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Le-bon-roi-saint-louis

Charte de saint Louis, roi de France,

donnée aux Maronites, à Saint-Jean-d’Acre, le 24 mai 1250.

« Louis, roi de France, à l’Emir des Maronites, au mont Liban et aux patriarches et évêques de ladite nation.

« Notre cœur fut comblé de joie, lorsque nous avons vu notre fils Simân venir à nous, accompagné de 25 000 hommes, nous portant le témoignage de vos sentiments d’amitié, et nous offrant ces magnifiques cadeaux. En vérité notre amitié sincère que nous avons commencé à ressentir envers la maison Maronite, lors de notre relâche à Chypre, où ils sont établis, s’est redoublée aujourd’hui davantage, et nous sommes persuadés que cette nation, que nous trouvons établie sous le nom de saint Maron, est une partie de la nation française ; car son amitié pour les Français ressemble à l’amitié que les Français se portent entre eux. En conséquence, il est juste que vous et tous les Maronites jouissiez de la protection dont les Français jouissent près de nous, et que vous soyez admis dans les emplois comme ils le sont eux-mêmes.

« C’est pourquoi nous vous exhortons, ô émir très noble, de faire tous vos efforts pour rendre le peuple libanais heureux, et de prendre soin d’établir des nobles parmi les hommes que vous trouverez les plus dignes, comme c’est l’habitude en France. Pour vous, seigneurs patriarche et évêques, clergé et peuple maronite, ainsi que votre grand émir, nous avons vu avec une grande joie votre constant attachement à la religion catholique, et votre vénération pour le chef catholique, successeur de saint Pierre à Rome : nous vous exhortons à conserver cette vénération, et à rester inébranlables dans cette foi.

« Pour nous et nos successeurs sur le trône de France, nous promettons de vous donner, à vous et à tout votre peuple, notre protection spéciale, comme nous la donnons aux Français eux-mêmes, et nous nous emploierons en toute circonstance à tout ce qui contribuera à votre prospérité. »


Testament de Saint Louis à son fils

  Conseils du Roi Louis IX ou Saint Louis  (1214 -1270) à son fils Philippe III le Hardi

Beau fils,

La première chose que je t’enseigne, c’est que tu mettes ton cœur à aimer Dieu ; car sans cela nul ne peut être sauvé. Garde-toi de faire rien qui déplaise à Dieu, c’est à savoir le péché mortel ; au contraire, tu devrais souffrir toute sorte de tourments, plutôt que de faire péché mortel. Si Dieu t’envoie l’adversité, alors reçois-la en patience, et rends-en grâce à Notre-Seigneur ; et pense que tu l’as méritée qu’Il te tournera tout à profit. S’Il te donne la prospérité, alors remercie-L’en humblement, de sorte que tu ne sois pas pire par orgueil ou d’autre manière, pour ce que tu dois mieux valoir ; car on ne doit pas guerroyer contre Dieu avec ses dons. Confesse-toi souvent et choisis un confesseur prud’homme, qui te sache enseigner ce que tu dois faire et de quoi tu te dois garder ; et tu te dois maintenir et comporter de telle manière que ton confesseur et tes amis t’osent reprendre de tes méfaits. Ecoute le service de la sainte Eglise dévotement et sans bavarder ; mais prie Dieu et de cœur et de bouche, spécialement à la messe, quand se fait une consécration.

Aie le cœur doux et compatissant aux pauvres, aux malheureux et aux affligés, et les conforte et aide selon que tu pourras. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume, et abats les mauvaises. Ne convoite pas contre ton peuple, et ne charge pas ta conscience d’impôts et de tailles, si ce n’est pas grande nécessité.

Si tu as quelque peine de cœur, dis-le tantôt à ton confesseur ou à quelque prud’homme qui ne soit pas plein de vaines paroles; alors tu la porteras plus facilement.

Veille à avoir en ta compagnie des gens prud’hommes et loyaux, soit religieux, soit séculiers, qui ne soient pas pleins de convoitise, et parle souvent avec eux ; et fuis et évite la compagnie des mauvais. Ecoute volontiers la parole de Dieu et la retiens en ton cœur ; et recherche volontiers prières et indulgences. Aime ce qui est profitable et bon. Hais tout ce qui est mal où que ce soit. Que nul ne soit si hardi que de dire devant toi une parole qui attire et excite au péché, ni de médire d’autrui par derrière par des détractions ; ne souffre pas non plus que nulle vilenie soit dite de Dieu ni de ses saints devant toi. Rends souvent grâces à Dieu de tous les biens qu’Il t’a faits, de sorte que tu sois digne d’en avoir davantage.

Pour tendre la justice et faire droit à tes sujets, sois loyal et roide, sans tourner ni à droite ni à gauche, mais toujours du côté droit, et soutiens la plainte du pauvre jusqu’à tant que la vérité soit déclarée. Et si quelqu’un a une action contre toi, ne crois rien jusqu’à tant que tu en saches la vérité ; car alors tes conseillers jugeront plus hardiment selon la vérité pour toi ou contre toi. Si tu tiens rien qui soit à autrui, ou par toi, ou par tes devanciers, et que la chose soit certaine, rends-le sans tarder ; et si c’est chose douteuse, fais-en faire une enquête, par gens sages, promptement et diligemment.

Tu dois mettre ton attention à ce que tes gens et tes sujets vivent sous toi en paix et en droiture. Surtout garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et dans la franchise où tes devanciers les ont gardées ; et s’il y a quelque chose à amender, amende-le et redresse-le, et tiens-les en faveur et amour ; car, à cause de la force et des richesses des grandes villes, tes sujets et les étrangers redouteront de rien faire contre toi, spécialement tes pairs et tes barons.

Honore et aime toutes les personnes de la sainte Eglise, et prends garde qu’on ne leur enlève ni diminue les dons et les aumônes que tes devanciers leur ont donnés. On raconte du roi Philippe, mon aïeul, qu’une fois un de ses conseillers lui dit que ceux de la sainte Eglise lui faisaient beaucoup de torts et d’excès, en ce qu’ils lui enlevaient ses droits et diminuaient ses justices ; et c’était bien grande merveille qu’il le souffrit. Et le bon roi répondit qu’il le croyait bien ; mais il considérait les bontés et les courtoisies que Dieu lui avait faites ; alors il aimait mieux laisser aller de son droit que d’avoir contestation avec les gens de la sainte Eglise.

A ton père et à ta mère porte honneur et respect, et garde leurs commandements.

Donne les bénéfices de la sainte Eglise à des personnes de bien et de vie nette; et faites-le par le conseil de prud’hommes et d’honnêtes gens.

