Prier 30 jours avec Saint Michel Archange
Abbé A. VIDELOUP - missionnaire édition numérique par le frère B.-M.
Le Mois de Saint Michel Les Récits des Apparitions se trouvent en fin de chaque jour
TABLE DES MATIÈRES LECTURE PRÉPARATOIRE :
Opportunité du culte de Saint Michel
1er JOUR. - Triomphe de saint Michel au ciel.
2e JOUR. - Place de saint Michel au ciel.
3e JOUR. - Grandeurs de saint Michel.
4e JOUR. - Qui est grand comme Dieu ?
5e JOUR. - Qui est fort comme Dieu ?
6e JOUR. - Qui est nécessaire comme Dieu.
7e JOUR. - Qui est bon comme Dieu ?
8e JOUR. - Saint Michel, protecteur du peuple de Dieu.
9e JOUR. - Saint Michel, ange de Jésus-Christ.
10e JOUR. - Saint Michel, ange de la Croix.
11e JOUR. - Saint Michel, ange de l’Eucharistie
12e JOUR. - Saint Michel, ange du Sacré-Cœur.
13e JOUR. – Saint Michel, Chevalier de Notre-Dame.
14e JOUR. – Saint Michel, protecteur de l’Église.
15e JOUR. - Saint Michel, ange gardien du Souverain Pontife.
16e JOUR. - Saint Michel, défenseur des chrétiens.
17e JOUR. - Saint Michel, ange de la paix.
18e JOUR. - Saint Michel, ange de la prière.
19e JOUR. - Saint Michel, ange de la lumière.
20e JOUR. - Saint Michel, ange de la force.
21e JOUR. - Saint Michel, ange de la douleur.
22e JOUR. - Saint Michel, ange du pécheur.
23e JOUR. - Saint Michel, ange de la famille.
24e JOUR. - Saint Michel, ange de l’enfant.
25e JOUR. - Saint Michel, ange de la bonne mort.
26e JOUR. - Saint Michel, ange du jugement particulier.
27e JOUR. - Saint Michel, ange du Purgatoire.
28e JOUR. - Saint Michel, ange des derniers temps.
29e JOUR. - Saint Michel, ange de la France.
30e JOUR. - Saint Michel, ange du Mont-Tombe.
Michel, protecteur de l'Église. Michel
Michel, défenseur des chrétiens. Michel, ange de la paix
Prières et dévotions EN L'HONNEUR DE SAINT MICHEL
Hymne de saint Michel.
Litanies de saint Michel.
Consécration à saint Michel.
Chapelet de saint Michel.
Archiconfrérie universelle de l'Archange saint Michel.
Scapulaire de saint Michel
Imprimatur Amiens, 25 Juin 1933. FOURCY, vic. gén: IMPRIMERIE F. PAILLART - ABBEVILLE D. 5894. - Dépôt légal : 4e trimestre 1983.
AVERTISSEMENT
En attribuant à saint Michel tel ou tel fait de l’histoire sacrée ou profane, nous ne faisons que répéter ce qu’ont dit de saints personnages, des commentateurs et de pieux auteurs. Nous nous appuyons tout particulièrement sur Marangoni, approuvé à Rome en 1730 par le Maître du Sacré Palais.
Le Pape saint Grégoire dit que saint Michel est envoyé chaque fois qu’il s’agit d’opérer une œuvre éclatante. D’un autre côté, beaucoup d’auteurs pensent que l’expression Angelus Domini, l’Ange du Seigneur, désigne saint Michel. Quand un autre ange intervient, l’Ecriture donne son nom. Voilà ce qui nous a autorisé à nommer en tant d’endroits saint Michel. À qui s’étonnerait de voir attribuer à saint Michel tant de merveilles, on pourrait répondre : Que faites-vous donc de sa haute dignité de Prince de la milice céleste et de Patron de l’Eglise ! Sic nunc custodem et Patronum Dei veneratur Ecclesia (2e Noct. Office du 8 mai).
LE MOIS DE SAINT MICHEL Opportunité du culte saint Michel
La dévotion à saint Michel est très ancienne dans l’Église et depuis longtemps recommandée par elle à ses enfants.
L’antique prière du Confiteor où est inséré le nom du glorieux Archange, les sanctuaires élevés dès les premiers temps de l’Église sous son vocable et les fêtes célébrées en son honneur prouvent abondamment notre proposition.
Il n’est donc pas étonnant que les Souverains Pontifes aient, à diverses reprises, demandé au peuple chrétien d’implorer l’archange saint Michel et de l’invoquer avec confiance.
De nos jours, l’enfer redouble de fureur pour perdre les âmes, et les impies s’unissent contre Dieu et contre son Christ. C’est pourquoi le Pape inspiré du ciel s’est écrié : « Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat. Venez à notre secours et repoussez dans l’abîme Satan et les autres esprits malins (1). »
Les âmes dévouées â saint Michel ont voulu plus qu'une invocation quotidienne ; elles ont établi un mode solennel de prières. L'Église a encouragé et béni ces exercices qui, trente jours durant, ramènent les fidèles aux pieds de saint Michel.
Ah! si pendant le mois de septembre, qui se termine par la fête de saint Michel et est naturellement consacré à ce glorieux Archange, partout on priait ardemment saint Michel, bientôt nous ressentirions l'effet de sa puissante protection. Ce qu'il attend pour intervenir, c'est le cri de confiance saint Michel, à notre secours !
Que les âmes chrétiennes chaque jour de ce mois étudient donc les grandeurs du saint Archange et s'édifient au récit des choses admirables qu'il a faites, qu'elles lui adressent leurs ferventes prières et se concilient ses bonnes grâces.
I. Prières du Pape Léon XIII.
PREMIER JOUR Triomphe de saint Michel au ciel.
À l’aurore des temps, Dieu était seul avec ses anges. Il les avait créés innombrables pour entourer son trône, chanter sa gloire, adorer sa majesté. Or il lui plut de les soumettre â une épreuve. Il se réservait de récompenser leur fidélité en les confirmant dans la gloire et dans le bonheur.
Quelle fut cette épreuve ? Plusieurs théologiens ont pensé que Dieu, soulevant devant eux un coin de l'horizon des temps à venir, leur montra le Verbe fait chair « Voici, leur dit-il, celui que j'ai choisi héritier de toutes choses. Son trône sera éternel, c'est à ma droite qu'il sera assis. » Et pendant qu'ils regardaient étonnés, une voix se fit entendre : « Que tous l'adorent (1).»
À cet ordre, le chef des cohortes angéliques, Lucifer, s'émeut et s'indigne « Adorer, se dit-il, c'est m'abaisser, je ne puis accepter cette humiliation. Dieu prend, pour l'élever à lui, une créature d'un ordre inférieur ; eh ! bien, moi aussi, je vais monter, j'élèverai mon trône au-dessus des astres de Dieu, je m'assiérai sur la montagne de l'alliance et je serai semblable au Très-Haut (2). »
Ces pensées orgueilleuses lui inspirent le cri de la révolte : « Je ne servirai pas ». Ce cri trouve [pag 5] un écho dans les phalanges célestes Lucifer rallie les révoltés et ils s'élancent vers les hauteurs.
Ils montaient, quand un ange se dressant devant eux jeta le cri de fidélité « Qui donc est comme Dieu ?» Ce fut le signal d'un grand combat (3).
L'issue n'en pouvait être douteuse. Bientôt on n'aperçut plus dans le ciel que le champion des droits de Dieu et l'armée des anges demeurés fidèles qu'il avait conduits à la victoire : un abîme de feu s'était ouvert et avait englouti les rebelles.
L'épreuve était passée, l'heure de la récompense était venue. L'ange dont la fidélité et la vaillance s'était ainsi signalées, devait être spécialement favorisé de Dieu. Il le fut. Il reçut son nom, ce nom de Michel qui fait sa gloire, puisqu'il est l'expression même de son cri de combat, Quis ut Deus ? Et de plus il fut établi le chef de la milice céleste, le prince des anges.
Le temps de la vie est pour nous tous le temps de l'épreuve. Rappelons-nous donc la fidélité de saint Michel, son cri de guerre et son triomphe. Que nos lèvres invoquent son nom, ce nom terrible à l'enfer, puisque c'est à ce nom que la puissance de Satan a été brisée, et que notre coeur redise son cri de victoire Qui est comme Dieu ? Nous traverserons sans faillir les jours de l'épreuve, et nous acquerrons des droits à la récompense promise aux vaillants.
Pratique. - À l'exemple de saint Michel, défendons les droits de Dieu, quand ils sont attaqués devant nous. [pag 6]
Histoire. Saint Michel est regardé comme l'ange protecteur du peuple de Dieu. Sa première manifestation est racontée dans l'histoire sainte. Abraham est assis à la porte de sa tente. Trois jeunes hommes se présentent à lui. Ils ont un aspect si plein de dignité et de majesté que le patriarche, se levant aussitôt, se prosterne devant eux. Il s'adresse à celui que les deux autres entourent : il lui semble plus grand, plus remarquable, et c'est lui en effet qui prend la parole. Il annonce à Abraham la naissance d'un fils et le châtiment de Sodome dont les crimes appellent la vengeance divine.
Il est permis de le penser, c'est avec saint Michel qu'Abraham eut cet entretien si simple et si familier, où il demandait miséricorde pour les villes coupables (4).
Dieu est père, il est toujours plus disposé à pardonner qu'à punir. Puisse-t-il trouver chez nous assez de justes pour désarmer sa colère !
PRIÈRE Ô glorieux saint Michel, vous qui, à la tête des anges fidèles, fléchissez le genou devant le Seigneur Jésus, faites éclater, avec une nouvelle puissance, vos hommages et vos adorations, en échange des outrages et des blasphèmes dont ce divin Sauveur est l'objet : prenez en main sa cause, obtenez-nous la grâce de mieux le servir, et prosternez devant sa majesté trois fois sainte tous ses ennemis contrits et humiliés. Ainsi soit-il.
DEUXIÈME JOUR Place de saint Michel au ciel.
Il est au ciel une hiérarchique. Au firmament, les étoiles diffèrent en clarté. Au ciel, les anges doivent aussi briller d’un éclat plus ou moins vif, selon qu’ils approchent plus ou moins de la divinité.
Saint Denys et saint Thomas disent qu’il y a trois hiérarchies parmi les anges, et que chacune d’elles est divisée en trois chœurs ou ordres distincts. Dans la première figurent les Séraphins qui possèdent à un degré suréminent le privilège de l’amour, les Chérubins auxquels on attribue la science, les Trônes qui jugent dans la paix et la stabilité. La seconde comprend les Dominations qui représentent le souverain domaine du Créateur, les Vertus qui ont la force pour apanage, les Puissances qui ont pour attributs la justice. Dans la troisième sont les Principautés qui veillent sur les nations, les Archanges qui sont les messagers extraordinaires du Très-Haut et les Anges qui sont ses messagers ordinaires.
Voilà l’admirable armée de Dieu.
Quelle est, parmi ces milliers d’esprits bienheureux, la place de saint Michel ? C’est au sommet des saintes hiérarchies qu’il faut aller le contempler. Il porte, c’est vrai, le nom d’archange, et il le porte parce qu’il a été dans le monde l’envoyé extraordinaire de Dieu ; toutefois l’Ecriture, les Pères, les théologiens nous [pag 8] autorisent à le placer ailleurs que dans la troisième hiérarchie.
Le prophète Daniel appelle l’ange Michel un des premiers princes (1), le grand prince (2). Qu’est-ce à dire, sinon qu’il faut le placer dans l’ordre suprême qui est celui des Séraphins ? – Cette locution d’ailleurs, dans le génie de la langue hébraïque, signifie : le premier d’entre les princes.
Saint Jean, parlant du grand combat du ciel, dit que Michel et ses anges luttaient contre Dragon (3). – Preuve évidence, écrit Bellarmin, que Michel est le prince des anges. Michel et ses anges ? c’est-à-dire Michel et la sainte phalange qui le reconnaît pour son général.
À l’autorité de l’Ecriture, nous pouvons ajouter le sentiment des Docteurs. « Ô saint Michel, s’écrie saint Basile, je vous adresse mes humbles supplications, à vous le chef des esprits bienheureux, à vous qui par la dignité et les honneurs êtes élevé au-dessus de tous les autres » (4).
Nous aurons la pensée des théologiens, quand nous aurons cité le savant commentateur Corneille La Pierre. Il appelle saint Michel le premier des Séraphins, le premier des anges assistants au trône de Dieu.
Enfin l’Eglise en son office appelle saint Michel le Préposé du Paradis, Celui qu’honorent les concitoyens des anges, le Prince de la milice des anges. Elle indique ainsi sa supériorité sur les autres Anges.
Nous pouvons donc dire avec le pieux diacre de Constantinople, Pantaléon, que saint Michel est le premier et le plus beau de ces anges dont les myriades peuplent le Paradis, la plus grande et la plus radieuse étoile de l’ordre angélique (5). [pag 9]
Pratique. - Honorons saint Michel que Dieu a si grandement glorifié
Histoire. Saint Michel, formant pendant le jour une nuée obscure et pendant la nuit une colonne lumineuse, a guidé et protégé les Hébreux poursuivis par le Pharaon. Il a ouvert devant eux la mer Rouge, et ils sont arrivés au pied du Sinaï. Une voix appelle Moïse, et Moïse gravit, la montagne. Une nuée épaisse en couvre aussitôt la cime. Le tonnerre gronde, des éclairs sillonnent les nués, et les sons vibrants de la trompette déchirent les airs. Le mont lui-même se met à frémir, alors Dieu parle. Tout annonce Dieu : Je suis le Seigneur qui t'ai tiré de la servitude. Or, les commentateurs (6) disent que ce fut saint Michel qui, au milieu de cet appareil de gloire et de majesté, donna la loi au peuple Juif.
Cela nous indique la place de saint Michel dans le plan divin : il est le mandataire de Dieu et son premier ministre.
PRIÈRE Grand prince qui êtes élevé en grâce et en gloire au-dessus de tous les esprits bienheureux, faites que nous restions nous-mêmes sur ces hauteurs saintes où Dieu nous a placés, en nous créant à son image et ressemblance et en restaurant notre nature déchue. Nous mériterons ainsi de vous admirer et de vous chanter dans le ciel, et d'y contempler face à face l'Auteur de toute perfection et de toute gloire. Ainsi soit-il.
TROISIÈME JOUR Grandeurs de saint Michel.
Parmi les anges, dit saint Thomas d'Aquin, les plus rapprochés de Dieu sont à la fois et d'une dignité plus haute et d'une science plus éminente. S'il en est ainsi, quelle n'est pas la gloire de saint Michel ? quelles ne sont pas ses grandeurs ? lui qui vit, selon la belle expression de saint Denys, dans le vestibule même de Dieu!
Intelligence et amour, voilà l'ange et voilà saint Michel. Mais en lui quelle intelligence ! Il est sous l'action immédiate de la lumière divine et il en reflète le merveilleux éclat, autant pour ainsi dire qu'il est possible à une créature.
En lui quel amour ! L'amour suit la connaissance, dit saint Thomas. N'est-il pas vrai que mieux on connaît et que plus aussi on aime? Comment dire alors l'amour de ce Séraphin constamment plongé dans la contemplation de l'infinie charité de Dieu ?
Avec l'intelligence et l'amour, Dieu a donné à saint Michel la puissance et la gloire.
Job parlant de son terrible adversaire, Satan, dit : « Il n'y a ni épée, ni lance, ni cuirasse qui puisse tenir devant lui. Il n'y a pas de puissance qui soit comparable à la sienne (1). » Or c'est cette puissance que saint Michel a vaincue. C'est ce terrible adversaire que d'un seul regard, il a mis en fuite. Devant saint Michel Satan fuit toujours Saint Michel reste son éternel vainqueur.
De son côté Ezéchiel décrit l'ange superbe : « Tu étais, dit-il à Lucifer, le sceau de la ressemblance divine ; tu étais rempli de sagesse et parfait en beauté ; toutes sortes de pierres précieuses formaient ton vêtement. Tu étais le chérubin qui étend ses ailes et qui protège. Tu étais placé au sommet de la sainte montagne de Dieu. Ta route était semée de diamants: tu étais parfait dans tes voies (2). »
Telle était la beauté, telle était la gloire de cet ange au temps de sa splendeur. Telles sont maintenant la beauté et la gloire de saint Michel. Dieu devait cela au défenseur de ses droits. Saint Michel a été gratifié des prérogatives de Lucifer comme un vainqueur des dépouilles d'un vaincu.
Avec l'Église appelons saint Michel le Prince très glorieux (3). Comme elle, honorons-le. «Elle honore et invoque tous les bienheureux anges du Seigneur, disait Pie IX dans son Invito sacro, mais elle a toujours voulu distinguer entre eux, en honneur et en affection, le glorieux archange saint Michel. » Comme elle, prions-le. Près de Dieu il usera en notre faveur de son puissant crédit, et, par sa prière, il nous ouvrira les portes du ciel (4).
Pratique. - Prions avec confiance saint Michel : Dieu peut-il rien refuser au grand Prince de sa milice ?
Histoire. Saint Michel est appelé le Prince des armées du Seigneur. Il s'est donné lui-même ce nom. Josué, arrivé près de Jéricho, lève les yeux et se voit en présence d'un guerrier qui tient une épée à la main. Josué l'interpelle: Es-tu des nôtres ou des ennemis ? - Non, répond le guerrier, mais je suis le Chef de l'armée de Dieu, et maintenant je viens. - À cette réponse, Josué se prosterne et adore l'ange du Dieu des armées : Quels sont, lui dit-il, les ordres que le Seigneur intime à son serviteur ? - Ôte ta chaussure, reprend l'ange, car le lieu que tu occupes est saint, - Josué obéit.
Ici mieux que jamais il faut reconnaître l'archange Michel. Quels ordres donna-t-il à Josué ? l'Écriture ne le dit pas. II lui apprit sans doute le moyen de s'emparer de Jéricho. Toujours est-il que, sept jours après, les murailles de cette ville s'écroulaient au bruit des trompettes.
À l’exemple de Josué, puissions-nous, sous la conduite de saint Michel, lutter victorieusement contre les ennemis de Dieu.
PRIÈRE Très glorieux saint Michel, chef et prince des armes célestes, gardien fidèle des âmes, vainqueur des esprits rebelles, favori de la maison de Dieu, notre admirable guide après Jésus-Christ, vous dont l'excellence et la vertu sont suréminentes, daignez nous délivrer de tout mal, nous tous qui recourons à vous avec confiance, et faites par votre incomparable protection que nous avancions chaque jour dans la fidélité à servir Dieu. Ainsi soit-il.
QUATRIÈME JOUR Qui est grand comme Dieu?
Nous avons entendu la triomphante clameur de saint Michel, nous allons maintenant la méditer.
Aussi bien, ce que nous voyons autour de nous n'est-il pas la continuation de la lutte suprême commencée dans les profondeurs des cieux? L'homme ne dit-il pas en son coeur comme l'ange rebelle : Je ne servirai pas ; je monterai, je m'égalerai à Dieu ?
Dès lors, les amis de saint Michel ne doivent-ils pas en réponse aux blasphèmes insensés qui montent vers le ciel, faire entendre le cri de la fidélité : Qui donc est comme Dieu ? Qui donc est grand comme lui?
Ce qui rend un homme grand ici-bas, ce sont ses qualités d’esprit et de cœur.
Que dirons-nous des qualités de Dieu, de ses perfections ? Quand nous en parlons, c’est de façon si imparfaite que nous semblons plutôt bégayer comme des enfants. Au langage d’un saint Père, nous nous approchons pour regarder, et à l’instant nous sommes éblouis par l’éclat de la majesté et pour ainsi dire dévorés par la grandeur immense de Dieu.
