L'Impératrice Joséphine de Beauharnais: l'une des femmes que j'admire le plus dans l'Histoire de notre pays, la France (aussi Glamour que mon Don du ciel !)

Aujourd'hui, c'est un grand jour pour nous, les bonapartistes: c'est l'anniversaire de la dernière victoire de Napoléon Ier à Ligny en Belgique, contre les prussiens !

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Après l'abdication de l'Empereur à Fontainebleau le 6 avril 1814 et la première Restauration royale qui s'ensuivit, les maladresses et injustices sans nombre du gouvernement de Louis XVIII à l'égard de l'ancienne armée napoléonienne, qui n'épargnèrent même pas les orphelines des maisons de la Légion d'honneur, la prétention de rétablir les errements de l'Ancien Régime, la non observation du traité de Paris dans les clauses intéressant directement Napoléon retiré à l'île d'Elbe, le refus de lui rendre sa femme et surtout son fils, les menaces d'enlèvement par les royalistes et même d'assassinat, ont fait l'objet d'une énorme bibliographie. La responsabilité de son retour de l'île d'Elbe et de la guerre qui en résulta ne peut donc, en foute justice, être imputée en premier lieu à Napoléon. Certains auteurs n'écartent même pas la duplicité des gouvernants britanniques dans le double but de provoquer de nouveaux troubles en France et de justifier, aux yeux du monde, l'arrestation de Napoléon et sa déportation (1). Par ailleurs, dès sa rentrée aux Tuileries, ce dernier avait tenté toutes les démarches possibles auprès des Alliés afin de maintenir la paix. La coopération de son frère Lucien, de Benjamin Constant, tous deux libéraux, et du républicain Carnot, donnait de sérieuses présomptions de sincérité à ces avances pacifiques auxquelles fut mêlé le baron de Stassart, notre futur gouverneur des provinces de Namur et du Brabant, envoyé en mission à la cour de Vienne mais arrêté en cours de route par la police autrichienne. N'ayant plus d'illusions à se faire quant aux sentiments de sa famille (sic) autrichienne, mis au ban des nations par le Congrès de Vienne, Napoléon fut contraint à se préparer à la guerre et à réorganiser l'armée.

Son plan? Tomber sur les plus rapprochés et les plus menaçants des Alliés là où ils ne l'attendent pas, battre séparément les Anglais et les Prussiens avant de se rejeter vers l'Est à la rencontre des Austro-Russes en marche vers la France. Mais la réussite de ce plan, qui sera très minutieusement préparé par l'Empereur, dépend de la rapidité des mouvements bien combinés des différents corps et l'utilisation rationnelle des moyens dont chacun dispose

Rappelons brièvement que, rassemblée en un temps record dans la région de Beaumont-Walcourt-Philippeville, l'armée du Nord, forte de 120.000 hommes et 570 bouches à feu, sous les ordres directs de l'Empereur, devait se mettre en marche le 15 juin 1815 avant l'aube pour franchir la Sambre en trois colonnes par Marchienne-au-Pont, Charleroi et Châtelet, Dans l'ordre de mouvement du 15 juin faisant suite à celui préparatoire, très développé, donné à Avesnes le 15, figure cette phrase : " Les lieutenants- généraux seront prévenus que l'intention de Sa Majesté est d'avoir franchi la Sambre avant midi et de porter l'armée sur la rive gauche de cette rivière " et dans ces ordres l'Empereur revient à plusieurs reprises sur la prescription pour tous les corps de l'armée de " faire marcher en tête les sapeurs et les moyens de passage que les généraux auront réunis " et sur l'utilisation des équipages de pont, Mieux, il prescrit aux généraux Rogniat et Haxo, respectivement commandants en chef du génie de l'armée et de la Garde impériale, de marcher avec l'avant-garde et d'employer les troupes du génie et les marins aux " travaux de passage des rivières, des têtes de ponts, des réparations de chemins et d'ouvertures de communications, etc.. ".

