Article du Parisien: Le chantier du tram exaspère les habitants !
A Pierrefitte, c’est le ras-le-bol. Les travaux du T5 sur laN1, au cœur de la ville, empoisonnent le quotidien des habitants depuis deux ans. Et le chantier durera encore un an.
Le tram ? C’est trois ans de galère pour trente ans de bonheur! » préfère positiver le maire PS de Pierrefitte, Michel Fourcade. Au fil des quatre ou cinq kilomètres de chantier continu de l’avenue Lénine, la N 1 qui traverse la ville de bout en bout, les automobilistes, commerçants et habitants, eux, n’en peuvent plus.
Les travaux du tram vont créer des bouchons Les premiers, parce qu’ils mettent parfois une heure vingt pour franchir la distance entre l’entrée de Pierrefitte et celle de Sarcelles; les deuxièmes, parce que le chantier du tramway T5, qui passera au centre de cette route, ampute leur chiffre d’affaires; les troisièmes, parce qu’ils vivent depuis plus de deux ans entre pelleteuses et camions-bennes, dans la poussière et les gravats.
« Vivement que ça cesse ! Même les amis ne viennent plus, ils ont peur des embouteillages! » rouspète une mère de famille, postée à l’arrêt provisoire du bus 168. Depuis janvier 2009, le déplacement des conduits de gaz et d’électricité, l’abattage des arbres et la démolition des parties centrales de cet axe majeur du Nord-Francilien ont laissé place au repavement et pose de rails, dont le tout premier a été symboliquement soudé le 30 juin dernier, à Pierrefitte, devant un parterre d’élus.
C’est autour que ça coince, notamment pour les commerçants installés de part et d’autre de l’avenue trouée. « Les plus pénalisés sont ceux qui reposent sur la clientèle de passage », explique Michel Fourcade. Forcément, car l’on ne chemine plus avenue Lénine, on zigzague entre les « déviations » piétons, on se désespère au volant, sur l’unique file de chaque sens. Pour Ibrahim par exemple, propriétaire depuis deux ans d’une épicerie, « c’est la catastrophe ». « J’ai perdu 22% de chiffre d’affaires, explique-t-il, et ma demande d’aide a été refusée parce que j’ai acheté mon commerce après la déclaration d’utilité publique du chantier! J’espère tenir le coup et qu’après, les affaires reprendront fort avec le tramway ! » Il envisage de redéposer un dossier à la commission d’indemnisation amiable mise en place depuis juin par la RATP et le département.
Sur la route, même les plus informés se laissent surprendre par les rues fermées au jour le jour, avec l’avancement du chantier. « Parfois, cela change dans la même journée », reconnaît un employé municipal. « Hier, j’ai manqué une rue, j’ai dû aller jusqu’à Sarcelles sans pouvoir faire demi-tour! » s’agace un automobiliste coincé à l’un des multiples feux provisoires. Un autre a mis plus d’une heure pour aller de la mairie de Pierrefitte à l’entrée de Saint-Denis, moteur coupé durant vingt minutes au milieu du trajet. Sur le bas-côté, les usagers des bus 168, 268 et 354 désespèrent autant. « On a beau anticiper, c’est épuisant et jamais sûr », s’énerve l’un d’eux. « Encore un an de patience », réclame Michel Fourcade.
Le Parisien
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