Ce qui rend un homme grand ici-bas, ce sont surtout ses œuvres.
Que dire alors de Dieu ? c’est lui qui a tout fait, d’un mot et comme en se jouant. C’est lui qui a tout fait, d’un mot et comme en se jouant. C’est lui qui a donné au firmament ses astres lumineux, [pag 14] c'est lui qui a donné à la terre ses montagnes et ses plaines, à l'océan ses vagues mugissantes c'est lui qui a donné à l'homme la majesté de son front, la lumière se son esprit, la flamme de son coeur.
Et cette oeuvre de Dieu, elle vit, se renouvelle, se perpétue sans fin.
Qui donc est grand comme notre Dieu ? s'écrie David ; il est celui qui fait des merveilles (1).
Qui est grand comme Dieu? Moi, dit l'homme fier de sa science, orgueilleux de ses découvertes, qui ne lève plus les yeux vers le ciel, qui ne veut plus voir que lui-même.
Mais qu'est-il pour parler ainsi, lui dont la grandeur n'est qu'une ombre?
Le cri de saint Michel est le cri de l'humilité. Saint Michel, avec le bon sens de l'humilité, sut rester à sa place. L'humilité nous retient de même à notre place, c'est-à-dire infiniment au-dessous de Dieu. Nous sommes ses créatures, donc nous dépendons de lui, nous lui appartenons. Nous lui devons par conséquent obéissance et soumission. Que si parfois l'orgueil monte en notre tête, rappelons-nous la devise de l'Archange : Qui est comme Dieu ? Alors nous resterons humbles, humbles dans nos pensées, humbles dans nos paroles, humbles dans nos œuvres.
Cette humilité attirera sur nous les regards de Dieu. Il est écrit qu’il donne sa grâce aux humbles (2). Il nous donnera sa grâce, et plus tard l’éternelle exaltation, comme saint Michel.
Pratique. – Attachons-nous à la vertu d’humilité : c’est le fondement de toute sanctification. [pag 15]
Histoire. David à l’apogée de sa puissance veut compter le nombre de ses sujets. Ce sentiment de vaine gloire déplaît au Seigneur qui frappe Israël du fléau de la peste ; soixante-dix mille hommes succombent. Voyant les supplications et les holocaustes du roi humilié, Dieu s’apaise : C’est assez, dit-il à son ange, que ta main cesse de frapper. Alors David levant les yeux voit l’ange du Seigneur debout entre le ciel et la terre, le glaive à la main tourné contre Jérusalem. Il tombe humblement prosterné et s’accuse lui-même. Sur l’ordre de l’ange, il élève un autel en ce lieu. Les sacrifices offerts apaisent le Seigneur, l’ange remet son épée au fourreau.
Saint Michel était ici l’exécuteur des hautes œuvres de Dieu. Si parfois il frappe, c’est pour détourner du péché ou le faire expier.
PRIÈRE Ô saint Michel qui avez rappelé aux anges rebelles les grandeurs de Dieu, et avez confondu l’orgueil de Lucifer, faites-nous comprendre que Dieu seul est grand et qu’à lui seul sont dus gloire, honneur et louange ; enseignez-nous l’estime de l’humilité, afin que, marchant sur vos traces, nous reconnaissions le souverain domaine de Dieu et le servions dans l’obéissance et l’amour. Ainsi soit-il.
CINQUIÈME JOUR Qui est fort comme Dieu ?
Une parole de la Bible nous dit la force de Dieu : « Seigneur, vous avez montré à votre serviteur la force de votre bras, et j’ai compris qu’aucune force ne peut-être comparée à votre force (1). »
Rien en effet ne résiste à Dieu. Lucifer avait cru pouvoir lui résister. Faisant appel aux forces prodigieuses de sa nature, il avait dit : Je monterai. Mais Dieu fit un signe et le révolté roula dans l’abîme. Il y a eu tout le long des siècles des hommes qui ont voulu se mesurer avec Dieu, qui ont bravé sa puissance et défié sa force. Dieu a étendu la main, et l’on ne les a même plus aperçus.
Aux jours d’orage, il arrive parfois que la foudre frappe un géant de la forêt. Le géant tombe avec fracas dans la vallée, et le bruit de sa chute se répercute en un long gémissement, puis c’est pour toujours le silence et l’oubli. Lisons l’histoire, elle nous raconte ces chutes fameuses d’hommes qui menaçaient le ciel et Dieu : têtes superbes que la force divine a frappées, chênes insolents que la tempête a renversés.
Pendant quelque temps, parfois, Dieu laisse les hommes s’agiter et ourdir leurs complots sacrilèges. Mais bientôt son heure arrive, et c’est l’heure de sa justice.
Il eut son heure aux premiers âges. Les hommes travaillaient à la Tour de Babel. Or Dieu se montra : il descendit pour voir la cité et [pag 17] la tour (2), et il sema parmi eux la confusion.
Il aura son heure encore : ne résiste-t-il pas toujours aux superbes (3) ? Les hommes de notre temps prétendent en finir avec Dieu. Ce qu'ils veulent, hélas, c'est non seulement agir sans Dieu, c'est encore agir contre Dieu. Dieu leur montrera qu'on ne s'insurge pas impunément contre 1u.
Dieu a des manières de frapper qui sont terribles ! Pour nous punir il n'est pas nécessaire qu'il nous maudisse, il suffit qu'il se retire. Or longtemps son nom et l'idée de sa justice ont retenu le flot de l'impiété, comme le barrage retient les eaux d'un fleuves grossissant. Mais cet auguste nom est banni de partout, l'idée de la justice divine ne domine plus les esprits, c'est pourquoi le flot monte, toujours, menaçant de tout emporter.
Il est vrai que si Dieu lui-même ne bâtit, ce qu'on élève ne tient point; que s'il ne garde la cité, c'est en vain qu'on veille autour d'elle (4). Quand Dieu n'est pas avec les hommes, il n'y a plus chez eux que faiblesse et impuissance, et entre eux qu'égoïsme, défiance, insubordination. Dieu méprisé se venge en les laissant à eux-mêmes.
Ils sauront que je suis le Seigneur (5), dit Dieu par la bouche du prophète. Puissions-nous le comprendre, non pas brisés sous les coups terribles de la force divine, mais vaincus par l'amour et illuminés par la foi
Qui est fort comme Dieu? À la vue des complots de l'impiété, rappelons-nous le cri de saint Michel. Dans la lutte acharnée qui se livre, le vaincu ne sera ni Dieu ni l'Église, ce sera Satan et le monde ami de Satan. Les impies peuvent s'applaudir et chanter victoire. Nous savons que Dieu demeure le plus fort ; aussi nous avons confiance.
Pratique. - Le triomphe de Dieu n'est pas douteux: Sachons attendre son heure.
Histoire. Le roi de Syrie était en guerre avec Israël, mais le prophète Elisée, éclairé par Dieu, assistait son roi de ses conseils. Ce qu'apprenant, le roi de Syrie vient mettre le siège devant Dothan où se trouvait le prophète. Un matin, le serviteur de l'homme de Dieu, apercevant l'armée nombreuse des assiégeants, accourt dans l'épouvante prévenir Elisée. Celui-ci le rassure : Ne tremble pas, lui dit-il, nos amis sont plus nombreux que nos ennemis. Et en même temps il prie le Seigneur d'ouvrir les yeux à cet homme. Alors le serviteur discerne, avec le prophète, les mouvements des armées angéliques et contemple avec lui le merveilleux spectacle des cavaliers célestes et des chariots de feu armés pour la défense de la ville.
C'était évidemment la milice angélique commandée par l'Archange Michel, protecteur du peuple de Dieu.
PRIÈRE Grand Prince de la milice céleste, qui avez terrassé l'ange superbe révolté contre le Dieu fort, réduisez à l'impuissance l'impiété qui se dresse aussi contre lui. Assistez ceux qui combattent les combats du Seigneur et assurez la victoire à ceux qui, s'oubliant eux-mêmes pour ne songer qu'aux intérêts de Dieu, ont mis leur confiance en la bonté toute puissante du souverain Seigneur de toutes choses. Ainsi soit-il.
SIXIÈME JOUR Qui est nécessaire comme Dieu ?
Je suis le Seigneur ton Dieu, lisons-nous dans Osée, Et il n'y a pas d'autre Sauveur que moi (1).
Le salut, en effet, ne vient que de Dieu.
Dieu est le fondement sur lequel tout doit reposer. Sans lui rien ne saurait tenir debout. Lui absent, il arrive ce qui arrive à l'édifice qui ne repose pas sur le roc solide. De profondes crevasses se produisent sans retard, puis le ciment se détache et les pierres se disjoignent : c'est la ruine imminente. Malheur à l'imprudent qu'elle surprendra !
Les hommes ont voulu se passer de Dieu. Or partout il faut reconnaître des symptômes alarmants de malaise et de ruine. Nous avions Dieu avec nous, et avec Dieu nous avions la charité et la vérité, la justice et la paix, ces inestimables bienfaits qu'il avait apportés au monde. Les hommes l'ont forcé de se retirer ; on dirait qu'il est parti, emportant avec lui ce qu'il avait donné à la terre. Mais malheur à nous ! S'il est vrai que sous la main et sous le regard de Dieu germent et s'épanouissent les vertus qui font l'honneur et le bonheur de l'humanité, il est vrai aussi que sa seule absence plonge dans la nuit, fait crouler les édifices, mourir les civilisations, tomber les empires et disparaître les nations.
Dieu nécessaire aux sociétés, l'est aussi aux [pag 20] individus. N'a-t-il pas dit : Je suis la voie, la vérité et la vie (2) ? Personne ne saurait parvenir au bonheur sans passer par le chemin que Jésus-Christ a tracé et où sont marquées les empreintes de ses pas. À la seule lumière de ses enseignements, on comprend la vie et l’on se comprend soi-même. Vivre, pour l'homme, ce n'est pas seulement s'agiter à la manière de l'animal sans raison. Son coeur et son esprit demandent quelque chose de plus. Or en Dieu seul ils trouvent leur vraie satisfaction.
Dieu est nécessaire. Pourquoi le monde redit-il le mot des Juifs à propos du Sauveur : Sa parole est dure, nous ne voulons plus l'entendre ? Elle est dure, sans doute, pour l'orgueil et pour les sens, mais à l'âme docile elle apporte lumière et consolation. Jésus-Christ l'a dit : Recevez mes enseignements, et vous trouverez la paix pour vos âmes (3). Les siècles proclament que cette parole n'a jamais trompé, et, avec l'apôtre, ils disent que Jésus-Christ a seul les paroles de la vie éternelle (4).
Redisons-le donc avec saint Michel : Qui est comme Dieu ? La lumière, la joie, l'espérance, la vie, tout vient de lui. Nous éloigner de lui serait aller à la tristesse, aux ténèbres, à la ruine, à la mort. Demeurons lui fidèles ; c'est notre avantage, car c'est notre salut.
Pratique. - Tournons-nous vers Dieu, sans qui nous ne pouvons rien, et attendons tout de lui.
Histoire. Nabuchodonosor, dans son orgueil, s'est fait une statue d'or et il a imposé à son peuple l'adoration de sa propre [pag 21] image. Docile à l'ordre royal, au signal de la trompette, la foule s'est prosternée. Seuls trois jeunes Hébreux sont restés debout, la tête haute et fière. On les saisit et on les jette dans une fournaise ardente. Mais l'ange du Seigneur descend avec eux et écarte les flammes dévorantes. Le roi stupéfait les délivre et ils sortent de la fournaise sains et saufs.
Sous Darius, Daniel accusé de prier et d'adorer son Dieu, est jeté dans la fosse aux lions : Le Dieu que tu sers, lui dit le roi, te délivrera. - Darius avait cet espoir : il n'avait condamné l'innocent qu'à regret. - Or le lendemain Darius trouve Daniel plein de vie. Mon Dieu, répond celui-ci, a envoyé son ange, et cet ange a fermé la gueule des lions.
Reconnaissons en cet ange bienfaiteur celui qui défend aussi les chrétiens contre les entreprises de l'impiété.
PRIÈRE Puissant Archange, nous recourrons à vous avec confiance. Nous voulons, malgré les impies qui ont dit : Plus de Dieu ! rester les fidèles serviteurs du Très-Haut, et n'adorer que Lui. Assistez-nous et défendez-nous, pour que, à votre exemple, nous proclamions sans faiblir les droits de Dieu, et que nous lui restions attachés tous les jours de notre vie. Ainsi soit-il.
SEPTIÈME JOUR Qui est bon comme Dieu ?
Saint Jean voulant définir Dieu n'a trouvé qu'un mot. Il ne l'appelle ni le génie, ni la grandeur, ni la puissance, il l'appelle l'amour : Dieu est charité (1), dit-il.
Dieu est amour. Voilà pourquoi il a créé toutes les étoiles du ciel, toutes les fleurs de la terre, tous les flots de l'océan ; voilà pourquoi surtout le Verbe fait chair a versé toutes les larmes de ses yeux, toutes les gouttes de son sang.
Dieu avait fait beaucoup pour les anges. Il les avait créés beaux, purs, heureux. Et voilà qu'en un moment d'orgueil, ils oublient tout. D'un cri saint Michel leur rappelle ce qu'est Dieu et ce qu'il a fait pour eux. « Qui donc est comme Dieu ? Il nous a créés, il nous a aimés, il nous a comblés de ses bienfaits. Ne mérite-t-il pas nos adorations et notre fidélité ? »
Sur la terre, l'homme imite l'ange coupable: il oublie tout.
Dieu aime le monde : c'est son œuvre, et cette œuvre, il la contemple comme un père contemple son enfant. Bien plus, il l'étreint comme une mère étreint son premier-né. Il ne la perd donc jamais de vue, il gouverne toutes choses avec force et suavité (2). Or l'homme ne voit plus la providence de Dieu.
Dieu est Père, et Père il se penche avec amour [pag 23] sur ses enfants : il a des regards de tendresse infinie pour les petits, les humbles, les faibles. Or l'homme ne croit plus à ce coeur de Père. Il a mis son espérance dans les biens de ce monde, et si ses projets ne réussissent pas, sa foi chancelle, son coeur s'aigrit, ses yeux se lèvent chargés de haine vers le ciel, et il gémit avec amertume : Dieu s'occupe-t-il de nous, connaît-il nos misères (3) ?
C'est incontestable, le mal est dans le monde. Mais le mal n'est pas l'oeuvre de Dieu, il est l'oeuvre de l'homme et l'oeuvre de Satan. C'est le péché qu’il y a introduit, et c'est le péché qui l'y maintient. Nous rencontrons partout la douleur, Dieu l'a mêlée à toutes choses, mais comme un moyen de purification et de mérite. Nous devrions donc le bénir : les soupirs qu'elle nous arrache, les larmes qu'elle nous fait verser, sont la monnaie avec laquelle nous achetons le ciel.
Dieu s'occupe de nous. Nous en avons pour preuves de multiples bienfaits. Impossible de nier son amour, autant vaudrait nier l'existence du soleil, la chaleur de ses rayons, la douceur de son éclat. Cet amour est actif, c'est lui qui perpétuellement féconde l'univers, donne l'être, la vie, l'intelligence, la liberté, l'ordre, la paix, le bonheur. Et ce qu'il a créé, il le conserve.
Qui est bon comme Dieu ? Saint Michel le proclame aux hommes qui n'aiment pas, comme il le disait aux anges rebelles et ingrats. Ce sera notre réponse à la froide indifférence qui glace tous les coeurs. De plus ce cri nous rappellera les bienfaits de Dieu, et excitera dans nos âmes l'amour et la reconnaissance. [pag 24]
Pratique. - Pensons souvent aux bienfaits dont Dieu nous comble et remercions-le.
Histoire. Séleucus, roi de Syrie, convoitait les trésors que l'on disait cachés dans le temple de Jérusalem. Il y envoya Héliodore, l'intendant de ses finances, avec mission de s'en emparer. « On a trompé le roi, lui répondit Onias, le grand prêtre, il n'y a dans le temple que des dépôts consacrés à la subsistance des veuves et des orphelins... Gardez-vous d'une spoliation qui déshonorerait le temple du Dieu vivant. »
Héliodore passa outre et entra dans le temple. Il s'avançait vers la salle du trésor, quand un cavalier portant une armure d'or, apparaît, l'oeil en feu, et fond sur lui avec son coursier. Héliodore est renversé et foulé aux pieds. Puis deux jeunes guerriers apparaissent à leur tour et l'accablent de coups : on l'emporte hors du temple à demi mort. Nous pensons que ce cavalier était saint Michel, le protecteur du temple de Dieu.
PRIÈRE Nous avons, ô saint Michel, un temple à défendre, le temple de notre âme, et des trésors à garder, les trésors des vertus chrétiennes. Or des Héliodores en grand nombre nous menacent. Puissant Archange, défendez-nous contre ces ennemis qui veulent nous ravir ce que nous avons de plus cher au monde. Et puisque ces autres trésors qui sont l'enfance chrétienne et les institutions religieuses sont aussi en danger, faites-vous en le gardien et le protecteur ! Ainsi soit-il.
HUITIÈME JOUR Saint Michel protecteur du peuple de Dieu.
Nous avons médité la belle action de saint Michel au ciel, et étudié son cri de victoire. Nous allons maintenant admirer sa puissance dans le monde. Elle s'y est manifestée d'une façon merveilleuse.
Dès l'Eden saint Michel entre en scène. C'est lui qui, d'après les commentateurs (1), console l'homme après sa chute et ouvre son cour à l'espérance, en lui montrant dans le lointain des âges le Sauveur de sa race et la véritable mère de famille humaine.
Saint Michel va chercher le chef de la tribu dont Dieu formera son peuple, et l'introduit dans la terre que le Seigneur lui destine ; il vient annoncer à Abraham la naissance d'Isaac ; il apparaît à Jacob sur la route de Haran. Il se montre à Moïse dans une flamme de feu, au milieu d'un buisson ; il frappe l'Égypte de ses dix plaies, sépare la mer Rouge, dirige le peuple à travers le désert et le conduit dans la Terre de promission (2).
Au Sinaï, il donne la loi à Moïse ; Dieu donna la loi par le ministère des Anges (3), dit saint Paul. Moïse s'entretient avec l'Ange sur le mont Sinaï (4), dit à son tour saint Etienne dans son discours au peuple de Jérusalem. Il apparaît à Josué dans la plaine de Jéricho, combat avec Gédéon, défend Jérusalem assiégée par Sennachérib. [pag 26] Quand les hébreux ont longtemps pleuré et gémi sur la terre de la captivité, saint Michel obtient la fin de leurs épreuves. « Voilà la soixante-dixième année de leur désolation et de leur ruine (5), » dit-il à Dieu, et Dieu est touché.
Quand les Macchabées se lèvent pour défendre la foi et la loi, la religion et la patrie, saint Michel vient à leur secours. Ainsi c'est sous le patronage de saint Michel que le peuple de Dieu a grandi, que les descendants d'Abraham et de Jacob sont devenus aussi nombreux que les sables de la mer et les étoiles du firmament (6). Saint Michel est cet Ange innommé dont parle si souvent la Bible, cet Ange dont la grandeur paraît se confondre avec celle de Dieu lui-même, cet Ange que l'Écriture appelle l'Ange du Seigneur, c'est-à-dire le défenseur de ses droits, l'exécuteur de ses volontés. Toute la Tradition le reconnaît. Les Docteurs conviennent, dit Corneille La Pierre, que toutes les marques visibles et miraculeuses de protection reçues par le peuple d'Israël lui furent données par saint Michel. Daniel le reconnaissait quand il disait ces belles paroles : « Michel est debout toujours pour soutenir la cause et les intérêts des enfants de votre peuple (7). »
Ces paroles restent pour notre consolation, c'est maintenant pour nous que saint Michel veille et prie.
