Il est, dans le jargon médiatique, le bon client par excellence. Invité jeudi à se présenter en conférence de presse au Parc des Princes, Jérôme Alonzo a une nouvelle fois évoqué sans langue de bois son avenir à Paris, l'ambiance au sein du vestiaire parisien, et son peu de goût pour Lyon, adversaire du PSG samedi en finale de la Coupe de France.
Alonzo prépare cette finale de Coupe de France sereinement. Même si ça pourrait être son dernier match avec le PSG. (Le Parisien)
Jérôme, vous serez titulaire samedi en Coupe de France. Est-ce votre dernier match ?De ma carrière, sûrement pas (sourire). Au PSG, je ne sais pas. Le problème ici, c'est que rien n'est comme ailleurs. Je n'ai pas d'interlocuteurs à l'heure actuelle pour pouvoir parler avenir. On m'a dit d'attendre jusqu'à mercredi prochain. Effectivement, c'est la deadline parce qu'après je devrai prendre une décision. Donc, il y a des chances que ce soit mon dernier match à Paris...
Votre désir est pourtant de rester au PSG...Oui. Le problème, c'est qu'on me pose la même question à chaque interview. Je ne veux pas donner l'impression d'être candidat à quelque chose. C'est un souhait de coeur, oui. Voilà, c'est dit. Mais j'ai presque envie de vous dire que je ne reviendrai plus dessus. Par contre, si ça ne fait plaisir qu'à moi de rester ici, je ne vais pas m'accrocher (rires). Mais je n'ai aucun souci avec ça. Si je dois partir sur une finale de Coupe, ça sera quand même une sacrée belle histoire.
Si votre avenir n'est pas au PSG, où serez-vous l'année prochaine ?Manchester... J'hésite... (rires) Non, pour le moment, les pistes sont françaises. Malheureusement (il se marre). Plus sérieusement, je me suis fixé jusqu'à 2010, après on verra.
Est-ce perturbant dans la préparation de cette finale de ne pas être fixé sur son avenir ?Non. Je ne suis pas là pour mendier quoi que ce soit. J'ai un match à faire. Ma situation personnelle passe loin derrière. Mais, samedi soir à minuit, il faudra que je redevienne égoïste. Mon avenir va se jouer après. Je ne peux pas attendre jusqu'au 15 juin, ne serait-ce que par respect pour les personnes qui attendent des réponses de ma part.
"C'est la première fois depuis longtemps que j'ai entendu les gars parler tactique dans les vestiaires"Ça faisait longtemps que vous n'aviez pas préparé un match d'une telle importance. Est-ce difficile de retrouver ses marques ?Non, je prépare ce match exactement comme celui de
Bastia (en huitième de finale de la compétition, son premier match en tant que titulaire cette saison, ndlr). La semaine a été la même. Ça ne change pas grand-chose sauf que là, il y aura 90 000 personnes dans le stade et que ce sera une finale. Ça montera peut-être un petit peu samedi matin. J'ai déjà joué quelques finales, quelques matches importants. Jouer un Marseille-PSG au Vélodrome ou une finale de Coupe de France contre Lyon, la pression est la même.
Après avoir encadré les jeunes et gagné votre billet pour cette finale, cela aurait été dur de ne pas la jouer...Je n'ai pas eu le temps de souffrir, le coach est venu me l'annoncer après le match de
Sochaux. Il m'a demandé de ne pas trop picoler le week-end pour être prêt (sourire). Non, il est venu très gentiment me le dire samedi soir ce qui m'a permis d'entrer tranquillement dans ce match.
Ce rôle de «grand frère» semble vous tenir à coeur. On se trompe ?Vu que je suis le plus vieux, je suis bien obligé... Vous savez, la jeune génération est difficile. Il faut toujours être derrière eux. Ce sont des gamins adorables, très bien élevés et doués en plus, donc il faut toujours être derrière eux car souvent, quand ils font un bon match ou un bon entraînement, on a tendance, nous et vous (les journalistes), à les enflammer. Donc, il faut toujours être derrière eux mais c'est un rôle intéressant et qui me tient à coeur. Si ce n'est plus ici, je le ferai ailleurs.
Comment sentez-vous le groupe parisien dans cet avant-match ?Bien. Il n'y a pas eu de démobilisation particulière après le match de Sochaux. C'est même la première fois depuis longtemps que j'ai entendu les gars parler tactique dans les vestiaires, comment on va jouer, en 4-4-2, en 4-3-3, comment va jouer Lyon, qui on va mettre sur Grosso... C'était très drôle car ça faisait très longtemps que je n'avais plus entendu ça. Enfin, peut-être que ça ne m'intéressait pas autant avant (rires). Sérieusement, j'ai le sentiment que tout le monde est concerné. Après, j'aimerais vous dire qu'on va faire un super match et que l'on va gagner, mais la vérité d'un match...
