que de pousser un coup de gueule. Je dois reconnaître que, comme tous les Israéliens français et francophones, le vote de la France en faveur de l'adhésion d'un "Etat de Palestine" à l'Unesco m'a fait, cette semaine, l'effet d'un coup de poignard dans le dos.
J'ajoute que cette impression a été également partagée par la classe politique israélienne dans son ensemble. Non, je ne suis pas naïf non plus, je n'escomptais pas de Paris un vote opposé à cette motion. Mais nous avions misé sur une abstention française, à l'instar de la majorité des pays européens.
J'ai, je l'avoue, beaucoup de difficultés à interpréter les décisions de la diplomatie française au Proche-Orient. Je n'ignore pas l'empreinte profonde de la "politique arabe" du Quai d'Orsay, cependant la France agissait au moins, à l'époque, avec une certaine logique, contestable certes, mais conforme à ce qu'elle estimait être son intérêt suprême. Comment la France peut-elle justifier son vote, c'est-à-dire accepter comme membre à part entière de l'Unesco ce qu'elle n'a pas reconnu comme pays, affirmant même s'opposer à l'initiative palestinienne lors du prochain vote au conseil de Sécurité de l'Onu ?
Les diplomates français nous diront qu'ils ne sont pas les seuls, que l'immense majorité des Nations Unies reconnaîtra un Etat palestinien en session plénière.
Un peu court… Tout le monde sait fort bien que l'Unesco et l'Onu voteraient pour une résolution déclarant que la Terre est plate si un pays arabo-musulman décidait de mettre aux voix cette motion. N'oublions pas non plus que la première visite du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé fut réservée à la capitale égyptienne, alors en pleine ébullition où il eut un échange qu'il jugea "très intéressant" avec les jeunes issus de l'organisation des Frères musulmans, ajoutant le même jour, lors d'une conférence de presse : "la présentation qui est faite, parfois, de ce mouvement mérite d'être éclairée et approfondie".
La France a voté en faveur de l'admission d'un "Etat palestinien" à l'Unesco n'ayant aucune existence légale ou juridique. La France a donc voté contre tous les accords qu'elle a soutenus, signés par les Israéliens et les Palestiniens, dont ceux d'Oslo qui prévoyaient l'avènement d'un Etat palestinien à l'issue d'un accord final, refusant toute initiative unilatérale de la part des Palestiniens quant à la création d'un Etat dont les frontières n'auraient pas été négociées. Paris s'est donc mis définitivement hors-jeu, ayant perdu toute légitimité pour participer au processus de paix.
Mais puisque la France a parrainé la "Palestine" à l'Unesco, alors elle doit assumer ses responsabilités, expliquer à son poulain que lorsqu'on est un Etat, il faut se conformer aux normes internationales, faire cesser l'appel à la haine et au meurtre des Juifs dans ses manuels scolaires, selon un rapport de l'Unesco, publié, comme par hasard, au lendemain du vote. Et puis Paris devrait pourvoir aux besoins économiques de son protégé, si pauvre et sans ressources.
Qu'on ne compte plus sur Israël, maintenant que les Palestiniens sont "indépendants"
En outre, il faudra combler également les caisses de l'Unesco après le gel des cotisations des Etats-Unis, du Canada et d'Israël. Cela fera plaisir aux contribuables français, en ces temps de grande "prospérité" économique. 60 millions de dollars (44 millions d'euros), une broutille pour l'économie française qui a aussi financé les opérations de guerre en Libye pour donner naissance à un régime à la tête duquel se trouvent des anciens d'Al Qaïda dont la première décision fut d'instaurer la Charia… Remarquez, il n'y a pas que la France qui a pris fait et cause pour les Palestiniens. Il y a aussi la, (comment s'appelle-t-elle encore ?) ah oui, la Belgique, à la différence des Pays-Bas, toujours fidèles.
Mais soyons tolérants et compréhensifs avec les Belges, ils ont déjà tellement de problèmes, il y a les "territoires occupés" des Wallons chez les Flamands, il y a le contraire, et puis Bruxelles, je m'y perds et les Belges aussi, ou tout au moins ce qu'il en reste… Lançons, nous aussi, une initiative unilatérale: que la cotisation israélienne à l'Unesco soit versée aux communes bruxelloises de Molenbeek et d'Anderlecht, à côté desquelles Gaza fait figure d'Eldorado.
On vient d'apprendre que la Belgique redoute de se retrouver dans le noir après l'annonce de sa sortie du nucléaire à partir de 2015. Cela ne changera pas grand-chose pour les Bruxelloises dont la majorité sera déjà vêtue de la burqa. Malheureusement, les Juifs de Belgique vivent un quotidien de plus en plus inconfortable, pour ne pas dire difficile, une situation qui commence à inquiéter même en haut lieu à Jérusalem. Les Juifs français feraient bien de regarder ce qui se passe outre-Quiévrain afin de ne pas se retrouver, à moyen terme, dans une configuration comparable.
Après la trahison de Mitterrand, ils ont massivement soutenu Sarkozy en 2007. Celui-ci peut-il encore faire l'impasse sur le poids électoral de la "France de la diversité" ? Le choix va se restreindre dramatiquement pour les Juifs de France en 2012. Si on élimine la peste brune de la blondasse et la peste rouge du petit Robespierre, il leur restera Hollande pris en otage par Aubry, Montebourg et la peste verte, ou bien le petit Nicolas, un beau parleur qui nous joue des sales tours ces derniers temps.
Pour ce qui nous concerne, nous, Israéliens, paradoxalement notre situation est plus claire et plus facile. La France restera un partenaire économique privilégié, mais la confiance s'est écornée. En dépit de tout, et d'Obama, les Etats-Unis, ainsi que le Canada, demeurent nos seuls véritables alliés. Israël est quand même bon prince : notre président Shimon Peres a offert à Giulia, la fille du couple présidentiel français, une layette rose sur laquelle est brodé en hébreu "je suis une princesse". Mazeltov à Giulia, Carla et Nicolas. Israël sait se conduire et peut se passer de l'Unesco.
Notre culture existe depuis plus de 3.000 ans…
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