Pratique. - Rappelons-nous les commandements que Dieu a donnés aux hommes par le ministère des Anges, et demandons à saint Michel la grâce de les bien observer
Histoire. Les Macchabées furent de vaillants lutteurs. Quand bien même toutes les nations obéiraient aux ordres du roi Antiochus, avaient-ils dit, nous resterons fidèles à la loi et nous combattrons pour elle jusqu'à notre dernier souffle. Ils combattirent en effet, longtemps et fortement. Le ciel entendit leurs supplications et leur vint en aide.
Une armée s'était approchée de Jérusalem pour la prendre et pour emmener ses habitants en captivité. Judas Macchabée exhorte ses compagnons et il s'avance avec eux au-devant de l'ennemi. Un cavalier, vêtu de blanc, apparaît, brandissant, une épée, au front de la troupe d'Israël. Ce que voyant, les soldats bénissent le Seigneur, courent au combat avec ardeur et remportent une victoire éclatante. Ils eussent, dit la Sainte Écriture, renversé un mur d'airain. Ainsi saint Michel nous sauvera si nous l'appelons à notre secours.
PRIÈRE Glorieux saint Michel, qui avez été choisi par Dieu pour être le protecteur de son peuple, assistez ce nouveau peuple de Dieu, le peuple chrétien. Défendez-nous contre nos ennemis, inspirez-nous le zèle et la force pour le service de Dieu et conduisez-nous dans la vie, afin que nous arrivions à la possession de l'éternelle patrie. Ainsi soit-il.
NEUVIÈME JOUR Saint Michel, ange de Jésus-Christ.
Saint Michel avait été dans le ciel le champion de l'incarnation du Verbe. Sur la terre, il en est devenu l'apôtre. C'est lui qui a fait entrevoir ce grand mystère à Adam et Eve, et l'a révélé aux patriarches et aux prophètes. Il a, par ses messages, préparé la terre à recevoir son Libérateur. Mais les temps sont accomplis : le Verbe s'est fait chair. Pour récompenser saint Michel, Il l'attachera à sa personne. La Tradition désigne saint Michel partout où l'Évangile mentionne un ange sans désigner son nom.
Si, d'après quelques auteurs, ce fut l'ange de l'Annonciation, Gabriel, qui révéla à saint Joseph la maternité divine, et apporta à la terre le nom du Sauveur : « Tu l'appelleras Jésus (1) », d'autres croient que ce fut saint Michel.
Dans la nuit de Noël, les anges viennent annoncer aux bergers la nouvelle qui va leur donner une grande joie. Saint Jean Chrysostome dit que ce furent des anges de l'ordre le plus élevé (2).
Nous n'avons pas de peine à le croire, vu l'important événement, ni à croire que, à leur tête, se trouvait saint Michel, leur chef.
Quand Hérode ordonne le massacre des enfants à Bethléem, il apparaît à saint Joseph et lui ordonne de fuir en Egypte. Quand le danger [pag 29] a cessé, il fait signe à la sainte famille de revenir à Nazareth.
À Nazareth, et plus tard quand le Sauveur a commencé sa vie publique, il veille sur sa personne et défend sa sainte humanité contre les puissances des ténèbres. Voilà pourquoi certaines peintures et sculptures des mystères de la vie de Jésus-Christ mettent en scène saint Michel terrassant le dragon.
Á la Passion saint Michel joue un rôle spécial. Notre-Seigneur agonise au jardin des Oliviers. L'Évangile dit qu'un ange lui apparut pour le consoler (3). D'après plusieurs auteurs (4), cet ange fut saint Michel.
L’Ange de la Nativité, ange de la Passion, saint Michel ne peut-il pas être regardé comme l'ange de la Résurrection ? Comment, dans cet ange qui descend du ciel, s'approche du sépulcre, roule la pierre qui en ferme l'entrée, s'assied dessus, ne pas voir le premier des serviteurs de Jésus, le chef des anges.
Il reste le grand fait de l'Ascension. Il est vraisemblable, dit un auteur, que les anges de l'ordre plus élevé vinrent au-devant de Jésus pour lui faire cortège, reconnaître et honorer sa sublime dignité (5). Ici encore à leur tête - n'était-ce pas sa place - marchait saint Michel, qui devait devenir l'introducteur des âmes dans la lumière sainte.
Cependant sur la terre, les disciples, qui ont contemplé Jésus-Christ dans son ascension, regardent encore. Voici que deux jeunes hommes apparaissent, enveloppés de blancs vêtements. « Hommes de Galilée, disent-ils, pourquoi restez-vous ainsi les yeux attachés au ciel ? Ce Jésus reviendra un jour comme vous l'avez vu monter au ciel (6). » Ceux qui par[pag 30]laient de la sorte étaient, d'après une révélation faite à sainte Françoise Romaine, saint Michel et saint Gabriel, le premier en qualité de protecteur de l'Église naissante, le second comme ange gardien de la Sainte Vierge, présente à l'ascension de son divin Fils.
Quelle gloire pour saint Michel d'avoir été admis à garder et à servir le Fils de Dieu fait homme et d'avoir été le témoin de sa vie ! Demandons-lui la grâce de marcher sur les traces de notre divin Maître. Nous mériterons ainsi d'être introduits par lui en présence de son auguste Majesté.
Pratique. - Suivons les exemples de Jésus-Christ, et écoutons ses enseignements ; là est le salut.
Histoire. Le culte de saint Michel dans l'Église catholique remonte à la plus haute antiquité : les Grecs affirment le tenir directement des apôtres. Quoiqu'il en soit, il paraît chez eux aussi ancien que la foi.
La première apparition de saint Michel dont l'histoire ecclésiastique fasse mention, est celle de Chônes ou Colosses, en Asie Mineure. Un oratoire y avait été bâti en l'honneur du Grand Archange, et tout près coulait une source miraculeuse où s'opéraient beaucoup de guérisons. Un jour par un effet de la malice des impies, les eaux du fleuve détournées de leur lit se précipitent, menaçant de ruiner l'oratoire et d'absorber la source. Le pieux solitaire Archippe, témoin du danger, se met en prières. Alors saint Michel apparaît. Il étend la main vers les eaux impétueuses. Aussitôt elles se dressent comme une muraille et cessent de couler. L'Archange fait un nouveau signe et les eaux reculent pour reprendre leur cours accoutumé.
L'Église d'Orient fait mention de ce prodige le 6 septembre. [pag 31]
PRIÈRE Glorieux Archange, qui avez eu l'insigne privilège d'être le gardien de Jésus-Christ, son premier adorateur et l'admirateur de ses vertus, gardez aussi ses disciples, afin qu'ils marchent sur ses traces divines, offrez-lui vos hommages en réparation de leurs outrages et de leurs ingratitudes, et obtenez-leur de goûter ce qu'il a aimé, de haïr ce qu'il a réprouvé et de mériter de célébrer avec vous ses louanges et ses triomphes pendant les siècles des siècles. Ainsi soit-il
DIXIÈME JOUR Saint Michel, ange de la Croix.
L'Église appelle saint Michel le porte-étendard du Christ. « Il est, proclame-t-elle, Ce vainqueur qui déploie l'étendard du salut, la Croix (1). »
Tout dans la religion se fait par la Croix. Par le signe de croix, le chrétien est baptisé, il est fortifié dans la loi, il est béni et purifié pendant sa vie et à sa mort. Enfin, c'est à l'ombre de ce signe auguste qu'il repose au tombeau. Tout en lui est marqué de ce signe divin, tout dans son être doit le porter, son front, comme une empreinte glorieuse ; son coeur, comme un bouclier invincible.
La Croix a donc une grande place dans la vie de l'homme.
Il en est ainsi depuis que Jésus-Christ l'a laissée au monde comme le mémorial de ses souffrances et la preuve de son amour ineffable.
Mais, la laissant, il a dû la confier à un de ses anges. Cette charge revenait à saint Michel, parce que saint Michel avait été son consolateur au jardin de l'agonie, et qu'il l'avait assisté pendant les trois mortelles heures où il était demeuré suspendu à cet arbre sacré ?
Saint Michel est l'ange de la Croix. Quand fut venu le moment de son exaltation, il la montra au premier empereur chrétien dans une vision célèbre. La Tradition croit, en effet, que saint Michel qui vint présenter le Labarum à Constantin et à ses troupes (2). [pag 33]
Ne serait-ce pas sur son inspiration que la pieuse Hélène trouva l'emplacement du bois sacré, et avec son aide que plus tard Héraclius triompha des Perses et put recouvrer la vraie Croix tombée entre leurs mains.
Saint Michel est l'ange de la Croix. C'est à travers les rayons d'une croix éblouissante qu'il se montrait à saint François d'Assise, lorsqu'il imprima dans sa chair les stigmates du Sauveur. C'est cet étendard qu'il a déployé au front des armées chrétiennes, comme il l'a fait pour les Portugais luttant contre les Maures au XIIe siècle. Il le déploie toujours devant les âmes pour mettre en fuite leurs ennemis. Un auteur raconte qu'il planta une croix à l'entrée de la caverne de sainte Marie-Madeleine, après en avoir chassé un horrible dragon.
Saint Michel est l'ange de la Croix. Les hommes de notre temps ne peuvent supporter la vue de ce signe divin. Ils veulent le détruire. Leurs efforts pour arracher cet arbre béni seront vains : il a poussé dans le sol des âmes de trop profondes racines, et il tient trop à Dieu. Aussi quand tout se flétrit et se dessèche, lui, il est toujours vert ; quand tout vieillit, il reste toujours jeune ; quand tout meurt, il est toujours vivant. Quand les tempêtes ont soufflé de la terre et de l'enfer, lui, défiant leurs efforts impuissants, est resté debout sous la garde de saint Michel.
Avec les siècles chrétiens, saluons la Croix. En rangs pressés, groupons-nous autour d'elle, près de saint Michel. Un jour, elle paraîtra dans le ciel. C'est saint Michel qui la présentera aux peuples de la terre. Nous nous retrouverons alors dans le rayonnement de sa gloire, près de l'Archange, pour l'éternel triomphe. [pag 34]
Pratique. - Vénérons la Croix, et quand nous la rencontrons, saluons-la avec amour.
Histoire. Nous lisons dans l'histoire du Mont Saint-Michel qu'aux siècles passés, une croix monumentale se dressait au milieu des grèves. Les moines l'avaient plantée là en souvenir d'un miracle. Peu à peu des courants ensablèrent les enrochements artificiels qui la supportaient, et un jour croix s'abattit. On ta redressa, mais elle ne fut point assez solide pour résister à l'effort des grandes marées. Elle finit par disparaître. Le malheur des temps ne permit pas de la rétablir. On n'en sait plus aujourd'hui exactement la place.
La croix a été plantée dans le monde et le monde comme l'océan irrité lance contre elle ses flots impétueux. Que saint Michel la garde La croix a été aussi plantée dans nos coeurs. Mais souvent les passions l'ébranlent. Que saint Michel la défende !
PRIÈRE Ô saint Archange, voici que des mains sacrilèges osent briser et profaner la Croix, signe sacré de notre salut. De grâce levez-vous pour son triomphe. De notre côté, pour réparer tant d'outrages, nous presserons sur nos lèvres avec plus d'amour la croix de Jésus-Christ, nous la saluerons avec plus de respect et nous en tracerons plus souvent sur nous le signe auguste. Puissions-nous, par votre intercession, mourir bénis et sanctifiés par ce signe qui ouvre le ciel. Ainsi soit-il.
NOTES I. Hymne de l'office de saint Michel.
2. « Ne serait-ce pas le cas d'appliquer à l'apparition du Labarum cette parole de la sainte liturgie: Michel déploie en vainqueur l'étendard de la croix » (Mgr Germain, op. cit.). [pag 35]
ONZIÈME JOUR Saint Michel, ange de l'Eucharistie.
Jésus-Christ a dit une parole qui reste la consolation et la force de ses disciples : « Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles (1). » Il réside au milieu de nous et sa maison est le tabernacle. C'est là qu'il fait ses délices d'habiter parmi les enfants des hommes (2). C'est là que nous allons le visiter et le prier.
Pourquoi l'ange gardien de la vie mortelle du Sauveur ne serait-il pas maintenant l'ange gardien de sa vie eucharistique. Il se tient sans doute à l'entrée du sanctuaire comme le chérubin se tenait à l'entrée du paradis, un glaive flamboyant à la main.
Le fidèle s'approche-t-il pour communier : l'Archange sourit à l'âme qui se présente à son Dieu animée par la foi, la pureté et l'amour. N'a-t-il pas promis que celui qui lui rendrait le culte des neuf salutations aurait, en se rendant à la sainte Table, un cortège de neuf anges choisis dans les neuf choeurs (3).
Le prêtre monte-t-il à l'autel : l'Archange est le témoin de la grande action qui s'accomplit. L'Église nous dit qu'il se tient à la droite de l'autel. Quand, à la parole du prêtre, la divine Victime est descendue sur l'autel, l'Église fait réciter à son ministre profondément incliné cette invocation significative : « Dieu tout-puissant, [pag 36] commandez que ces offrandes mystérieuses soient portées par les mains de votre saint ange à votre autel sublime (4). »
Merveilleuse mission dont saint Michel a donné des preuves non équivoques. Saint Léon, offrant le saint sacrifice de la messe, vit un jour, au moment de cette invocation, saint Michel descendre sur l'autel, prendre la sainte hostie, la porter au ciel, la déposer sur l'autel céleste où Jésus est constamment en immolation devant son Père, et, quelque temps après, la remettre sur l'autel en lui disant : « Ce que je viens de faire ostensiblement à tes yeux, je le fais chaque jour et autant de fois que Jésus mon Maître s'immole par le glaive de sa parole, qu'il a mis entre les mains de ses ministres. »
Quand nous assistons à la messe, pensons à ce grand rôle de saint Michel et demandons-lui de porter au trône de Dieu, en-même temps que l'oblation sainte, nos voeux et nos prières.
Pratique. - Pénétrons-nous d'un saint respect quand nous entrons dans l'église et assistons à la sainte messe avec une religieuse dévotion.
Histoire. À York, en Angleterre, au temps des persécutions protestantes, la police descend faire une perquisition dans un couvent. Les agents se dirigent tout d'abord vers la chapelle, avec le but de profaner les saintes Espèces. Devinant leur sacrilège projet, la supérieure y court, saisit le ciboire et le dissimule sous son manteau. Tout à coup une pensée d'espoir luit dans son âme. Elle s'empare d'une statue de saint Michel et la place à l'entrée même de l'oratoire. « Grand Dieu, s'écrie-t-elle, sauvez-vous vous-même, nous ne pouvons vous sauver ! » La foule ameutée se précipite. [pag 37] Mais en présence de cette statue de l'Archange, elle reste comme interdite et n'ose avancer. Les cris ont cessé, les plus audacieux reculent, refoulant cette horde satanique jusque dans la rue. En un instant la maison est évacuée et les sœurs sont délivrées.
Saint Michel s'était montré le défenseur de l'Eucharistie et le protecteur des épouses du Christ.
PRIÈRE O saint Michel, qui adorez le Dieu caché et présentez à l'autel sublime la sainte offrande, réveillez notre foi, fortifiez notre espérance, excitez notre amour, afin qu'avec vous et comme vous nous adorions Celui qui s'immole pour nous, et que nous participions plus efficacement aux saints mystères, pour nous appliquer les mérites de la passion de Jésus-Christ. Ainsi soit-il.
DOUZIÈME JOUR Saint Michel, ange du Sacré-Cœur.
La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus semble avoir été, par la miséricorde divine, réservée à notre temps. La charité diminue, partout les cœurs se refroidissent. Qui les échauffera et leur donnera force et vigueur pour les luttes de la vie ?
Dans une apparition devenue célèbre, Jésus-Christ est sorti de l'obscurité de son tabernacle et il a dévoilé à la bienheureuse Marguerite-Marie son Coeur brillant comme un soleil, ardent comme une fournaise des rayons et des flammes s'en échappaient. En le lui montrant il a dit « Voilà ce Coeur qui a tant aimé les hommes ! » Comme s'il voulait dire : Et eux n'aimeront pas ? À la chaleur de mon Coeur, les leurs ne vont-ils pas s'échauffer ? À la vue de sa plaie béante et de son sang qui semble couler encore, ne seront-ils pas touchés ? Ne rendront-ils pas amour pour amour.
Jésus-Christ montre son Coeur, et il l'ouvre aux âmes. Mais qui les conduira à ce Coeur adorable ? Saint Michel il est l'ange du Sacré-Cœur.
Pour nous en convaincre, il suffit de nous rappeler les fins de la dévotion à ce Coeur adorable. C'est d'opposer à l'incrédulité, dont le flot monte toujours, une foi plus vive au Sauveur et à son amour. Or Saint Michel n'est-il pas le premier qui ait cru à Jésus-Christ et à son amour, par conséquent à son Coeur? [pag 39]
C'est d'opposer à l'indifférence, qui s'en va glaçant tous les coeurs et y éteignant les saintes ardeurs, un amour plus généreux. Or, après Marie, qui a aimé comme saint Michel, le premier des séraphins.
C'est de réparer les outrageants sacrilèges des hommes et leurs longs oublis à l'égard du Dieu-Eucharistie. Or saint Michel n'est-il pas le premier qui ait réparé la gloire de Jésus-Christ outragée par Lucifer, le premier qui ait combattu pour le Sacré-Cœur le premier qui l'ait adoré.
C'est de consoler le Sacré-Coeur de Jésus en compatissant avec lui. Or saint Michel n'est-il pas le premier qui ait fait l'Heure sainte ? Au jardin de Gethsémani Jésus-Christ était seul. Les apôtres qui l'avaient suivi dormaient. Il ne reçut d'autres consolations que celles de saint Michel, descendu du ciel pour le réconforter.
C'est encore, car la vraie dévotion va jusque-là, de rendre notre coeur conforme au Coeur de Jésus-Christ. Or qui, Marie exceptée, a imité le Sacré-Coeur comme saint Michel ? Le Sacré-Cœur de Jésus, c'est avant tout l'immolation, le sacrifice, puisque c'est l'amour qui se donne. Saint Michel aussi s'est immolé : il s'est immolé, au jour de l'épreuve, à la gloire de ce Dieu qui devait se faire homme et relever cette nature humaine, si humble et si déchue, au-dessus des choeurs resplendissants des anges.
Saint Michel est bien l'ange du Sacré-Cœur. Demandons-lui donc de conduire nos âmes à cette source de toute bénédiction.
Pratique. - Plaçons l'image du Sacré-Cœur ans nos maisons et faisons, chaque premier [pag 40] vendredi du mois, un exercice de piété en son honneur.
Histoire. La vénérable Philomène de sainte Colombe aperçut un jour le Coeur de Jésus tout rempli d'affliction et elle vit s'approchant de ce divin Coeur, deux étoiles d'une beauté et d'un éclat indicibles. Quand elles l'eurent touché, il se trouva aussitôt soulagé. Alors elles se posèrent l'une à droite et l'autre à gauche de ce Coeur sacré, et lui-même, sans perdre pourtant sa forme naturelle, se changea en une troisième étoile. Toutes trois demeurèrent ainsi triangulées, formant la figure qui est le signe de l'unité ou égalité des trois Personnes divines, Je compris, dit-elle, que ces trois étoiles représentaient le Coeur de Jésus, Marie Immaculée et l'archange saint Michel, et que le triangle qu'elles formaient signifiait l'unité de volonté qui les met tous les trois en parfaite harmonie pour le bien de l'homme. Marie veut demander, le Sacré-Coeur veut accorder et saint Michel veut distribuer ce que Marie a obtenu.