Et cependant, malgré l'intention si clairement exprimée, nous savons que la Sambre ne fut pas franchie aussi rapidement que l'Empereur le voulait et cela pour des raisons qui ne sont pas le fait de l'ennemi. En effet, le l° Corps prussien du général Zieten, surveillant la frontière entre Binche et Moustier-sur-Sambre, est parvenu à décrocher et à se retirer en combattant adroitement pour aller regrouper ses quatre brigades d'infanterie et ses deux brigades de cavalerie autour de Fleurus où il sait que Blücher l'attende

C'est que la colonne française du centre est très en retard sur l'horaire fixé par l'Empereur parce que les ordres ne sont pas arrivés, dit-on, au général Vandamme, dont le corps d'armée, le 3, désigné pour former l'avant-garde dès 3 heures du matin, n'a pas bougé et que Napoléon doit le faire remplacer au pied levé par la Garde impériale pour s'emparer de Charleroi. A la colonne de droite c'est plus grave encore. Le 4° corps du général Gérard ne franchira la Sambre entièrement par l'unique pont de Châtelet que le lendemain parce que le commandant d'une de ses divisions, le lieutenant- général comte de Bourmont, vient de passer à l'ennemi avec son état-major.


 

Certains auteurs ont cru pouvoir atténuer les conséquences de sa félonie en supposant que Bourmont ne connaissait rien du plan des opérations le matin du 15, ce qui resterait à prouver, car à quoi servaient les ordres des 15 et lA si des lieutenants-généraux ne devaient rien en connaître, mais la seule présence de sa division venant de Metz n'était-elle pas une indication suffisante ? Ce serait prendre les Prussiens pour des imbéciles.

Et qu'ont pu raconter les adjoints de Bourmont, son chef d'état-major Clouet et les aides de camp de Villoutreys, de Trélon, d'Andigné et Sardat ? L'action de Bourmont est d'autant plus méprisable qu'il aurait pu se tenir à l'écart comme d'autres et même suivre le Roi à Gand, ce qui était son droit, mais, après avoir sollicité un emploi de Napoléon en se faisant recommander par le général Gérard, il abandonnait ce dernier en le compromettant au moment du combat.

Quant à l'aile gauche, les lenteurs de la progression des lieutenants- généraux Reille et d'Erlon par Marchienne vers Gosselies et les Quatre- Bras et placés dans le courant de l'après-midi, sous les ordres du maréchal Ney qui venait de rejoindre l'armée, ont fait l'objet de commentaires sans fin des historiens militaires dans lesquels revient fréquemment le mauvais fonctionnement d'un état-major dont le maréchal Soult est devenu le chef au grand étonnement de l'armée.

Quoi qu'il en soit, voici la situation de l'armée de Napoléon le 15 juin au soir. A la colonne de gauche, les éléments de tête ont atteint les lisières nord de Frasnes-lez-Gosselies. Elle n'a pas occupé les Quatre-Bras tenus par une seule brigade de la division des Pays-Bas du lieutenant-général baron de Perponcher, brigade commandée par le prince Bernard de Saxe-Weimar, occupant adroitement le terrain. Fort inquiet néanmoins, le prince réclame d'urgence des ordres, des renforts et des munitions. A la colonne de droite, une seule division du 4 corps, celle du général Hulot qui a remplacé Bourmont, a franchi la Sambre à Châtelet. Au centre, Charleroi a été occupée vers midi et la cavalerie légère de Pajol a poursuivi les Prussiens mais, non soutenue par l'infanterie, n'a pu progresser au-delà de Gilly.


Il a fallu attendre et Napoléon impatient prendra lui-même le commandement de l'engagement qui se déroula vers 17 heures autour de Gilly. C'est là que le lieutenant-général Letort, des dragons de la Garde, aide de camp de l'Empereur, perdit la vie dans une charge à la tête des quatre escadrons de service. En fin de journée, la cavalerie de Grouchy a atteint la transversale Campinaire-Lambusart, le corps de Vandamme bivouaque autour de Soleilmont, puis, échelonnée entre Charleroi et Gilly, la Garde Impériale.

