Le monde idéal de Barack Obama
Critiquée, vilipendée, jugée inutile par les uns et inefficace par d'autres, l'institution onusienne aura réussi un pari inespéré : refléter assez fidèlement, le temps d'une Assemblée générale, l'état des relations internationales. Le défilé de chefs d'Etats et de gouvernements à la tribune a offert des scènes émouvantes, inquiétantes, pittoresques, et parfois sinistres. Que retiendra-t-on de cette 64ème Assemblée.
Le discours ahurissant de Kadhafi avec ses feuilles de brouillon jaunes. La haine antisémite du Président iranien. Des déclarations sur le climat et la pauvreté. Et surtout, l'adoption d'une résolution réclamant la destruction des arsenaux nucléaires existants. Un monde sans nucléaire : le texte engage toutes les nations à désarmer, mais vise les fauteurs de troubles sans les nommer.
C'est donc tellement grave. L'Iran et la Corée du Nord, dangereux et incontrôlables, au point qu'il vaut mieux renoncer complètement à la bombe atomique. Champion du multilatéralisme, le Président Obama a définitivement tourné la page de la guerre froide et de l'équilibre de la terreur.
Sa réponse à la "menace fondamentale pour la sécurité de tous les peuples et de toutes les nations" : montrer l'exemple, en désarmant. L'idée est simple : si nous renonçons tous à la bombe nucléaire, l'Iran et la Corée du Nord comprendront peut-être mieux que l'effort qu'on leur demande est collectif, partagé. Vous êtes dangereux, mais nous sommes tous dangereux... Voilà qui serait plus facile à accepter.
Suivant cette logique, la démocratie ne joue plus son rôle de rempart contre les pays voyous. Révolu, le temps où seules les nations "responsables" étaient autorisées à développer l'arme atomique. La "bombe islamique" est une réalité dangereuse. C'est la "bombe démocratique" qui doit se saborder.
C'est donc sûrement trop tard. Par deux fois, en 2006 et 2009, la Corée du Nord a effectué des essais nucléaires. Quant à l'Iran, les annexes dissimulées du rapport de l'AIEA et récemment révélées indiquent clairement que Téhéran a la capacité de confectionner la bombe, et qu'elle développe un arsenal destiné à transporter des ogives nucléaires.
Reportées tous les trimestres, les sanctions internationales n'empêcheront plus ces deux dictatures de mettre leurs menaces à exécution. Dommage, elles faisaient enfin l'unanimité parmi les membres du Conseil de sécurité. Gordon Brown a demandé des sanctions plus sévères, Medvedev approuve et Nicolas Sarkozy s'impatiente, "les sanctions doivent être immédiates". Quant à Barack Obama, il se contente de rappeler que les pays qui entraîneront le monde sur une pente dangereuse, "devront régler des comptes".
La différence de ton avec le Président français est remarquable. "Si l'Iran mise sur la passivité de la communauté internationale, elle commet une tragique erreur", assène Nicolas Sarkozy, qui masque à peine son agacement suite aux joutes oratoires échangées avec Ahmadinejad, qualifié par Shimon Peres de "dirigeant moyenâgeux, obscur et sinistre". Stigmatisant les Juifs, le Président iranien a indiqué qu'il n'était "plus acceptable qu'une petite minorité domine le monde"...
La veille, Nicolas Sarkozy s'était dit "horrifié" par les propos d'un homme d'Etat qui appelle à rayer Israël de la carte.
Ahmadinejad ne provoque plus. Il prédit.
Le monde idéal de Barack Obama n'a pas encore reçu l'appel lancé par Benyamin Netanyahou à mener une action mondiale contre l'Iran, "un combat de la civilisation contre la barbarie". La barbarie iranienne alimente le terrorisme aux frontières d'Israël et la barbarie iranienne nie la Shoah.
Jeudi 24 septembre, à la tribune de l'ONU, le Premier ministre israélien a présenté à l'Assemblée les documents originaux de la planification de l'extermination des Juifs d'Europe décidée à Wannsee en 1942, ainsi que les plans des camps d'Auschwitz et Birkenau, signés par Himmler, pour demander si ces documents étaient des faux… Emouvante plaidoirie pour son peuple. Intransigeant réquisitoire contre un fanatisme qui ne menace pas seulement les pays des onze délégations qui ont choisi de ne pas assister au discours antisémite de Mahmoud Ahmadinejad.
Cette semaine, la Croix Rouge a informé qu'elle essayait d'entrer en contact avec Guilad Shalit. Des interventions auraient lieu plusieurs fois par semaine. Soldat de Tsahal et citoyen français, Guilad Shalit est l'otage du Hamas à Gaza depuis 1189 jours.
Ce soir, nous pensons à lui.
A la semaine prochaine,
Guy Senbel.
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