Ainsi d'après cette vénérable servante de Dieu, saint Michel est le messager qui distribue les grâces innombrables obtenues par Marie du Coeur de Jésus (1).
PRIÈRE Ô saint Michel, qui avez entendu les battements du Coeur de Jésus et qui avez pénétré le mystère de ce divin Coeur transpercé par la lance, faites-nous connaître les sentiments de ce Coeur adorable et conduisez-nous à cette source intarissable de grâces et de bénédictions. Nous vous prions aussi pour la France, la nation privilégiée à laquelle il a montré son amour. Obtenez-lui du Coeur de Jésus les grâces qui la relèveront. Ainsi soit-il.
TREIZIÈME JOUR Saint Michel, chevalier de Notre-Dame.
Au nom de Jésus tout genou fléchit. On peut dire qu'au nom de Marie toute tête s'incline. À ce même nom, les coeurs s'émeuvent doucement : c'est le nom d'une Souveraine et d'une mère. Les hommes lui donnent ce doux nom de mère. Les anges pourraient aussi le lui donner. Pour eux comme pour les hommes la source de la grâce et de la gloire surnaturelle est dans le Coeur de Jésus. On pourrait donc dire que pour eux comme pour nous Marie est la Mère de la divine grâce.
Qui exprimera le respect des anges pour leur Reine, leur amour pour Marie?
Saint Michel, sans nul doute, se distingue dans l'expression de ce respect et de cet amour. Nous pouvons dire qu'il se glorifie d'être le Chevalier de Marie.
Le premier il l'a reconnue. Il a compris que, grâce à son incomparable dignité de Mère du Verbe, elle deviendrait la Reine de toute créature, sa Reine par conséquent, et loyal chevalier, il s'est incliné devant elle. Ce fut pour elle comme pour le Verbe incarné qu'il combattit Lucifer.
S'il n'a pas été son ange gardien sur la terre, fonction qui semble avoir été réservé à saint Gabriel, il l'approcha cependant de bien près. Ne fut-il pas l'heureux témoin de la divine conception de son Fils, et ne devint-il pas alors le gardien vigilant du fruit béni de ses chastes entrailles ? À la Nativité, il s'empressa d'adorer [pag 42] son Maître dans les bras de sa Mère et mit tout son zèle au service de la sainte Famille. C'est lui qui vint dire à Joseph : « Prends l'Enfant et sa Mère, et pars (1) », et c'est grâce à lui que le dragon ne put rien tenter contre la Femme et son Fils (2).
La Sainte Vierge ne figure officiellement en la société d'un ange qu'une fois c'est au jour de l'Annonciation. Il nous faut, pour la retrouver en compagnie des anges aller jusqu'à ses derniers instants sur la terre et à sa glorieuse Assomption.
Un ange, dit une pieuse légende, vint annoncer à Marie sa bienheureuse délivrance. Elle lui demanda son nom. « Je m'appelle le Grand et le Merveilleux ou l'Admirable, » répondit-il. C'est le nom qui convient à saint Michel. À l’heure de son trépas, l'auguste Vierge s'étend sur sa couche. Jésus l'assiste, entouré d'un cortège d'anges. Sur l'invitation de Jésus-Christ, l'âme de Marie quitte son corps : saint Michel la reçoit et l'emporte au ciel. « Le Seigneur Jésus apparut, dit saint Grégoire de Tours, et recueillit l'âme de sa mère qu'il confia à l'archange Michel. » Bientôt, selon la Tradition, l'âme de Marie reprend possession de son corps, et la Vierge sort glorieuse du tombeau, pour aller s'asseoir sur le trône qui lui est préparé dans les hauteurs des cieux : elle y est transportée par les anges. Toute reine porte au front une couronne, symbole de sa souveraineté. La Reine du Ciel reçut le diadème royal. Certaines gravures, représentant ce glorieux couronnement de Marie nous montrent le Christ posant la couronne sur la tête de sa mère, avec l'aide de son ange. [pag 43]
Dans la dévotion à la Sainte Vierge, saint Michel est notre modèle. Il nous apprend à l'honorer, à la servir, à l'aimer. Demandons-lui ses sentiments envers cette auguste Souveraine.
Pratique. - Prions la Sainte Vierge avec confiance : on ne l'invoque jamais en vain.
Histoire. En 590 la peste désolait la ville de Rome de la façon la plus terrible. Le pape saint Grégoire convoque le peuple à une procession. Inspiré du ciel, il prend dans ses mains l'image de la Mère de Dieu, et nu-pieds, les épaules couvertes d'un sac de pénitence, il parcourt la ville. Il arrive sur le pont qui fait face au môle d'Adrien ; alors se font entendre dans les airs des voix merveilleuses : ce sont les anges qui chantent le Regina coeli. Le Pontife y mêle sa voix suppliante « Priez Dieu pour nous (3) », ajoute-t-il. A l'instant un ange apparaît sur la cime du mausolée : il tient à la main une épée nue et la rentre dans son fourreau c'est que Dieu fait miséricorde et c'est par l'intercession de Marie que lui, Michel, le ministre de la justice divine, dépose le glaive vengeur.
PRIÈRE Auguste Reine des cieux, souveraine maîtresse des anges, vous qui dès le commencement avez reçu de Dieu le pouvoir et la mission d'écraser la tête de Satan, nous vous le demandons humblement, envoyez vos légions saintes, pour que, sous vos ordres et par votre puissance, elles poursuivent les démons et les combattent partout.
Saint Michel Archange, défendez-nous. Ainsi soit-il.
QUATORZIÈME JOUR Saint Michel, protecteur de l'Église.
Nous avons entrevu le rôle que saint Michel a rempli vis-à-vis de la Synagogue. Ce rôle ne finit pas avec elle.
Dans la nouvelle loi, saint Michel est demeuré le bras de Dieu, l'ouvrier des divins triomphes. Il a conduit le peuple hébreu au berceau du Messie ; il prend, à ce berceau, le nouveau peuple de Dieu: il le protègera jusqu'à la fin des temps.
L'Église reconnaît saint Michel pour son ange tutélaire et son patron spécial. Elle le déclare en ces termes dans sa liturgie : « L'Église de Dieu, comme l'ancienne synagogue, honore en saint Michel son Gardien et son Protecteur. » C'est justice, car la protection de saint Michel ne lui a jamais manqué.
L'Archange, en effet, délivre saint Pierre de la prison et reste fidèle à l'Église dans son long martyre de trois siècles, temps affreux des persécutions, où il lui faut soutenir le choc terrible des passions ameutées et de l'enfer conjuré.
Il fait briller aux yeux ravis de Constantin le signe de la victoire, et arrête aux portes de Rome les hordes sauvages conduites par Attila le fléau de Dieu. C'est pourquoi saint Léon IV l'appelle à son secours quand les Sarrazins envahissent l'Italie. Lorsqu'à diverses époques de l'histoire, des ennemis s'approchent de Rome, c'est dans le fort Saint-Ange, que les papes confiants se [pag 45] réfugient. Quand la chrétienté tout entière se lève pour délivrer le tombeau de Jésus-Christ, l'Archange vient au secours de ses armées. Sélim s'avance-t-il vers l'Occident avec une flotte formidable ? c'est sans doute la Vierge du Rosaire qui, à Lépante, donne la victoire à l'armée catholique ; il n'est pas téméraire pourtant d'y faire intervenir saint Michel : il veillait sur l'Italie du haut du mont Gargan.
Saint Michel assiste l'Église dans ces conquêtes pacifiques qui s'appellent la conversion des peuples. Saint Boniface l'invoque au milieu des plaines de la Germanie. Charlemagne, vrai soldat de l'Église, promène l'étendard de l'Archange à travers l'Europe gagnée à la foi, Jean XXII le donne pour protecteur à la Tartarie. Saint François-Xavier lui confie le Japon.
Il est impossible de rapporter tous les faits merveilleux attribués à l'intervention de saint Michel. Il nous suffira de dire que dans toutes ses épreuves, l'Église s'est plu à répéter la parole de Daniel: « Je n'ai, en mes adversités, d'autre aide que saint Michel (1). »
Le temps où nous vivons est pour l'Église une époque de crise redoutable, il y a de quoi trembler. Pourtant n'ayons pas peur. Sous sa protection, l'Église continuera d'éclairer le monde et de le sauver.
Pratique. - Prions souvent pour la sainte Eglise afin que Dieu la délivre de ses ennemis.
Histoire. L'Église, au Ve siècle, avait un particulier besoin de la protection de saint Michel : les barbares arrivaient, l'empire romain s'écroulait sous leurs attaques et des temps [pag 46] nouveaux commençaient, chargés d'orages. Pour garder Rome, siège de la papauté, saint Michel descend sur un promontoire d'Italie au bord de l'Adriatique, en face de cet Orient, berceau des hérésies et terre des Sarrasins qui seront si longtemps la terreur de l'Europe civilisée.
Un homme riche de Siponte constate un jour la disparition d'un bœuf de son troupeau qui était allé paître sur les flancs du mont Gargan. Il le cherche, et le trouve au sommet de la montagne, à l'entrée d'une caverne inaccessible. Il lui décoche une flèche, mais ô prodige, le trait lancé revient et le blesse lui-même. On consulte l'évêque. Celui-ci ordonne des prières et des jeûnes. Alors le Prince des Anges lui apparaît et lui dit : « Je suis l'archange Michel. J'ai choisi ce lieu pour m'y faire honorer, j'en serai le protecteur et le gardien à jamais. » Les Sipontains accourent en foule vers ce lieu béni. « Celui qui a édifié ce sanctuaire, avait encore dit l'Archange à l'évêque, l'a consacré lui-même. Vous y verrez le signe de sa miraculeuse consécration. » En pénétrant dans la grotte, l'évêque trouve un manteau de pourpre et reconnaît le marbre où l'Archange avait posé le pied.
L'Église fait mémoire de cette apparition le 8 mai.
PRIÈRE Nous vous en supplions, Prince invincible, secourez le peuple de Dieu et donnez-lui la victoire. Il vous vénère, ce peuple, comme son protecteur et son patron, et l'Eglise se glorifie de vous avoir pour défenseur contre les puissances de l'enfer. À vous Dieu a confié le soin de conduire les âmes à la céleste béatitude. Priez donc le Dieu de paix de mettre sous nos pieds Satan vaincu et tellement abattu, qu'il ne puisse plus retenir les hommes dans l'esclavage ni causer de préjudice à l'Église. Ainsi soit-il. (Tiré d'une prière composée par Léon XIII.)
QUINZIÈME JOUR Saint Michel, ange gardien du Souverain Pontife.
Pour nous, chrétiens, la plus grande autorité sur la terre est celle du Souverain Pontife. Le Pape est le vicaire de Jésus-Christ : en son nom il parle et il gouverne. Il en résulte que la responsabilité du Chef de l'Église est formidable ! Sur ses épaules repose le souci de l'Église entière. Des forces humaines n'y suffiraient pas : il y faut une force divine. Qui la lui donnera ? L'homme constitué en dignité, dit saint Thomas, a pour guide de sa personne privée un ange d'un ordre inférieur ; mais pour bien gouverner la multitude qui lui est confiée, il est éclairé par un ange supérieur.
Quel est cet ange supérieur chargé de garder le Souverain Pontife, de l'éclairer, de le diriger ? Dieu, affirme saint Basile, a constitué saint Michel ange gardien du Chef visible à l'Église, et dans la suite des temps, il nous apparaît toujours comme le protecteur, le conseiller et le vengeur de la papauté. C'est l'opinion des commentateurs. Celui qui, dit Corneille La Pierre, est le gardien du corps de l'Église, doit l'être aussi de la tête. Une pieuse croyance, continue le P. Faber, assigne saint Michel pour ange gardien au Pontife régnant.
Nous avons des preuves nombreuses de cette fonction de saint Michel. Les commentateurs le reconnaissent dans l'ange libérateur de saint [pag 48] Pierre, le premier des papes. Dieu a envoyé son ange, dit l'apôtre lui-même. Cette seule expression suffit à désigner saint Michel.
Attila marche sur Rome. Le pape Léon Ier vient à sa rencontre comme un suppliant. Des prières et des larmes, c'est peu pour arrêter le barbare victorieux. Mais près du pontife apparaissent un céleste guerrier, qui brandit une épée, et deux vieillards vénérables, qui menacent de mort l'audacieux, s'il ne recule. Attila se retire épouvanté.
Léon IV proclame qu'il a remporté sur les Sarrasins une éclatante victoire par le bras de saint Michel. D'autres papes témoignent dans leurs lettres de leur confiance en lui. L'un a même fait représenter l'Archange tenant en main le gouvernail de la barque de Pierre, avec cette inscription Saint Michel, soyez mon protecteur et mon défenseur, comme vous l'avez été de tous ceux qui m'ont précédé sur la chaire de Pierre.
Il n'est donc pas surprenant que de bonne heure les papes aient à Rome, élevé des temples et fait célébrer des fêtes en l'honneur de saint Michel. Plusieurs même sont allés le prier dans son sanctuaire du mont Gargan, et par lettres ou messagers ont fait recommander les affaires de l'Église à son célèbre sanctuaire du Mont « au péril de la mer » en France. Plusieurs ont patronné avec instance le culte de saint Michel. En retour de leur dévotion, l'Archange les a aidés dans leurs entreprises et dans leurs luttes pour la défense des droits de la Sainte Église. De nos jours Pie IX et Léon XIII ont maintes fois invité le peuple de Rome et le monde chrétien tout entier à l'honorer et à recourir à son intercession. [pag 49]
Pratique. - Prions pour le Souverain Pontife, qui est le père de nos âmes, et recevons avec docilité ses enseignements.
Histoire. Sur l'ordre d'Hérode, le Prince des apôtres a été jeté en prison. L'Église naissante, apprenant cette nouvelle, s'est mise en prières. Or la nuit pendant que saint Pierre dort, lié de deux chaînes, entre deux soldats, une lumière intense brille dans la prison et l'ange de Dieu apparaît. « Lève-toi », dit-il à saint Pierre, en le secouant. À l’instant les chaînes de l'apôtre tombent. « Prends tes vêtements, continue l'ange, mets tes sandales et suis-moi. » Devant eux les portes s'ouvrent, même la porte de fer qui conduit à la ville. Ils sortent, marchent quelque temps ensemble, puis l'ange disparaît. Alors l'apôtre revient à lui comme d'un songe. « Je vois maintenant, dit-il, que Dieu m'a envoyé son ange pour me tirer des mains d'Hérode. »
Prions pour l'Église afin qu'elle ait partout la liberté nécessaire à son ministère.
PRIÈRE Très glorieux Prince des célestes milices, levez-vous. Voici que Satan a relevé la tête. Des ennemis pleins d'astuce ont comblé d'opprobres et abreuvé d'amertume l'Église, épouse de l'Agneau immaculé, et sur ses biens les plus sacrés ils ont porté leurs mains sacrilèges. Même en ce lieu saint où a été établi le siège de Pierre et la chaire de vérité qui doit éclairer le monde, ils ont élevé le trône de leur impiété avec le dessein inique de frapper le Pasteur et de disperser le troupeau. Nous vous en conjurons : présentez nos prières aux regards du Tout-Puissant, afin que les miséricordes du Seigneur nous préviennent au plus tôt. Ainsi soit-il.
SEIZIÈME JOUR Saint Michel, défenseur des chrétiens.
Les Juifs, au retour de la captivité de Babylone, songèrent à relever les murs de Jérusalem ; mais vu les dispositions hostiles des peuplades voisines, ils se divisèrent comme en deux sections. Les uns se mirent au travail ; les autres rangés en bataille sous les ordres des princes de Juda, se tinrent prêts à repousser les assauts des ennemis qui avaient juré d'empêcher le succès de l'entreprise. Les ouvriers eux-mêmes étaient armés ; il leur fallait souvent, tout en préparant les matériaux et en disposant les pierres, suspendre le travail et tirer l'épée.
Voilà l'image du chrétien. C'est un constructeur et un soldat. Il bâtit à la gloire de Dieu un temple magnifique. Sa vie doit être consacrée comme nos temples les plus majestueux, Deo optimo maximo, c'est bien au Dieu très bon et très grand qu'elle est dédiée. Mais il ne peut se flatter d'élever et d'achever en paix l'édifice qu'il a entrepris de construire. Des ennemis l'entourent, nombreux, infatigables, qui mettent à l'épreuve sa constance et le harcèlent de mille manières. Il doit travailler l'épée à la main : c'est un soldat.
Le chrétien, tout seul, pourrait-il résister à un ennemi qui est légion ? Dieu y a pourvu : il lui a donné un défenseur. La sainte Eglise l'affirme quand elle dit : « Archange Michel, venez au [pag 51] secours du peuple de Dieu (1). » Le défenseur des chrétiens, d'après saint Anselme, est le vainqueur de Satan lui-même, c'est cet ange formidable qui a la puissance de lier le dragon pour mille ans ; c'est saint Michel, le chef de la milice céleste, qui a le don de faire trembler Satan et de le mettre en fuite. - Aussi bon nombre d'auteurs appellent saint Michel le soutien de l'humanité déchue, le défenseur de la foi des chrétiens, le bouclier vivant de ceux qui veulent combattre les démons et sauver les âmes.
Non content d'obtenir à ceux qui l'invoquent la force de résister aux séductions de l'enfer, saint Michel en personne combat pour eux. « Va, disait-il un jour à Gédéon en l'envoyant contre les Madianites, je serai avec toi et tu vaincras (2). » il agit ainsi à l'égard de ceux qui lui sons dévots. Il aime tant les hommes, dit saint Brunon de Segni, que jour et nuit il lutte pour eux contre le Dragon infernal. Le diacre Pantaléon ajoute qu'il est toujours campé autour des fidèles, c'est-à-dire qu'avec ses anges il monte autour de nous une garde vigilante, afin que nous ne devenions pas la proie de nos ennemis. N'est-ce pas ce que nous indique l'Église dans cette parole de sa liturgie : L'archange est debout prêt à venir au secours des âmes justes (3) ?
L'Église n'a pas seulement pour but de nous rappeler son triomphe au ciel, quand elle nous représente saint Michel dans l'attitude d'un guerrier, la cuirasse sur la poitrine, la lance ou l'épée à la main, et son ennemi sous son pied vainqueur. Elle veut encore exprimer la mission qu’il a reçue de Dieu de combattre pour nous et de nous protéger. Il faut donc l’invoquer avec confiance. Si les âmes pieuses, écrivait Viégas, [pag 52] ne reçoivent pas tous les secours et toutes les consolations qu'elles pourraient obtenir, c'est qu'elles oublient de prier saint Michel, ou qu'elles le prient mal.
Pressons-nous donc sous l'égide du puissant Archange, et supplions-le de combattre en notre faveur. Soutenus par lui, nous serons forts contre les entreprises du démon et les séductions du monde.
Pratique. - Dans les tentations, recourons à saint Michel ; son nom est terrible à l'enfer.
Histoire. Un vieil auteur, écrivant l'histoire du Mont Saint-Michel au péril de la mer, se plaît à dire que l'Archange, en prenant possession du mont Tombe, se constitua le défenseur des peuples de l'Occident.