Revenu à son quartier général, installé à Charleroi au château Puissant, Napoléon étudie les rapports de Grouchy et de Ney. Zieten se retirant vers l'Est, l'Empereur en conclu que les Prussiens vont s'éloigner des Anglais, ce qui ne peut que favoriser son plan. Mais bientôt la suite des événements le détrompera.

Le 16 à l'aube, le maréchal Grouchy, ayant occupé Fleurus évacuée par l'arrière-garde de Zieten, prévient Napoléon que de nombreuses colonnes prussiennes venant par la route de Namur se concentrent vers Brye et St-Amand. Le renseignement est bientôt confirmé par un officier de lanciers envoyé par le général Girard détaché la veille par le général Reille avec sa division pour flanquer la droite du 2° corps et en position autour du village de Wangenies. Napoléon se rend alors à Fleurus où il arrive vers 10 h 30, parcourt les avant-postes, fait construire un observatoire au moulin Naveau d'où il observe le terrain, questionne le géomètre Simon et se décide à attaque les Prussiens. Mais, conséquence en partie de la trahison de Bourmont, le 4 corps est en retard, et Napoléon doit attendre alors que Blücher, arrivé la veille en toute hâte de Namur et installé à Sombreffe, presse l'arrivée de ses II° et III° corps et les dispose avec celui de Zieten sur une ligne générale Wagnelée-La Haye-St Amand- Tongrinne. A droite, face au Sud, le 1° Corps, étagé derrière le Grand-Ry et la Ligne tient Wagnelée-La Haye-St Amand, ce dernier village légèrement au-delà du ruisseau, et l'agglomération de Ligny. A sa gauche le III° corps, général Thielman, occupe la région Sombreffe- Tongrinne-Boignée-Balâtre.

En second échelon, sur la route de Nivelles entre Sombreffe et Brye, sont accolées les quatre brigades à trois régiments du I I° corps du général Pirch I° avec, en réserve, sa division de cavalerie à trois brigades sous les ordres du général von Wahlen-Jürgass. Les Prussiens se hâtent d'organiser leur position, de placer leurs batteries, de créneler les murs des enclos, (Ies maisons, des fermes. Blücher qui espère une aide des Anglais vient d'avoir une entrevue avec Wellington sur les hauteurs de Brye et il sait que son IV° Corps sous les ordres de Bülow est en marche venant de Liège ; Bülow n'arrivera pas à temps pour prendre part à la bataille, mais nous savons qu'il interviendra le premier à Waterloo. Quoi qu'il en soit, compte tenu des pertes du corps de Ziethen dans la journée du 15, Blücher dispose maintenant d'environ 85.000 hommes et de 216 canons.


 

En face de lui Napoléon vient d'adopter le dispositif suivant : Devant La Haye et St Amand f'ace au N.-E. le 3 corps du général Vandamme, renforcé de la division Girard détachée du 2 corps, soit quatre divisions d'infanterie et la division de cavalerie légère Domon constituent la gauche française. Au centre, devant Ligny, se trouve le 4 corps. Le général Gérard a placé les deux divisions d'infanterie, généraux Pêcheux et Vichery, face au X.-O. La troisième, du général Hulot, en potence face au N.-E. en direction de Tongrinne, est passée, avec la division de cavalerie légère du général Maurin, aux ordres du maréchal Grouchy, commandant l'aile droite, en liaison avec les deux corps de cavalerie légère et de dragons des généraux Pajol et Exelmans déployés devant Balâtre et Boignée. En réserve, à hauteur et à l'ouest de Fleurus, la Garde impériale ; à l'est les deux divisions de cuirassiers, huit régiments, du lieutenant-général comte Milhaud. Soit en tout dans la main de l'Empereur à 14 h 30 67.000 hommes et 258 canons. Rappelons que le 6° corps du lieutenant-général Mouton, comte de Lobau, en réserve à Charleroi, sera appelé vers 16 heures, mais ne sera pas engagé, et que le maréchal Ney est maintenant, mais tardivement, aux prises avec les troupes de Wellington qui, depuis midi, se sont renforcées considérablement et, à présent, tiennent solidement les Quatre-Bras.