Garde-toi d’entreprendre la guerre sans grande délibération contre un prince chrétien ; et s’il te le faut faire, alors garde la sainte Eglise et ceux qui ne t’ont fait aucun tort. Si des guerres et des contentions s’élèvent entre tes sujets, apaise-les au plus tôt que tu pourras.

Sois soigneux d’avoir de bons prévôts et de bons baillis, et enquiers-toi souvent d’eux, de ceux de ton hôtel, comme ils se maintiennent, et s’il y a en eux aucun vice de trop grande convoitise, ou de fausseté, ou de tromperie. Travaille à ôter de ton royaume tout vilain péché ; spécialement fais tomber de tout ton pouvoir les vilains serments et l’hérésie.

Prends garde que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables.

Et enfin, très doux fils, fais chanter des messes pour mon âme et dire des oraisons par tout ton royaume; et octoie-moi une part spéciale et entière en tout le bien que tu feras.

Beau cher fils, je te donne toutes les bénédictions qu’un bon père peut donner à son fils. Et que la bénite Trinité et tous les saints te gardent et défendent de tous les maux ; et que Dieu te donne la grâce de faire toujours Sa volonté, de sorte qu’Il soit honoré par toi, et que toi et moi nous puissions, après cette vie mortelle, être ensemble avec Lui, et Le louer sans fin. Amen.


Saint Louis, le roi chrétien (1226 - 1270)

 

Louis VIII (1223 - 1226), un court règne

Le fils de Philippe Auguste, Louis VIII, monte sur le trône en 1223 : il a épousé auparavant Blanche de Castille, petite fille d'Aliénor d'Aquitaine (cette dernière est aussi l'ex de son grand-père Louis VII). La cérémonie se fait en présence de Philippe Auguste et de Jean sans Terre, qui scellent ainsi une trêve ... bien provisoire.

Louis VIII meurt seulement 3 ans après avoir pris le trône au retour d'une croisade contre les cathares. Malgré son court règne, Louis VIII sera parvenu à enlever aux anglais le Poitou, le Limousin, le Périgord et une partie du Bordelais.

 

Une régence efficace

Louis IX (futur Saint Louis) est sacré roi à 12 ans en 1226 à la mort de son père Louis VIII : sa mère, Blanche de Castille, assure une régence énergique jusqu'en 1235 en alliant fermeté et une diplomatie toute féminine dont le but était selon les circonstances d'écraser, d'intimider ou … de séduire ses adversaires. Elle brise notamment les tentatives de révolte des grands seigneurs, dont Thibaud de Champagne.

C'est également durant cette régence que se déroule la 6ème croisade en 1228.

 

Saint Louis par El Gréco

Un roi très bien préparé :

*   Louis IX est le 1er roi qui ait connu son grand père et qui en ait reçu des conseils,

*   Blanche de Castille formera son fils pour sa future mission royale.

La politique énergique et l'administration efficace initiée par son grand-père Philippe Auguste puis par la régence de sa mère et cette "formation" font que Louis IX est respecté de ses vassaux et craint en Angleterre : il jouit d'une autorité morale sans précédent.

 

Un roi pieux qui participe à 2 croisades :

Louis IX passait pour être très pieux : il écoutait deux messes tous les matins, récitait de nombreuses prières, s'agenouillait 50 fois avant de se coucher et s'imposait de dures pénitences.

Il a aussi organisé 2 croisades qui lui ont permis de gagner le respect et la considération du Pape.

*   L'échec de la 7ème croisade : (prêchée par le Pape Innocent IV)

En 1248, la Terre Sainte est reprise par les infidèles : le sultan d'Egypte a repris Jérusalem qui avait été restituée aux occidentaux suite aux négociations de la 6ème croisade, et a massacré l'armée franque. Le roi décide donc d'attaquer les sarrasins au coeur de leur puissance, en Egypte afin de forcer le sultan à céder Jérusalem.

 

Mais l'ardeur en France était médiocre : Louis IX est obligé de forcer un certain nombre de ses proches à prendre la croix.

Le roi embarque à Aigues Mortes, dont la construction du port s'achève à peine, avec sa femme Marguerite de Provence et ses 2 frères, Robert d'Artois et Charles d'Anjou. Sa mère Blanche de Castille est à nouveau chargée de la régence du royaume.

Après une attente de 9 mois à Chypre, le cap est mis sur l'Egypte : la ville de Damiette est rapidement conquise par les croisés en juin 1249 mais la progression des troupes vers Le Caire est ensuite gênée par la crue du Nil.

Saint Louis débarque en Egypte

 

 Prise de la ville de Damiette

La bataille de Mansourah verra l'échec des croisés : Robert d'Artois est tué avec bon nombre de chevaliers et le reste des troupes entame une retraite désespérée. Quelques mois après, le roi est fait prisonnier avec le reste de son armée qui vient de subir une terrible épidémie.

Après négociation, Louis IX est libéré contre une énorme rançon de 400000 livres (payée partiellement par les Templiers).

Le roi décide de rester en Terre Sainte où il s'investit durant 4 années dans la consolidation du royaume de Jérusalem.   

 

Le roi Louis IX est fait prisonnier

La mort de Blanche de Castille, qui assurait la régence, va décider le roi à rentrer en France durant l'été 1254, après 6 années d'absence.

Aigues Mortes, port royal

Dès le début de son règne, Saint Louis souhaite se doter d'un débouché sur la Méditerranée qui fait alors cruellement défaut à son royaume : c'est dans ce contexte que le roi fait construire le port d'Aigues Mortes.

 

Tour des Bourguignons à gauche, Tour de la Poudrière à l'angle et Porte de la Reine à droite.

*   L'obstination de la 8ème et dernière croisade : (prêchée par le Pape Urbain IV)

Une aggravation de la situation des territoires chrétiens en Orient suite aux conquêtes du sultan Baïbars en 1263 et le souhait du roi de venger l'échec de la croisade précédente amènent Saint Louis, qui a alors 56 ans, à organiser une nouvelle croisade en direction de la Tunisie. Il espère convertir son sultan au christianisme et le dresser contre le sultan d'Egypte. Il s'agit en fait d'une manipulation de son frère Charles d'Anjou.

Il mettra 3 ans à convaincre ses barons qui sont las des combats et qui ne partagent pas la même fascination religieuse que lui.

Partis encore une fois de la ville d'Aigues Mortes le 1er juillet 1270, les croisés s'emparent facilement de Carthage mais l'armée française, mal ravitaillée, est victime d'une épidémie de peste et de dysenterie. Saint Louis en meurt le 25 août 1270 sous les remparts de Tunis, étalé sur un lit de cendres en signe d'humilité et les bras en croix à l'image du Christ.