"Il y a eu des souffrances, des matches affreux mais si on termine avec deux titres, j'achète"L'ambiance dans le vestiaire a-t-elle changé depuis le maintien acquis samedi soir à Sochaux ?Oui, ça serait très malhonnête de dire non. Elle a changé, c'est plus décontracté. Dans l'approche de cette finale, c'est assez paradoxal parce que je sens les gars très concernés, mais on a rarement préparé un match dans une atmosphère aussi... j'allais dire détendue, c'est presque ça. On est tellement passé près de la mort... C'est un peu comme quand vous passez près de la mort dans un accident de voiture. Là, on doit repartir pour que du bonheur. Et, en plus, on n'est pas favori. Donc, c'est parfait.
Comment jugez-vous votre saison sur un plan personnel ?Je suis invaincu (rires). Non, je déconne. C'est mon métier depuis 20 ans maintenant. Je vis cette saison sans état d'âme, ni remord, ni regret. Je ne suis pas amer de ce que j'ai vécu. Le coach m'a redonné une chance contre Bastia à un moment où l'équipe type avait besoin de souffler. C'est plutôt bien tombé pour moi. Etre présent quand on fait appel à moi, c'est quelque chose que j'aime bien faire. Je préfère arriver quand on ne m'attend pas. Maintenant, ma saison se résume en quatre matches. J'espère qu'il y en aura un peu plus l'année prochaine. Quand on a 35 ans, chaque match que l'on joue, on se dit:
«ça se rapproche». Donc, j'ai vraiment mordu dans les trois matches que j'ai joué cette saison. Encore une fois, je ne suis pas malheureux. Si je l'avais été, je serais parti au mercato. J'aurais pu. Tant que je serai heureux dans ma vie de sportif, je serai là. Si je dois rejouer doublure la saison prochaine, je le ferai.
N'avez-vous pas peur que cela passe pour un manque d'ambition ?Ça passe pour ce que vous voulez... Le respect ne s'impose pas, il se mérite. Si un entraîneur me prend pour me faire jouer, très bien. Si un entraîneur me prend parce qu'il a besoin d'une bonne doublure, ça sera avec plaisir aussi. C'est le challenge qui va m'amuser. Ce n'est pas l'argent, la ville, le climat...
Si le PSG gagne la Coupe de France, comment jugerez-vous la saison du club ?C'est une question qui revient souvent aussi... (il réfléchit). Dire que tu as réussi ta saison avec deux trophées et une place de 17e... Maintenant, 17e ou 8e, ça ne change rien à part pour les droits télé. Si on me demande de choisir entre saison réussie ou saison ratée, je dirai saison réussie parce qu'avec deux titres, c'est difficile de dire qu'elle n'est pas réussie. Après, il y a eu des souffrances, des matches affreux mais si on termine avec deux titres, j'achète.
"Il y a des choses que je n'oublie pas. Dont cette banderole"On sait que, en tant qu'ancien Stéphanois, vous ne portez pas Lyon dans votre coeur. Avez-vous tout de même du respect pour les sept titres de champion de France de l'OL ?J'ai énormément de respect pour les 25 joueurs qui composent l'Olympique Lyonnais et pour le staff technique. Ce n'est pas de la démagogie. Moi, c'est l'entité qui me dérange. J'ai passé quatre ans à
Saint-Etienne, je ne peux pas adorer Lyon, ce n'est pas possible. Par contre, les joueurs sont tous plus forts les uns que les autres. Je suis fan de Coupet, de Juninho, de Govou. Comme tous les Français. Je ne porte pas Lyon dans mon coeur mais on ne va pas en faire une page. Après, gagner cette finale contre Lyon ou contre...
Grenoble, je m'en fous complètement.
Vous êtes revenu cette semaine sur cette affaire de banderole en condamnant celle des supporteurs lyonnais à l'encontre des Stéphanois. Pourquoi êtes-vous revenu sur ce sujet ? Y a-t-il une volonté de pimenter cette finale ? Vous êtes gonflé. C'est énorme... (il s'emporte) Nous, on nous gonfle avec cette banderole - que je ne cautionne pas, ce n'est pas la question - mais vous avez quand même fait, vous tous, une page pendant un mois. Tous les médias. Les autres, quand ils font une banderole, tout le monde s'en fout. En gros, c'est ça.
La question était de savoir pourquoi en reparler...(Il coupe) Parce qu'on me le demande. Parce qu'on me parle de cette banderole tous les jours. Je ne peux pas parler de Lyon, moi ? D'où on ne parlerait que de la banderole du PSG ? A un moment, il faut arrêter. Je suis de bonne humeur mais ça va. Toute la semaine, on me demande pourquoi je ne porte pas Lyon dans mon coeur. Je réponds parce qu'il y a des choses que je n'oublie pas. Dont cette banderole. Je pense que les gens qui me connaissent savent que ce n'est pas dans mon habitude de mettre de l'huile sur le feu. Franchement, j'ai autre chose à foutre de mes journées. Mais, on me parle de banderole. Celle du Stade de France est honteuse. Mais, en 15 ans, j'en ai vu deux ou trois des honteuses. Et il n'y a qu'un club sanctionné en Europe, c'est nous. C'est tout. Je n'ai absolument pas envie d'allumer Lyon. Je n'en ai rien à foutre. De toute façon, ils sont meilleurs que nous. On n'est pas favori. Je ne vois pas pourquoi je les allumerais.