Découvrez le discours que j'ai prononcé à Aulnay-sous-Bois le 11 juin 2014
Discours de Jean-François Copé
Aulnay-sous-Bois - le 11 juin 2014
Mes chers amis,
Ce soir je veux vous parler avec le cœur. Je veux vous dire ce que je porte dans mon cœur pour notre famille politique et pour notre pays, alors que je vais quitter la présidence de l’UMP après plus de trois années et demie pendant lesquelles je me suis donné chaque jour à fond pour notre famille politique.
Comme vous le savez, ma démission de la présidence de l’UMP sera effective dimanche 15 juin. Je ne vais pas vous mentir, à vous que je connais depuis si longtemps, cette situation, je ne l’avais pas prévue. C’est une épreuve pour notre famille politique qui entre à nouveau dans une zone de turbulences. C’est aussi une épreuve personnelle, je ne vais certainement pas vous le cacher.
Les militants de l’UMP m’ont confié une mission : présider notre famille politique dans cette période difficile d’opposition et de reconstruction. Je comptais la poursuivre jusqu’au bout, quel que soit l’obstacle. Dans les moments difficiles, vous m’avez toujours vu en première ligne, au combat, à l’avant des troupes : assumer ses responsabilités, faire face à l’adversité, ne jamais se dérober. Voilà ma conception du rôle d’un chef. La figure des grands chefs qui m’inspirent, c’est Joffre au début de la Grande guerre, c’est Clémenceau qui va encourager les poilus plutôt que de rester à l’aise dans les bureaux de son ministère, c’est Bonaparte prenant la tête de ses troupes pour franchir le pont d’Arcole en flammes et sauver la France.
Lorsque les comptes de l’UMP ont été mis en cause, il m’a semblé naturel, évident, de faire face à cette nouvelle épreuve en première ligne. Avec la force de celui qui doit assumer la responsabilité en votre nom, avec la confiance aussi de celui qui a la conscience tranquille. Je veux réaffirmer devant vous, comme je l’ai fait devant les Français, mon intégrité totale. Avec la volonté farouche de servir la vérité, toute la vérité. Non. Non, je n’ai rien su de ce qui s’était passé jusqu’à ce 15 mai dernier où j’ai enfin compris la vérité. Je vous en fais ici le serment. Et je veux dire à celles et ceux toujours bien inspirés qui prennent un air dégagé pour se dire « mais comment pouvait-il ne pas savoir ? », que je pense, comme sans doute ceux qui viennent donner des leçons, au Président de la Société générale qui n’a pas su que l’un de ses cadres, Jérôme Kerviel, réalisait une opération à quelques centaines de mètres de son propre bureau qui mettait en risque, pour plusieurs milliards d’euros, une très grande banque française et mondiale. Je pense aussi à tel ou tel patron d’entreprise qui peut ici ou là se trouver victime, comme un maire, comme le responsable de n’importe quelle organisation. Mais pour autant, j’ai considéré en responsabilité que je devais démissionner pour assumer et pour éviter le spectre de la division, celui qui nous a fait tant de mal après mon élection. Alors j’ai agi avec un seul souci : préserver de toutes mes forces l’unité de ma famille politique. C’est pour cela que j’ai pris cette décision.
Vous savez, au conseil des ministres du 6 mai 1964, Peyrefitte raconte que le général de Gaulle avait eu cette phrase à propos d’un grand préfet : « C’est l’honneur d’un chef de payer pour les autres même s’il n’est pas directement responsable ».
Je pense que l’honneur d’un chef, c’est de faire passer toujours l’intérêt de sa famille, l’intérêt de ses troupes, et bien sûr l’intérêt de son pays avant toute autre considération.
Mes chers amis, je veux le dire devant vous, devant mes amis parlementaires qui nous ont rejoints, devant vous tous qui êtes venus ce soir : j’ai passionnément aimé présider l’UMP.
J’ai aimé cette mission qui m’a été confiée par les militantes et les militants avec à mes côtés une femme exceptionnelle, Michèle Tabarot, que je veux remercier pour sa fidélité, sa solidité, car elle non plus n’a pas été ménagée. Et je veux rappeler, comme tu l’as fait Bruno, à celles et ceux qui ont tellement envie d’avoir la mémoire qui flanche, que nous avons fait ensemble de grandes et belles choses pour notre famille politique comme pour la France.
