Force est de reconnaître que le peuple Juif a eu son content de renégats, de défroqués, de délateurs en tous genres et même plus récemment dans l’Histoire, de Kollabos. Depuis l’apostat Nicolas Donin à qui on doit le retentissant Procès du Talmud, lequel se termina par un autodafé de 24 charrettes de livres en Place de grève, jusqu’à la pulpeuse – et moins connue – Stella Goldschlag surnommée le « poison blond » qui usait de ses charmes pour faire tomber ses frères dans les griffes de la Gestapo à qui elle livra une fois 62 Juifs en un week-end, nous avons eu notre lot de moutons noirs.
Cependant, aucune des figures de cette lugubre brochette de canailles n’avait jamais eu l’ultime effronterie d’accrocher sa félonie à la tradition de Moïse. Salauds oui, mais pas au point de revendiquer le beurre, l’agent du beurre et la crémière.
Eh bien, ce pas vient d’être gaillardement franchi. Et même si celui qui vient d’enlever, et avec brio, le record de la profanation du Nom de D-ieu – toutes catégories – est belge, l’histoire n’est pas drôle. Et aucun détergent au monde ne saurait rêver de faire disparaître la souillure dont il vient de maculer une tradition pour laquelle tant de Juifs sont allés au feu, au fer et à l’eau.
Il s’appelle Shmiel Borreman et à l’instar des skinheads qui en ont autant dans le caillou qu’à la surface, il est aussi noir à l’intérieur qu’à l’extérieur. Et que sa mise ne vous porte surtout pas à croire qu’il est un érudit de la Torah. Fastoche le coup du chapeau et du caftan. Cet homme n’est pas plus rabbin que madame Soleil n’était top model. De fait, ceux qui le connaissent savent que cet hybride et surréaliste croisement de la religion et du nihilisme possède le quotient intellectuel d’un baudet trisomique.
Mais il y a pire. Car celui qui associe sa triste bobine à ce qui est peut-être la plus dangereuse résurgence de la bête immonde, se double d’un redoutable ignorant de la religion qu’il prétend incarner mais dont il n’est qu’un putride avorton. En premier lieu, il ignore, ou feint d’ignorer que la Tradition de nos Sages met vigoureusement en garde ses fidèles contre toute attitude outrancière et provocatrice y compris dans les manifestations de piété sincère. Et ce, en matière de paroles comme en actes. Dans les premières pages du traité talmudique Pessa’him, les Sages mettent en garde contre toute parole outrée ou fortement connotée. Et pour attester son propos le Talmud remarque que l’Écriture, en désignant certains animaux que Noé fit pénétrer dans l’arche, a préféré dire « les bêtes qui ne sont pas pures », plutôt que faire court en écrivant le seul mot « impures ». Autrement dit, la Torah n’a pas voulu injurier des animaux.
Et voilà que cette émule de Torquemada, non content de poser avec ceux que la société civile tient pour de dangereux ennemis de l’ordre et de la démocratie, harangue une manifestation islamique qui fait exploser la haine d’Israël, en beuglant dans un micro cette ignominie : « Les Sionistes ne sont pas des Juifs ! Les Juifs ne sont pas des sionistes ! », à laquelle des milliers de « Allah Hou-Akhbar ! » font écho.
Moïse n’a pas démérité du titre de prophète… Et combien de grands Maîtres de notre sainte Torah – y compris ceux qui en leur temps manifestèrent leur scepticisme devant le projet sioniste – doivent se retourner dans leur tombe devant le spectacle d’un tel camouflet à l’éthique dont ils étaient pétris.