C'est la fin de la dernière des croisades et du rêve des occidentaux de reconquérir les lieux Saints.

Son fils Philippe III Hardi ramène la dépouille du roi en France avant d'être sacré roi.

En fait, 2 autres croisades seront prêchées (en 1274 par Grégoire X et en 1289 par Nicolas IV) mais avorteront par manque d'enthousiasme.

 

Intolérance religieuse : croisade contre les Cathares

C'est sous le règne de Philippe Auguste que débute la lutte contre les Cathares : Simon de Montfort dirige la 1ère croisade contre les Albigeois en 1209 (célèbre par le massacre de la population de Béziers), puis Louis VIII mène la 2ème croisade albigeoise qui réduira fortement le catharisme en 1226.

Mais c'est sous le règne de Saint Louis que :

*   l'Inquisition s'instaure en 1233 : tribunal chargé de juger les hérétiques, il est dirigé par les Dominicains et est placé sous contrôle de la papauté,

*   La citadelle de Montségur, dernier refuge des cathares, est prise par l'armée royale en 1244 : 200 albigeois refusant d'abjurer seront brûlés.

De plus, Saint Louis protégera les chasseurs de sorcières et imposera aux juifs le port d'une "rouelle jaune".

La piété du roi était donc insensible à la tolérance, notion d'ailleurs inconnue à cette époque !

Le roi assiste ici à l'exécution des gens considérés comme hérétiques.

Au fond à gauche, la Bastille,

à droite les gibets où l'on suspendait le corps des suppliciés

Un roi charitable : Il avait la réputation de guérir les écrouelles (lésions cutanées atteignant surtout le cou) et d'être charitable envers les pauvres : il a marqué son temps par sa grande dévotion à la souffrance qui atteignait les plus pauvres et les malades, entre autres les lépreux.

Il fonde divers hospices, dont celui des Quinze-Vingt à Paris, conçu initialement pour accueillir 300 aveugles.

Un roi législateur et justicier : *  Il systématise son pouvoir de législateur en multipliant les ordonnances qui interdisent la prostitution, les combats privés entre les nobles et le jeu.

*   Il impose sa propre monnaie par ordonnance et limite la circulation de celle des seigneurs à leur seul domaine : l'instauration d'une monnaie ayant cours sur tout le territoire va également dans le sens de l'affirmation de l'autorité royale.

 

Saint Louis confie ses ordonnances à un bailli.

*   Il crée à Paris en 1254 un Parlement qui devient une cour de justice et un conseil politique poursuivant ainsi l'oeuvre de son grand-père Philippe Auguste. Il n'hésite pas à s'impliquer dans certaines décisions de justice et met fin au jugement de Dieu en faisant rechercher des preuves par des enquêtes et auditions de témoins.

*   Pour mener à bien le programme politique et administratif de la monarchie, il constitue un corps de spécialistes formés dans les universités, qui veille à l'application des différentes mesures. Ils sont envoyés en province pour surveiller la bonne marche des administrations locales en inspectant les baillis et les sénéchaux.

Le chroniqueur Joinville a laissé une description de Saint-Louis dont l'image flatteuse est restée dans l'Histoire : celle du roi à face d'ange, assis sous un chêne et rendant justice d'un air digne et courageux.

A partir du XIIIe, la couronne de France que l'on voit sur cette représentation porte huit fleurs de lys, symbole de pureté.

 

Louis IX devient Saint Louis : un roi canonisé

Saint Louis est canonisé par le Pape Boniface VIII en 1297, soit 27 ans après sa mort : Louis IX devient Saint Louis pour la postérité.

Il est ainsi souvent représenté avec l'auréole de la sainteté et une simple couronne d'or (à partir du XIIIème siècle, la couronne de France porte huit fleurs de lys, symbole de pureté).

La Sainte Chapelle : L'âge de Saint-Louis est celui des grandes constructions, telle celle de la Sainte Chapelle construite de 1245 à 48.

Joyau de l'architecture gothique, la Sainte Chapelle est édifiée pour abriter la couronne d'épines du Christ. Ses verrières, dont les 2/3 sont authentiques, offrent un des ensembles les plus complets de l'art du vitrail à cette époque.

Ce milieu du XIIIe est globalement une période de prospérité économique, qui verra le recul des famines et de la pauvreté, ainsi que le développement des villes.

Philippe III Hardi : 1270 – 85 - Ecrasé par le prestige de son père et dominé par sa femme Marie de Brabant ainsi que par son oncle Charles d'Anjou, Philippe III Hardi sera un roi assez faible.

Ses principales actions seront :

*   la consolidation de l'administration mise en place par son père,

*   la réunification à la Couronne du comté de Toulouse en 1271,

·     la déclaration de la guerre à Pierre III d'Aragon que le pape avait excommunié : il donnera l'Aragon à Charles de Valois, son 3ème fils.

·     Philippe III Hardi mourra d'une maladie à Perpignan en 1285.

C'est durant ce règne que Marco Polo se rendra en Chine. Philippe IV le Bel, le roi organisateur


Saint Louis Fête le 25 août. (du livre des Bannières. Association pour le Xve centenaire de la France.)

    Né à Poissy le 25 avril 1214, Louis est le fils de Louis VIII et de Blanche de Castille. Son père mort, sa mère exerce la régence jusqu’en 1236. Deux ans auparavant, il avait épousé Marguerite de Provence qui lui donnera 6 fils et 5 filles. Tertiaire de l’ordre de saint François, Louis entend chaque jour la messe.

    La première partie de son règne est marquée par la révolte de certains vassaux aidés par les Anglais. Il les bat à Saintes et à Taillebourg en 1242. Tombé malade, il promet à Dieu de se croiser s’il guérit. En 1248 il s’embarque à Aigues-Mortes. Il prend Damiette, mais il est vaincu en 1250 à Mansourah et emprisonné. Libéré contre une forte rançon, il passe en Syrie, où il renforce les places fortes aux mains des chrétiens jusqu’en 1254.

    Durant les 16 années suivantes, il assure la paix intérieure et extérieure du royaume, supprime les guerres privées et les combats judiciaires, édicte des lois, rend lui-même la justice, combat l’hérésie des Albigeois et des Vaudois, fonde l’hôpital des Quinze Vingts, construit la Sainte Chapelle pour y abriter la couronne d’épines, construit la Sorbonne. Sa réputation de sagesse et de justice le fait choisir comme arbitre par les grands de son temps.