Cette célèbre apparition remonte à l'année 708. Saint Aubert gouvernait sur l'église d'Avranches. Le bienheureux archange Michel lui apparut et lui demanda de construire en son honneur un oratoire au sommet du mont Tombe. Les difficultés étaient grandes ; le saint pontife hésitait. L'Archange insista et, pour lui faire comprendre que telle était bien sa volonté, il le toucha au front et lui imprima dans le crâne la marque de son doigt. Il n'y avait plus à délibérer.
Saint Aubert se mit à l'oeuvre. De même qu'au mont Gargan, le choix de l'emplacement, la construction, la dédicace de l'oratoire furent entourés de circonstances miraculeuses. Bientôt ce sanctuaire « au péril de la mer » fut fameux dans le monde entier. Ces événements sont devenus l'objet d'une fête que l'Église de Coutances célèbre à la date du 16 octobre (4).
Le mont Tombe s'appelle maintenant le Mont Saint-Michel.
PRIÈRE Saint Michel archange, défendez-nous dans le combat et dans la terrible lutte que nous avons à [pag 53] soutenir contre les principautés et les puissances, contre les princes de ce monde, contre les esprits malins (5). Venez au secours des hommes que Dieu a créés immortels, qu'il a formés à son image et ressemblance et qu'il a rachetés à grand prix de la tyrannie du démon. Ainsi soit-il.
DIX-SEPTIÈME JOUR Saint Michel, ange de la paix.
Saint Michel est invoqué sous le nom d'Ange de la paix. L'église dans son office fait cette prière: Que Saint Michel, ange de la paix, descende des sommets du ciel jusque dans nos demeures pour faire régner une douce paix parmi nous et reléguer en enfer les guerres qui font couler tant de larmes (1)
La paix ! c'est le grand besoin des individus et de sociétés.
Longtemps l'humanité chercha la paix sans pouvoir la trouver. Elle avait déclaré la guerre à Dieu, Dieu se tenait pour offensé et la guerre durait toujours. En vain faisait-elle monter vers le ciel ses supplications, ses soupirs, la fumée de ses sacrifices. Ses oblations, ses gémissements, ses larmes n'arrivaient point à apaiser le Seigneur. Aussi la terre demeurait dans sa désolation. Il en fut ainsi jusqu'à ce qu'un cantique retentît dans les cieux pour annoncer que l'ère de la paix allait commencer : Paix aux hommes!
Le ciel a donné la paix à la terre. Et cependant ils sont nombreux les hommes qui n'ont pas la paix. Hélas ! ils ont prêté l'oreille aux suggestions de l'éternel révolté. Or il est écrit : « Qui a résisté à Dieu et a pu garder la paix (2) ? » La paix est seulement pour l'homme de bonne volonté, pour le fidèle qui n'hésite pas entre [pag 55]Dieu et le monde, entre Jésus-Christ et Satan, entre le bien et le mal. Elle est pour le vaillant qui se fait une loi de la volonté divine, pour l'intrépide qui lutte contre ses passions, qui impose silence aux convoitises des sens.
Comment obtenir cette paix qui surpasse tout sentiment (3), véritable avant-goût du bonheur du ciel ? Saint Michel est chargé de nous la procurer. Il est l'ange de la paix : dans la nuit glorieuse de la Nativité, il l'annonça solennellement à la terre, et il aide merveilleusement les âmes à la conquérir. À cette paix il y a des obstacles : les tentations. Voilà pourquoi dans nos luttes intimes il faut nous tourner vers saint Michel : avec son secours nous garderons l'ardeur de notre foi et la pureté de notre cœur.
C'est à lui aussi qu'il faut nous adresser au milieu des peines et des épreuves de la vie : il saura nous apporter la tranquillité, le calme, la consolation.
Saint Michel est l'ange de la paix pour les individus, il l'est aussi pour les sociétés.
La paix, c'est la cessation des hostilités. Or saint Michel a été souvent invoqué pour terminer les guerres. Charlemagne fit bâtir une église sous le vocable de Saint-Michel-de-la-Paix, sans doute pour remercier le grand Archange d'avoir favorisé ses armes et rétabli la paix dans son vaste empire. Le pape Boniface érigea à Rome une chapelle à laquelle il donna le tire de « Saint Michel, prince à qui l’on a demandé la paix ». Enfin l'Eglise a souvent recommandé d'implorer le secours de l'Archange, afin qu'il apporte ou conserve à la terre le bienfait de la paix.
La paix, c'est la concorde. Saint Michel s'emploie encore à la procurer à l'humanité. La discorde et la révolution sont l'œuvre de Satan. Il [pag 56] les sema l'une et l'autre au ciel et entraîna ainsi dans sa révolte un tiers des anges. Il les sème toujours à travers le monde, pour le malheur des nations qu'elles bouleversent. Saint Michel a le pouvoir d'en arrêter les funestes effets. Si de nouveau la révolution agite la société et la menace ; si saint Michel paraît indifférent devant les audacieuses entreprises de Satan, c'est que nous méritons les châtiments du ciel. Rendons-nous dignes de la puissante intervention de l'Archange par une vie vraiment chrétienne et par d'incessantes prières. Il nous écoutera enfin, et donnera à notre pays cette paix que nous souhaitons tous.
Pratique. - La paix, dit saint Augustin, est la compagne inséparable de la charité. Que s'accroisse donc en nous l'amour de Dieu et du prochain.
Histoire. La fronde fut une époque de troubles pour la France. Dans le pressant danger que courait le pays, la régente Anne d'Autriche n'oublia rien pour apaiser le ciel et rétablir l'ordre en son royaume. Elle demanda conseil à un homme de Dieu, M. Olier ; celui-ci lui persuada de faire un voeu à l'Archange protecteur de la France. Elle promit de faire ériger un autel sous le titre de saint Michel et des saints anges, et d'y faire célébrer solennellement, tous les premiers mardis du mois, le très saint sacrifice de la messe, afin d'obtenir la paix de l'Église et de l'État.
Par l'intervention de saint Michel, les passions déchaînées s'apaisèrent, et bientôt l'ordre fut rétabli.
PRIÈRE Ô Prince de la paix, regardez avec bienveillance ce pays qui vous est confié et apportez-lui [pag 57] la paix et la concorde. Secourez les peuples chrétiens et reléguez en enfer les guerres qui font couler tant de larmes. Descendez des sommets du ciel jusque dans nos demeures pour faire régner la paix parmi nous. Ainsi soit-il.
DIX-HUITIÈME JOUR Saint Michel, ange de la prière.
La prière est la grande loi de l'humanité, on peut même dire qu'elle est la loi des êtres.
Mais évidemment la vraie prière ne se trouve que sur les lèvres de l'homme. Lui seul, parmi les créatures terrestres, regarde le ciel ; lui seul anime la nature par la prière et par l'amour, il est la voix qui loue, l'intelligence qui connaît, le coeur qui aime; lui seul devant son Créateur étend les bras, plie le genou, courbe le front et raisonne ces actes divers. Or ce qu'il dit ainsi à Dieu lui plaît infiniment plus que les feux du soleil, le décor varié des mondes, le rythme mystérieux des vagues de l'océan, le frisson poétique des souffles dans la forêt, le chant si doux des oiseaux dans la campagne.
Si la prière est l'hommage de la créature à son Dieu, elle est surtout l'aveu de sa propre indigence. On dirait que le bras de l'homme n'est pas assez long pour saisir l'objet qu'il convoite. Il faut que Dieu intervienne pour l'aider, le soutenir, l'éclairer, le fortifier. Or pour appeler Dieu, pour le rapprocher de l'homme, la prière est indispensable. Elle est le premier besoin de l'homme.
La sainte Écriture définit nos jours en deux mots : pauci et mali, ils sont comptés avec parcimonie et ils sont remplis d'amertume. On peut quelque temps marcher au milieu des illusions, [pag 59] comme par un chemin de fleurs. Mais bientôt les illusions s'envolent, et il ne reste plus que le désenchantement. Alors on cherche des consolations. Où les trouver, à qui s'adresser ? Dans quel coeur verser le trop plein de son propre coeur ? Le remède est depuis longtemps indiqué. Quelqu'un est-il triste, dit saint Jacques, qu'il prie (1). Par la prière nous versons dans le coeur de Dieu nos chagrins et nos soucis. Le résultat est infaillible. Mille fois nous l'avons expérimenté. Nous avons levé les yeux vers le ciel et tendu vers Dieu nos bras appesantis par les fardeaux de la vie, et sincèrement nous avons jeté un appel pressant à la miséricorde divine. Après avoir ainsi prié, nous avons senti descendre en nous force, lumière, consolation. Dieu nous avait entendus, Dieu nous avait visités ; la prière ne le laisse jamais insensible.
Jacob un soir s'endort dans le désert : il voit une échelle dont le pied touche la terre et dont le sommet se perd dans les cieux. Et par cette échelle des anges montent et descendent. Ainsi les anges montent portant nos voeux et nos prières, et ils descendent nous rapportant grâces et faveurs. Saint Michel là haut reçoit nos prières : c'est lui qui a la charge de les présenter à Dieu. Nous sommes autorisés à le reconnaître dans cet ange vu par saint Jean debout devant l'autel avec un encensoir d'or à la main. On lui donna une grande quantité de parfums, afin qu'il présentât les prières de tous les saints sur l'autel d'or qui est devant le trône, et la fumée des parfums composés des prières des saints, s'élevant de la main de l'ange, monta devant Dieu (2).
Voilà pourquoi l'Église demande à Dieu dans sa liturgie de daigner bénir l'encens et de [pag 60] l'agréer par l'intercession du bienheureux archange Michel qui est à la droite de l'autel des parfums (3).
Ainsi saint Michel a charge de présenter à Dieu nos prières. Ayez confiance, vous qui êtes les serviteurs de ce saint Archange : présentées par ses mains, vos supplications seront agréables au Seigneur et vous obtiendront grâce et miséricorde.
Pratique. - Soyons fidèles à la prière : c'est la suprême ressource du chrétien.
Histoire. Le peuple de Dieu réclamait un nouveau libérateur. L'ange du Seigneur descend. Saint Michel, d'après les commentateurs, apparaît à l'épouse de Manué et lui annonce la naissance de cet enfant de prodiges qui sera Samson. Les deux époux supplient l'ange de prendre la nourriture qu'ils vont lui préparer. Il refuse ; mais dit-il, si vous voulez faire un sacrifice, offrez-le au Seigneur. Qui êtes-vous donc, répondent-ils, et quel est votre nom, afin que, si votre prophétie s'accomplit, nous puissions vous honorer? Pourquoi, reprend l'ange, me demander mon nom qui est admirable ? Manué dépose l'holocauste sur une pierre et l'offre au Seigneur. La flamme monte de l'autel vers le ciel et l'ange monte avec elle. - Il indiqua de la sorte qu'il agréait le sacrifice et le portait à Dieu.
Saint Michel porte ainsi au Très-Haut nos sacrifices et nos prières.
PRIÈRE Bienheureux Archange, qui avez la fonction d'offrir nos voeux sur l'autel des parfums, soyez-nous propice. Nous vous exposons avec confiance nos besoins : faites-vous notre avocat auprès du Seigneur. Prince très glorieux, [pag 61] archange Michel, souvenez-vous de nous: ici, partout et toujours priez pour nous le Fils de Dieu (3). ainsi soit-il.
DIX-NEUVIÈME JOUR Saint Michel, ange de la lumière.
Les hommes de notre temps absorbés dans les préoccupations de la vie, emportés par le courant des choses présentes, ne voient rien au-delà des plaisirs, des richesses, des honneurs, des espérances de la terre. Leur vie assurément est une vie sans lumière ; elle est le jouet de fausses lueurs, de mirages mensongers, d'illusions décevantes.
Nos savants ont fait de merveilleuses découvertes ; or ni en bas, ni en haut, ils n'ont trouvé Dieu. Nulle part ils n'ont discerné sa présence et son action. Il leur manque pour cela le rayon qui descend du ciel et fait apparaître la création dans sa véritable auréole : elle devient alors le miroir des choses divines, un livre plein de Dieu.
Les hommes affamés de jouissances, à genoux devant les créatures, leur demandent le bonheur. Or ils y rencontrent des inquiétudes dévorantes et de profondes amertumes. Il leur manque la lumière du Christ qui fait comprendre le coeur humain, ce coeur capable d'aspirations infinies et que seul Dieu peut satisfaire.
Si le coeur a soif de bonheur, l'esprit a soif de lumière. La vérité est son besoin, sa vie. Sans elle il souffre et languit, comme la nature souffre et languit lorsque le soleil a disparu de ses horizons. Or combien d'hommes ne discernent pas la vérité, et combien se demandent où elle est ? Semblables aux aveugles, ils demandent ce qu'est le soleil et quels bienfaits il apporte au monde ! Il leur manque la lumière de la vérité [pag 63] qui délivre et sauve, dissipe tout nuage et perce toutes ténèbres.
À ceux qui ne savent plus distinguer la vérité, ajoutons ceux qui ne savent plus ce qu'est le bien, ce qu'est le mal. Ne sommes-nous pas à un temps où toute vérité est diminuée ? Le monde s'est fait un évangile et un code de morale, où chaque vice trouve un prétexte ou une excuse. Il manque au monde la lumière divine qui montre le bien et le fait aimer, montre le mal et le fait haïr.
Au milieu de ces ténèbres qui, chaque jour plus épaisses, enveloppent la société et portent la nuit dans les âmes, saint Michel fera briller aux yeux du chrétien le pur soleil de la vérité ; il est l'ange de la lumière, l'ange de la foi. Saint Jean parle de lui quand il dit : « J'ai vu l'ange dont le visage étincelait comme le soleil (2). » Dieu l'a revêtu de cette lumière dont l'ange déchu avait été jusque-là l'incandescent foyer ; et, réflecteur puissant de la lumière divine, il est chargé de la projeter par une merveilleuse irradiation à travers la création entière.
L'ange rebelle poursuit sans relâche son but : jeter dans les esprits le doute, l'incrédulité: il est l'ange du mensonge, l'ange des ténèbres. Son éternel vainqueur déjoue ses noirs complots en répandant partout la lumière : il éclaire les âmes, dissipe leurs incertitudes et les fait s'épanouir dans les clartés surnaturelles. Au ciel, au cri de saint Michel, la lumière jaillit éblouissante, et les anges virent Dieu au milieu de sa gloire inaltérable ; ils crurent et ils adorèrent.
Pratique. - Gardons notre foi et sachons éviter tout ce qui pourrait obscurcir ce divin soleil de nos âmes.
Histoire. Saint Aubert, ayant bâti sur le mont Tombe le sanctuaire demandé par l'Archange, envoya deux de ses chanoines chercher des reliques au mont Gargan en Italie. Ils rapportèrent un fragment du voile que saint Michel avait placé sur l'autel de la crypte, et un morceau du marbre sur lequel il avait laissé l'empreinte de ses pas. Au passage de ces dons précieux, les foules s'émurent, et la confiance en saint Michel obtint à plusieurs malades la guérison de leurs infirmités. Entre autres merveilles, douze aveugles recouvrèrent la vue. Un miracle éclatant s'opéra tout près du mont. Une pauvre femme du village d'Astériac suivait la procession, mais elle gémissait de ne rien voir. Or tout à coup ses yeux s'ouvrirent ; étonnée de voir ainsi subitement, et ravie de tout ce qui frappait ses regards, elle s'écria : Qu'il fait beau voir !
D'après la tradition, ce miracle et ce cri auraient donné à ce village le nom de Beauvoir qu'il porte maintenant.
Qu'il fait beau voir ! C'est le cri du croyant qu'illumine l'ange de la lumière.
PRIÈRE Archange glorieux, vous qui êtes le Prince de la Lumière, défendez notre foi contre les entreprises de l'esprit de ténèbres, éclairez-nous toujours, afin que marchant à la lueur de ce divin flambeau, nous ne perdions jamais de vue le Maître qu'il nous faut servir, le chemin que nous avons à suivre et le bien que nous devons pratiquer. Ainsi, nous en avons l'espoir, nous mériterons d'être introduits par vous dans la céleste lumière (3). Ainsi soit-il.
VINGTIÈME JOUR Saint Michel, ange de la force.
La vie chrétienne peut se définir l'acheminement de l'âme vers Dieu, vers l'éternité. Mais acheminement signifie marche en avant ; par conséquent effort, progrès. Or l'effort et le progrès supposent la lutte, la violence, le combat. La vie de l'homme sur la terre est donc bien un combat (1). Aussi l'énergie est le premier caractère du chrétien. Tout vrai chrétien doit être fort et généreux.
Or, au temps où nous vivons, les âmes sont atteintes d'une déplorable faiblesse : faiblesse dans le jeune homme devenu si tôt la victime de l'entraînement, l'esclave des passions ; faiblesse dans l'homme mûr sensible au respect humain et incapable d'affirmer ses convictions ; faiblesse dans la famille où le devoir, le respect, l'obéissance, l'amour sont méconnus. L'indifférence glace les coeurs, l'incrédulité envahit les esprits, le courant des passions entraîne les volontés ; car les âmes comme anémiées ne savent pas résister à ce torrent de démoralisation, de scepticisme et d'impiété qui coule à pleins bords et contre lequel la société n'est pas protégée.
Saint Michel nous donnera la force et la vaillance. Selon des interprètes, cet ange fort vu par saint Jean dans l'Apocalypse est saint Michel. Il a été le glorieux champion des droits de Dieu contre Lucifer ; loin de se laisser éblouir par le [pag 66] prestige lumineux de l'ange superbe, loin de se laisser gagner par le grand nombre des esprits rebelles, il proclama à la face du ciel sa fidélité et sa soumission ; il trouva en son coeur ce cri, véritable et définitif mot d'ordre des vaillants : Qui donc est comme Dieu?
La tentation pour nous est partout. Elle est dans le prestige des mots sonores habilement semés autour de nous ; dans ces doctrines de néant et de volupté partout prônées ; dans ces doutes et ces négations à l'ordre du jour ; dans cette séduction permanente du grand nombre de ceux qui refusent de croire et d'adorer ; dans cet orgueil et dans ce désir effréné de jouir où se pervertissent tant de volontés.
Allons à saint Michel et regardons-le. Il fut fort, parce qu'il crut. La foi est une source de force. C'est écrit dans la Bible comme une affirmation triomphante, une promesse pleine d'espoir : la foi fait remporter la victoire (2).
Il fut fort, parce qu'il resta dans l'humilité. Il s'humilia devant le Christ entrevu, et Dieu lui donna sa grâce. Lucifer, au contraire, refusa de plier le genou ; mais ce fut la cause de sa perte. Dieu lui résista : il résiste aux superbes. L'humble est fort aussi : il a le secours que Dieu accorde toujours aux humbles.
Nous avons aussi l'exemple de saint Michel nous avons aussi sa protection, et près de Dieu son intercession. Levons-nous pour les glorieux combats de la foi et de la vertu. Avec l'aide de saint Michel nous vaincrons et nous conquerrons la gloire destinée à récompenser les braves. « Soyez forts dans le combat, luttez contre l'antique serpent, et vous entrerez en possession du royaume éternel (3). » [pag 67]
Pratique. - Pour avoir la force, allons la puiser à ses sources la prière et les sacrements.
