Allocution de Jacques MYARD
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République
 
26 MAI 2025
 
 Allocution en hommage à Marion Fayolle
Lauréate du Prix Cocteau-Maisons-Laffitte,
pour son livre « Du même bois »
(Édition Gallimard)
Château de Maisons-Laffitte 23 mai 2025
 
Madame,
 
Saint-Sauveur-de-Montagut, une vieille terre d'Ardèche, 1000 habitants, vous a vu naître.
C'est dans ce village que vous avez reçu l'amour des paysages, l'amour de la terre des ancêtres où chacun, la famille, les citoyens de la cité, le peuple retrouve son identité, son destin, non du passé mais de l'avenir.
 
Il n'y a pas d'arbres sans racines,
Ni de chemin sans souvenir,
Il ne peut y avoir de futur
Sans passé qui enracine.
 
« Ubi Pater, ibi Patria »
 
Quatre rivières françaises baignent les monts de Saint-Sauveur, leur donnent luxuriance et vie :
- L’Eyrieux
- La Glueyre
- L’Auzène
- L’Orsanne,
 
Quatre rivières françaises, nourricières de la nature. La Nature, elle habite votre cœur, votre esprit, votre âme.
 
C'est sans doute la force de Dame Nature, sa sérénité qui vous suggère de créer la revue Nyctalope ; voir la nuit comme les chats toujours mystérieux, énigmatiques mais redoutables chasseurs, voir la nuit c'est dévoiler l'essentiel, le révéler.
 
C'est sans doute la force de Dame Nature qui vous demande de suspendre votre pensée et vous commande de dessiner.
 
Dessiner pour exprimer votre être qui se décline, se conjugue avec votre famille.
 
Famille écrite dans la tendresse des pierres en bande dessinée.
 
Les bandes dessinées, c'est l'évasion, l'imagination créatrice, force envoûtante. dites-vous pas vous-même qu'entendre les mots, c'est voir les dessins ?
 
N'est-il pas vrai que le dessin est un long processus qui doit faire en sorte que les couleurs produisent le son juste ? Le dessin est une partition musicale.
 
Le fabuleux Léonard de Vinci nous rappelle :
 
« Le dessin, la peinture sont une poésie qu'on voit au lieu de l'entendre,
La poésie est un dessin, une peinture qu'on entend au lieu de les voir »
 
Les poètes doivent laisser des traces de leur passage, non des preuves, des traces pour rêver.
 
Rêver certes, tout en restant insensible aux modes qui passent, pour découvrir, aller à l'essentiel qui dure, qui dépasse le temps des hommes.
 
- Les Pierres
- La Ferme
 
La Ferme, un livre d'une centaine de pages, un roman à clés.
 
Des clés que chacun doit prendre, s'approprier pour ouvrir son histoire, l'histoire de famille qui sommeille depuis des générations.
 
La Ferme raconte, dépasse la vie de chacun, elle épouse la vie collective des femmes, des hommes, des animaux qui ont incarné, porté des siècles d'histoire, de la Nation, des Nations.
 
Dès les premiers mots on sait que les humains vivent en symbiose avec les bêtes, les vaches proches.
 
« Ici on fait toute sa vie sous la même toiture,
On nait dans le lit de gauche,
On meurt dans celui de droite,
Et entre-temps on s'occupe des bêtes à l'étable »
 
Qui sont ces femmes, ces hommes ?
 
Ces femmes, ces hommes ne portent pas un prénom, un nom qui ne pourraient être que mortels, ils, elles portent des titres, des appellations qui traversent les générations :
- La mère
- Le père
- L'oncle
- Le pépé, la mémé
- La gamine
- Le petitou
 
Le chien qui dort avec les chats et a failli mordre le curé.
 
Le beau-frère qui parle à sa poule faisane.
 
L'orphelin qui veut ressembler au père et à la mère.
 
La chaleur du père et de la mère, celle des bêtes et du foin, « ça fait comme en été, il aurait aimé rester là. »
 
Pas de date, des êtres, une famille prisonnière de la Ferme, des veaux et des vaches.
 
Qui pourrait oublier ses vacances de jeunesse à la campagne ?
 
Qui pourrait être indifférent à la vie de la Ferme, à la naissance du veau que la mère lèche ?
 
Qui pourrait ne pas se souvenir, se remémorer la vieille bâtisse ensevelie sous la neige ?
 
Je la revois la Ferme Charpy dormant sous la neige au plan d'Hotonnes,
 
elle vit depuis des siècles, paisible,
elle a vu naître la gamine à chaque génération qui assure la descendance, le petitou qui vivra au milieu des bêtes à l'étable proche.
 
Madame,
Vous nous avez amené dans un long voyage qui nous parle, qui nous parlera toujours, qui nous touche, qui suscite notre joie, parfois notre tristesse, et sans relâche notre émotion.
 
La Ferme est un retour vers l'essentiel, vers l'âme de notre culture, de notre civilisation.
 
J'ai gravé mon amour pour toi
Sur un arbre, il a été brisé
Je l'ai gravé dans le sable, il a été effacé
Je l'ai gravé dans mon cœur et tu es resté
Ce cœur est la Ferme.
 
Je vous remercie.
 

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