    En 1270 il se croise à nouveau dans l’espoir de convertir le roi de Tunis à la foi chrétienne et débarque à Carthage. Bientôt il contracte la peste. Il dicte un testament admirable de piété et de prudence politique. Lorsque son chapelain lui apporte la Communion, il se jette hors de son lit car il tient à recevoir la Sainte Hostie à genoux. Avant de mourir le 25 août 1270, il se fait étendre les bras en croix sur un lit de cendre. Grégoire X entame une enquête pour sa canonisation qui sera prononcée en 1287 par Boniface VIII.

    Saint Louis est le premier roi qui, dit-on, se fit couper la barbe en ne gardant que la moustache. Les barbiers et les perruquiers en ont fait leur Saint.

    Saint Louis est l’un des rois les plus populaires car il est toujours prêt à rendre la justice aux petits. « Si le roi savait ! » disait-on. Toute la France le prie. Il est le roi très chrétien. Il est assis couronné, sur un trône, le sceptre repose dans la main gauche, sa main droite tient une fleur de lys. Il est vêtu du manteau bleu semé de lys d’or, l’écusson de France est près de lui ou au-dessus du trône. Il est une conquête que le peuple n’a pas oubliée, celle de la Sainte Couronne d’épines, c’est pour cela que l’iconographie le représente souvent en armure tenant la précieuse relique.

    La quatrième Année de la neuvaine pour le Xve centenaire du baptême de la France a été placée sous le patronage de saint Louis. (Noël 1989-1990).

 

Saint Louis IX, roi de France (1214-1270)

    Charles V disait de lui, dans l’ordonnance sur la majorité des rois (août 1374) : « Demeure gravé dans notre cœur en caractères indélébiles le souvenir du gouvernement de notre très saint, prédécesseur, patron et spécial défenseur, le bienheureux Louis, fleur, honneur, lumière et miroir, non seulement de notre race royale, mais aussi de tous les Français, dont la mémoire sera bénie jusqu’à la fin des siècles, de cet homme que n’a touché, grâce à la faveur divine, la contagion d’aucun péché mortel… Sa vie doit être notre enseignement. » La fête de saint Louis était marquée à la cour de France par une messe en musique qui était donnée en la chapelle du château où résidait alors le Roi. Le 25 août 1829, dernière fête, Charles X était à Saint Cloud. Il assista donc à la messe ornée d’une musique de Chérubini, en compagnie de la Dauphine et du duc de Bordeaux. On nota qu’il portait comme en chaque même fête la grande décoration de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, c’est à dire qu’il ôta cordon et plaque du Saint-Esprit pour arborer cordon rouge et plaque fondé par Louis XIV. C’était là une coutume fondée par Louis XVIII et qui était appliquée à la Légion d’honneur (CF. 15 juillet). Nul doute que le dauphin, les ducs d’Orléans et de Bourbon et les autres chevaliers du Saint-Esprit, grand-croix de Saint-Louis, absents de Saint Cloud, aient agi de la même façon, alors qu’ils se contentaient quotidiennement d’une simple croix de chevalier. Le Moniteur universel note qu’ « une députation des Invalides a été admise à présenter au Roi, selon un ancien usage, le pain bénit ». Un grand dîner de famille réunit le Roi et des princes de son sang.

 

Né à La Neuville-en-Hez (Oise – France ) près de Clermont sur Oise en 1214. Baptisé à Poissy (Yvellines) près de St Germain en Laye. Il accéda au trône en 1226 sous la régence de sa mère Blanche de Castille. Il régna quarante-quatre ans. Epoux dévoué, il était père de 11 enfants. Il dirigea 2 croisades. Lors de la première, il fut emprisonné en Egypte ; il mourut à Tunis (Tunisie) lors de la seconde en 1270. Il est le patron des ouvriers du bâtiment, des boutonniers, des brideurs, des merciers, des distillateurs, des coiffeurs, des barbiers, de l’Académie française et de l’Académie des sciences. Il est invoqué contre l’acidification de la bière.

 

Testament de Saint Louis à son fils  Conseils du Roi Louis IX ou Saint Louis  (1214 -1270) à son fils Philippe III le Hardi

Beau fils,

La première chose que je t’enseigne, c’est que tu mettes ton cœur à aimer Dieu ; car sans cela nul ne peut être sauvé. Garde-toi de faire rien qui déplaise à Dieu, c’est à savoir le péché mortel ; au contraire, tu devrais souffrir toute sorte de tourments, plutôt que de faire péché mortel. Si Dieu t’envoie l’adversité, alors reçois-la en patience, et rends-en grâce à Notre Seigneur ; et pense que tu l’as méritée qu’Il te tournera tout à profit. S’Il te donne la prospérité, alors remercie l’en humblement, de sorte que tu ne sois pas pire par orgueil ou d’autre manière, pour ce que tu dois mieux valoir ; car on ne doit pas guerroyer contre Dieu avec ses dons. Confesse-toi souvent et choisis un confesseur prud’homme, qui te sache enseigner ce que tu dois faire et de quoi tu te dois garder ; et tu te dois maintenir et comporter de telle manière que ton confesseur et tes amis t’osent reprendre de tes méfaits. Ecoute le service de la sainte Eglise dévotement et sans bavarder ; mais prie Dieu et de cœur et de bouche, spécialement à la messe, quand se fait une consécration.

    Aie le cœur doux et compatissant aux pauvres, aux malheureux et aux affligés, et les conforte et aide selon que tu pourras. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume, et abats les mauvaises. Ne convoite pas contre ton peuple, et ne charge pas ta conscience d’impôts et de tailles, si ce n’est pas grande nécessité.

    Si tu as quelque peine de cœur, dits-le tantôt à ton confesseur ou à quelque prud’homme qui ne soit pas plein de vaines paroles; alors tu la porteras plus facilement.

 

    Veille à avoir en ta compagnie des gens prud’hommes et loyaux, soit religieux, soit séculiers, qui ne soient pas pleins de convoitise, et parle souvent avec eux ; et fuis et évite la compagnie des mauvais. Ecoute volontiers la parole de Dieu et la retiens en ton cœur ; et recherche volontiers prières et indulgences. Aime ce qui est profitable et bon. Hais tout ce qui est mal où que ce soit. Que nul ne soit si hardi que de dire devant toi une parole qui attire et excite au péché, ni de médire d’autrui par derrière par des détractions ; ne souffre pas non plus que nulle vilenie soit dite de Dieu ni de ses saints devant toi. Rends souvent grâces à Dieu de tous les biens qu’Il t’a faits, de sorte que tu sois digne d’en avoir davantage.