Alors que notre famille politique avait connu en 2012 les affres de la défaite, la dynamique des adhésions au sein de notre parti en est une preuve supplémentaire. Je faisais le point tout à l’heure avec nos services : 36% d’adhésions en plus par rapport à la même date l’année dernière. La proximité avec les militants grâce à la révolution civique, chère Camille, et ces tours de France que j’ai accomplis avec Nadia et avec tant d’entre vous, à la rencontre des Françaises et des Français venus simplement nous dire qu’ils cherchent avec nous une nouvelle espérance.
J’ai porté avec vous une ligne politique car il n’est pas de grande famille qui ne soit capable d’assumer une ligne politique courageuse.
Nous l’avions appelée la droite décomplexée, une droite fière de ce qu’elle est, fière de ses racines, de son histoire, fière de notre pays, et ambitieuse pour lui à un moment où tant de nos compatriotes sont à la recherche d’une nouvelle espérance.
Cette droite décomplexée n’est pas née de nulle part. Elle est héritière des grands décideurs qui ont fait le pays qui est aujourd’hui le nôtre, depuis le Général de Gaulle jusqu’à Nicolas Sarkozy.
La droite décomplexée, c’est une droite qui ne fait aucune concession, qui n’a aucune complaisance avec l’extrême droite mais qui, dans le même temps, sait que les Français ne supportent plus ni l’eau tiède ni la langue de bois. Ici à Aulnay comme à Meaux, comme dans toutes les villes, comme dans tous les villages de notre pays, ce sont des millions de concitoyens qui nous disent « dites la vérité, dites ce que l’on vit, ce que l’on voit, ce que l’on pense, ce que l’on attend, dites enfin tout haut ce que cette France d’en bas veut demain pour l’avenir des enfants de France ».
Cette droite décomplexée, mes chers amis, ne souffre ni la complaisance face à la réalité, ni la démagogie. Les valeurs que nous défendons sont celles d’un pays ouvert aux réalités du monde, ouvert à l’entreprise, à ceux qui créent, qui embauchent, qui investissent, qui prennent des risques. C’est une droite qui est attentive à la souffrance de celles et ceux qui, au quotidien, vivent tous les jours des choses qu’à Paris on ne veut pas voir. C’est enfin cette idée de l’autorité de l’Etat, d’un Etat qui ne se disperse pas, qui ne dépense pas à tout va l’argent des impôts des Français, un Etat efficace, un Etat qui va au résultat et qui assure les fonctions régaliennes - la sécurité, la justice, l’éducation, la laïcité - et qui assume une politique courageuse en matière d’immigration et d’intégration.
Mes chers amis, de tout cela est ressorti un magnifique résultat : l’élection aux municipales du mois de mars dernier. Il nous a fallu pendant des mois et des mois – et Bruno le rappelait avec humour – expliquer inlassablement que les conditions d’une vague bleue était réunies. Que les Français exaspérés par le comportement de la gauche attendaient une autre politique dans leur ville. Et nous avons jour après jour, à l’UMP, formé une nouvelle génération de candidats et de candidates qui partout sont venus porter l’étendard de l’UMP, le drapeau tricolore de nos valeurs et qui, ville après ville, ont réussi cet exploit formidable de détenir désormais près des deux-tiers des villes françaises. C’est ça aussi la victoire d’une UMP qui se retrouve.
Il y a eu aussi - pourquoi le nier - des déceptions et des regrets, de ne pas avoir suffisamment œuvré en matière de transparence, et dans ce domaine, je déposerai dès la semaine prochaine ces propositions de loi que j’ai annoncées, visant à faire toute la transparence sur tous les partis politiques.
Déception aussi de ne pas avoir réussi malgré des efforts innombrables à apaiser certaines querelles personnelles, de ne pas avoir réussi à faire taire ces divisions qui me paraissaient tellement artificielles au regard des enjeux de la France. J’ai tendu la main bien souvent, beaucoup l’ont prise, certains l’ont refusée.
Mon regret, c’est aussi de n’avoir pas suffisamment insisté – peut-être n’étais-je pas suffisamment aidé pour cela non plus – pour rappeler que le résultat premier des européennes, ça n’était pas le score du Front national mais celui du Parti socialiste qui à moins de 14% incarnait une nouvelle fois son échec.
Regret de ne pas avoir été aussi loin que j’aurais pu le souhaiter en matière d’innovation idéologique. Il y a là un rendez-vous à défricher, celui des idées courageuses et audacieuses. Ma fonction m’amenait naturellement à faire œuvre de synthèse sur ce point. M’en voici libéré.
