Communiqué : Allocution de Jacques Myard / Journée de la déportation
JOURNEE DE LA DEPORTATION : 30 AVRIL 2017
ALLOCUTION DE JACQUES MYARD
MAIRE DE MAISONS-LAFFITTE
DEPUTE DE LA NATION
L’effondrement fut total et soudain, brisant d’un coup toute force collective coordonnée.
L’effondrement plus encore que celui des forces matérielles fut celui des forces morales.
Chacun, tel un somnambule dans la nuit du désespoir, cherche alors son destin, alors que tout paraît consommé et perdu à jamais.
« La ville souillée et comme morte
où le martèlement des bottes écorche
les trottoirs et le silence
uniforme couleur de poison,
couleur de mort, couleur de plomb.
Il flotte une odeur d’assassinat
(...)
Paris se tait, Paris attend :
Non en fille soumise,
mais en ville qui refuse.
Une foule invisible
travaille comme un levain ».
André Chennevière
« Quand la société est dissoute,
l’homme est tout »
Lamartine
Ce ne sont d’abord que des actes isolés, dictés par l’inconscient rebelle qui se révolte sans ordre, mais avec force, comme à chaque fois dans notre Histoire multiséculaire que l’honneur national est blessé et bafoué.
- Etienne Achavanne coupe les lignes téléphoniques du terrain d’aviation de Rouen occupé par la Luftwaffe ; il est fusillé par l’ennemi le 6 juillet 1940.
- Le colonel Léonce Vieljeux, Maire de la Rochelle, refuse d’amener le drapeau français sur la Mairie.
- Puis l’appel du Général de Gaulle à Londres à la BBC, peu écouté il est vrai, mais fondateur, proclame
« Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. ».
La Résistance, ce n’était alors que « désordre de courage », Malraux.
Mais sous l’impulsion
. de Jacques ARTHUYS, fondateur de l’organisation civile et militaire, l’OCM, premier réseau en zone occupée,
. d’Henry FRENAY, créateur de l’Armée secrète et du NAP, le Noyautage des Administrations Publiques,
. et de Jean MOULIN représentant du Général de Gaulle,
la Résistance devient alors une véritable armée sur l’arrière de l’occupant.
Dame nature accueille dans ses caches les patriotes rebelles,
dans le Vercors, le Bugey, aux Glières, dans le Morvan et les Vosges.
En Corse, premier département délivré,
A la Montagne Noire dans les forêts de l’Oise et de Bretagne.
Partout les maquis, au prix de lourds sacrifices et des représailles, font revivre la flamme de la liberté et harcèlent sans relâche l’ennemi.
L’ennemi réplique, par la loi du talion, frappe au hasard, fusille des otages et toujours plus d’otages.
« Ecoute Maman, il faut que tu comprennes,
Ecoute ne pleure pas...
Demain sans doute, ils vont nous tuer
C’est dur de mourir à vingt ans
Mais sous la neige, germe le blé. »
Gisèle Guillemot.
Mille résistants sont fusillés au Mont Valérien.
« Il chantait lui sous les balles,
Des mots sanglant est levé
D’une seconde rafale
Il a fallu l’achever ».
Aragon
Mais avant le peloton d’exécution, il y a la torture de la Gestapo et, pis encore, de la milice.
« Je trahirai demain pas aujourd’hui
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles
Je ne trahirai pas
Vous ne savez pas le bout de mon courage
Moi je sais
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues
Vous avez aux pieds des
Chaussures avec des clous
Je trahirai demain pas aujourd’hui. »
Marianne Cohn dite Colin
Il n’y a pas d’innocents.
« Oradour n’a plus de femmes,
Oradour n’a plus un homme
Oradour n’a plus de feuilles
Oradour n’a plus de pierres
Oradour n’a plus d’Eglise
Oradour n’a plus d’enfants
(...)
Oradour est un cri qui
Hurle par tous les temps. » Jean Tardieu
Ces héros fusillés à l’aube,
savaient-ils que les assassins nazis pouvaient dépasser toutes les limites dans l’horreur de la barbarie ?
Savaient-ils vers quel destin partaient celles et ceux qui montaient dans des wagons à bestiaux à Compiègne ?
« Sol de Compiègne
Terre grasse et cependant stérile
Terre de silex et de craie
Dans ta chair
Nous marquons l’empreinte de nos semelles ».
Robert Desnos
Sol de Compiègne, combien de train as-tu vu partir sans retour ?
« Fin du voyage
Les portes à glissières s’ouvrent
La lumière inonde l’intérieur
Le monde des ténèbres nous engloutit.
Ici règne le robot
A coup de fouet et de matraque
Un monde s’écroule
Tête rasée
Tatouages sur le bras !
Nous n’avons plus de noms
Nous sommes des numéros. »
Greet Van Amstel
« Il est arrivé un soir
juif parmi d’autres juifs
Inconnu parmi les inconnus
Il est arrivé un soir
Avec vingt autres hommes
Sa valise et sa peine
Courbant ses épaules »
Pierre Créange
Klein Mangersdoff
« le pire c’est le pyjama rayé
Pour affronter la nuit polaire »
Maurice Honel
Auschwitz
« A gauche, à droite
lèchent les flammes
A gauche à droite : les flammes
recouvrent nos frères et nos sœurs. »
Ilse Blumenthal-Weiss
Theresienstadt
« Dans les grandes caisses
des cheveux des asphyxiées
on peut voir une tresse nouée
par un ruban
que tiraient à l’école des
garçons polissons »
Léopold Levin
« De tant de morts
Donnez-moi la mémoire,
De tous ceux-là qui sont devenus cendre,
D’une génération, donnez-moi
La mémoire. »
Isaie Spiegel
Les lilas sont en fleurs,
Les enfants rient et respirent
la vie à pleins poumons.
Mais, tel l’œil de Caïn, le crime, les meurtres des barbares ne peuvent être effacés et torturent à jamais la mémoire du genre humain.
L’œil de Caïn est toujours là, et nous rappelle à jamais le massacre des innocents.
Les assassins aussi sont toujours là, qui tuent lâchement par surprise, au nom de leur fanatisme religieux.
Les barbares sont de retour,
Le sang des innocents d’hier et d’aujourd’hui nous appellent à la résistance contre la haine des fanatiques.
Des corbeaux lugubres
Volent à nouveau sur nos plaines,
Ohé citoyens
C’est l’alarme
Levons-nous compagnons
Les barbares assassins
ne passeront pas !
Vive nos héros martyrs
Vive la République
Vive la France !
L’assistance entonna ensuite le chant des partisans
Ami, entends-tu le vol des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme.
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.
Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...
C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève...
Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.
Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute...
Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh ...
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