Monsieur le Président,
Je vais être très franc et très direct: je n'ai jamais voté pour votre parti. Je respecte le Likoud et il y a un certain nombre de sujets sur lesquels nous avons des vues communes, voire identiques, mais les circonstances de la vie politique ont fait qu'il y avait, à l'occasion des consultations électorales, un autre parti, pas toujours le même, qui correspondait davantage que le vôtre à mes idées quant à la conduite des affaires de notre pays.
J'eus, en son temps, le plus grand des respects pour Menahem Begin z"l qui fut un des personnages marquants du renouveau d'Israël et, s'il incarna, nul n'en doute, une des facettes du sionisme, il avait préservé cet humour, cette intelligence et cette finesse des Juifs d'Europe de l'est, ce qui ne fut d'ailleurs pas un obstacle pour conquérir les voix des Juifs sépharades pour qui il fut "le Roi d'Israël".
Et je dois l'avouer, les Juifs d'Afrique du Nord et d'Orient furent bien inspirés, car Menahem Begin fut un excellent Premier ministre. Personne d'autre que lui n'aurait pu faire la paix avec l'Egypte et les raisons pour lesquelles il entra en guerre contre les Palestiniens au Liban étaient justifiées, même s'il se laissa un peu dépasser par les évènements et surtout par l'empressement d'Arik Sharon.
Si je me suis attardé, Monsieur le Président, sur celui qui fut votre maître, c'est tout simplement pour vous dire que votre attitude, vos paroles, votre conviction inébranlable dans le sionisme, dans le "bel Israël", notre "bel Israël", ainsi que votre humour, me rappellent Menahem Begin. J'ai donc, également à votre égard, le plus grand des respects et surtout, si je peux me permettre, une grande affection.
Voilà pourquoi je m'adresse à vous, ayant la conviction de représenter le ressenti d'une majorité de notre peuple, bien que ne revendiquant aucune légitimité ni habilitation.
Monsieur le Président, l'attitude et le comportement de certains députés ont dépassé les limites de ce que le peuple d'Israël, au-delà des différences politiques, est à même de pouvoir tolérer. Il y a quelques jours, le vice-président de la Knesset d'Israël, Ahmed Tibi, s'est rendu à Amman pour rencontrer, pour la troisième fois, Nayef Hawatmeh, secrétaire-général du Front démocratique pour la libération de la Palestine "pour évoquer la situation et les préparatifs à la veille de l'initiative palestinienne" pour la reconnaissance d'un Etat par l'Onu.
Ils se sont également entretenus des "affaires interpalestinienne" et des obstacles dans le processus de réconciliation entre les diverses factions.
Ahmed Tibi est-il député de la Knesset d'Israël ou membre du parlement palestinien? A quel titre évoque-t-il "les affaires interpalestiniennes"? Et surtout est-il acceptable qu'un député israélien rencontre celui qui fut le responsable de l'attentat de Maalot, il y a 37 ans, au cours duquel 22 enfants et trois adultes israéliens furent assassinés. Je vous rappelle que dans une interview à la télévision publique israélienne en 2007, Hawatmeh déclarait n'avoir "aucun remord" pour ce massacre.
Ni la démocratie dont vous êtes, à juste titre, le farouche garant, ni la liberté de s'exprimer ou de penser, n'autorisent un membre de notre Parlement à cracher sur la mémoire de nos enfants victimes de ces hordes de barbares terroristes avec lesquelles frayent aujourd'hui certains députés abusant de leur immunité parlementaire.
Il en est de même pour Hanin Zouabi qui, après avoir assisté et collaboré à l'attaque contre des soldats de Tsahal lors de la flottille de 2010, s'en prend maintenant physiquement à des membres du service de sécurité de la Knesset. Vous avez eu raison de déposer plainte contre cette députée qui vient d'être interdite de siéger en séance plénière pour deux semaines. Il serait difficilement compréhensible que vous n'envisagiez pas des mesures coercitives envers Ahmed Tibi.
Je n'ai aucune animosité "sélective" contre les députés arabes, certains d'entre eux sont fidèles à la mission qui leur a été confiée par le Peuple, je veux dire le Peuple d'Israël, citoyens juifs comme arabes, auxquels ils ont juré fidélité et dont ils se doivent de représenter les intérêts. Je pense d'ailleurs que certains députés juifs, comme Michaël Ben Ari, par exemple, ne font pas honneur à la Knesset et à notre grande et belle démocratie.
Monsieur le Président, je suis originaire d'un pays (la France) qui perdit son âme lors de l'invasion nazie en mai 1940. Des députés se jetèrent à corps perdu dans la collaboration avec l'ennemi. Je refuse que notre pays, notre "bel Israël", si cher à vous et à moi, perde son âme. La démocratie, ce n’est pas le droit de faire tout et n'importe à quoi, il y a des règles et vous en êtes le garde-fou.
Monsieur le Président, je vous demande d'agir par tous les moyens légaux qui sont à votre disposition afin de mettre un terme aux outrages de ces ennemis du peuple avant que celui, frustré par tant de dérives, n'engendre en son sein des réactions extrêmes. Notre "bel Israël" en serait la première victime.
Cette lettre ouverte a été adressée, en hébreu, au Président de la Knesset, Reuven (Ruby) Rivlin
Nos pensées, vont ce soir, à Guilad Shalit otage français, détenu depuis 1865 jours par le Hamas. Ses parents sont toujours sans nouvelles. Les visites, même celles de la Croix-Rouge, lui sont interdites…Marc Femsohn
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