Histoire. Au VIIIe siècle un animal étrange répandait la terreur en Irlande. L'évêque ordonna un jeûne de trois jours, puis convoqua son peuple pour aller attaquer ce monstre et le mettre à mort. Ils découvrirent la bête au sommet d'une montagne et se mire à pousser de grands cris pour l'exciter. Comme elle restait immobile, ils approchèrent. A leur grand étonnement, ils virent qu'elle était tuée. Or près du dragon ils trouvèrent un petit bouclier et une épée. D'où venaient ces armes, qui paraissaient plutôt des jouets d'enfant que des armes de soldat ? La nuit saint Michel apparut à l'évêque « Je suis l'Archange Michel, lui dit-il, toujours présent devant le trône de Dieu où j'aime à vous défendre et à vous protéger. C'est moi qui ai détruit ce monstre que vous n'auriez pu vaincre. Les armes que vous avez trouvées sont miennes. Je vous les ai laissées en souvenir de ce que j'ai accompli pour vous. Mais je veux que ces armes soient portées au Mont qui m'est dédié au-delà des mers. »
Aux siècles passés on pouvait voir au trésor de l'abbaye du Mont Saint-Michel ce bouclier et cette épée.
Saint Michel, si nous l'en prions, combattra pour nous le dragon, et l'empêchera de nous nuire.
PRIÈRE Saint Michel archange, défendez-nous dans le combat ; soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon. Que Dieu lui commande : c'est notre prière suppliante. Et vous, Prince de la milice céleste, par la vertu divine dont vous êtes revêtu, repoussez en enfer Satan et les autres esprits mauvais qui sont répandus dans le monde pour la perte des âmes. Ainsi soit-il.
VINGT-UNIÈME JOUR Saint Michel, ange de la douleur.
Souffrir est la grande loi de la vie humaine. La douleur s'attache à nous comme l'ombre suit nos pas. Nous avons beau la fuir : elle nous accompagne inexorable. Des voies nombreuses la conduisent jusqu'à nous, et elle nous atteint dans tout notre être : dans notre esprit qu'elle tourmente par des anxiétés, des doutes, des scrupules ; dans notre coeur qu'elle déchire par des séparations, des oublis, des ingratitudes, des deuils ; dans notre âme qu'elle saisit jusque dans ses replis les plus cachés ; dans notre corps qu'elle accable par le travail, qu'elle use par les privations, qu'elle torture, brise, dévore par la maladie.
Dieu, veut, semble-t-il, nous faire ressentir tous les aiguillons de la couronne d'épines, nous faire porter tout le poids de la croix. Comme le jour succède au jour, la peine succède à la peine. Ah ! il est à plaindre celui qui souffre et qui n'a pas la foi !
Pour nous chrétiens, au sein de tant de tristesses, d'angoisses et de douleurs, d'où nous viendra le rayon béni qui éclaire les ombres de la pauvreté et les ténèbres de la souffrance ? Où puiserons-nous la force qui soutient la faiblesse, relève le coeur ; l'espérance qui donne du courage et console en entr'ouvrant les perspectives de l'éternité ?
Le Rédempteur du monde voulut souffrir. Il s'est fait semblable à nous en tout, le péché excepté. Le ciel et la terre, stupéfaits, le virent [pag 69] épuisé, broyé. Et Jésus, accablé dans son âme et dans son corps, demandait à son Père d'éloigner de lui le calice d'amertume. La réponse de Dieu fut l'envoi de son ange. Un ange lui apparut, dit l'évangéliste, et le réconforta (1).
Les commentateurs reconnaissent ici l'archange saint Michel. Il convenait, disent-ils, que le Prince des anges rendît ce service à l'Homme Dieu. Ce qu'il dit, saint Bonaventure l'a pieusement exprimé : « Nous avons supplié la divine Majesté d'éloigner de vous ce calice. Et le Père éternel a répondu : Jésus, mon Fils, sait que s'il veut le salut des âmes, il lui faut mourir pour elles. - Seigneur, que choisissez-vous donc ? Je veux le salut des âmes. Je préfère donc mourir. - Courage alors. Les oeuvres du Très-Haut doivent être magnifiques et son courage invincible. Les douleurs passeront vite, et à leurs rigueurs succédera la gloire immortelle. Votre Père vous le dit par ma bouche (2). » Depuis cette grande scène, l'archange saint Michel a reçu un don spécial, le don de consoler. Il faut donc l'appeler aux heures troublées de la vie. Il descendra du ciel, ange secourable, comme il descendit apportant à Jésus-Christ défaillant force, courage, résignation. Il nous dira comme au Sauveur qu'il nous est bon de souffrir, car la souffrance expie, sanctifie et fait acquérir des mérites. Puis, de son doigt puissant il écartera le rideau du monde et du temps, et nous montrera cette patrie vers laquelle si péniblement nous nous acheminons, patrie où il n'y a ni pleurs, ni gémissements, ni mort, mais un jour sans ombre, un soleil sans déclin, un bonheur sans mélange.
Si cette vision ne nous guérit pas, du moins elle nous soutiendra, et nous attendrons, l'espé [pag 70] rance au coeur, sinon le sourire aux lèvres, la réalisation des divines promesses.
Pratique. - Dans les peines de la vie, levons les yeux au ciel et appelons à notre secours l'ange des célestes consolations.
Histoire. Quarante soldats de Sébaste avaient refusé de sacrifier aux idoles. Le gouverneur ordonne de les exposer durant la nuit sur un étang glacé. Là ils prient et demandent qu'entrés quarante dans l'arène, ils soient aussi quarante à cueillir la palme. Mais l'un d'eux perd courage et va se jeter dans le bain chaud préparé tout à côté pour tenter ces généreux confesseurs de la foi. Hélas ! il y meurt aussitôt. Les autres restent plus résolus que jamais à mourir pour Jésus-Christ. Ils s'y exhortent mutuellement lorsque, à la troisième heure de la nuit, une grande clarté paraît sur le lac, et des anges descendent du ciel avec des couronnes qu'ils posent sur la tête des héroïques martyrs. Un des gardes divinement inspiré, nous dit l'histoire, prit la place de celui qui avait failli.
Au témoignage de saint Ephrem, diacre de l'Église d'Edesse, c'est saint Michel qui vint consoler les quarante martyrs et adoucir la rigueur de leurs tourments.
PRIÈRE Ô saint Michel, ange consolateur des âmes affligés, accordez-nous dans nos épreuves votre puissante et efficace protection. Apprenez-nous à souffrir avec résignation et par amour pour Dieu. Faites descendre sur nous les grâces et les bénédictions du ciel, afin que nous supportions chrétiennement les peines et les douleurs de la vie et que nous méritions la récompense promise par Jésus-Christ à tous ceux qui souffrent avec lui et pour lui. Ainsi soit-il.
VINGT-DEUXIÈME JOUR Saint Michel, ange du pécheur.
Le péché est la révolte contre Dieu. C'est l'acte de l'ange refusant à Dieu l'adoration et l'obéissance et prétendant s'égaler à lui.
À l'homme aussi, la grande voix de l'Éternel a dit: Je suis le Seigneur ! Et comme Lucifer il a répliqué : Je ne servirai pas. Il a rompu avec Dieu : son esprit et son coeur, par le plus mérité des châtiments, traînent dans la honte et la souillure.
Mais son acte de révolte a été accompli sous une impulsion mauvaise. Satan est le père du péché. Le premier il l'a commis, il l'a fait entrer dans le monde, et l'y maintient de tout son pouvoir. La vieille scène de la chute au paradis terrestre se renouvelle, toujours la même, et en chacun de nous, avec ses promesses séduisantes, hélas ! et avec son mensonge et sa ruine. Le démon est fidèle à son rôle, qui est de tromper l'homme et de l'entraîner dans sa chute. Mais à côté de l'ange de la séduction, il y a l'ange du repentir et du salut.
Saint Michel a vu dans le coeur de Dieu son ardent amour pour l'homme, et il s'est épris à son tour de compassion et de charité pour cet être faible en butte aux coups de l'ennemi de tout bien. Les Pères et les commentateurs nous le montrent au Paradis reprochant, il est vrai, à Adam sa prévarication, et l'expulsant, comme il avait expulsé du ciel les esprits mauvais, mais ouvrant son coeur à l'espérance, l'encourageant, l'instruisant. Depuis, il n'a cessé de s'approcher des âmes pour les arracher à Satan, les délivrer [pag 72] des chaînes honteuses qui les retiennent dans le mal, et les ramener à Jésus-Christ.
Sainte Sophrone l'appelle le guide de ceux qui s'égarent, et l'inspirateur de ceux qui tombent. D'après le pieux diacre Pantaléon, il conduit les pécheurs à la pénitence et leur procure la rémission de leurs fautes. Lorsqu'il voit un de ses serviteurs dans la disgrâce de Dieu, dit saint Alphonse de Liguori, il prie le Seigneur de l'attendre à la pénitence, et se porte en quelque sorte caution pour lui, en promettant à Dieu que ce pécheur ne l'offensera plus, parce qu'il aura soin de le secourir quand il le verra en danger de retomber (1). Enfin saint François de Sales affirme, comme une vérité attestée par les Pères, que saint Michel a reçu de Dieu le don particulier de toucher le coeur des pécheurs les plus endurcis, de leur inspirer un repentir sincère.
N'est-ce pas ce que reconnaît l'Église quand elle nous fait faire l'aveu de nos fautes à Dieu d'abord, ensuite à la Vierge Marie, puis à saint Michel ? ainsi le grand Archange est chargé de porter l'accusation de nos fautes devant le trône de Dieu et d'y implorer pour nous miséricorde. Saint Jean l'entendit un jour faire à Dieu cette supplique : Pardonnez, Seigneur, pardonnez, vous qui ouvrez le livre et rompez le sceau (2). Au ciel en notre faveur saint Michel redit la même prière : Pardon, Seigneur, pour votre créature, et malédiction à l'ange tentateur !
L'Écriture nous fournit une preuve de son intervention en faveur des âmes. Dans une vision de Zacharie, le grand prêtre paraît devant l'ange du Seigneur, - saint Michel, disent les commentateurs - et Satan vient l'accuser. L'Archange le défend : Que Dieu t'accable de sa [pag 73] colère, dit-il à Satan. Et, appelant les anges, il leur ordonne d'ôter au grand prêtre les vêtements sordides qui le couvrent, de le revêtir d'un habit précieux, et de lui mettre au front une couronne (3).
Ainsi saint Michel plaide pour les pécheurs et leur obtient la grâce qui ramène l'âme à la vie.
Pratique. - Prions souvent saint Michel pour la conversion des pécheurs.
Histoire. Le trésorier d'un roi de Pologne avait vécu nombre d'années dans le péché. Il se trouvait au lit de la mort en grand danger de damnation. Il avoua lui-même qu'en cette extrémité, il se regardait comme perdu et abandonné aux démons. Mais saint Michel, qu'il avait honoré pendant sa vie, lui apparut, chassa ses ennemis et l'informa qu'il lui avait obtenu de Dieu huit jours pour réparer les désordres de sa conscience. Éclairé et fortifié par une telle grâce, le pécheur fit appeler un prêtre, se confessa avec une grande douleur, reçut avec dévotion les sacrements et mourut au temps marqué, plein d'espérance en son salut. (Tiré de Saint Michel, par saint Alphonse.)
PRIÈRE Ô grand Prince du ciel, je vous choisis aujourd'hui pour mon protecteur et mon avocat. Daignez m'admettre au nombre de vos dévots serviteurs. Assistez-moi pendant la vie, afin que je n'offense jamais les yeux très purs de Dieu. Défendez-moi contre les tentations du démon, et à l'heure de la mort obtenez la paix à mon, âme et introduisez-la dans l'éternelle patrie. Ainsi soit-il.
VINGT-TROISIÈME JOUR Saint Michel, ange de la famille.
L'origine de la famille est divine : Dieu lui-même l'a établie en donnant à l'homme une aide semblable à lui (1). Son but aussi est divin: c'est d'élever pour le ciel des élus, destinés à remplir les vides faits par la défection des anges rebelles. C'est la raison de la haine jalouse de Satan contre la famille, et c'est le motif aussi de la protection dont ne cessent de l'entourer les esprits bienheureux et à leur tête saint Michel.
Les attaques des impies ont aujourd'hui la famille pour principal objet. Ils savent bien que la famille est à la société ce qu'est la racine à l'arbre, la source au fleuve, la base à l'édifice. N'est-ce pas de la famille que vient à la société sa prospérité et sa force, comme aussi sa décadence et sa ruine ? Voilà pourquoi l'impiété s'efforce de la soustraire à l'influence de la religion, sûre, si elle y parvient, de détruire par là même cette influence dans la société.
Hélas ! elle n'y réussit que trop. La famille est profondément atteinte. Combien ne trouve-t-on pas de foyers sans foi, sans religion, sans Dieu ? Mais aussi, trop souvent quel malaise, quelles souffrances, quels désordres, et quelles ruines en résultent ! Dieu se fait justice à lui-même. S'il est présent, il console et bénit ; il garde les berceaux, fait grandir dans la vertu et l'honneur et fait mourir dans la paix. Mais s'il est chassé, il se venge. Et pour cela il n'est pas [pag 75] nécessaire qu'il maudisse, il suffit qu'il abandonne.
Une famille a paru sur terre, type de toutes les autres, la sainte Famille. Quand on étudie sa vie, on y admire partout l'intervention angélique. Cette présence des anges fut plus qu'une marque d'honneur due à la divinité. Jésus-Christ voulut cette manifestation pour nous faire connaître le ministère invisible rempli par les anges auprès des enfants de la foi.
L'ange gardien de la sainte Famille fut saint Michel. Il veilla sur elle et la sauva à l'heure du danger. Dans cette auguste fonction il a reçu un don spécial pour protéger les familles chrétiennes. Saint Michel sauvera les familles assemblées sous sa bienfaisante égide et les délivrera des périls qui les menacent, pour la foi et pour les mœurs. Sous ses hautes inspirations, le père sera l'homme du travail, l'homme du devoir, l'homme de la vertu, et il exercera chez lui une autorité reconnue et aimée. La mère se formera à l'esprit de sacrifice et à la piété, et elle sera ainsi l'ange du foyer. L'enfant grandira dans l'obéissance et le respect, et il sera la joie et l'honneur de la maison.
Telles sont les leçons données par saint Michel à la famille abritée à l'ombre de ses ailes.
Le vieux Jacob mourant reconnaissait que son ange l'avait délivré de tous maux (2). La joie que lui procurait ce souvenir lui faisait souhaiter pour ses enfants pareille bénédiction. L'ange protecteur ne leur manqua point. Lisons en effet l'histoire des familles patriarcales, nous trouvons à chaque page l'intervention des anges. La puissance de ces bienheureux esprits n'est pas diminuée. Ayons donc confiance en eux et pensons à les invoquer. [pag 76]
Pratique. - Invoquons souvent l'ange gardien de la famille, et appelons sur nos maisons la protection de saint Michel.
Histoire. Elle est émouvante l'histoire de Loth sauvé avec sa famille de l'incendie de Sodome. Les habitants de cette ville ont mis le comble à leurs infamies, et le jour est arrivé où Dieu va en tirer une vengeance éclatante. Mais il y a là une famille de justes. Deux anges sous une forme humaine se présente à Loth. Nous allons détruire cette ville coupable, lui disent-ils, prends avec toi ta femme et tes enfants, et sors. Le moment venu, Loth semble hésiter. Ils le prennent alors par la main et l'entraînent, lui disant : Sauve-toi, de peur que tu ne périsses avec les autres, et marche sans regarder derrière toi. Les commentateurs pensent que ce furent les envoyés de saint Michel, resté, lui, près d'Abraham, qui sauvèrent Loth et sa famille.
Il sauvera ainsi les familles demeurées dignes du regard bienveillant du Très-Haut.
PRIÈRE Visitez, Seigneur, cette demeure et éloignez-en toutes sortes d'embûches de l'ennemi; que vos saints anges y habitent pour nous conserver en paix et que votre bénédiction soit toujours sur nous (3). Exaucez-nous, Seigneur, et daignez envoyer du ciel votre saint ange, pour garder, soutenir, protéger, visiter et défendre tous ceux que votre Providence a réunis sous ce toit (4). Ainsi soit-il.
VINGT-QUATRIÈME JOUR Saint Michel, ange de l'enfant.
Dieu, dans la sainte Écriture, prend un titre bien humble, mais véritablement délicieux il s'appelle le gardien des petits (1). Il les garde, en effet, avec un soin jaloux. C'est pourquoi il les confie à un de ses anges. Mais ce n'est pas assez d'un ange invisible. Aussi Dieu a placé près de l'enfant à son entrée dans la vie, deux gardiens visibles, et le leur remettant, il leur a dit « Recevez cet enfant et nourrissez-le pour moi je vous donnerai moi-même votre récompense (2). »
Ces deux anges sont le père et la mère. C'est à eux de faire connaître à leurs enfants le Dieu qui veut être appelé leur Père. C'est à eux de pétrir ces jeunes âmes et de les façonner pour les luttes de la vie.
Sur les hautes chaînes des montagnes il y a des lacs ; leurs eaux comme endormies rayonnent au soleil et reflètent l'éclat des neiges voisines. Mais leur sommeil à ces hauteurs ne doit pas être éternel. Bientôt les hommes qui en ont besoin leur ouvrent des canaux de sortie. Ainsi dirigées, ces eaux descendent le long des pentes abruptes et s'en vont porter aux champs la fraîcheur qui les féconde, et aux usines ces forces énergiques qui décuplent l'activité humaine.
Ainsi au foyer, dans les bras maternels, dorment les enfants. Mais cette heure paisible passera [pag 78] vite : demain sonnera l'heure de l'action. Il faut les préparer à descendre le chemin où Dieu les appelle, les armer pour le combat qu'ils devront livrer. Quel sera ce chemin et quel sera ce combat ? Qu'importe, s'ils ont le coeur sain et robuste, l'amour de tout ce qui est grand et pur, la haine de tout ce qui est bas et vil. Voilà l'oeuvre de l'éducation.
Mais le mal aujourd'hui est partout. Il s'offre de mille manières aux regards naïfs de l'enfant ; de bonne heure il frappe à la porte de son coeur. Quel malheur, s'il y pénétrait ! Il y exercerait des ravages capables d'empoisonner la vie présente et de compromettre l'éternité entière.
L'oeuvre de l'éducation est donc d'une souveraine importance. Pour aider les parents à la mener à bonne fin, pour protéger les premiers pas de l'enfant dans la vie, saint Michel intervient.
L'Église elle-même nous autorise à le proclamer. Et ce n'est pas sans un motif profond qu'elle fait lire aux fêtes du glorieux Archange les paroles de malédiction proférées par Notre-Seigneur contre les audacieux qui scandalisent les petits, ces petits dont les anges voient la face du Père qui est dans les cieux (3). Elle nous indique par là que les anges ont reçu la mission de prodiguer aux enfants leurs soins empressés, et que cette mission n'est pas indigne des plus sublimes esprits, ni même de saint Michel, leur prince.
C'est donc une heureuse pensée de consacrer les enfants à saint Michel. Comme il est le guide de tous les anges, qui tous sont ses inférieurs, il dirige, dit saint Alphonse, nos anges gardiens, en leur apprenant la meilleure manière de nous conduire et de nous défendre (4). II dirigea les [pag 79] anges de ces enfants, ainsi ils seront mieux gardés, ils grandiront dans le bien et la vertu pour le bonheur de leurs parents et l'honneur de la religion.
Pratique. - Consacrons les enfants à saint Michel, donnons-leur son nom, et confions à la garde de saint Michel les maisons d'éducation.
Histoire. Christine, enfant de dix ans, avait embrassé la foi de Jésus-Christ. Son père, pour l'obliger à renoncer à la religion, osa se faire lui-même son bourreau. Par son ordre elle fut déchirée sur le chevalet ; il voulut même la livrer aux flammes. Mais le ciel protégeait Christine elle échappa à la mort. Obstiné dans sa fureur, son bourreau la jeta en prison. Un ange descendit au fond du cachot, guérit la jeune martyre et lui donna une nouvelle vigueur d'esprit et de coeur. Ce qu'apprenant, le père dénaturé commanda de lui attacher une pierre au cou et de précipiter dans les flots l'héroïque enfant. Mais Dieu, qui l'avait préservée des flammes, sut aussi la préserver des eaux. Le même ange qui l'avait suivie en prison, l'accompagna dans la mer, l'en fit sortir et l'amena au rivage, où elle fut trouvée saine et sauve.