    Pour tendre la justice et faire droit à tes sujets, sois loyal et roide, sans tourner ni à droite ni à gauche, mais toujours du côté droit, et soutiens la plainte du pauvre jusqu’à tant que la vérité soit déclarée. Et si quelqu’un a une action contre toi, ne crois rien jusqu’à tant que tu en saches la vérité ; car alors tes conseillers jugeront plus hardiment selon la vérité pour toi ou contre toi. Si tu tiens rien qui soit à autrui, ou par toi, ou par tes devanciers, et que la chose soit certaine, rends-le sans tarder ; et si c’est chose douteuse, fais-en faire une enquête, par gens sages, promptement et diligemment.

    Tu dois mettre ton attention à ce que tes gens et tes sujets vivent sous toi en paix et en droiture. Surtout garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et dans la franchise où tes devanciers les ont gardées ; et s’il y a quelque chose à amender, amende-le et redresse-le, et tiens-les en faveur et amour ; car, à cause de la force et des richesses des grandes villes, tes sujets et les étrangers redouteront de rien faire contre toi, spécialement tes pairs et tes barons.

    Honore et aime toutes les personnes de la sainte Eglise, et prends garde qu’on ne leur enlève ni diminue les dons et les aumônes que tes devanciers leur ont donnés. On raconte du roi Philippe, mon aïeul, qu’une fois un de ses conseillers lui dit que ceux de la sainte Eglise lui faisaient beaucoup de torts et d’excès, en ce qu’ils lui enlevaient ses droits et diminuaient ses justices ; et c’était bien grande merveille qu’il le souffrit. Et le bon roi répondit qu’il le croyait bien ; mais il considérait les bontés et les courtoisies que Dieu lui avait faites ; alors il aimait mieux laisser aller de son droit que d’avoir contestation avec les gens de la sainte Eglise.

    A ton père et à ta mère porte honneur et respect, et garde leurs commandements.

    Donne les bénéfices de la sainte Eglise à des personnes de bien et de vie nette; et faites-le par le conseil de prud’hommes et d’honnêtes gens.

    Garde-toi d’entreprendre la guerre sans grande délibération contre un prince chrétien ; et s’il te le faut faire, alors garde la sainte Eglise et ceux qui ne t’ont fait aucun tort. Si des guerres et des contentions s’élèvent entre tes sujets, apaise-les au plus tôt que tu pourras.

    Sois soigneux d’avoir de bons prévôts et de bons baillis, et enquiers-toi souvent d’eux, de ceux de ton hôtel, comme ils se maintiennent, et s’il y a en eux aucun vice de trop grande convoitise, ou de fausseté, ou de tromperie. Travaille à ôter de ton royaume tout vilain péché ; spécialement fais tomber de tout ton pouvoir les vilains serments et l’hérésie.

    Prends garde que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables.

    Et enfin, très doux fils, fais chanter des messes pour mon âme et dire des oraisons par tout ton royaume; et octoie-moi une part spéciale et entière en tout le bien que tu feras.

    Beau cher fils, je te donne toutes les bénédictions qu’un bon père peut donner à son fils. Et que la bénite Trinité et tous les saints te gardent et défendent de tous les maux ; et que Dieu te donne la grâce de faire toujours Sa volonté, de sorte qu’Il soit honoré par toi, et que toi et moi nous puissions, après cette vie mortelle, être ensemble avec Lui, et Le louer sans fin. Ainsi soit-il.

 

Prière pour le XVe centenaire de la France

Père tout-puissant et miséricordieux, Vous appelez toutes les nations divisées par le péché à se rassembler sous le joug très doux de Votre Fils bien-aimé, Jésus, le Roi de l’univers.

Nous croyons que seul, Votre Esprit d’Amour et de Vérité peut renouveler la face de la terre et tout restaurer dans le Christ ; qu’il vienne au secours de notre patrie qui Vous offense et s’éloigne de Vous.

Quant à nous, ayant une fois pour toutes remis à Notre-Dame ce que nous sommes et ce qui nous appartient, nous confessions nos infidélités et nous reconnaissons que la conversion de notre pays, passe par notre propre conversion.

Nous confions à Marie nos prières, nos pénitences, toutes nos actions.

Qu’elle nous garde du parjure et de toute faiblesse.

Père tout-puissant et miséricordieux, nous Vous supplions, sauvez notre pays.

Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous qui mettons notre confiance en Vous.

Cœur Immaculé de Marie, intercédez pour nous. Ainsi soit-il.

 

Prière dite de St Louis

Dieu Tout-Puissant et éternel, qui avez établi l'empire des Francs pour être dans le monde, l'instrument de vos divines volontés, le glaive et le bouclier de votre sainte Eglise, nous vous en prions, prévenez toujours et partout de votre céleste lumière, les fils suppliants des Francs, afin qu'ils voient ce qu'il faut faire pour réaliser votre règne en ce monde, et que pour accomplir ce qu'ils ont vu, ils soient remplis de charité, de force et de persévérance, par Jésus-Christ Notre Seigneur. Ainsi soit-il. Oraison tirée d'un missel Carolingien, Prière favorite du Père de Foucauld,  Prière officielle des scouts de France,  Instituée par le Père Sevin.

 

Litanies  de saint  Louis, roi de France et -  Fête 25 août

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, ayez pitié de nous.

Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez nous.

Jésus-Christ, exaucez nous.

Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Fils Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Esprit Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.

Trinité sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, priez pour nous.

Saint Louis, baptisé à Poissy,

Saint Louis, Roi de France à l’âge de douze ans,

Saint Louis, jeune roi à l’âge où Jésus enseignait aux Docteurs dans le Temple,

Saint Louis, glorieux fils de Blanche de Castille qui eût préféré vous voir mort que coupable d’un péché mortel,

Saint Louis, d’un respect et d’une tendre admiration pour celle qui faisait de vous l’élève le plus facile et le plus dévoué,

Saint Louis, qui avez eu une mère qui veilla à faire de vous un vrai chrétien et un vrai souverain,

Saint Louis, heureux fils à qui la mère enseignait à éviter les choses qui seraient contraires à la volonté de Dieu,

Saint Louis, qui, dès votre jeune âge, avez compris qu’on ne peut aimer Dieu qu’à la condition de fuir le péché,

Saint Louis, pourvu de la Providence divine d’une Mère dont la sagesse vous aidait à faire fructifier les talents que le ciel vous avait prodigués,

Saint Louis, qui, avant votre mariage, avez passé trois nuits consacrées à l’oraison,

Saint Louis, époux de Marguerite de Provence,

Saint Louis, dont l’union fut féconde,

Saint Louis, bon père apprenant à ses onze enfants à vivre de Dieu sur la terre,

Saint Louis, qui avez appris à servir avant de commander,

Saint Louis, prince illustre sur la terre par votre bonté et votre justice,

Saint Louis, roi aux plus hautes vertus et saint au plus haut exemple,

Saint Louis, qui faisiez régner la Justice et la rendiez souvent sous le chêne de la forêt de Vincennes,