Il est quinze heures. Une batterie de la Garde vient de tirer trois coups de canon à intervalles réguliers. C'est 1c signal de l'attaque. Sous un ardent soleil les essaims de tirailleurs de Vandamme et de Gérard se faufilent dans les vertes moissons déjà hautes qui les dissimulent quelque peu. Mais les colonnes d'assaut qui les suivent subissent immédiatement le feu Aes batteries prussiennes bien placées qui garnissent les versants au nord des vallées du Grand-Ry et de La Ligne. Devant St Amand, le général Vandamme charge la division Lefol d'enlever le saillant de la position de Zieten que constitue le village immédiatement au sud du Grand-Ry. Mais ni Vandamme, ni Lefol n'ont fait, au préalable agir leurs batteries pour en imposer aux canons prussiens.


 

Néanmoins les fantassins français se ruent à l'assaut du village aux cris de " Vive l'Empereur " tandis que les musiques régimentaires jouènt le " Chant du départ ". Le village est enlevé. Une contre-attaque y bloque les Français. Vandamme fait alors intervenir son artillerie et, à la gauche de la division Lefol, engage celle du général Berthezène qui déborde le village par l'ouest et se dirige vers l'agglomération de La Haye tandis que la division Girard, plus à gauche encore, marche vers Le Hameau s'en empare et progresse vers La Haye pour tourner toute la position ennemie de St Amand. Tout le dispositif de Vandamme est flanqué vers Wagnelée par la division de cavalerie légère du général Domon et, comme ultime réserve, il dispose de la division d'infanterie du général Habert.

Telle est la situation à l'aile gauche française vers seize heures. Mais Blücher qui sent la menace contre son aile droite y envoie des renforts d'infanterie et de cavalerie. La lutte devient de plus en plus âpre, particulièrement autour de La Haye où les régiments de Girard, 11° et 12° légers, 4° et 82° de ligne, sont très éprouvés. Les trois généraux de la division sont bientôt hors de combat. Blessé mortellement le licutenant-général baron Girard succombera le 27 juin à Paris. Les généraux de brigade de Villiers et Piat sont évacués, le colonel Matis du 82° prend le commandement. A l'aile droite française, les hussards, chasseurs et lanciers de Pajol, les dragons d'Exelmans, la division de cavalerie Maurin du 4° corps, soutenus par la seule division d'infanterie du général Hulot, le tout sous les ordres du maréchal Grouchy, en imposent au III corps prussien de Thielman et, chose extraordinaire, le feront pendant toute la bataille de Ligny et s'empareront de Boignée, Balâtre, Tongrenelle, franchiront la Ligne et menaceront directement Sombreffe. Mais au centre ?


 

Devant l'agglomération de Ligny, face au nord-ouest, nous l'avons dit, le lieutenant-général Gérard a disposé les deux divisions d'infanterie des gcnéraux Vichery et Pêcheux, ce dernier à gauche, Pêcheux est le premier engagé. Ses régiments, 30 et 40~ de ligne (brigade Romme) 6° léger et 6° de ligne (brigade Schoeffer) prennent pied dans Ligny après une trop mince préparation d'artillerie et ils sont refoulés. Gérard reçoit en renfort deux batteries d'artillerie lourde de la Garde. Celles-ci commencent un violent tir à obus et à boulets sur le village où les toits de chaume prennent feu et où des maisons s'effondrent sur les défenseurs. L'attaque de Pêcheux est relancée. La Ligne, qui traverse du sud-ouest au nord-est le village de Ligny, n'est pas un mince ruisseau. Profonde de moins d'un mètre, il est vrai, mais très sinueuse, large de trois à quatre mètres suivant les endroits et l'importance des pluies, elle coule encaissée entre deux talus de trois à quatre pieds au-dessus du plan d'eau. Sur les deux rives garnies de saules et de haies vives, les enclos des maisons dispersées, dont les murs ont été crénelés, constituent autant de blockhaus, et les grands bâtiments, aux murailles épaisses, des fermes d'En-Haut et d'En-Bas, représentent avec l'église, le cimetière et le château un des plus solide bastion de la position bien choisie et connue de Blücher. jusqu'à dix-neuf heures, les combats dont l'acharnement ira grandissant vont continuer dans Ligny avec des alternatives diverses et Gérard engage la division Vichery à la droite de Pêcheux.