Regret peut-être aussi d’une relation peut-être parfois un peu difficile, sans doute de mon fait, avec ceux qui commentent, qui observent, qui écrivent, qui racontent. Je leur demande un peu d’indulgence. Il peut m’arriver d’être bravache. Mais ce n’est jamais à rebours des convictions et de l’amour que je porte à notre pays, la France.
Dans tout cela mes chers amis, et c’est ce que je veux vous dire ce soir, j’ai toujours fait le choix de l’union plutôt que de la division. Alors oui, oui c’est une épreuve, je le vois dans les yeux un peu tristes de mes innombrables amis. Je le vois aussi dans le sourire de quelques-uns qui ne le sont pas. Mais enfin tout cela est futile, et moi je n’ai jamais été, jamais, de ceux qui jugent, de ceux qui enfoncent la tête de ceux qui ont un genou à terre. Je ne suis pas de ceux qui condamnent ; je ne suis pas non plus de ceux qui se lamentent.
Je crois à la pudeur dans la mission qui est la nôtre et qui dépasse chacune de nos petites personnes.
Toute l’histoire de mon parcours politique a été marquée par ces choix au service des Français. A Meaux, dans cette ville que j’aime passionnément, et où j’ai essayé, et je continue avec la confiance de mes administrés, de faire la démonstration que la politique ça sert à quelque chose dès lors que l’on est d’abord concentré sur l’attente de nos concitoyens. Oui, je pense que l’on doit être de ceux qui bâtissent, qui construisent, qui regardent l’avenir, qui sont toujours positifs, qui améliorent, qui réparent, de ceux qui en toute circonstance voient le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide.
Je suis enfin de ceux qui pensent qu’il faut maintenant proposer aux Français une alternance d’ici à 2017. Notre famille, mes chers amis, a une responsabilité historique et je veux le dire à chacune et chacun d’entre vous ce soir, comme un message d’avenir, il nous faut créer les conditions d’un sursaut français.
Il n’est pas de jour sans que je pense aux grandes épreuves qui ont invité les Français à organiser leur sursaut quand tout semblait désespéré. La bataille de la Marne, avec des Allemands à 50 kilomètres de Paris, à un moment où tout semble perdu, et où le sursaut national sauve la destinée du pays et de l’Europe. Juin 1940 – en ces moments de commémoration – où un homme seul, dont personne même ne connaît le nom et à peine le grade, traverse la Manche et incarne à lui tout seul la France éternelle. Le même d’ailleurs, le même qui en mai 1958 alors que la IVe République s’écroule sur elle-même, gouvernée par des personnalités divisées, incarnant les logiques partisanes dans ce qu’elles ont de plus négatif, de plus morcelé, de plus égocentrique, vient apporter une réponse institutionnelle, économique, sociale, régalienne, incarnant ainsi le retour de l’Etat dans ce qu’il a de plus noble au service des Françaises et des Français.
Et bien je pense, mes chers amis, que seule notre famille politique peut incarner ce sursaut national, elle est la seule à pouvoir le faire. La gauche aujourd’hui s’est discréditée au-delà de tout. Nous avions prévenu les Français, nous leur avions dit que nous ne voyions que le pire dans le programme de François Hollande, le pire est bien vite arrivé hélas pour nos compatriotes. Ca ne peut pas être non plus le Front national qui, on l’a vu à l’occasion de cette campagne européenne, incarne sans cesse la démagogie, les aspects les plus négatifs, la désignation permanente de boucs émissaires, là où nous avons besoin d’une France qui soit rassemblée, qui assume le courage des décisions nécessaires.
L’UMP a tout pour réussir au service de la France. Elle a la force des idées, l’importance des talents, l’engagement des militants. Elle est le premier parti de France, à la condition naturellement qu’elle assume enfin cette idée simple que dans un tel contexte il n’y a pas de place pour la haine, pour les règlements de compte, seul doit compter l’esprit de conquête et de rassemblement. Seule doit compter la hauteur de vue, la vision, l’amour de la France.
Alors, alors c’est vrai, c’est vrai qu’il faut pour cela s’appuyer sur la base exceptionnelle que constitue les municipalités que nous avons conquises pas après pas.