Saint Louis, qui résidiez au château de Vincennes, situé alors sur le territoire de Montreuil,

Saint Louis, protecteur des Montreuillois,

Saint Louis, qui veniez régulièrement assister aux offices en la belle église de Saint Pierre et saint Paul de Montreuil,

Saint Louis, méprisant les vanités et les jouissances de ce monde,

Saint Louis, champion de l’austérité et de la pénitence,

Saint Louis, délice des bons et terreurs des démons,

Saint Louis, qui étiez compatissant comme si vous n’aviez jamais été que malheureux,

Saint Louis, serviteur des pauvres et des aveugles,

Saint Louis, qui guérissiez les malades,

Saint Louis, supérieur aux autres hommes par la noblesse de vos sentiments mais sans hauteur, sans présomption, sans dureté,

Saint Louis, qui ne vous appliquiez qu’à plaire au Christ, le seul Roi,

Saint Louis, qui estimiez que la royauté n’est pas tant un privilège qu’une fonction, un droit, un devoir,

Saint Louis, fidèle à l’alliance scellée par Dieu au baptême de Clovis,

Saint Louis, ministre des saintes volontés de Dieu pour le bien de l’Eglise, de la patrie et de l’humanité,

Saint Louis, qui avez assuré sans faille votre vocation de Roi de France,

Saint Louis, qui, avec votre sœur Isabelle de France, avez fondé pour l’ordre de sainte Claire, l’abbaye royale de  Longchamp, priez pour la restauration de tout le patrimoine religieux de France et d’Europe,

Saint Louis, bâtisseur de la Sainte Chapelle où fut déposée la Couronne d’épine,

Saint Louis, zélé pour l’accroissement des splendeurs du culte divin,

Saint Louis, lieutenant temporel et soldat de Dieu,

Saint Louis, qui suiviez en tout les intérêts de la France dont vous étiez autant le Père que le Roi, priez Dieu pour nous afin que la France revienne à ses origines par l’alliance de l’autel et du trône restauré,

Saint Louis, vous qui, parmi les joies trompeuses d’une royauté humaine, avez désiré de toute votre âme le vrai bonheur du royaume éternel,

Saint Louis, qui durant les quarante-quatre années de votre règne, assuriez dans la paix et la justice l’unité de la France dont vous avez fait le royaume de la piété chrétienne, de la pensée et l’art,

Saint Louis, patron des Croisés,

Saint Louis, dont la justice et la vérité furent la véritable croisade,

Saint Louis, prisonnier des Musulmans, obtenez qu’ils reviennent à la Croix de Jésus-Christ,

Saint Louis, non abandonné de Dieu lors de votre captivité à son service,

Saint Louis, expirant les bras en croix, couché sur un lit de cendres,

Saint Louis, dont le fils Philippe le Hardi déposa à Saint Denis les restes, déjà reliques avant la canonisation,

 

Daignez obtenir de Dieu qu’Il rende à la France son Roi très chrétien, nous vous en prions saint Louis.

Daignez prier pour que la France officielle renoue ses engagements avec le Christ Roi, nous vous en supplions saint Louis

Daignez redoubler de prières pour que la France répare ses erreurs et ses fautes, nous vous supplions, saint Louis Daignez demander à Dieu que la France retourne au plus tôt à sa vocation première de soldat de Dieu et de Fille aînée de l’Eglise, nous vous en prions, saint Louis.

 

Saint Louis, priez pour nous le Sacré-Cœur qui aime toujours les Francs de mettre fin à cette Révolution par la guérison de nos maux de l’âme et du corps dus au péché et à la non-observance des commandements de Dieu remplacés par les droits de l’homme afin de hâter l’avènement de son règne de paix comme Roi des Nations.

 

ORAISON. Dieu Tout-Puissant et éternel, comme le roi saint Louis méprisant les jouissances de ce monde, s’appliquait à ne plaire qu’au seul Roi, le Christ, nous vous en prions, que sa prière nous rende dignes de vous plaire. Par Notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi soit-il.


Histoire de la canonisation de Saint Louis.

 

Lorsqu'on apprit que le saint roi Louis IX[1] avait rendu son dernier soupir sous les murs de Tunis[2], le 25 août 1270[3], le conclave de Viterbe n'avait toujours pas élu de successeur à Clément IV[4], mort le 29 novembre 1268. Le doyen du Sacré Collège, Eudes de Châteauroux, cardinal-évêque de Tusculum (Frascati)[5], informé personnellement des circonstances de la mort du roi de France que lui confirma une lettre de Thibaud de Champagne[6] (datée du 24 septembre 1270), mit en deuil toute la Chrétienté.

 

La dépouille du Roi avait déjà été divisée. L'armée avait exigé de conserver, parmi les combattants qui restaient en Afrique, le cour du Roi, dont on ne sait trop ce qu'il devint par la suite. Sur le chemin du retour, commencé le 31 août 1270 sur la nef Porte-Joie, ses entrailles furent déposées, près de Palerme, à la cathédrale de Monreale[7], selon les vœux de son frère, Charles d'Anjou[8], roi de Sicile, arrivé au camp de Tunis après la mort de son frère. Les ossements, bouillis et renfermés dans des outres de cuir, furent ramenés par son fils, Philippe III le Hardi[9], à Paris où ils arrivèrent, le 21 mai 1271, après avoir traversé l'Italie, franchi les Alpes au Mont-Cenis, passé par la Savoie, le Dauphiné, le Lyonnais, la Bourgogne et la Champagne. Un service solennel fut célébré, dès le lendemain de l'arrivée (veille de la Pentecôte), à Notre-Dame de Paris et s'acheva par l'inhumation à l'abbaye royale de Saint-Denis, nécropole des rois de France depuis les Mérovingiens. Tout au long de ce voyage, avaient déjà été opérés plusieurs miracles qui se multiplièrent au tombeau du Roi où les pèlerins et les malheureux se pressaient si nombreux que l'abbé de Saint-Denis, Matthieu de Vendôme, dut organiser un service d'ordre confié à un anglais, Thomas de Histon.

 

Le conclave de Viterbe[10], après trente-quatre mois de débats, se rendant aux suggestions de saint Bonaventure, élit enfin, le 1° septembre 1271, bien qu'il ne fût ni cardinal, ni prêtre et même absent d'Europe, puisqu'il accompagnait alors le futur roi Edouard I° d'Angleterre[11] en Terre Sainte, Thealdo Visconti, chanoine de Lyon et archidiacre de Liège, qui prit le nom de Grégoire X[12].