 

De part et d'autre de La Ligne, les adversaires se fusillent à bout portant. Des fantassins français, de l'eau jusqu'à mi-jambe, tentent de franchir le cours d'eau tandis que d'autres s'en prennent aux bâtiments fortifiés et essaient de s'emparer des deux ponts. Les mémorialistes, tant Prussiens que Français, décrivent la fureur inouïe des corps à corps de Ligny. Les soldats de Blücher se souviennent d'Iéna et des années d'occupation, les grognards de Napoléon ont présentes à la mémoire les exactions et les pillages qui accompagnèrent la défaite de 1814. Le village est pris et repris quatre ou cinq fois. Aux attaques succèdent les contre-attaques, et ce sauvage va-et-vient des deux adversaires par dessus La Ligne va se prolonger quatre heures, jusqu'au moment où se déclenchera, enfin, l'assaut victorieux, avec l'aide de la Garde impériale, retardé pour une raison qui n'est qu'un nouveau et étonnant contre-temps comme on en trouve plus d'un, dans ce que nous appellerions de nos jours le " suspense " de la campagne de 1815.

En effet, que se passe-t-il devant La Haye et St Amand où la bataille n'est pas moins acharnée qu'à Ligny ? Il est plus que dix-sept heures. Non seulement Vandamme suspend son attaque, après avoir engagé sa dernière division pour tenir tête aux renforts de Blücher, mais il évacue Le Hameau, La Haye et St Amand, si chèrement conquis alors qu'une division de tirailleurs et de voltigeurs de la Jeune Garde est en marche pour le soutenir ainsi que la brigade de lanciers du général Alphonse de Colbert prélevée sur la droite dans le corps de Pajol, bientôt suivis du 11° chasseurs du colonel Nicolas. Or, c'est le moment où, ayant constaté que Blücher dégarnissait son centre pour courir au secours de sa droite, l'Empereur a décidé de l'enfoncer et se prépare à y engager la Garde et les cuirassiers.


 

Il se fait que Vandamme vient d'apercevoir une très forte colonne qui se dirige vers ses arrières. Quelle est cette colonne ? Vandamme la croit ennemie. Peut-être se souvient-il de sa mésaventure de 1815 en Saxe, à l'affaire de Külm, où son corps d'armée aventuré à la poursuite des Austro-Russes, sans être soutenu par le maréchal Gouvion-St-Cyr, s'était vu coupé par les Prussiens et n'avait pu se dégager qu'au prix de lourdes pertes et de nombreux prisonniers dont lui Vandamme, resté aux mains des Russes. Celui-ci est donc inquiet. Il prévient l'Empereur qui suspend la marche de la Garde vers Ligny et fait reconnaître la colonne suspecte. Elle n'est autre que le 1° corps du général Drouet d'Erlon lequel, marchant de Gosselies vers Frasnes, a été détourné vers Brye, mais non pas sur Fleurus, pour se rabattre sur les arrières des Prussiens conformément au plan de Napoléon. Mais le Maréchal Ney engagé contre Wellington aux Quatre-Bras, a envoyé à d'Erlon un contre-ordre formel de revenir vers lui. Interdit, d'Erlon est retourné vers Frasnes en laissant toutefois sa division de cavalerie et la division d'infanterie Durutte en vue de Wagnelée. Cette affaire de la marche et de la contre-marche du 1° corps a fait l'objet de discussions interminables des historiens de 1815.