Alors comme ça, Mordechaï Anilewicz, sioniste et figure emblématique de la révolte du Ghetto de Varsovie n’était pas juif… Et Théodore Herzl non plus… (on se demande pourquoi sa plus jeune fille a été déportée à Theresienstadt où elle est morte…) et tous les vaillants qui sont tombés pour défendre le pays que D-ieu a donné en héritage à son peuple, contre les barbares qui voulaient l’anéantir ne sont pas juifs… et toutes les victimes du terrorisme aveugle en Terre sainte n’étaient pas juives… comme du reste n’étaient pas juifs tous ceux qui chérissaient Sion dans leurs cœurs et qui périrent de la main de la bête immonde. Et l’on comprend alors pourquoi cette âme fétide associe son nom à un Dieudonné qui a fait applaudir Robert Faurisson dans un Zenith en pleine transe antijuive. Car comment mieux conforter le négationnisme qu’en déniant la qualité de juif aux victimes de la Shoah. Pas de Juifs (ou presque pas)… pas de Shoah (ou presque pas…)
On pourrait reprocher à l’auteur de ces lignes de donner à ce pitoyable sire plus d’audience que sa sinistre bouffonnerie n’en mérite. (Et encore, je ne m’attarde pas sur des provocations comme : « Aujourd’hui, il y a un seul état voyou dans le monde et c’est Israël » ou « je salue l’Iran, la Corée du Nord, et le Venezuela qui font entendre leurs voix contre l’impérialisme américain. »… Un rabbin on vous dit…)
J’écris ces lignes parce que je sais que nombre de Juifs et de non juifs qui ne savent pas forcément faire le départ entre un habit noir et un autre (et on ne peut pas toujours leur en faire grief), peuvent être amenés à penser que la Torah héritée de nos Maîtres peut cautionner quelque part une ombre de cette pornographie barbue et chapeautée. Ceux qui n’ignorent pas la teneur de notre tradition savent qu’il n’en n’est rien de rien. Qu’il y a, en Israël et dans le monde, des Juifs pieux, eux aussi vêtus de noir, qui frémissent d’horreur devant tant d’abjection. Qui savent aussi que depuis la clôture du Talmud en 475, la loi juive dispose qu’est juive toute personne née d’une mère juive ou convertie selon la Hala’hah (la loi juive). Cette définition de l’identité juive – qui n’est en rien liée au degré de pratique ou de foi – ne fut jamais remise en question par aucune autorité rabbinique. Ce n’est donc pas un opportuniste irresponsable et dévoré lui aussi par la déliquescence morale de notre époque, qui risque d’y changer un iota.
Tenir des propos aussi sacrilèges constitue une profanation qualifiée du Nom de D-ieu, un péché dont le Talmud (Yoma 86a) affirme que c’est le seul que le jour de Yom Kippour ne permet pas d’expier et que seule la … peut l’en laver.
L’identité juive est la propriété inaliénable de ceux qui l’ont hérité de leurs ancêtres et de ceux qui sont venus s’abriter sous les ailes de la tradition de Moïse.
L’identité juive, c’est celle qui s’exprime à travers des actes de bonté, à travers la piété fervente et sincère, à travers l’amour des créatures et le dévouement à leur égard, qu’elles partagent ou non nos convictions.
Et le modeste adepte des enseignements du Rabbi de Loubavitch qui écrit ces lignes a appris, comme tant d’autres, qu’être juif implique de s’apparenter aux enjeux de son peuple de façon positive et constructive, de reconnaître ce qu’il y a de bien en l’autre, de privilégier l’enseignement des valeurs nobles sur la vitupération du mal, qu’il faut ennoblir plutôt que détruire et qu’il vaut mieux allumer une flamme que maudire l’obscurité.
Au demeurant, je me permets de m’étonner que les instances communautaires religieuses n’aient pas cru bon de publier, d’une façon ou d’une autre, une dénonciation ferme et sans équivoque de cette sinistre imposture qui entache notre tradition (tout au moins aux yeux de la communauté nationale).
Sachons en tout état de cause, que lorsque les vers auront fait justice de la viande de ce ripou, le peuple juif sera encore sur sa terre, plus debout que jamais. |
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