 

A peine arrivé à Viterbe et comme premier acte de son pontificat, Grégoire X écrivit à dominicain Geoffroy de Beaulieu[13] qui avait été le confesseur de Louis IX et l'avait assisté dans ses derniers moments (4 mars 1272). Geoffroy de Beaulieu répondit au Pape par un petit livre de cinquante-deux chapitres : Vita et sancta conversatio piae memoriae Ludovici quondam regis Francorum où, après avoir démontré comment l'éloge du roi Josias convenait au roi Louis, il plaidait pour qu'il fut inscrit au nombre des saints[14]. Grégoire X s'entretint avec Philippe III de la canonisation de Louis IX, lors de la préparation du deuxième concile ocuménique de Lyon, en mars 1274.

 

De nombreuses suppliques[15] furent depuis adressées au Pape et au Sacré Collège en si grand nombre que Grégoire X chargea son légat en France, Simon de Brie, cardinal de Sainte-Cécile et ancien garde des Sceaux de France, de procéder à une enquête secrète dont les résultats parvinrent à la Curie alors que Grégroire X venait de mourir à Arezzo, le 10 janvier 1276.

 

Aucun des trois papes qui, en moins d'un an et demi, se succédèrent, après Grégoire X[16] n'eut le temps de s'occuper de la canonisation de Louis IX et il fallut attendre que Nicolas III Orsini fût élu, le 25 novembre 1277, pour que, malgré son opposition politique à Charles d'Anjou, les travaux reprissent par une enquête publique confiée au cardinal légat Simon de Brie, (30 novembre 1278) qui se fit assister des provinciaux franciscains et dominicains de France, de l'archidiacre de Melun et du grand prieur de Saint-Denis. Les résultats furent communiqués pour examen aux cardinaux Gérard et Jourdain, mais Nicolas III mourut le 22 août 1280.

 

Le conclave, réuni de nouveau à Virterbe, élut pape, le 22 février 1281, le cardinal Simon de Brie qui prit le nom de Martin IV. Vint de France, signée par les archevêques de Reims, de Rouen, de Sens et de Tours et des évêques de Beauvais, de Langres, de Châlons, de Laon, de Noyon, de Senlis, d'Evreux, de Paris; de Troyes et de Meaux, une nouvelle supplique, portée par les évêques de Chartres et d'Amiens. Martin IV entendait bien faire avancer la canonisation de Louis IX, mais ne voulait en aucun cas passer outre les règlements ecclésiastiques, ce qu'il écrivit d'Orvieto aux évêques de France, le 23 décembre 1281, en leur annonçant qu'une nouvelle enquête était confiée à l'archevêque de Rouen (Guillaume de Flavacourt), à l'évêque d'Auxerre (Guillaume de Grez) et à l'évêque de Spolète (Roland de Parme). Les trois commissaires qui avaient reçu du Pape des instructions très précises, siégèrent, selon ses ordres, à l'abbaye royale de Saint-Denis où ils entendirent, enregistrés par trois notaires : trois cent trente témoignages sur les miracles dont ils ne retinrent qu'une soixantaine (mai-juin 1282) et trente-huit témoignages sur la vie (12 juin - 20 août 1282). Les dossiers furent transmis en mars 1283 à Martin IV qui créa une commission de trois cardinaux dont, une fois encore, les travaux furent interrompus par la mort du pontife qui survint le 28 mars 1285 à Pérouse.

 

Malgré l'action continuelle de l'ancien archidiacre de Melun, le franciscain Jean de Samois, ancien commissaire aux côtés de Simon de Brie, devenu pénitencier pontifical, la cause n'avança guère sous le pontificat d'Honorius III (1285 - 1288), en dépit des nombreuses suppliques venues de France.

 

Nicolas IV, élu à Rome le 15 février 1288, désigna une nouvelle commission de trois cardinaux, mais mourut avant la fin des travaux (4 avril 1292) que ne fit pas reprendre Célestin V, élu le 5 juillet 1294, qui abdiqua le 13 décembre suivant.

 

Benoît Caetani, cardinal au titre des Saints-Sylvestre-et-Martin, membre de la dernière commission pontificale, fut élu pape par le conclave de Naples (24 décembre 1294) et prit le nom de Boniface VIII. Il fit terminer les travaux de la commission[17] à laquelle il avait participé et décida de canoniser Louis IX. Boniface VIII annonce sa décision, à Orvieto où il résidait, le 4 août 1297, la ratifie dans l'église des Franciscains de la ville, le 11 août suivant, après quoi il fait rédiger la bulle Gloria laus qui proclame saint Louis confesseur de la foi.

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[1] Louis IX, fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, né le 25 avril 1214, succède à son père le 8 novembre 1226 (sacré à Reims le 29 novembre 1226) sous la tutelle de sa mère. Déclaré majeur le 25 avril 1236. Marié à Sens, le 27 mai 1234, avec Marguerite de Provence, fille de Raymond-Bérenger IV, comte de Provence, dont naissent onze enfants (trois morts en bas âge).

 

[2] Embarqué à Aigues-Mortes le 2 juillet 1270, Louis IX arrive en Sardaigne le 8, complète son ravitaillement et part pour Tunis, le 15 ; arrivé devant Tunis le 17 juillet, il débarque le lendemain ; le 24, les croisés prennent le château de Carthage. Une épidémie de dysenterie frappe l'armée et, avant d'emporter saint Louis, emporte son fils Jean-Tristan, comte de Valois, de Crecy et de Nevers (3 août 1270).

 

[3] Le samedi 23 août, il demande l'extrême-onction qu'il reçoit en récitant les sept psaumes de la pénitence ; de quinze heures, le dimanche, au début de l'après-midi du lundi, il ne cesse de prier pour son peuple et répète souvent : Dieu, sois le sanctificateur et le gardien de notre peuple ! Le lundi 25 août, à neuf heures du matin, il avait demandé à être étendu sur un lit couvert de cendres, il croisa les mains sur la poitrine ; vers midi il dit : J'entrerai dans ta demeure, j'irai t'adorer dans ton temple ; à trois heures, il rendit l'esprit.

 

[4] Guy Foulques, né à Saint-Gilles-sur-Rhône vers 1195, fut élu à Pérouse le 5 février 1265. Fils d'un juge, il fit des études de droit à Paris et devint conseiller juridique de Louis IX. Il se maria et eut deux filles. Veuf, il entra dans les ordres et devint successivement archidiacre du Puy, évêque du Puy (1257) et archevêque de Narbonne (1259). Créé cardinal et évêque de Sabine par Urbain IV (décembre 1261), il fut envoyé comme légat en Angleterre (novembre 1263) pour soutenir Henri III (1216-1272) contre ses barons. Elu pape alors qu'il était absent.

