Le 9 janvier 1963, de Gaulle à Peyrefitte :
« Le grand problème, maintenant que l'affaire d'Algérie est réglée, c'est l'impérialisme américain. Le problème est en nous, parmi nos couches dirigeantes, parmi celles des pays voisins. Il est dans les têtes.
Les Américains font croire que ne pas être d'accord avec eux, c'est vouloir rompre l'Alliance atlantique et mettre en danger la liberté de l'Occident. Cuba leur est monté à la cervelle. En Amérique du Sud, en Europe, en Asie, tout le monde en colonne par deux derrière l'oncle Sam, sinon gare à vous ! (Rire.) Ce serait contraire à la solidarité et à la morale ! Voyons, Peyrefitte, c'est de la rigolade !
Les Américains racontent que je voudrais obtenir des concessions, que je suis sur le chemin de la négociation, c'est-à-dire de la capitulation : eh bien, non ! Je ne demande rien, je ne souhaite rien, si ce n'est boire dans mon verre et coucher dans mon lit. (Il a déjà cité devant moi cette parodie de Musset par Flers et Caillavet.) En matière atomique, les Anglais n'ont rien fait qu'avec et par les Américains. Nous avons tout fait sans personne et par nous-mêmes.
Les Américains croyaient :
1) que nos scientifiques ne seraient pas capables
2) que nous n'aurions pas les moyens financiers
3) que de Gaulle allait être contraint de quitter le pouvoir dès qu'ils fronceraient les sourcils.
Évidemment, Guy Mollet ou Félix Gaillard se seraient contentés de quelques paillettes d'intégration ou de communauté atlantique. »
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