Je le dis, et ça n’est pas un hasard, me trouvant ici, cher Bruno, à Aulnay-sous-Bois. Je veux te remercier Bruno d’avoir organisé de manière un peu impromptue ce meeting ce soir. J’ai voulu, avant de quitter mes fonctions pour de nouvelles aventures, j’ai voulu organiser une rencontre avec vous parce que je voulais vous dire ce que j’ai sur le cœur. Je ne voulais pas le faire à Paris. Je voulais le faire ici à Aulnay dans cette ville où bien des observateurs, y compris d’ailleurs de notre famille, regardait avec scepticisme le combat magnifique que Bruno Beschizza, à l’instar de nombreux de nos amis, a engagé à la conquête de cette ville en Seine-Saint-Denis. La Seine-Saint-Denis où les communistes et les socialistes ne se remettent toujours pas des victoires magnifiques que vous avez ici réalisées.
Ici à Aulnay, tu as, Bruno, avec toute ton équipe que je veux saluer, car je sais la remarquable qualité qui est la sienne, réussi l’exploit. En venant ici, je savais que je venais chez un combattant, un homme d’honneur, un homme qui se moque depuis bien longtemps des coteries, et qui sait que le vrai combat, il est sur le terrain, au service de nos concitoyens, pour leur parler de tous ces sujets, qui en réalité les engagent beaucoup plus que tous les autres.
Bruno, tu incarnes cette réalité. Policier, tu as vu de très très près, et je peux en témoigner, la réalité de la violence, de la délinquance et de la souffrance de millions de nos concitoyens qui au quotidien n’en peuvent plus de ce qu’ils subissent parce que l’Etat recule. Dans les fonctions qui sont les tiennes aujourd’hui de maire, tu vas être en première ligne pour accomplir la mission de redressement d’Aulnay, et voilà qui me rappelle ce qu’il y a quelques années, j’ai entrepris de la même manière dans notre ville de Meaux. Et je veux te dire Bruno que c’est pour moi un très grand symbole de me trouver à tes côtés avec les élus qui sont ici, avec vous tous.C’est une manière aussi pour moi de vous dire ma reconnaissance.
Il est des moments évidemment plus difficiles que d’autres, et dans ces moments, on est heureux de voir celles et ceux qui ne reculent jamais. Merci à mes amis parlementaires, et à toi cher Arnaud d’être là. Je vous suis très reconnaissant, très reconnaissant, de votre présence.
Parce que c’est une manière aussi pour moi de vous dire que je vois bien comment doit se composer demain la clé du redressement national.
Les Français constituent un grand peuple, un peuple passionné d’histoire et de politique. Et même si nous aimerions bien souvent qu’il se passionne tout autant pour l’économie et pour la géographie, il n’en demeure pas moins que ce grand peuple qu’est le peuple français, est un peuple qui regorge d’énergie, d’esprit d’initiative, de volonté de faire, d’entreprendre, de construire, de préserver et de protéger sa famille, de veiller à l’éducation de ses enfants.
Un grand peuple qui attend aussi et avant tout d’être commandé. L’aptitude au commandement. On voit bien qu’elle n’est pas donnée à tout le monde, on voit bien qu’il peut arriver que certains soient élus, promettant qu’ils l’incarnerontt, et qu’assez vite ce soit la déception et l’échec qui l’emportent. Il nous faudra donc nous aussi méditer sur tout cela le moment venu.
L’aptitude au commandement, cette capacité qu’ont de rares hommes ou femmes d’entendre la clameur du peuple, d’être capables de ressentir au plus profond d’eux-mêmes ce qu’il faut proposer comme vision, comme avenir pour tout un pays. L’aptitude au commandement enfin qui exige que la main ne tremble pas lorsqu’il faut prendre la décision.
Mes chers amis, c’est bien de tout cela dont je vais parler avec les Françaises et les Français. A travers des mots qui rejoignent largement ce qu’a évoqué Bruno tout à l’heure. Je pense à la liberté d’abord dont j’ai souvent parlé, qui me paraît être aujourd’hui une des clés majeures de notre redressement. Nos compatriotes ont besoin de retrouver de la liberté. Oh ! Quand on parle liberté, on pense tout de suite liberté d’expression. Bien sûr qu’il y a besoin de pourfendre le politiquement correct sans avoir à redouter sans cesse de faire l’objet de campagnes, de caricatures. Mais je pense aussi à la liberté d’entreprendre. Celle qui est écrasée par le harcèlement fiscal, par les charges sociales, par les contrôles permanents.
