Visionnaire Jean de la Fontaine !!!
LE CHIEN ET LES CHACALS
Jean de la Fontaine 1671
À lire attentivement...
Toute coïncidence ou ressemblance avec des personnages réels n'est ... ni fortuite , ni involontaire...
Visionnaire Jean de la Fontaine !!!
Lisez attentivement cette fable, peu connue !!!
Elle doit dater de 1671.
Un visionnaire !!
Jean de la Fontaine
LE CHIEN ET LES CHACALSDu coquin que l’on choie, il faut craindre les toursEt ne pointespérer de caresse en retour.
Pour l’avoir ignoré, maints nigauds en pâtirent.
C’est ce dont je désire, lecteur, t’entretenir.
Après dix ans et plus d’homériques batailles,De méchants pugilats,d’incessantes chamailles,Un chien estoit bien aise d’avoir signé lapaixAvecque son voisin, chacal fort éclopéA l’allure fuyante, quel’on montroit du doigt,Qui n’avoit plus qu’un oeil, chassieux desurcroît,Et dont l’odeur, partout, de loin le précédoit.
Voulant sceller l’évènement
Et le célébrer dignement,
Le chien se donna grande peine
Pour se montrer doux et amène.
Il pria le galeux chez lui,
Le fit entrer, referma l’huis,
L’assit dans un moelleux velours
Et lui tint ce pieux discours :
« Or donc, Seigneur Chacal, vous êtes ici chez vous !
Profitez, dégustez, sachez combien je voueD’amour à la concordenouvelle entre nous !
Hélas, que j’ai de torts envers vous et les vôtres,Et comme jevoudrois que le passé fût autre !
Reprenez de ce rôt, goûtez à tous les mets,Ne laissez un iota de ce que vous aimez ! »L’interpelé eut très à coeur D’obéir à tant de candeur.
La gueule entière à son affaire,
Il fit de chaque plat désert
Cependant que son hôte affable
Se bornoit à garnir la table.
Puis, tout d’humilité et la mine contrite,En parfait comédien, enfieffée chattemite,Il dit : « Mais, j’y songe, mon cher,Nous voicifaisant bonne chèreQuand je sais là, dehors, ma pauvrette famille :
Mes épouses, mes fils, mes neveux et mes filles,Mes oncles et mes tantes que ronge la disette,Toute ma parentèle tant nue quemaigrelette.
Allons-nous les laisser jeûner jusqu’au matin ? »« Certes non ! » répliqua, prodigue, le mâtin,Qui se leva, ouvrit, et devant quipassèrentQuarante et un chacals parmi les moins sincères.
Sans tarder cliquetèrent les prestes mandibulesDes grands et des menus, même des minuscules.
Ils avoient tant de crocs, de rage et d’appétit,Ils mangèrent sibien que petit à petitLes vivres s’étrécirent comme peau de chagrin
Jusqu’à ce qu’à la fin il n’en restât plus rien.
Ce que voyant, l’ingrat bondit :
« Ah ça, compère, je vous prédis
Que si point ne nous nourrissez
Et tout affamés nous laissez
Tandis que vous allez repu,
La trêve entre nous est rompue ! »
Ayant alors, quoi qu’il eût dit,
Retrouvé forces et furie,
Il se jeta sur son mécène,
Et en une attaque soudaine il lui récura la toison,
Aidé de toute sa maison.
Puis, le voyant à demi mort,
De chez lui il le bouta hors.
Et l’infortuné crie encore
«La peste soit de mon cœur d’or ! »
Retenez la leçon, peuples trop accueillants :
À la gent famélique, point ne devez promettre.
Ces êtres arriérés, assassins et pillardsMarchent en rangs serréssous le vert étendard.
Vous en invitez un, l’emplissez d’ortolans,Et c’est jusqu’à vos clefs qu’il vous faut lui remettre.
Jean de LA FONTAINE
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