Carnet de Jean-Pierre Raffarin : la crise du lait.
Il faut comprendre l’extrême inquiétude des producteurs de lait. Eleveurs, ils font un métier de passion, parmi les plus exigeants. Les 35 heures à l’étable, ils ne connaissent pas.
Pour les aider, en Poitou-Charentes notamment, mais ailleurs aussi, nous sommes mobilisés sur plusieurs objectifs :
1) Revenir sur l’absurde décision de la Direction de la Concurrence qui a supprimé la négociation interprofessionnelle du lait. Lorsque j’étais Premier ministre, je me suis toujours opposé à cette décision. J’espère que la réunion du CNIEL, jeudi, débouchera sur cette position. Nous attendons aussi des pouvoirs publics une pression sur la grande distribution.
2) Accentuer la pression politique en Europe pour que le lait ne soit pas considéré comme une matière première comme les autres. L’Europe politique que nous défendons, c’est celle qui impose sa volonté politique aux marchés. Il est urgent de rétablir un minimum d’outils européens de régulation des marchés particulièrement en cette période de crise. Les aides européennes à l’écoulement du beurre supprimées en 2008 devraient être rétablies.
3) La filière de transformation doit être modernisée. Il faut aider les coopératives, qui sont en danger économique, à rester des partenaires responsables au moment ou le capitalisme a montré les excès de la financiarisation. La restructuration des coopératives laitières est un grand enjeu d’avenir.
Cette crise économique qui affecte les résultats des coopératives et de leurs associés coopérateurs doit renforcer notre système coopératif et donner aux décideurs plus d’esprit de compétition et la recherche d’initiatives novatrices indispensables pour la pérennité des structures. La régionalisation des quotas serait une bonne mesure.
4) L’Etat doit revoir à la baisse sa politique de charges qui étrangle nombre de producteurs et pas seulement les plus jeunes. Plusieurs initiatives sociales sont nécessaires : avance de trésorerie, aides spécifiques aux producteurs en difficulté, suspension temporaire des remboursements de prêts consentie par les coopératives…
Depuis quelques temps déjà, j’ai engagé les discussions sur ces sujets notamment avec Michel Barnier, Luc Chatel et Jean-Michel Lemetayer au niveau national et avec les acteurs de la filière au niveau régional. Ce mardi, je me suis entretenu avec François Fillon, le Premier ministre est à la fois convaincu et déterminé.
Jean-Pierre Raffarin
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