Au témoignage du bienheureux Jacques de Voragine, ces prodiges furent l'oeuvre de saint Michel. Ainsi il garde la foi et la vertu de l'enfant chrétien contre le feu des passions et contre les flots de l'impiété.
PRIÈRE Anges du ciel, vous que saint Michel a commis, au nom de Dieu, à la garde des enfants, couvrez de vos ailes leurs berceaux et leurs jeunes ans ; protégez leur fragile existence et éloignez d'eux l'ombre même du mal. Suppléez à la vigilance souvent en défaut de leurs visibles gardiens, donnez-leurs des maîtres chrétiens et [pag 80] conservez en eux l'innocence et la foi. Saints anges gardiens, priez pour eux. Saint Michel, défendez-les. Ainsi soit-il.
VINGT-CINQUIÈME JOUR Saint Michel, ange de la bonne mort.
S'il est une heure où le chrétien ait besoin de secours et de protection, c'est assurément l'heure de la mort. L'enfer s'efforce à cet instant de ravir à Dieu l'âme dont le temps d'épreuve touche à sa fin, il dirige contre elle toutes ses forces et lui livre l'assaut suprême et définitif.
C'est ce qui explique les angoisses et les terreurs de l'agonie. Comment l'homme ne serait-il pas épouvanté, quand il se voit entouré d'ennemis acharnés à sa perte, quand déjà il entend venir son Juge avec ses terribles revendications ?
Admirons une fois de plus les attentions de la divine Providence : elle n'a pas voulu qu'à l'heure dernière nous fussions isolés dans la lutte contre l'enfer. Si cette heure est attendue par l'ange de la mort éternelle, elle est aussi souhaitée par l'ange de la vie éternelle.
Le pieux diacre Pantaléon disait au VIIe siècle, que la fonction attribuée à saint Michel de protéger les mourants, est un privilège séculaire et reconnu de tous. D'après un auteur du me siècle, les apôtres auraient enseigné aux premiers chrétiens que « saint Michel est l'ange dont l'intercession procure une sainte mort devant Dieu, qu'il assiste les âmes désireuses de mourir dans le Christ. » Telle est bien, du reste, la tradition, et tel est l'enseignement des théologiens. [pag 82] Bellarmin et Suarez, s'appuyant sur saint Thomas, déclarent que saint Michel est délégué par Dieu pour présider à la mort des chrétiens, qu'il délivre ses serviteurs des ruses du démon et leur donne la paix et l'éternelle gloire. Saint Alphonse de Liguori dit à son tour : « Saint Michel est spécialement chargé par le Seigneur de nous assister au moment de la mort » (1).
À toutes ces autorités s'ajoute la pratique de l'Église. Quand le ministre des saintes onctions s'approche d'un mourant, il demande à Dieu « d'envoyer du ciel son saint ange pour qu'il garde, conserve, visite et défende ce malade. » Quand il recommande à Dieu l'agonisant, il le supplie d'envoyer « son archange Michel recevoir son serviteur. » Enfin cette prière que l'Église met sur nos lèvres : « Saint Michel archange, Défendez-nous dans le combat, afin que nous ne périssions pas au redoutable jugement », n'est-elle pas pour attirer sur nous la protection de saint Michel au temps du grand combat dont l'enjeu sera notre éternité ? L'Église reconnaît donc au glorieux Archange cette fonction. Voilà pourquoi elle a approuvé les confréries érigées sous le titre de Saint-Michel de la Bonne-Mort, si nombreuses autrefois, et les a enrichies d'indulgences.
Les saints se recommandaient instamment au Prince des Anges, afin d'obtenir par lui la grâce d'une bonne mort. Saint Anselme, assistant un de ses moines mourants, vit le démon le tourmenter. Mais l'Archange apparut et le confondit : « Apprends, dit-il à Satan, que tu n'auras jamais aucun pouvoir sur mes serviteurs, mes protégés, mes amis. » Encouragé par cette vision, le saint demanda à l'Archange sa protection pour l'heure de la mort. [pag 83]
Pratique. - Recommandons-nous souvent à saint Michel afin d'obtenir la grâce d'une bonne mort.
Histoire. Un homme était près de mourir. Il avait pendant plusieurs années mené une vie criminelle, et le démon à cette heure le tentait de désespoir ; se croyant déjà damné, il ne voulait recevoir aucun sacrement. Toutefois ce pécheur, au milieu même de ses désordres, avait gardé quelque dévotion envers saint Michel. L'Archange daigna lui apparaître et lui dire qu'il avait prié à son intention que le Seigneur, par son intercession, lui accordait encore trois heures de vie, afin qu'il pût recevoir les sacrements et mourir en grâce avec Dieu. Touché et consolé, cet homme envoie son frère chercher au plus vite un prêtre. Or, sur le chemin, le messager rencontre deux religieux, il apprend d'eux qu'une personne inconnue les a appelés pour confesser le malade et qu'ils s'y rendent en hâte.
Saint Michel sans doute les avait avertis et engagés à faire cette démarche. Le malade se confessa, reçut les sacrements et mourut repentant. (Tiré de saint Alphonse.)
PRIÈRE Dieu tout-puissant et éternel, qui, par un prodige de bonté et de miséricorde pour le salut commun des hommes, avez choisi pour Prince de votre Église le très glorieux archange saint Michel, rendez-nous dignes, nous vous en prions, d'être délivrés, par sa puissante protection, de tous nos ennemis, afin qu'à notre mort aucun d'eux ne puisse nous inquiéter, mais qu'il nous soit donné d'être introduits par lui en la présence de votre auguste.
VINGT-SIXIÈME JOUR Saint Michel, ange du jugement particulier.
L'agonie est terminée : sur le lit funèbre repose inerte et glacé le corps du défunt. Mais qu'est devenue son âme ? Elle s'est échappée avec le dernier soupir, et sur le rivage de l'éternité, elle a rencontré Dieu se dressant devant elle, et lui posant la redoutable question : Qu'as-tu fait? Rends-moi compte.
Un homme, dit l'Évangile, avait un économe. Apprenant que ses affaires allaient mal, il le fait venir et lui dit : Rends-moi tes comptes, je ne veux plus t'employer à mon service (1).
Ainsi parle Dieu: C'est ton tour, pauvre mortel ; ton heure a sonné. Ton Maître t'appelle, ton Juge te somme d'avoir à comparaître.
Ici encore intervient saint Michel. Il garde le rivage de l'éternité, et il accueille toute âme qui y aborde. Je t'ai établi pour recevoir les âmes (2), lui a dit le Seigneur. Il les reçoit et il les juge au nom de Dieu, suivant le témoignage de plusieurs commentateurs. Nous pouvons dire du moins, avec saint Denys, qu'il les pèse, montre à Dieu ce que valent leurs actions pour le ciel et lui fournit ainsi les éléments de la sentence. Toute la tradition lui attribue cette auguste fonction de présenter les âmes au tribunal de Dieu. L'archange Michel, dit saint Thomas, vient au secours des chrétiens, non seulement à l'heure terrible de la mort, mais au jugement [pag 85] particulier, il reste là jusqu'à l'issue du jugement et il s'emploie à le leur rendre favorable.
Nous trouvons des preuves évidentes de cette croyance dans les monuments des siècles passés. Maintes fois saint Michel y est représenté tenant dans ses mains les balances de la justice, et pesant les mérites ou les démérites des âmes.
La pensée du jugement de Dieu nous épouvante : elle faisait trembler les saints. Mais ce que disent les auteurs touchant l'intervention de saint Michel à ce moment redoutable, doit nous mettre au cour la confiance et l'espoir. « Dieu, dit saint Bonaventure, pour le récompenser, a donné à saint Michel le pouvoir de faire pencher la balance en faveur de ses dévots serviteurs. » Ainsi, autant qu'il le peut, saint Michel soustrait aux rigueurs du jugement les âmes qui, durant la vie, lui ont été sincèrement dévouées. « Je me rassure, s'écrie saint Basile, car je vous ai tant aimé, ô saint Michel, qu'alors vous vous souviendrez de moi, et que vous m'abriterez sous vos ailes pour cacher ma confusion. »
Écoutons donc le conseil de saint Athanase: « Chrétiens, dit-il, recours sans cesse à saint Michel, pour qu'il reçoive ton âme coupable, et qu'à cette heure qui décidera de ton sort, il daigne la sauver. » Confions-nous à saint Michel. A notre dernier jour il prendra en mains nos intérêts, il se fera notre avocat près de Dieu et fera fléchir sa justice en notre faveur.
Pratique. - Pensons souvent au jugement de Dieu et mettons dans notre vie les bonnes oeuvres capables d'intéresser l'Archange à notre sort. [pag 86]
Histoire. Eutocie pénitente pleurait ses péchés. Tout à coup parut à ses regards un jeune homme d'un aspect majestueux, et dont les vêtements étaient blancs comme la neige. Ce jeune homme, raconte-t-elle, me prit la main droite, et m'éleva avec lui dans les airs. - J'arrivai à une lumière admirable, où se trouvait une multitude innombrable de personnes aussi vêtues de blanc. Elles me saluèrent amicalement. Mais survint un géant horrible qui voulut m'arracher des mains de mon guide. Celui-ci le repoussa avec mépris et me fixa avec un doux sourire. Ensuite j'entendis une voix qui sortait de la lumière et qui disait : Telle est ma volonté miséricordieuse sur les enfants des hommes, que ceux qui feront pénitence après de grands péchés soient reçus, eux aussi, dans le sein d'Abraham. Puis, s'adressant à mon guide, la voix lui dit de me reconduire où il m'avait prise, pour que je continue à expier mes péchés. Il me ramena en effet dans ma cellule et me dit : « Ayez bon courage, Eutocie, la grâce de Dieu est avec vous. » Encouragée par ces douces paroles je lui demandai son nom : « Je suis, me répondit-il, le Prince des anges. Dieu m'a confié la mission de recueillir les pécheurs, convertis et de les introduire dans la vie bienheureuse. » Cela dit, il me bénit et disparut.
Ainsi saint Michel défendra les âmes au tribunal céleste.
PRIÈRE Je tremble, ô saint Michel, à la pensée du compte qu'il me faudra rendre un jour à Dieu. Je vous invoque pour ce moment suprême. Vous que Dieu a chargé de recevoir les élus et de les introduire dans le paradis de la gloire, soyez favorable à ma pauvre âme et rendez-moi mon juge clément. Saint Michel archange, défendez-moi dans le combat, afin que je ne périsse pas à l'heure terrible du jugement. Ainsi soit-il.
VINGT-SEPTIÈME JOUR Saint Michel, ange du Purgatoire.
Le purgatoire est un lieu d'attente et de souffrance, où les âmes, arrachées au corps qu'elles animaient, achèvent de se purifier et de payer à la justice de Dieu leurs dernières dettes. C'est là que descend l'âme indigne encore de jouir de la vision béatifique, et elle y descend tristement. Elle a vu Dieu, et elle s'est sentie attirée vers lui, comme l'enfant vers son père. Elle a entrevu quelque chose des splendeurs de la cité sainte, et elle en a été ravie. Hélas ! une voix impérieuse lui a crié : Pas encore, va-t'en ! Alors un poids irrésistible l'a attirée en bas. Quelle douleur ! Avoir vu Dieu et en être éloigné savoir où il est et n'y pouvoir aller ; savoir ce qu'il donne et ne pouvoir se présenter à sa porte ; voir de près sa patrie et ne pouvoir franchir la frontière qui vous sépare ?
Ce n'est là pourtant qu'une partie de ses souffrances. L'Église priant pour les morts conjure Dieu de les admettre au lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix. Cette âme est donc au milieu d'ardents brasiers, elle est plongée dans la nuit épaisse et dans la désolation la plus profonde.
En une telle détresse, elle a besoin de consolation. Saint Michel s'y emploiera, il est l'ange du purgatoire.
L'Église le prie pour les défunts, et par là, [pag 88] selon la remarque de Bossuet, elle indique son opinion sur le rôle de saint Michel à l'égard des âmes détenues au purgatoire, et montre quel prix elle veut que nous attachions à son intercession.
Dieu lui-même a constitué saint Michel Prince et maître de toutes les âmes qui doivent entrer dans le royaume des cieux (1). Il se sert de son pouvoir pour soulager les âmes du purgatoire, pour briser leurs chaînes et pour les introduire au paradis. Semblable à un plénipotentiaire, dit saint Pie V, il applique et interprète, suivant les circonstances, les volontés de son Souverain, il gracie parfois les coupables qui ont imploré sa protection, il abrège la détention de certains autres ; en un mot il est comme le médiateur entre le Chef suprême et ses sujets, et même par sa médition il obtient des grâces que la dignité du Souverain semble ne pouvoir accorder sans un intermédiaire.
Voilà comment saint Michel est l'ange du purgatoire. Il est honoré comme tel par la tradition catholique. Le Prince de la milice céleste, dit saint Anselme, est tout-puissant au purgatoire, et il peut soulager les âmes que la justice et la sainteté du Très-Haut retiennent en ce lieu de supplices. II est incontestablement reconnu depuis la fondation du christianisme, dit Bellarmin, que les âmes des défunts sont délivrées du purgatoire par l'intercession et le ministère de l'archange saint Michel. Ajoutons à ces autorités celle de saint Liguori : Saint Michel, dit-il, est chargé du soin de consoler les âmes du purgatoire. Il ne manque pas de les assister et de les secourir, en leur procurant beaucoup de soulagements dans leurs peines (2).
Si donc nous aimons nos défunts, nous devons [pag 89] prier à leur intention saint Michel. Honorons-le nous-mêmes, c'est notre avantage. Celui qui a honoré saint Michel, dit saint Bernard, ne demeurera pas longtemps au purgatoire. Saint Michel usera de son privilège et conduira bientôt son âme dans le céleste séjour.
Pratique. - Prions saint Michel pour les âmes du purgatoire et faisons souvent célébrer pour elles le saint Sacrifice en son honneur.
Histoire. Un prêtre, célébrant la messe des morts, recommandait quelques âmes qui lui étaient chères, en prononçant ces paroles de la liturgie : Que saint Michel les introduise dans la sainte lumière (3) ! À l'instant même, il vit le glorieux archange descendre du ciel dans le Purgatoire pour les délivrer.
L'auteur qui rapporte ce fait en raconte un autre qu'on peut résumer ainsi : Un moine de Cîteaux, après sa mort, apparut un prêtre, son ami, et lui révéla qu'il était encore en Purgatoire, mais qu'il serait délivré si, à la messe, il le recommandait à saint Michel. Le prêtre s'empressa de le faire et il vit comme plusieurs autres témoins l'âme de son ami conduite au ciel par le saint Archange.
PRIÈRE Grand saint Michel, vous que Dieu a chargé d'introduire au ciel les âmes des élus, je vous prie pour tous ceux que j'ai aimés et qui ne sont plus. Daignez les visiter, les assister et les secourir au milieu des flammes où ils brûlent, dans l'obscure prison où ils pleurent. Faites que Dieu les admette au plus tôt dans le lieu du rafraîchissement, de la lumière et de la paix. Et quand viendra pour mon âme l'heure de descendre en [pag 90] ce sombre séjour, je vous en conjure, intercédez pour elle et venez la secourir. Ainsi soit-il.
VINGT-HUITÈME JOUR Saint Michel, ange des derniers temps.
Un jour viendra où, selon l'expression biblique, notre monde sera fermé comme un livre. Ce sera le jour de Dieu, le jour de sa justice, de son triomphe. Dieu doit avoir le dernier mot et montrer qu'il est le Maître tout-puissant, le Juge souverain. Il faut aussi qu'à la face de l'univers, la vertu soit récompensée, le vice puni et humilié !
Saint Michel aura un grand rôle à remplir dans les événements qui s'accompliront alors. D'une éclatante façon, il apparaîtra comme le soldat de Dieu, le vengeur de ses droits.
Mais avant de mettre un pied sur la terre et l'autre sur la mer et de proclamer qu'il n'y a plus de temps (1), il devra livrer un grand combat.
Quand approchera la fin du monde, l'homme de péché (2) tentera un suprême effort contre Dieu et son Christ. Michel (3), le champion des droits de Dieu au ciel, se lèvera de nouveau, défendra les serviteurs du Christ, renversera de son trône le séducteur et le tuera. C'est l'enseignement des docteurs. Ils nous apprennent, au témoignage de saint Grégoire, que l'archange saint Michel sera l'envoyé céleste qui tuera l'antéchrist. Il est écrit, c'est vrai, que le Seigneur Jésus tuera l'antéchrist d'un souffle de sa bouche (4) ; mais les commentateurs entendent par ces mots un commandement donné par le Christ à son Archange : Saint Michel agira comme son ministre, comme un rayon de sa gloire.
Puis sonnera l'heure solennelle, la dernière. Alors tous les habitants de la terre devront [pag 92] paraître devant l'Éternel. À la voix de l'Archange (5), à l'appel retentissant de la trompette, une vie puissante circulera dans les entrailles du sol bouleversé et au dernier son de l'instrument angélique, en un instant, en un clin d'œil (6), les hommes sortiront de leurs tombeaux.
La croix de Jésus-Christ, aux mains vaillantes de saint Michel, le porte-étendard, frappera leurs yeux épouvantés. Puis, semblable à l'éclair qui brille à l'occident et illumine jusqu'à l'Orient, le Christ apparaîtra majestueux au milieu d'une nuée étincelante d'esprits célestes.
Tous les hommes seront là, rassemblés par les anges : les méchants saisis d'effroi, atterrés dans une angoisse inexprimable ; les bons remplis d'une indicible espérance et, soulevés par l'amour, s'élançant dans les airs à la rencontre du Sauveur (7). Les anges opéreront la séparation préparatoire au jugement et la discussion s'ouvrira.
La sentence prononcée, les anges voleront à son exécution. Prenant la tête du brillant cortège, saint Michel conduira les élus au paradis de la joie et les présentera devant le trône de Dieu. Puis foudroyant comme l'éclair, il précipitera les damnés dans l'abîme de feu et en scellera les portes à jamais. Tel sera le prélude de l'éternité.
L'Église appelle redoutable ce jour du jugement. Heureux ceux qui, pendant leur vie, auront demandé à saint Michel aide et protection pour ne pas périr en ce jour d'épouvante.
Pratique. - La sentence portée sur nous au dernier jour sera telle que nous l'aurons préparée pendant notre vie ; Dieu ne fera que ratifier notre choix : à nous de bien choisir. [pag 93]
Histoire. Saint Michel est l'ange que vit Hermas, le célèbre auteur du Pasteur. Un jour il lui apparut avec six autres esprits bienheureux. Allez, bâtissez, dit-il à ceux-ci. Hermas aperçut une grande tour que l'on élevait. Les six bâtissaient, et plusieurs milliers d'autres leur apportaient des pierres. Les constructeurs en employaient quelques-unes, mais en brisaient d'autres et les jetaient à l'écart. Celles qu'ils jetaient à l'écart roulaient dans un lieu profond occupé par une fournaise et où elles devenaient tout ardentes. Et comme le spectateur demandait l'explication de cette scène, saint Michel lui répondit : Les pierres admises pour la construction sont les fidèles qui marchent dans la voie des commandements, celles qui roulent au milieu du feu représentent les pécheurs morts dans l'impénitence.
