Communiqué :« Le terrorisme, un défi de société »
Intervention de Jacques Myard
Maire de Maisons-Laffite
Membre Honoraire du Parlement
President du Cercle Nation et République
Au COLLOQUE organisé par Pierre Pascallon , Président du Club Participation et Progrès à l'Ecole Militaire le 25 septembre 2017
" Que faire pour rendre le renseignement plus efficace encore dans la lutte contre le terrorisme ? "
Intervention de Jacques Myard : « Le terrorisme, un défi de société »
Pierre Pascallon a souhaité que je traite la question suivante :
"La police de proximité est elle un atout pour lutter contre le terrorisme ?"
Comme le disait le camarade Marchais, c'est la question mais voici ma réponse!
La lutte contre le terrorisme exige une réponse globale et surtout une connaissance de l'Islam qui dépasse largement la question posée sur la police de proximité.
Conseiller des Affaires Etrangères, membre de la commission des Affaires Etrangères et de la Commission aux Affaires Européennes pendant cinq mandats à l’Assemblée nationale, membre de la Délégation parlementaire sur le Renseignement depuis sa création, je me suis toujours fortement intéressé à l’Islam. En 1995, j’ai rédigé un rapport sur les défis en Méditerranée : les dérives de l’islam étaient déjà d’actualité.
Je ne changerai pas une virgule à ce que j’ai écrit alors. Le profil des terroristes que nous avions essayé d’établir n’était pas celui de quelques « paumés », délinquants en tout genre, mais celui de personnes dotées d’une formation, ingénieurs par exemple, souvent en informatique, embrigadées dans un intégrisme forcené, et désireuses d’appliquer à la société les certitudes scientifiques dont elles étaient pétries.
Avant toutes choses, je tiens à rendre un hommage appuyé à nos agents du renseignement dont l’engagement est total et qui exercent leurs missions dans le cadre d’une politique publique indispensable aux prises de décisions du gouvernement de la République qui doit être en mesure d’être au fait des enjeux géostratégiques et des menaces à l’encontre de la France. En un mot, nos agents qui paient malheureusement un lourd tribu ne sont pas des barbouzes mais bien des serviteurs de l’intérêt général républicain.
Les intervenants précédents l’ont déjà dit, il faut connaître l’ennemi, le nommer, pour mieux le combattre.
C’est la raison pour laquelle je vous donne un premier conseil : apprendre l’arabe sera plus utile que le globish aliénant. Il ne s’agit pas là d’une boutade mais d’un principe fondamental.
La France a eu de très grands arabisants, spécialistes de l’Islam. Hélas , pour de multiples raisons auxquelles participe la fascination pour le monde anglo-saxon, nombre de nos diplomates n’ont eu de cesse de vouloir faire carrière à Bruxelles ou à New York, méprisant cette civilisation que travaillent de multiples frustrations politique, religieuse, culturelle. La paix se joue sur notre flanc sud, ne l’oublions pas !
Il est donc impératif que nous investissions à nouveau dans le monde de l’Islam et cet investissement est d’abord un investissement intellectuel.
Membre des commissions d’enquête de l’Assemblée nationale sur le financement du terrorisme ou sur les individus et filières djihadistes, j’ai participé également aux trois commissions d’enquête parlementaires sur les sectes.
On ne peut s’empêcher de tisser un parallèle entre le phénomène sectaire et les dérives intégristes islamiques. Comme certaines sectes, la Scientologie ou le Temple solaire, les intégristes islamiques propagent une vision eschatologique du monde. L’adepte de la secte est prêt à tous les sacrifices au nom d’une vision eschatologique, incompréhensible pour des esprits rationnels.
A titre d’exemple, lors d’une audition d’anciens membres de sectes, une adepte de l’Eglise de la scientologie affirmait avoir signé un contrat de travail avec cette Eglise pour plusieurs centaines d’années... comprenne qui pourra !
Alors comment lutter ?
Des auditions des commissions d’enquête à celles de la Délégation parlementaire au renseignement, sans en dévoiler les secrets, j’ai appris que la lutte contre le terrorisme n’est plus simplement une question de police et renseignement, c’est un problème de société, un défi de société.
Ce combat politique culturel commence dès l’école maternelle et doit être poursuivi en permanence. Ce travail passe notamment, de mon point de vue, par l’enseignement du doute afin de combattre les certitudes intégristes rabâchées à longueur de temps par de véritables gourous.
Je cite souvent ce proverbe indien, qui a une résonance actuelle centrale et qui devrait guider tout citoyen lucide : « Suis celui qui cherche la vérité, fuis celui qui l’a trouvée ».
J’insiste sur un point majeur, l’Islam intégriste et les intégristes ne veulent pas le pouvoir, c’est-à-dire contrôler le gouvernement d’un pays et notamment des pays musulmans, ce qu’ils veulent c’est contrôler la société, en y imposant leurs lois, leurs conceptions de la société et la charia.
Ce phénomène commence à se développer dans certains quartiers de nos villes perdus par la République. Ces quartiers sont abandonnés au nom d’un laxisme et d’une prétendue liberté individuelle qui résulte de la fin de comète soixante-huitarde, ce qui conduit à des tensions aujourd’hui, à des difficultés sérieuses, voire des affrontements demain.
Je constate que les derniers attentats commis en France, comme en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis - ces derniers abritent la bagatelle de 16 agences de renseignement et une 17ème pour tout coordonner – l’ont été par des individus non connus des services de police et du renseignement et radicalisés en l’espace de quelques semaines avant de passer à l’acte. Nice, Londres, Berlin sont des attentats perpétrés par des terroristes qui ont échappé aux radars de la détection.
Toutefois, on peut avoir de la chance ! Lorsque des douaniers contrôlent, dans une opération de routine, un bus à Marseille en provenance de Belgique pour rechercher de la drogue, ils découvrent par hasard un individu qui s’apprête à commettre des attentats, en possession d’armes telles que des kalachnikov. A Clichy-la-Garenne, le plombier est intrigué par du matériel et des substances tout-à-fait inusuels dans un appartement, il alerte les services de police et on découvre un réseau qui préparait des explosifs, bon réflexe !
Ces deux exemples montrent que pour éviter le pire, un simple indice, même faible, doit être rapporté afin d’être contrôlé.
On est bien au-delà des services de la police de proximité.
Nous sommes tous des victimes potentiels, devenons tous des acteurs de notre sécurité ; sans tomber dans la schizophrénie permanente, ni renouer avec les techniques de l’îlotage consistant à rapporter les faits et gestes de toute la population. Nous devons savoir que la lutte contre le terrorisme dépasse le cadre de la police et du renseignement, c’est un enjeu pour tous, pour chacun d’entre nous.
On disait jadis qu’un Anglais, quel qu’il soit, était un agent de renseignement de sa Majesté. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons prendre conscience que chacun d’entre nous a une mission à mener, un rôle à jouer contre des terroristes islamiques décidés à ne nous faire aucun cadeau !
Je vous remercie.
Suivez moi sur : {Fichier:"cid:TG9nby1mYWNlYm9vay1taW5pYXR1cmUuanBn$265496$51216@club-internet"} tw
Les commentaires récents