Je pense à l’autorité, cette autorité qui nous manque tant pour rappeler que la parole d’un enfant n’est pas égale à la parole d’un adulte, que les professeurs doivent être respectés, que la lutte contre la délinquance n’est pas négociable, qu’il faut une politique pénale digne de ce nom plutôt que de se trouver dans cette situation de laxisme qu’entraine cette nouvelle loi Taubira.
Et enfin, je pense à l’égalité des chances, à ce beau mot d’égalité des chances qui manque tant à notre pays, que ce soit dans nos banlieues, que ce soit dans nos villes, que ce soit dans nos villages. Notre pays se meurt de voir tous les jours des inégalités que le gouvernement ne veut pas combattre : des inégalités territoriales, des inégalités d’accès à l’emploi, des inégalités d’accès aux transports, des inégalités dans nos propres établissements scolaires. Ce sera, chers amis, l’un des grands défis des années à venir. Elles doivent tous nous engager, quelles que soient nos origines, nos sensibilités, nos couleurs de peau, nos différences politiques, philosophiques, religieuses. L’égalité des chances a fait la République française, il nous faut demain trouver le chemin pour rétablir cette égalité dans nos territoires.
Et pour tout cela, je l’ai dit et redit mille fois, il faudra aller vite à l’image de ce que fit le Général de Gaulle en 1958. Nous n’avons pas le temps de créer des commissions Théodule une fois l’élection présidentielle intervenu. Nous n’avons pas le temps d’aller solliciter tel ou tel expert pour des rapports dont nous connaissons par avance les conclusions. C’est par ordonnance, sur habilitation parlementaire, dans les six premiers mois qui suivent une élection présidentielle que les cinq ou six grandes décisions doivent être prises pour l’avenir de notre pays.
Et on les connaît ces décisions depuis le temps qu’on en parle. La suppression des 35 heures, la baisse des impôts et des charges, la réduction drastique de nos codes du travail, des impôts qui bloquent ce pays, sans oublier le code de l’environnement ou le code de l’urbanisme, la réforme des retraites qui est indispensable avec la fusion des régimes, et puis bien sûr, l’idée que l’on doit profondément repenser notre politique d’immigration pour une immigration choisie, et non pas une immigration subie qui constitue un drame pour des millions de nos concitoyens.
Mes chers amis, je veux à la place qui est désormais la mienne, à l’UMP comme à Génération France y contribuer. Je l’ai dit aux Françaises et aux Français, je veux désormais faire de la politique autrement.
Faire de la politique autrement c’est d’abord ne jamais oublier que nous sommes d’abord là pour servir la France. Vibrer pour son drapeau, œuvrer à son redressement, se battre pour que les Français reprennent confiance en eux-mêmes et dans leur génie, ressentir intimement par-delà toutes les épreuves qu’il n’y a pas de lien plus fort dans une vie que celui qui nous relie à la communauté pour laquelle on s’engage. Je tiens cet engagement des valeurs que mes parents et mes professeurs m’ont enseignées, comme à chacun et chacune d’entre vous. Elles doivent être notre premier guide.
Faire de la politique autrement, c’est imaginer un autre temps, un temps où l’on commence par se taire après avoir tant parlé, peut-être trop parlé. Un temps où comme dit la nouvelle génération, on appuie sur pause. Pas pour se faire oublier, ce serait insoutenable… mais parce que le silence permet de réapprendre l’écoute, celle qui permet par-delà ceux qui parlent si fort, d’entendre ceux qui se taisent, et pourtant souffrent.
Faire de la politique autrement c’est concevoir une autre relation, avec l’Autre avec un grand « A ». Il ne s’agit plus de se lever chaque matin pour monter sur une scène médiatique qui, certes, nous fait connaître, porte notre visage, mais nous simplifie, nous déforme, nous aspire hors des Français. Il s’agit de redescendre de l’estrade pour reprendre place dans la cité, dans la vie quotidienne, dans les vérités humaines, pour au final, demain, ne plus parler « des » Français comme le font si souvent les responsables politiques, mais pour parler « aux » Français à leur tête comme à leur cœur, à leurs doutes comme à leurs espérances.
Faire de la politique autrement c’est porter un autre regard, un regard qui toujours avant de proposer cherche à comprendre, un regard qui veut observer cette société française qui doute, avec transparence, avec lucidité, avec exigence, parce qu’il sait que c’est d’elle, de son audace, de son courage, de son invention, de son émancipation et pas simplement de l’intervention de l’Etat que viendra le sursaut français.
