Menahem Begin: (l'un de mes plus grands Héros !)
Par Eliane Ketterer
Menahem Begin (1913-1992), Premier ministre israélien, le premier à exercer cette fonction au titre du parti du Likoud, artisan de l’accord de paix avec l’Egypte, prix Nobel de la paix et commandant du mouvement Etzel à l’époque du mandat britannique.
Ses premières années
Menahem Volfovitz Begin est né dans la ville de Brest Litowsk (Brisk), qui se trouvait alors dans le territoire de la Russie tsariste. Le dernier de trois enfants, d’un marchand de bois, juif et sioniste. Au cours de la première guerre mondiale, il circula avec sa famille dans toute la Russie. Dans sa jeunesse, il fut membre du mouvement de "La jeune Garde" (Ha-Shomer Ha-Tzaïr). A l’âge de 16 ans, il se joignit au mouvement du Beitar. Il se révéla déjà alors comme un leader charismatique et comme un brillant orateur. Il fut le commandant de la section du Beitar de sa ville. A la fin de ses études secondaires, il partit pour Varsovie ; là, il continua d’agir dans le cadre du Beitar et commença des études de droit à l’Université de Varsovie.
Dans les années qui suivirent, Menahem Begin consacra l’essentiel de ses efforts et de son énergie à travailler au service du mouvement du Beitar afin d’accroître sa force. Au cours de l’un de ses voyages en Pologne, il rencontra Alisa Arnold qu’il épousa deux années plus tard.
Alors qu’il assumait encore la fonction de commissaire du Beitar en Pologne, Menahem Begin s’opposa, lors du Congrès mondial du Beitar de 1938, au chef du mouvement d’alors, Zéev Jabotinsky, et exigea de radicaliser la politique du mouvement en faveur de la conquête de la patrie à la force du poignet.
Lorsque les Nazis envahirent la Pologne en 1939, Menahem Begin s’enfuit avec sa femme à Vilnius. Il y créa un cadre pour y accueillir les réfugiés membres du Beitar. Toute la famille de Menahem Bégin périt dans la Shoah, sauf sa soeur qui réussit à survivre et à monter en Israël. Il fut pris par les Soviétiques, fut accusé d’espionnage et fut déporté en Sibérie. En 1941, il fut libéré, se joignit à l’armée polonaise et arriva en Israël en 1942.
Commandant de Etzel
Menahem Begin se joignit au Etzel (organisation militaire nationale) et fut nommé son commandant fin 1943. Les Britanniques proposèrent une somme d’argent importante pour sa tête, et il fut obligé d’assurer le commandement de l’organisation depuis des endroits secrets et de se servir de pseudonymes.
En 1946, Menahem Begin ordonna l’explosion du poste de commandement britannique qui était situé à l’hôtel King David à Jérusalem. 90 personnes furent tuées par l’explosion, parmi lesquelles des citoyens innocents. En juin 1948, le bateau qui transportait des chefs de cellule et des armes pour Etzel fut bombardé depuis la plage par les gens de la Haganah sur l’ordre de Ben Gourion. Menahem Begin, pénétré du sens de la responsabilité nationale, obligea ses gens à ne pas riposter et c’est ainsi qu’il empêcha le début d’une guerre civile.
Ses années dans l’opposition
Après la déclaration d’Indépendance de l’Etat Israël, la création de Tsahal et le démembrement des organes de la Résistance, Menahem Begin, avec ses compagnons de Etzel, fonda le mouvement du Hérout. Aux premières élections à la Knesset, le Hérout obtint 14 mandats. Durant ces mêmes années, les organes du pouvoir, qui étaient dirigées par le Mapaï, ne reconnut pas la légitimité du mouvement du Hérout. Aux élections à la seconde Knesset (1951), le Hérout obtint seulement 8 mandats contre 45 pour le Mapaï. Suite à cet échec, Menahem Begin fit part dans une réunion du conseil national du mouvement de son intention de quitter la direction du Hérout. Cependant après un congé de quelques mois, il reprit sa fonction.
En 1952, Menahem Begin fut à la tête des opposants à l’accord des réparations avec l’Allemagne, qui avait pour but d’apporter des dédommagements aux rescapés de la Shoah. "Contre quelques millions de dollars, l’abomination s’apprête à être faite", dit-il à David Ben Gourion de la tribune de la Knesset. Sous sa conduite, un large public vint manifester devant la Knesset. Dans son discours aux manifestants, Menahem Begin appela à une opposition violente à l’accord des réparations ; immédiatement, la manifestation se transforma en un événement violent au cours duquel furent blessés des dizaines de policiers. Suite aux atteintes à l’ordre public, Menahem Begin fut suspendu trois mois de sa fonction de député à la Knesset. Les conséquences de l’événement furent une occasion supplémentaire pour les gens du Mapaï de refuser à Menahem Begin et à son parti la possibilité de participer à la coalition. Le groupe parlementaire Hérut demeura dans l’opposition jusqu’en 1967.
En 1965, Hérout et les libéraux s’unirent. En 1967, dans l’attente de la guerre des Six jours, l’atmosphère de crise nationale conduisit à revenir sur l’exclusion de Menahem Begin. Il fut pour la première fois membre du gouvernement comme ministre sans portefeuille dans le gouvernement d’union nationale que mit en place Lévi Eshkol. Menahem Begin fut membre du gouvernement jusqu’à sa démission du gouvernement de Golda Meïr en 1970, à la suite du plan Rodgers.
