Il y a une semaine, tu es arrivée en Israël. Pourtant tu n'es pas une touriste ni même une nouvelle immigrante.
Tu t'appelles Mia et tu as eu la chance et le privilège de naître dans le plus merveilleux pays qui soit.
Ton pays est différent des autres et les gens qui l'habitent viennent des quatre coins du monde.
Et toi, Mia, tu incarnes ce pays, la richesse et le mélange de ses cultures, les facettes de sa géographie, tu es le fruit de ses valeurs, de sa mémoire, de ses croyances millénaires, de ses combats.
En fait, tu ES Israël.
Ta famille vient de Pologne, de Russie, d'Allemagne, d'Argentine, du Maroc, de France et de Belgique. Ta Maman est née en Argentine, ton Papa déjà en Israël, tu as trois grands-parents ashkénazes et un quatrième séfarade, c'est un critère dépassé, cela ne compte plus, sauf pour la cuisine, tu n'es plus ni ashkénaze ni séfarade, tu es une enfant d'Israël, une citoyenne israélienne.
Tu ES à la fois judaïsme et sionisme, car tes grands-parents montèrent en Israël pour vivre en Juifs libres sur leur terre, pour éviter à tes parents tout risque de pouvoir un jour connaître ce qu'une partie de ta famille vécut à Auschwitz. Et comme pour mieux s'en assurer encore, ils éduquèrent tes parents dans la fierté du sionisme, dans la notion d'amour et de devoir au Peuple Juif ce qui conduisit ta Maman, comme ton Papa, à devenir officiers dans des unités combattantes de Tsahal.
Et ce pays, il faudra que toi aussi, tu le défendes, pour le judaïsme et le sionisme qui ne sont pas des valeurs désuètes.
Il y a 30 ans, à la naissance de ton Papa, je pensais naïvement que, lorsqu'il serait en âge de devoir accomplir son service militaire, il n' y aurait plus d'armée, ou, tout au moins, il ne passerait pas trois des plus belles années de sa vie sous les drapeaux, mais douze mois, tout au plus, car nous aurions fait la paix avec nos voisins…
C'est vrai qu'entre temps, il y eut de nouvelles guerres, encore et toujours le terrorisme, mais aussi des accords de paix, même fragiles, avec deux de nos voisins.
C'est vrai que je suis bien moins naïf aujourd'hui, je sais d'ores et déjà que tu devras revêtir l'uniforme, le moment venu, poursuivre la tradition familiale en portant fièrement les galons d'officier de Tsahal pour protéger ta terre, lutter contre les menaces et les ennemis, qu'ils viennent du nord ou du sud, de l'intérieur ou de contrées lointaines en proie à la folie nucléaire islamofasciste.
Mais tu seras aussi une combattante de la paix, fidèle à nos traditions juives et humanistes, consciente que la puissance d'Israël
et ses valeurs permettent de tendre la main à ceux qui voudront bien la prendre dans le respect mutuel.
Et je me prends de nouveau à rêver, peut-être que cette opportunité pourrait se présenter plus rapidement que prévu, peut-être seras-tu épargnée, car la situation évolue tellement vite. La situation a tellement changé ces deux derniers mois. Le vent de la liberté souffle dans plusieurs pays arabes, il balaye toutes les certitudes, toutes les stratégies, tous les conformismes, toutes les prévisions des experts les plus respectés. Il peut en sortir le pire, mais pourquoi pas le meilleur?
Tu as la chance, Mia, de vivre dans ce merveilleux pays de la taille d'un confetti, aux monts enneigés, aux forêts plantées à la mémoire de nos disparus, au lac d'un niveau d'eau incertain, au désert bordé par des mers de sel ou aux reflets rouge ou d'azur,
ce pays dont la capitale éternelle et indivisible est le berceau du monde, Yéroushalaïm, la Ville de la Paix.
La vie est douce, en dépit de tout, dans ce pays de l'intelligence, des chocs ethniques et culturels, où l'Occident s'accoquine avec les parfums d'Orient, où le "high tech" côtoie le "shtetl".
Tu dois le mériter, ce pays merveilleux, pour lequel nous nous sommes tous battus, chacun avec ses armes, chacun à sa manière, chacun comme il a pu, mais avec toute la détermination de nos valeurs juives et sionistes afin que tu puisses vivre libre sur notre terre ancestrale, dans cet Etat d'Israël, juif et démocratique.
Cette Terre d'Israël, nous allons bientôt te la confier, il faudra que tu sois digne de cet héritage pour la mémoire de ceux qui en payèrent le prix du sang, dans les ghettos, dans les camps, et sur les champs de bataille depuis 63 ans.
Je t'aime Mia, car tu es ma petite-fille. Je t'aime Mia, car j'aime tous les enfants d'Israël.
Vous êtes le futur d'Israël.
Nos pensées, vont ce soir, à Guilad Shalit, détenu depuis 1714 jours par le Hamas. Ses parents sont toujours sans nouvelles. Les visites, même celles de la Croix-Rouge, lui sont interdites…
Marc Femsohn
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