Comment, tiraillé entre deux ordres contradictoires, tout un corps d'armée, par suife d'une erreur de transmission ou de mauvaise interprétation des ordres, n'a-t-il été utile ni à Ligny ni aux Ouatre-Bras, mais est venu, bien à contre-temps, jeter le trouble jusque dans l'état-major impérial et a fait retarder le dénouement de la bataille de Ligny. Pour plus de détails nous renvoyons le lecteur aux nombreux historiens et mémorialistes de l'époque. La réponse du reste ne sera jamais clairement connue ; un important messager de l'Empereur vers le maréchal Ney dans l'après-midi du 16, le colonel de la Bédoyère, ayant été fusillé par la Restauration quelques semaines après Waterloo sans qu'on ait pu recueillir son témoignage capital. Quoi qu'il en soit, l'attaque de la Garde et de la grosse cavalerie sur le centre prussien ne démarra que passé dix-neuf heures.

Quelle est la situation à ce moment ? Devant Le Hameau, La Haye et St Amand, Blücher qui s'acharne sur la gauche française est contenu par le corps de Vandamme, l'héroïque division Girard (2), la division des tirailleurs et voltigeurs de la Jeune Garde du général comfe Barrois que vient renforcer la division de chasseurs de la Garde, 2, 5 et 4° chasseurs du général comte Duhesme. La division de chasseurs à cheval de Domon et 1cs lanciers et chasseurs de la division Subervie couvent la gauche de ce dispositif.

Devant Ligny l'Empereur organise l'assaut final avec les deux divisions de Gérard électrisées par l'arrivée de la Garde impériale. Les quatre régiments de grenadiers à droite avec l'artillerie, à gauche le l° chasseurs à pied du général Cambronne suivi des sapeurs et marins de la Garde, des dragons et grenadiers à cheval de la Garde, des gendarmes d'élite et des cuirassiers de Milhaud. Mais laissons parler ici un sergent du 1er grenadiers ; Nous marchons ainsi pendant vingt minutes, notre dernier mouvement eut quelque chose de religieusement imposant ! Oui, nous l'aimons, il y avait quelque chose de solennel et de religieux dans cette immense procession militaire marchant à la mort d'un pas ferme et la tête haute, précédée de l'image de la Patrie. Les tambours ne battaient pas . Une salve de soixante coups de canon part de notre droite. C'est l'artillerie de la Garde qui salue l'armée prussienne.

L'Empereur est près de nous sur un tertre au bord d'un chemin creux que nous allons franchir sous ses yeux en le saluant de nos vivats. A l'instant la charge bat, nos têtes de colonnes s'élancent dans le ravin par sections et demi-sections suivant le terrain et les issues ; chaque régiment suit le mouvement au pas de course et nous sommes bientôt au-delà de Ligny que plus de cinq heures de combats acharnés n'avaient pu mettre complètement en notre pouvoir. Mais cette fois il est définitivement enlevé à la baïonnette. Nous marchons malgré nous quelquefois même nous trébuchons sur des monceaux de cadavres dont sont encombrées les rues de Ligny, mais, grâce au ciel, quelques minutes ont suAi pour nous faire franchir cette espèce de vallée de Josaphat où morts et vivants sont pêle-mêle. Nos têtes de colonne se reforment au bas du coteau car nous avons encore à monter à l'assaut des masses qui nous attendent pour nous foudroyer à notre apparition sur les mamelons qu'elles occupent en force .