Premier ministre israélien
En 1973, Menahem Begin créa le Likoud et en devint le Secrétaire général. Aux élections qui eurent lieu en mai 1977, le Likoud obtint une grande victoire, et ce fut "le coup d’État". Menahem Begin prêta serment comme premier Ministre. Pour la première fois dans l’histoire de l’État d’Israël, le Mapaï (qui à l’époque s’appelait le parti travailliste) fut écarté du gouvernement et la conduite de l’État passa au camp de la droite.
En novembre 1977, le président de l’Egypte, Anouar el-Sadate, fit une visite historique en Israël. Suite à la visite, commença un processus de paix entre Israël et l’Egypte, dont le sommet fut la réunion de Camp David en 1978. Un accord de paix entre les deux États fut signé une année plus tard. Menahem Begin devint ainsi le premier leader à signer un accord de paix avec un État arabe. Dans le cadre de l’accord, Israël renonça au Sinaï, démantela des implantations israéliennes et reconnut les droits légitimes des Palestiniens à l’autodétermination. Suite à la dure critique qu’il essuya dans son parti, et la démission de plusieurs membres du mouvement, Menahem Begin déclara : "Les difficultés de la paix valent mieux que les souffrances de la guerre". Pour l’accord de paix avec l’Egypte, Menahem Begin obtint avec le président de l’Egypte, Anouar el-Sadate, le prix Nobel de la paix en 1978.
A côté de succès historiques dans le domaine politique, le premier mandat de Menahem Begin se caractérisa par l’accélération du mouvement d’implantations dans les territoires de Judée et Samarie et dans la bande de Gaza ainsi que par des changements radicaux dans la politique économique. Sous l’influence de la doctrine libérale capitaliste, l’intervention de l’État dans l’économie fut réduite, les impôts furent diminués et de nombreux règlements, parmi lesquels les règlements concernant les monnaies étrangères, furent retirés. Les changements entraînèrent l’élévation du niveau de la consommation et valurent au gouvernement de Menahem Bégin un large soutien public. Parallèlement, le taux de l’inflation commença à augmenter de façon dramatique (130 % et plus) et les domaines d’activités de l’économie qui jouissaient jusqu’alors du soutien gouvernemental furent sur le point de s’effondrer.
En juin 1981, peu de jours avant les élections à la dixième Knesset, Menahem Begin ordonna le bombardement de la centrale atomique située à Bagdad en Irak. La campagne électorale à la dixième Knesset fut l’une des plus orageuses et des plus violentes que connut l’État d’Israël. Il fut reproché à Bégin d’entraîner dans ses discours publics à la violence contre le camp de la gauche, en particulier contre le leader du Ma’arakh, Shimon Pérès. Le sommet rhétorique de la campagne électorale fut le "discours des parachutistes", dans lequel Menahem Begin utilisa à merveille une parole publique du comique, Doudou Topaz, contre les partisans du Likoud.
Second mandat et épilogue
Aux élections qui eurent lieu le 30 juin 1981, le parti du Likoud battit le Ma’arakh et Menahem Begin devint pour un second mandat Premier ministre. Ce second mandat se caractérisa par la dégradation de la situation économique, inflation à hauteur de 400 %, et par l’aggravation de la situation du point de vue de la sécurité à la frontière nord. Le 5 juin 1982, à la suite de l’escalade à la frontière nord, le gouvernement sous la direction de Menahem Begin décida l’opération "Paix en Galilée" (Shlom ha-Galil). Officiellement, l’opération était destinée à se rendre maître, pour une durée limitée, d’une zone de sécurité s’étendant jusqu’à quarante kilomètres de la frontière internationale. En fait, l’opération se transforma en une guerre qui dura et qui fit de nombreuses victimes. Le problème de la responsabilité du déroulement de la guerre du Liban donna lieu durant de nombreuses années à un débat public et juridique. Il n’y a pas encore de consensus au sujet de la question : Menahem Begin disposa-t-il des informations nécessaires et contrôla-t-il le déroulement de la guerre ou fut-il l’otage du ministre de la Défense d’alors, Ariel Sharon ?
Au fur et à mesure de l’avancement de la guerre du Liban, les critiques et les protestations contre Bégin et son gouvernement augmentèrent. De nombreuses manifestations furent dirigées directement contre lui et eurent lieu face à sa résidence. Il convient en particulier de rappeler le panneau qui se trouvait face à sa maison et sur lequel était mis à jour régulièrement le nombre des victimes de la guerre. L’un des apogées de la rébellion fut atteint après le massacre de Sabra et de Shatila, à la suite duquel eut lieu à Tel-Aviv une manifestation de masse, à laquelle participèrent près de 400 000 personnes. Une forte pression fut exercée contre Menahem Begin pour obtenir la création d’une commission d’enquête nationale. Menahem Begin, qui voulait se satisfaire d’un examen moins approfondi des événements, fut finalement obligé de se soumettre aux pressions, et le 28 septembre, il ordonna la mise en place d’une commission d’enquête officielle, la commission Cahane. La commission s’abstint dans ses résultats de faire porter sur Menahem Bégin la responsabilité directe des événements, mais elle fixa que "le manque d’intervention de Begin dans tout cette affaire lui fait porter une certaine part de responsabilité".
En août 1983, Menahem Begin annonça sa démission des fonctions de chef du gouvernement : "Je ne peux plus", dit-il. Lors de son annonce, il n’exposa pas les motifs de sa démission ; en conséquence, nombreuses furent les hypothèses : montée constante du nombre des tués et des blessés au Liban, manifestations orageuses contre lui, décès de sa femme, aggravation de son état de santé etc. Depuis sa démission et jusqu’à sa mort, le 9 mars 1992, Menahem Begin se clôtura dans sa maison et ne se montra en public que très rarement.
Il est le père de l’ancien député Beni Begin.
Eliane Ketterer
www.un-echo-israel.net et:Juif.org ([email protected])
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