 

[5] Originaire de Châteauroux (Berry), il vient faire ses études à Paris au début du XIII° siècle et, vers 1230, exégète et théologien, il est un des prédicateurs les plus célèbres de la capitale. Chanoine, chancelier de l'Eglise puis de l'université de Paris (1238), il est créé cardinal-évêque de Tusculum par Innocent IV, le 28 mai 1244. Présent au concile de Lyon (1245) ; il réforme les chapitre de Sens (1245) et de Meaux (1246) ; il est nommé légat en Terre Sainte (25 avril 1248), il remet, à Saint-Denis, l'étendard, le bourdon et la besace à saint Louis (15 mai 1248) et part en croisade avec lui ; rentré de Palestine en 1254, il se fixe à Rome ; il participe à l'élection d'Urbain IV (1261), il est légat à Limoges (1264), il assiste à l'érection de la nouvelle église Sainte-Claire d'Assise (1266). Il meurt le 25 janvier 1273 à Orvieto et est inhumé au couvent des Dominicains.

 

[6] Thibaut V, comte de Champagne et roi de Navarre, épouse Isabelle, fille aînée de saint Louis (1255). Il suit saint Louis à Tunis et meurt au retour (1271).

 

[7] Hameau d'origine arabe devenu une réserve de chasse pour les rois normands, Monreale, à sept kilomètres de Palerme, prit une telle importance que Guillaume II y fit construire, entre 1172 et 1176, une cathédrale, Santa Maria Nuova, où se mélangent des éléments romains, byzantins, arabes et nordiques.

 

[8] Charles I°, né en 1220, comte d'Anjou après la mort de son père (1226), il acquit la Provence par son mariage avec Béatrix, fille de Raymond-Bérenger (1245) ; prend une part brillante à la septième croisade et y fut fait prisonnier avec saint Louis. Accepte la couronne de Sicile qui lui est offerte par les papes Urbain IV et Clément IV (1264). Mort en 1285.

 

[9] Fils de saint Louis et de Marguerite de Provence, Philippe III le Hardi naquit à Poissy vers 1245. Son frère aîné, Louis, étant mort en 1260, il succéda à son père (25 août 1270) et fut sacré à Reims le 15 août 1271. De son mariage avec Isabelle d'Aragon (1247-1271) lui naquirent trois fils (Louis qui mourut en 1276, Philippe IV le Bel et Charles de Valois) et de son mariage avec Marie de Brabant (1260-131) lui naquirent Louis, comte d'Evreux qui sera roi de Navarre (mort en 1319) et Marguerite qui sera reine d'Angleterre. Philippe III le Hardi mourut à Perpignan le 5 octobre 1285.

 

[10] Les cardinaux, réunis à Viterbe, se disputèrent pendant près de trois ans au sujet de son successeur ; ils étaient divisés autant par des rivalités humaines que par leurs attitudes diverses envers Charles I°, comte d'Anjou, désormais roi de Sicile (1266-1285), mais rival du Hohenstaufen par son entreprise sur le centre et le nord de l'Italie. À mesure que l'indignation populaire montait, les autorités civiles, pour hâter une décision, commencèrent par enfermer les cardinaux dans le palais pontifical, puis ils en démolirent le toit et menacèrent de les affamer. Enfin, ayant délégué le choix à une commission de six membres, les cardinaux élurent Thealdo Visconti.

 

[11] Fils d'Henri III, né en 1239, mort en 1307, il devint roi d'Angleterre en 1272.

 

[12] Né vers 1210 à Plaisance, de famille noble, il avait été pendant des années au service du cardinal Jacques de Préneste. ll contribua à l'organisation du premier concile de Lyon (1245), il accompagna le cardinal Ottobono dans sa mission en Angleterre (1265) et devint le confident des familles royales française et anglaise. Entre 1248 et 1252 il étudia à Paris, où il connut les grands théologiens Thomas d'Aquin et Bonaventure. Ayant appris son élection a Acre, il parvint à Viterbe (10 février 1272) ; il se rendit alors à Rome, où aucun de ses deux predécesseurs n'avait mis le pied, et, après avoir été ordonné prêtre, il fut sacré à Saint-Pierre (27 mars).

 

[13] Dominicain bourguignon, formé au couvent de Rouen, est confesseur de saint Louis qu'il accompagne pendant la croisade d'Egypte (1247-1248), pendant la captivité et pendant le voyage en Palestine. Philippe III le charge, avec son confrère Guillaume de Chartres, de porter en France la nouvelle de la mort de saint Louis. Il meurt le 10 janvier 1273. On conserve de lui deux sermons.

 

[14] Geoffroy de Beaulieu étant mort avant d'avoir achevé son oeuvre, le livre est terminé par son confrère Guillaume de Chartres.

 

[15] On conserve les suppliques des évêques de la province de Reims - juin 1275 - et de la province de Sens - juillet 1275 - et celle des Dominicains de la province de France - septembre 1275.

 

[16] (Innocent IV, mort au Latran le 28 juin 1276 ; Adrien V, mort à Viterbe le 18 août 1276 ; Jean XXI, mort à Viterbe le 20 mai 1277)

 

[17] De tous ces dossiers qui firent dire au pape Boniface VIII que dans cette affaire, on aura gratté plus de parchemins que ne pourrait en porter un âne, il ne reste guère que des fragments de la dépositions de Charles d'Anjou, le texte des Enseignements que saint Louis laissa à Philippe III, le récit de Joinville et cinq pièces relatives aux miracles.

 


 

Guilad Shalit: 1513ème jour de détention sans visite !

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Guilad Shalit entame ce lundi son 1513e jour de détention aux mains du Hamas. Le jeune homme, qui aura 24 ans le 28 août prochain, avait été kidnappé par un commando terroriste palestinien le 25 juin 2006 sur le territoire israélien. Depuis, seules deux lettres et une vidéo sont parvenues à ses parents. Aucune visite de la Croix Rouge ne lui a été accordée et le Hamas exige toujours d'Israël la libération d'un millier de Palestiniens, dont plusieurs sont responsables d'attentats suicides. Depuis le 9 juillet dernier, la famille Shalit a pris position dans une tente de protestation face à la résidence du Premier ministre afin de faire pression sur ce dernier pour qu'il signe un accord avec le Hamas. Elle a annoncé son intention de ne pas partir jusqu'à la libération de Guilad.

Jean-Pierre Renard