Depuis l’annonce officielle des négociations de paix entre Israël et la Syrie, les déclarations ne cessent de fuser entre les deux parties, qui tantôt sont conciliantes, tantôt refusent de se plier aux conditions exigées.
Hier, la Syrie a déclaré ne pas vouloir couper ses relations avec Téhéran au nom de la paix avec Israël, laissant entendre que Damas poursuivra également ses liens avec les mouvements terroristes.
Côté israélien, la majorité de la classe politique s’est indignée que de telles négociations aient lieu alors que l’avenir politique d’Ehoud Olmert, mêlé à une nouvelle affaire de corruption, est plus que précaire.
Sur le terrain, les avis sont partagés, même si globalement, on s’interroge sur la nécessité de rendre le Golan pour être en paix avec la Syrie. C’est le cas de certains membres du Kibboutz Ein Guev, situé au nord d’Israël, au pied du plateau du Golan.
« Avant la guerre des Six Jours, les syriens étaient à 100m de nous, les attaques étaient très fréquentes, nous étions terrifiés » explique Yaacov Oleh, membre du kibboutz à Guysen International News.
« Depuis le contrôle par Israël du plateau du Golan, nous vivons en paix, nous n’essuyons aucune attaque syrienne, et nous avons pu créer ici, un des plus beaux paysages de ce pays » affirme fièrement Tsvika, militaire à la retraite et membre de Kibboutz.
Même son de cloche pour Avner Talmon, propriétaire d’un immense complexe de production d’huile d’olive sur les hauteurs du Golan :
« Je ne crois pas à un accord ‘terre contre la paix’. Nous avons déjà la paix ici, nous vivons en toute tranquillité » déclare t-il en précisant que « peu importe qui gouverne, depuis qu’on est en paix, depuis 1967, israéliens, druzes et syriens sont assis côte à côte, et vivent heureux ici ».
« Que signifie un accord de ‘terre contre la paix’ ? Cela veut-il dire que l’une des parties ne veut pas la paix, mais simplement la terre ? Ce qu’il faut c’est la ‘paix pour la paix’ » conclut Avner Talmon.
La porte-parole du Conseil Régional du Golan envisage, quant à elle, difficilement le départ des plus de 20000 actuels résidents du plateau : « Nous ne pensons pas que cela apportera la paix et les habitants de la région n’envisagent même pas de quitter ces lieux un jour . »
D’autres, anciens militaires gradés ayant vécus les grandes guerres d’Israël, s’inquiètent de voir ce lieu stratégique remis aux mains des syriens. « Du Golan à Haïfa, il y a 80 kilomètres où nous ne pouvons pas défendre le pays car c’est un espace ouvert, et les syriens le savent » s’inquiète Zvika Fogel, ancien général brigadier.
En plus du danger syrien, ce dernier estime qu’un retrait du Golan donnera l’occasion au Hezbollah de s’y installer aussitôt, lui conférant ainsi des positions extrêmement stratégiques.
« La majorité ne veut pas qu’Israël se retire, même chez les communautés non juives. Ils ont vu ce qu’a apporté un retrait de Gaza pour les Palestiniens, et du sud Liban pour les Libanais, ils veulent éviter ça » continue Zvika Fogel.
Toutefois, certains ne l’entendent pas de cette manière, et notamment le Dr Maray Taiseer, directeur général du Développement des Villages Arabes du Golan, qui milite pour un retour syrien sur la totalité du plateau.
« Nous ne reconnaissons pas la souveraineté israélienne sur le Golan et si Israël désire une paix totale, il doit se retirer totalement des territoires qu’il occupe » affirme t-il.
Enfin, selon Oussam, habitant druze du Golan, sa communauté reste assez partagée sur la question du contrôle du plateau.
Selon lui, la jeune génération est plutôt en faveur d’un contrôle israélien car elle a grandi avec la démocratie israélienne, mais l’ancienne, elle, préférerait un contrôle syrien.
En ‘off’ cependant, celui qui se considère comme « un arabe syrien de religion druze » avouera que d’un point de vue économique et social, Israël est sans conteste le meilleur gouvernement.
Enfin, après avoir critiqué vigoureusement le régime en place à Damas, ce dernier ajoutera que la position de certains ‘vieux’ druzes s’explique surtout par la crainte d’être considéré comme des lâches si la Syrie était amenée à revenir sur le Golan…
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