C'est au jour du jugement que les anges, sous la direction de saint Michel, feront ce choix des âmes. Soyons des pierres dignes d'entrer dans la divine construction.
PRIÈRE À cette époque terrible, ô saint Michel, les hommes auront besoin de votre puissante protection ; je vous la demande pour eux. Si je dois vivre en ces jours d'abomination et de désolation, ne permettez pas que je sois victime de la séduction ; donnez-moi la force et le courage de résister jusqu'au sang, s'il le faut ; marquez mon front du signe sauveur ; faites enfin que mon nom soit écrit au livre de vie et que je puisse suivre l'agneau divin dans le royaume de sa gloire. Ainsi soit-il.
VINGT-NEUVIÈME JOUR Saint Michel, ange de la France.
Saint Michel est l'ange protecteur de la France. Nos pères l'appelaient le Prince de l'empire des Gaules. Ils lui avaient donné ce titre dans leur reconnaissante et confiante dévotion.
En effet, dès les origines de la France, saint Michel se montre son ange tutélaire. Notre patrie est née au baptistère de Reims or, suivant nos pieuses chroniques, la sainte ampoule contenant l'huile miraculeuse qui servit à sacrer Clovis et tous les rois de France, fut apportée à saint Rémi par l'archange saint Michel.
Ange guerrier et défenseur de notre pays, saint Michel se choisit, dès le VIIIe siècle, aux avant-postes du rivage français, une montagne, « au péril-de-la-mer, » et il y « fait élection de domicile ». La France avait grand besoin de sa protection : les barbares s'y précipitaient, et du Midi et du Nord. Charles Martel écrase à Poitiers l'impur Mahométan, et Charlemagne triomphe des Saxons païens. Il est vrai que les Normands réussissent à s'implanter en France ; mais bientôt ils se convertissent. Rollon leur chef fait des largesses au Mont Saint-Michel et donne des preuves d'une dévotion exceptionnelle à l'Archange.
Le culte de saint Michel convenait au peuple français, généreux et conquérant. Aussi ne [pag 95] s'étonne-t-on pas de trouver l'effigie du Prince de la milice céleste peinte sur les étendards de Charlemagne et plus tard gravée sur les monnaies du moyen-âge.
Aussi, quand la nationalité française court le plus grand péril qu'elle ait connu, quand elle n'a plus d'armée, plus d'argent, hélas ! plus d'espérance, saint Michel se souvient de son peuple : il ne veut pas le laisser périr. Du Mont normand, citadelle imprenable où il veille, il prend son vol, descend aux marches de Lorraine et suscite à la France agonisante sa glorieuse libératrice, Jeanne d'Arc. C'est par saint Michel que Jeanne se dit envoyée, et c'est par lui qu'elle triomphe. Charles VII reconnaissant fait peindre sur ses étendards l'image de l'Archange avec ces paroles : Dans ma grande détresse, mon sauveur a été saint Michel. - Il désirait établir en son honneur un ordre de chevalerie. Ce fut l'oeuvre de Louis XI, dont le règne marqua l'apogée de la dévotion au Prince des anges.
Au XVIe siècle, l'intégrité du territoire de la France n'est plus en jeu, mais sa foi est en grand péril. Saint Michel prié avec ferveur intervient, et Henri IV converti raffermit l'espérance de la religion.
Plus tard les troubles de la Fronde viennent désoler le royaume. Au milieu de ses anxiétés, la régente Anne d'Autriche s'adresse à saint Michel ; bientôt la capitale et les provinces rentrent dans l'ordre et la soumission.
À l'époque néfaste de la grande Révolution, le sanctuaire national du Mont-au-péril-de-la-mer est profané et la dévotion à l'Archange subit une éclipse. Pourtant l'orage ne réussit pas à la détruire complètement. Au cours du XIXe siècle, cette dévotion a eu d'éclatantes [pag 96] manifestations. On avait recommencé à connaître saint Michel et à l'invoquer. Aussi en 1870, quand la France fut foulée aux pieds par les Allemands, la confiance en saint Michel se raviva et valut à plus d'un brave une protection vraiment merveilleuse.
Malgré le sensualisme et le naturalisme qui débordent sur tout le pays de France, le culte de l'Archange continue ses progrès. Saint Michel ne nous abandonnera pas.
Pratique. - Répandons autour de nous le culte de saint Michel, ange protecteur de la France.
Histoire. Un jour d'été et à l'heure de midi, Jeanne d'Arc est occupée à garder son troupeau, lorsqu'une éblouissante clarté remplit le ciel, et une voix interpellant l'humble bergère lui adresse de bons et pieux conseils : « Je l'ai vu, lui saint Michel, racontra-t-elle plus tard à ses juges. Je l'ai vu aussi clairement que je vous vois, et je crois à son intervention aussi fermement que je crois à la passion et à la mort de Jésus-Christ Notre-Seigneur. Il me disait avant tout que je devais être bonne et pieuse et que Dieu m'aiderait ; il me racontait la grande pitié qui était au royaume de France, et m'engageait a me hâter d'aller secourir mon roi. » Étonnée, dit l'histoire, Jeanne répond à l'Archange qu'elle n'est qu'une pauvre fille, qu'elle ne sait ni monter à cheval, ni conduire une armée. L'Archange doucement insiste : « Va, va, fille de Dieu, je serai ton protecteur. » Elle part enfin, elle accomplit sa mission providentielle autour d'elle semble flamboyer l'épée irrésistible de saint Michel. L'ennemi recule, la France est délivrée et sauvée.
PRIÈRE Grand Prince de la milice céleste, établi par la Providence divine le protecteur spécial de la [pag 97] France, souvenez-vous que vous l'avez faite grande entre toutes les nations, que vous l'avez établie la sentinelle de la foi et le soldat de Dieu dans le monde. Obtenez-lui un prompt et sincère retour à l'antique foi, source de sa force et de sa grandeur. Éclairez les incrédules, rassurez les timides, fortifiez les faibles, encouragez les bons, secourez-nous tous et rendez-nous meilleurs et plus chrétiens. Ainsi soit-il.
TRENTIÈME JOUR Saint Michel, ange du Mont-Tombe.
On connaît partout maintenant ce Mont fameux qui se dresse aux confins de la Normandie et de la Bretagne, « au péril de la mer ». Une ceinture de remparts formidables entoure sa base, tandis que son sommet est couronné de prodigieuses murailles qui portent dans les airs un sanctuaire majestueux. Sur la flèche de ce temple brille, étincelante au soleil, la statue dorée de l'Archange élevée à cinq cents pieds au-dessus des flots. C'est la merveille de l'Occident.
Saint Michel, en 708, y avait demandé un sanctuaire à saint Aubert, évêque d'Avranches. La chapelle primitive a été remplacée par un édifice grandiose, oeuvre des siècles de foi.
Pendant tout le moyen-âge et jusqu'à la veille de la grande Révolution, la France, ou pour mieux dire l'Europe catholique, s'y portait d'enthousiasme. Les rois y conduisaient les peuples. En 711, Childebert III ouvrait la marche. Plus tard Charlemagne, Louis VII, saint Louis à deux reprises différentes, Philippe le Hardi, Philippe le Bel, Charles VI, Charles VII, se prosternaient devant l'autel de l'Archange. Louis XI y vient trois fois et offre en don à saint Michel une statue d'or. Charles VIII y passe trois jours « à faire des dévotions et des offrandes pour remercier son seigneur saint Michel de [pag 99] la bonne victoire qu'il obtient contre ses ennemis ». François fer y est reçu avec grande magnificence ; il est bientôt suivi par Charles IX et par Henri son frère, le futur Henri III. Avec les rois s'y rencontrent les ducs et les comtes normands, ceux de Bretagne, ceux de Bourgogne, les prélats, les seigneurs, les barons, les gentilshommes, les guerriers, les princesses, les nobles dames. Les provinces et les villes y envoient des députations solennelles ; l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie s'y rendent en telle affluence qu'il faut ouvrir aux pèlerins des routes encore appelées Voies Montoises ou dans un langage saintement poétique, les Chemins du Paradis.
Au XIVe un attrait mystérieux s'empare des enfants. Ils se concertent, puis partent malgré les remontrances de leurs parents et arrivent au Mont en bandes nombreuses.
Les saints aussi y viennent. Citons le B. Lanfranc, saint Anselme, saint Thomas de Cantorbéry, saint Mayeul, saint Yves, saint Vincent Ferrier, saint Benoît Labre, le B. Grignon de Montfort, le B. Chapdelaine, etc.
Pour tout dire, le pèlerinage du Mont fut, durant de longs siècles, un des plus fréquentés de la chrétienté. On appelait ce lieu la Jérusalem de l'Occident, tant était grande la vénération des peuples pour le sanctuaire du glorieux Archange. Et saint Michel se plaisait à exaucer les voeux de ses fidèles pèlerins: on trouvait près de lui la guérison du corps et la paix de l'âme.
L'indifférence religieuse du XVIIIe siècle avait ralenti l'essor des pèlerinages, la Révolution le brisa. La royale abbaye devint une prison. Cet opprobre dura soixante-dix ans. On s'est depuis repris à y aimer et honorer saint Michel.
Les foules sont revenues à l'antique abbaye et [pag 100] le pèlerinage a revu des jours de triomphe. On garde surtout le souvenir du 3 juillet 1877, où l'Archevêque de Rouen, au nom du Pape Pie IX, a posé une merveilleuse couronne sur la tête du séculaire Protecteur de la patrie française. C'est là un gage plein d'espoir. Que l'Archange regarde la France et qu'il hâte le jour où elle pourra lui rendre ses hommages dans sa Basilique totalement réédifiée ! Ce jour-là, fidèle à son passé, elle se lèvera, gravira au chant des hymnes et des cantiques l'escarpement de la sainte montagne, et viendra rendre un hommage national à l'Archange, qui si longtemps fit sentir en ce lieu, pour elle, sa puissance et sa bonté.
Pratique. - Faire au moins une fois dans sa vie le pèlerinage du Mont Saint-Michel.
Histoire. Au cours de la guerre de Cent Ans, les Anglais vinrent plusieurs fois mettre le siège devant le Mont Saint-Michel. Ils ne purent jamais le prendre ; mais la lutte fut violente. Un jour montant à l'assaut, ils étaient parvenus à abattre un pan de muraille. Ils se précipitent nombreux par la brèche largement ouverte. Alors la lutte devient atroce.
Malgré une infériorité de nombre écrasante, la petite garnison montoise s'élance et repousse l'assaillant qui chantait trop tôt victoire. La déroute des Anglais fut complète. On attribua l'heureuse issue du combat à l'intervention de saint Michel. Les ennemis avouèrent eux-mêmes qu'ils avaient aperçu dans les airs, à la tête des assiégés, l'Archange armé d'un glaive étincelant.
PRIÈRE Glorieux archange saint Michel, qui avez entendu mes prière chacun des jours de ce mois [pag 101] béni, je viens me consacrer à vous et vous confier mon cœur, mon esprit, mon intelligence, ma volonté, tout mon être. Prenez-moi sous votre puissante protection, défendez-moi contre les dangers du corps et de l'âme, assistez-moi pendant la vie et la mort, et après vous avoir prié ici-bas, j'irai louer et contempler avec vous le Seigneur notre Dieu pendant l'éternité. Ainsi soit-il. [pag 102]
PRIÈRES & DÉVOTIONS en l'honneur de saint Michel.
Hymne de saint Michel.
Ô vous, splendeur et vertu du Père, ô vous, Jésus, la vie des cœurs, nous vous louons avec les Anges, toujours suspendus à vos lèvres.
Pour vous combattent en bataillons serrés des milliers de princes de la Cour céleste ; mais c'est Michel qui déploie en vainqueur l'étendard de la croix, symbole du salut.
C'est lui qui, écrasant la tête du cruel dragon, le précipite au fond des abîmes, et, du haut de la cité céleste, foudroie le chef des rebelles avec ses complices.
Pour nous contre le coryphée de l'orgueil, marchons à la suite de ce prince, afin que l'Agneau, du haut de son trône, nous donne la couronne de gloire.
Gloire au Père, en même temps qu'au Fils, et à vous, ô Saint-Esprit, maintenant comme autrefois et durant tous les siècles. - Ainsi soit-il.
Ant. Très glorieux Prince, Archange Saint Michel, souvenez vous de nous et priez le Fils de Dieu pour nous, ici, partout et toujours.
V. : En présence des Anges, je vous célèbrerai dans mes chants, ô mon Dieu.
R. : Je vous adorerai dans vote saint temple et je confesserai votre nom.
PRIONS Ô Dieu, qui distribuez avec un ordre admirable aux Anges et aux hommes leurs différents ministères ; faites, dans votre bonté, que ceux qui vous assistent et vous servent à chaque instants dans le ciel, défendent aussi notre vie sur la terre. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il. (Indulgenciée)
Litanies de saint Michel.
SEIGNEUR, ayez pitié de nous.
Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, écoutez-nous.
Christ, exaucez-nous.
Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie, Reine des Anges, priez pour nous.
Saint Michel Archange, priez pour nous.
Saint Michel, Prince très glorieux, priez pour nous.
Saint Michel, fort dans le combat, priez pour nous.
Saint Michel, vainqueur de Satan, priez pour nous.
Saint Michel, terreur des démons, priez pour nous.
Saint Michel, prince de la milice céleste, priez pour nous.
Saint Michel, héraut de la gloire divine, priez pour nous.
Saint Michel, joie des Anges, priez pour nous.
Saint Michel, honoré des Élus, priez pour nous.
Saint Michel, qui présentez au Très-Haut nos prières, priez pour nous.
Saint Michel, défenseur des âmes justes, priez pour nous.
Saint Michel, dont la prière conduit aux cieux, priez pour nous.
Saint Michel, soutien du peuple de Dieu, priez pour nous.
Saint Michel, gardien et patron de l'Église, priez pour nous.
Saint Michel, bienfaiteur des peuples qui vous honorent, priez pour nous.
Saint Michel, porte-étendard du salut, priez pour nous.
Saint Michel, notre défenseur dans le combat, priez pour nous.
Saint Michel, ange de la paix, priez pour nous.
Saint Michel, introducteur des âmes dans la lumière sainte, priez pour nous.
Saint Michel, prévôt du Paradis, priez pour nous.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.
V. : Priez pour nous, Saint Michel Archange.
R. : Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.
ORAISON. DIEU tout-puissant et éternel, qui avez établi saint Michel gardien de l'Eglise et prévôt du Paradis accordez par son intercession à l'Église la prospérité et la paix, à nous la grâce en cette vie et la gloire dans l'éternité. Par Jésus-Christ, Notre-Seigneur. AINSI SOIT-IL. (Indulgence.)
Consécration à saint Michel.
Ô grand Prince du ciel, gardien fidèle de l'Eglise, saint Michel Archange, moi N..., quoique très indigne de paraître devant vous, confiant néanmoins dans votre bonté, touché de l'excellence de vos prières et de la multitude de vos bienfaits, je me présente à vous, accompagné de mon Ange gardien et en présence de tous les Anges du ciel que je prends à témoin de ma dévotion envers vous ; je vous choisis aujourd'hui pour mon protecteur et mon avocat particulier, [pag 105] et je me propose fermement de vous honorer toujours et de vous faire honorer de tout mon pouvoir. Assistez-moi pendant toute ma vie, afin que jamais je n'offense les yeux très purs de Dieu, ni en œuvres, ni en paroles, ni en pensées. Défendez-moi contre toutes les tentations du démon, spécialement pour la foi et la pureté, et à l'heure de la mort, obtenez la paix à mon âme et introduisez-la dans l'éternelle patrie. Ainsi soit-il.
Chapelet de saint Michel. Promesses du saint Archange.
Dans une apparition à l'illustre servante de Dieu Antonia d'Astonac, saint Michel demanda que l'on composât en son honneur neuf salutations correspondant aux neuf Chœurs des Anges... Il promit en compensation que quiconque lui rendrait ce culte aurait, en se rendant à la sainte Table, un cortège de neuf anges choisis dans les neuf Chœurs. De plus, pour la récitation quotidienne de ces neuf salutations, il promit son assistance et celle des Anges durant tout le cours de la vie, et après la mort, la délivrance du Purgatoire pour soi et pour ses parents.
Le chapelet de saint Michel est enrichi de nombreuses indulgences. Pour les gagner, les prières spéciales de la méthode sont requises. Les fidèles qui ne peuvent ou ne savent pas lire en sont seuls dispensés. (Rescrit du 8 septembre 1852.) Demander le chapelet spécial et la méthode de récitation au Directeur des Annales, 50116 Le Mont-Saint-Michel.
Archiconfrérie universelle de Saint-Michel.
Un des moyens les plus propres à ranimer et à soutenir la dévotion envers le saint Archange est certainement l'archiconfrérie de Saint-Michel. Cette pieuse association a déjà pris un développement considérable. Établie au Mont-Saint-Michel le 16 octobre 1867, elle a été approuvée et enrichie d'indulgences par le Souverain Pontife Pie IX le 12 février 1869, élevée au rang d'Archiconfrérie le 12 mai 1874, et étendue à toute la France le 1e, décembre 1876.
Par un bref du 29 mars 1895, S. S. Léon XIII a daigné accorder à l'Archiconfrérie du Mont-Saint-Michel le titre et les privilèges d'Archiconfrérie Universelle. Répandue dans les cinq parties du monde, elle compte plus de deux millions d'associés. Les billets d'admission sont édités en dix langues.
Toutes ses indulgences lui ont été confirmées par un bref du Souverain Pontife en date du 17 août 1897.
On s'y propose
l° D'honorer les saints Anges et particulièrement saint Michel, prince de la milice céleste, vainqueur du démon, gardien et patron de l'Église, introducteur des âmes au ciel ;
2° De combattre, sous la bannière de l'Archange, Satan avec ses suppôts et leurs principaux moyens de perdre les âmes : les écoles impies et la mauvaise presse ;
3° D'obtenir par sa puissante intercession la victoire sur les puissances infernales, le triomphe de la Sainte Église et du Souverain Pontife, la Préservation d'une mort subite et imprévue, et [pag 107] et surtout la grâce d'une bonne mort, enfin la délivrance des âmes du Purgatoire.
Plusieurs indulgences plénières, un grand nombre d'indulgences partielles, dont le détail est donné dans le billet-image de l'Archiconfrérie, y sont offertes à la piété des associés.
Ceux-ci, pendant leur vie et après leur mort, ont part au bénéfice des messes célébrées tous les lundis de l'année, aux intentions de l'Archiconfrérie; ils sont de plus, en communion de mérites et de bonne oeuvres avec tous les associés.
Pour être admis dans l'Archiconfrérie de Saint-Michel, il suffit de donner son nom (nom de baptême et de famille) et de le faire inscrire dans les registres généraux de l'Archiconfrérie au MONT-SAINTMICHEL.
Personne n'est validement inscrit s'il ne le sait et n'y consent. Les défunts peuvent bien être recommandés aux prières de l'Archiconfrérie, mais non y être inscrits. La remise du cachet d'admission n'est pas nécessaire.
On s'associe par l'intermédiaire des Zélateurs et des Zélatrices, ou en écrivant directement au Mont-Saint-Michel. Envoyer ses noms et prénoms (offrande facultative). En retour, on a droit à tous les avantages de l'Archiconfrérie, et l’on reçoit le billet-image d'admission quand il y a offrande, si minime qu'elle soit. Aucune formule de prière obligatoire n'est imposée aux Associés.
Scapulaire de saint Michel.
L'Église a approuvé un scapulaire en l'honneur de saint Michel. C'est le signe d'une pieuse Union établie à Rome.
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