle devraient encore renforcer cette sécurisation.
Vous ne serez sans doute plus ministre lors de la journée nationale de grève, dans le public et le privé, le 29 janvier. Ce sera le vrai test pour le service minimum ?
Non ! La loi a déjà produit des effets : des préavis levés quarante-huit heures avant la grève, c'est du jamais-vu ! Et le pays n'est plus systématiquement paralysé, même si demeurent des perturbations. Nous avons fait le choix du dialogue social et nous allons continuer. Lorsque j'étais parlementaire, en 2003, j'ai beaucoup pratiqué le service après vote. Je veux maintenant développer le service «avant vote», tester les réformes et travailler davantage en amont. Le pays s'est remis en mouvement. Nous sommes la dernière génération à avoir le choix d'être courageux. Si nous ne le sommes pas, nos enfants seront obligés de l'être à notre place. C'est à nous de préserver notre modèle social, car nos marges de manœuvre ne sont déjà plus très importantes : si on ne fait rien, elles seront inexistantes pour nos enfants.
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