Notre régiment était à mi-côte du premier mamelon lorsque les grenadiers à cheval, les dragons de la Garde ainsi que les cuirassiers du général Delort sortirent de ce défilé et se reformèrent au grand trot, par escadrons, pour compléter la victoire. Ce hourrah général de trois mille hommes de grosse cavalerie avait quelque chose de prodigieux et d'effrayant. Ce fut en cette circonstance que le crépuscule rendait encore plus confuse que le maréchal Blücher eut son cheval tué dans l'attaque qu'il commandait en personne .

En effet, Blücher, en apprenant ce qui se passait à Ligny, était accouru de St Amand et avait chargé la cavalerie française avec tout ce qu'il avait pu rassembler. Précipité au sol et immobilisé sous le poids de son cheval atteint d'un coup de feu, toute une charge de cuirassiers l'avait dépassé deux fois, mais l'obscurité l'avait dérobé, ainsi que son aide de camp, à la vue des cavaliers de Delort et un retour offensif de dragons prussiens l'avait délivré. Lorsqu'on réfléchit aux pertes de temps le matin à Châtelet, conséquence en partie de la trahison de Bourmont, et à celle résultant des marches insolites du corps de d'Erlon, on peut se demander comment les choses auraient tourné si l'obscurité n'était venue arrêter les combats qui ne s'éteignirent que passé vingt-deux heures.

Mais on n'écrit pas l'histoire avec des si ; on ne peut que constater les faits, Comme si les éléments avaient voulu se joindre aux fureurs des humains, un orage avait éclaté, épaississant les ombres du crépuscule. I es Prussiens se retirèrent du champ de bataille et, après s'être barricadés à Sombreffe et à Brye, battirent en retraite avant l'aube du 17, le corps de Thielman vers Gembloux, ceux de Ziethen et de Pirch I vers Mont-St- Guibert par Tilly, Mellery, Gentinnes, en direction de Wavre où le corps de Bülow rejoignit Blücher par Dion-le-Mont.

Telle fut la journée de Ligny la dernière victoire de Napoléon, qui n'atteignit pas l'ampleur qu'il en avait espéré, c'est-à-dire la destruction de l'armée prussienne, car le regroupement de son armée autour de Wavre allaif pcrmettre au tenace Blücher de venir sauver Wellington en tombant dans le flanc droit des Français à Plancenoit en cette fin d'après-midi du 18. Mais l'objet de cette étude n'est pas de décrire les circonstances atmosphériques et humaines qui, malgré Ligny, aboutirent au désastre de Waterloo et... à Ste Hélène.

Général Major Honoraire H.J. COUVREUR

 

La bataille de Ligny du 16 juin 1815,

~ dernière victoire de l'Empereur ~

Le 16 juin 1815, Napoléon a réussi, par une marche tout autant savante qu'audacieuse, à s'intercaler entre les Prussiens et les Britanniques pour les battre séparément. Il veut d’abord rosser les Prussiens, car il sait les Anglais moins enclin à aider leur allié. Il se rabattra sur ces derniers ensuite.

Il trouve Blücher dans la région de Ligny qui s'y est installé avec 3 corps de son armée.

A son aile droite, le 1er corps de von Ziethen occupe les lieux autour de Wagnelée. Le 2e Corps de Pirch I s'étend sur les villages de Ligny et Sombreffe, au centre du dispositif défensif. Le 3e Corps de Thielemann, quant à lui, couvre l'aile gauche prussienne c'est à dire les bourgs de Tongrinelle et de Tongrinnes, derrière lesquels se trouvent les routes stratégiques de Gembloux et de Namur.



Général Comte von Gneisenau.
Quartier-Maître général de l'armée du Bas-Rhin.

Le plan de l'Empereur est simple, pendant que les généraux Vandamme et Gérard attaqueront le centre prussien pour le fixer, le corps de d’Erlon enveloppera l’armée de Blücher par la gauche. Ce vaste mouvement sera suivi ensuite par Ney, chargé auparavant de prendre les Quatre-Bras.

