L’incroyable projet de Central Park La Courneuve
LE PARISIEN SEINE-SAINT-DENIS
24 000 nouveaux logements en lisière du parc Georges-Valbon revisité façon Manhattan. L’architecte Roland Castro espère que son idée sera retenue par l’Etat pour les aménagements du Grand Paris.
CLAIRE GUÉDON
La Courneuve. Voici à quoi ressemblerait le Central Parkdu Grand Paris. Les constructions se feraient sur 110 haen bordure de ce qui est le troisième poumon vertde l’agglomération parisienne, après les bois de Boulogneet de Vincennes.
« IL Y A DES ENDROITS d’une exceptionnelle beauté. Vivre sur ce parc sera exceptionnel. » Marc Rozenblat, directeur général de CDU, spécialisé dans les grands aménagements immobiliers, se fait lyrique et n’a aucun doute : le parc Georges-Valbon de La Courneuve sera « la naissance de la métropole » parisienne. Pas moins. En compagnie de Roland Castro, l’architecte à l’origine du concept, Marc Rozenblat a présenté hier l’ambitieux projet de « Central Park du Grand Paris ».
Les 417 ha de nature seront aux yeux des partenaires privés le cœur battant du Grand Paris. L’idée est de transformer — pardon, de « réinventer » — le parc actuel, en l’entourant d’une frise urbaine d’immeubles. La particularité du site de promenade est d’être aujourd’hui peu accessible sans voiture. L’objectif de Roland Castro est de construire 24 000 logements pour 90 000 habitants. Ce qui permettrait de donner aux six villes* alentour une « façade sur le parc », pour reprendre une autre expression des concepteurs.
La large promotion menée ces derniers jours autour du Central Park s’explique par le fait que l’Etat va retenir début 2015 quinze projets franciliens (en plus des cinq déjà choisis) dans le périmètre d’opération à intérêt national (OIN). Ce cadre offrira des conditions particulières et augmente les chances de voir les aménagements se réaliser. « On veut mettre un peu de pression sur l’Etat », confirme en souriant Marc Rozenblat, qui souhaite faire partie des « quinze ».
Des logements accessibles à tous selon les concepteurs
« Pour un tel projet, on se considère davantage comme auteur que comme architecte », estime Roland Castro. Les constructions se feront sur 110 ha dont 70 sont classés en zone Natura 2000, qui protège la faune et la flore. Cette restriction n’arrête pas les concepteurs, qui proposent en échange de modifier la forme du parc, en lui associant une coulée verte vers le Val-d’Oise. Et c’est là qu’intervient François-Xavier Monaco, directeur du cabinet LesEnR, spécialisé dans les questions de développement durable : « On s’appuie sur le tracé d’un projet abandonné d’autoroute pour relier le parc aux grandes plaines agricoles, après Sarcelles. » La menace d’un bétonnage dans un département déjà bien urbanisé, il l’écarte également : « On ne construit pas en opposition à la nature. On fait entrer la nature en ville. »
Reste le financement. Les partenaires proposent la création d’une structure de portage pour lever des fonds. Ils évaluent à 5 Mds€ les différentes recettes, notamment foncières et fiscales. L’aménagement (voirie, réseaux…) est estimé à 500 M€.
Les risques de gentryfication, autrement dit l’éviction des classes les plus populaires, sont également une question sensible. « Le pôle urbain sera accessible à tous. C’est un des éléments fondamentaux », garantit le directeur de LesEnR. « On n’a pas fait un repoussoir, mais un attracteur », conclut Roland Castro.
Claire Guédon
* La Courneuve, Saint-Denis, Stains, Dugny, Le Bourget (toutes dans le 93) et Garges-lès-Gonesse (95).
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