Faire de la politique autrement c’est aller vers d’autres lieux : c’est oublier Paris et parcourir pour la énième fois la France. C’est s’impliquer plus fortement encore là où tout a commencé il y a près de 20 ans. C’est retrouver l’énergie, la lucidité que procure les racines, c’est prendre le temps d’aller de l’autre côté des frontières pour dire aux Françaises et aux Français que de l’autre côté des frontières il y a des exemples magnifiques dont on peut s’inspirer, mais il y a aussi des choses tellement moins belles que ce que nous faisons chez nous. Soyons fiers d’être ce que nous sommes, mais sachons garder l’humilité nécessaire en s’inspirant des meilleures pratiques.
Faire de la politique autrement, c’est proposer une autre pensée, c’est ne plus être l’obligé de la synthèse, c’est pouvoir prendre le temps de la réflexion et choisir le moment du combat. C’est retrouver la liberté enfin de dire les choses telles qu’elles sont. C’est n’avoir jamais peur. C’est s’astreindre au devoir d’innovation. C’est vouloir faire renaître l’esprit pionnier partout en France. C’est, en un mot, être à l’avant-garde, cher Bruno, monter au front, oser, risquer, trébucher, se redresser, avancer. C’est être certain que le salut de la France viendra à nouveau de sa capacité à penser le monde qui s’annonce et à vouloir charnellement y prendre une place majeure.
Faire de la politique autrement enfin, c’est accepter quel qu’en soit le prix, de ne jamais sacrifier ses convictions politiques pour être dans l’air du temps ou en espérer je ne sais quelle victoire du quotidien.
Mon idéal, c’est celui d’une droite gaulliste et républicaine, fière d’elle-même, de ses valeurs comme de ses idées, une droite gaulliste et républicaine qui sait que tout compromis avec les extrêmes est une folie collective et une faute morale personnelle ; une droite gaulliste et républicaine qui refuse l’eau tiède et les logiques d’appareil ; une droite gaulliste et républicaine qui croit dans l’homme, sa liberté individuelle, le pouvoir de son émancipation et de sa création ; une droite gaulliste et républicaine qui remet le mérite individuel et sa récompense au centre du jeu.
Voilà mes chers amis ce que j’avais envie de vous dire ce soir. C’est un moment important parce qu’il s’agit pour moi, avec vous, en méditant le passé de réfléchir à l’avenir. C’est un rendez-vous de résilience mais aussi de construction. C’est vrai, il est des temps forts dans une vie, celui-ci en est un et c’est avec vous que j’ai voulu le partager, parce que les échéances à venir sont importantes et que nous avons des choses magnifiques à faire en France.
Et pour finir, parce qu’il faut bien finir, je voudrais citer, et pardon pour ceux de mes amis qui la connaissent, mais je vis avec cette formule depuis si longtemps, cette très jolie histoire qui unit deux grands amis, deux grands monuments de la littérature française : Boileau et Molière. Ils étaient très amis tous les deux, des vrais amis. Molière, c’était l’homme de tous les combats, de toutes les audaces et de tous les courages, du temps, celui de la monarchie absolue, où il était parfois difficile de se faufiler à travers les excellences des baronnies. Molière qui écrivit des pièces magnifiques où il dénonçait tour à tour les corporatismes, les faux dévots, celles et ceux qui empêchaient la France d’avancer. Il écrivit une pièce magnifique, Tartuffe, qui est dans toutes nos mémoires. Elle lui valut de terribles querelles, elle lui valut des interdictions qui remontèrent jusqu’au roi lui-même. Molière eut alors comme l’on dit aujourd’hui, un coup de déprime, comme s’il avait le sentiment avec sa troupe de ne plus pouvoir avancer. Et le jour de son anniversaire, Boileau lui écrivit un très joli poème, un poème que je vous dédis. Il se terminait ainsi :
Laisse gronder les Envieux,
Ils ont beau crier en tous lieux,
Qu’en vain tu charmes le Vulgaire,
Que tes vers n’ont rien de plaisant ;
Si tu savais un peu moins plaire,
Tu ne leur déplairais pas tant.
Je vous l’offre.
Vive l’UMP, vive la République et vive la France !
Merci à vous.
Jean-François Copé
Président de l'UMP
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