Forces en présence à la bataille de Ligny

Armée française


Armée prussienne

IIIe corps (Vandamme)
15 130 soldats, 1 017 cavaliers, 38 canons
IVe corps (Gérard)
13 101 soldats, 814 cavaliers, 38 canons
VIe corps (Lobau)
9 373 soldats, 32 canons
Division Girard (détachée du IIe corps)
5 178 soldats, 8 canons
La Garde impériale (Drouot)
12 727 soldats, 1 718 cavaliers, 82 canons

---- Réserve de cavalerie ----
Ie corps de cavalerie (Pajol)
2 336 cavaliers, 12 canons
IIe corps de cavalerie (Exelmans)
3 096 cavaliers, 12 canons
IVe corps de cavalerie (Milhaud)
2 797 cavaliers, 12 canons
Total des artilleurs : 8 088 hommes

Ier corps (von Zieten)
27 817 soldats, 1 925 cavaliers, 96 canons
IIe corps (von Pirch I)
25 836 soldats, 4 468 cavaliers, 80 canons
IIIe corps (von Thielmann)
20 611 soldats, 2 405 cavaliers, 48 canons

Total des artilleurs : 3 927 hommes.

Total des général :
75 575 hommes, 234 canons.

Total des général :
86989 hommes, 224 canons.

La bataille commence à 15 heures. Le 3e Corps de Vandamme repousse les Prussiens de Saint-Amand et de Saint-Amand-la-Haye. Ziethen contre-attaque en vain. Gérard (4ème Corps) bombarde Ligny et emporte la moitié du village, après avoir été repoussés trois fois.

A 17 heures, les Français qui ont essuyé de lourdes pertes, restent accrochés au terrain conquis. Ils ne peuvent toutefois aller de l'avant. Napoléon attend toujours la présence de Ney qui doit déboucher sur sa gauche. Il lui a fait pourtant parvenir un message lui ordonnant de "manoeuvrer sur le champ de manière à envelopper la droite de l'ennemi et à tomber à bras raccourcis sur les derrières ". L'Empereur envoie une dépêche équivalente au général Drouet d’Erlon, qui commande le Ier corps, engagé nulle part. Ni l'un, ni l'autre ne vient couper la retraite des Prussiens...

Ne voyant rien venir, Napoléon envoie sa Garde, soutenue par 60 canons. Duhesme avec les Tirailleurs et Voltigeurs de la Jeune Garde, ainsi que les Grenadiers et les Chasseurs de la Moyenne Garde doit contenir le secteur de Vandamme. Le reste de la Garde impériale sous Friant et Morand se positionne contre Ligny.

Le Maréchal Blücher renversé par une charge des cuirassiers du 9e régiment est dégagé par des Uhlans.
Son cheval tué était un cadeau du prince regent d'Angleterre. tableau de Messerschmit.

A 20 heures 30, la Garde prend le reste du village de Ligny à la baïonnette et gravit le plateau de brye sur lequel les Prussiens tentent de reformer leur ligne. Blücher qui espère encore l'arrivée de Wellington, rassemble la cavalerie de von Röder pour charger la Garde et gagner du temps. Il prend lui-même la tête des escadrons. Les Grognards résistent. Des cuirassiers du 4e Corps de Milhaud les soutiennent et finissent de rejeter les cavaliers prussiens. Le Major général von Lutzöw, chef de la 2e brigade du 1er corps de Ziethen est fait prisonnier. Blücher, qui a son cheval tué sous lui, tombe à demi inconscient. Son aide de camp, Nostitz, le sauvera de la capture.

Les Prussiens quittent le champ de bataille en déroute. Ils ont perdu 12 000 tués et blessés, ainsi que 8 500 prisonniers et déserteurs. Les Français perdent 11 130 tués et blessés.

Le général von Gneisenau, chef d'état major de l'armée prussienne, qui commande en l'absence de Blücher, décide de retraiter l'armée sur Wavre plutôt que Namur. Cette initiative stratégique est décisive car elle rapproche les Prussiens de Wellington, en d'autres termes, elle rendra possible la concentration des forces alliées à Waterloo.

 

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