5ème portrait sans doute le plus problématique : le juif antisémite.
Merci à Chantal pour cette suggestion, qui malheureusement se vérifie trop souvent.
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C’est un grand jour pour moi, le jour même, la consécration, une vie de travail et de défense de ses convictions au service du public, de mon pays, de mes idées.
Aujourd’hui on me décorera de la Légion d’Honneur, officiels et lambris, reconnaissance de mon travail, de mon intégrité, et de la pertinence de mes analyses.
Je suis journaliste, j’analyse les évolutions de la société.
Mes amis, se trouvent à gauche comme à droite, sans différence de confessions, de race, de couleur ou d’origine sociale, ma probité et mon honnêteté on fait de chacun de mes textes une référence dans le domaine du journalisme.
En moi-même je suis déjà un consensus, mon prénom Jean-Moïse est le mélange de mes deux cultures, celles d’adoption et celle d’origine.
Je m’avance dans la salle du ministère, je reconnais, ma femme, mes enfants, ma famille, mes relations professionnelles, et la au milieu de tous ces gens, ma consécration, le ministre et ma médaille.
Oh bien sur demain je l’appellerais avec condescendance « ma breloque » mais comment ne pas en être fier, pourtant après un rapide coup d’œil un sentiment de vide et d’absence m’envahit.
Moi le fils de rescapé, mon le petit fils de martyrs morts en camps de concentration, j’ai par la justesse de mes analyses et la large adhésion qu’elles ont provoqué réussi à atteindre une notoriété et une réputation de compétence dépassant mes espérances.
Je me tiens la debout au milieu de ce parterre de personnes illustres à la cité ou à mon cœur, et tout les regards se tournent vers moi, le ministre vient vers moi, dans quelques instants je serais consacré.
Les choix je les ai fait, j’ai choisi l’air du temps, j’ai tourné le dos à l’esprit clanique pour me consacrer à la vérité, à ma vérité.
Aujourd’hui je récolte les fruits de ces engagements.
Il n’a pas été facile seul contre toute la communauté de mener un combat de première ligne contre le sort fait aux palestiniens par Israël.
Oui j’ai osé, et c’est ma gloire, remettre en cause la légitimité d’Israël dans le fait qu’elle puisse représenter les victimes d’un génocide dont elle tire aujourd’hui profit, et qui est le fondement de son existence, et par la même remettre en cause une présence discontinue des juifs sur le territoire depuis 3500 ans selon des sources archéologiques, remettre en cause le bien fondé d’un mouvement de masse commencé 60 ans avant la 2ème guerre mondiale et qui porte le nom de sionisme, remettre en cause le patrimoine culturel et historique liant la terre au peuple juif malgré un intermède de 1300 ans de gestion arabes et chrétienne, et surtout remettre en cause le travail de mise en valeur de cette terre assurée par des spoliations au détriments des arabes.
Le passé n’est pas le futur et aujourd’hui les clés de la situation sont dans les mains d’Israël, les palestiniens eux veulent la paix.
Oui j’ai osé, et c’est ma gloire, dénoncez le refus d’Israël de donner au palestiniens un pays, j’ai fait fi de tout les arguments de la synagogue tendant à démontrer que les arabes ont rejetés le plan de partage de 1947, ont déclenchés 5 guerres ou ils ont à chaque fois été défait, ou à l’exception de l’Egypte et de la Jordanie les 21 autres pays Arabes sont toujours en état juridique de guerre avec Israël et surtout que la Palestine en tant qu’état n’ai été envisagé qu’à partir de 1967.
Le passé n’est pas le futur et aujourd’hui les clés de la situation sont dans les mains d’Israël, les palestiniens eux veulent la paix.
Cela y est le ministre se tourne vers moi, il me sourit, que de complicité, d’intérêt et d’amitiés croisés entre nous, il me connait, il partage mes combats, j’ai été son relais, et la en l’espace de quelques minutes il me rend les années de convictions partagées.
Son discours est fait d’éloquence, le sujet est brillant, l’orateur charismatique, la plaisanterie fine se mêle aux références communes nous sommes en collusion.
Ma mère qui ne partage pas toutes mes idées, pleure, ma réussite est son succès.
La litanie de mes mérites continue de me défiler à l’esprit, je suis grand, je suis unique, je suis élu.
Oui j’ai osé, et c’est ma gloire, dénier à Israël le statut de démocratie pour ses crimes répétés, ignorant les élections libres et incontestables dans lesquelles on ne connait pas le sort fait aux voix arabes, ignorant le fonctionnement des institutions, la transparence des débats, la liberté d’expression, l’égalité devant la justice pour ne mettre en exergue que le régime d’apartheid.
Mais le présent n’est pas le futur, et Israël ne sait pas évoluer, les arabes eux veulent la paix.
Oui j’ai osé, et c’est ma gloire, démontrez qu’Israël ne sait pas partager ces découvertes scientifiques, ses progrès technologiques, son système de santé évolué, ses infrastructures industrielles, ses techniques agricoles, ses procédés d’élevage, non Israël veut la paix sans rien donner aux arabes qui eux sont prêt à partager.
Mais le présent n’est pas le futur, et Israël ne sait pas évoluer, les arabes eux veulent la paix.
A présent le ministre a fini son discours, dans un geste solennel il se penche vers moi pour agrafer mon trophée civique, il me donne l’accolade, je suis des leurs…
Je recherche mon discours, pourquoi ne suis-je pas serein, tant de gens à l’intérieur de ma propre communauté me veulent du mal, auront-ils l’outrecuidance de perturber mon jour de gloire ? Ou bien est ce ma conscience ?
Oui j’ai osé, et c’est ma gloire, condamné en terme très dur l’agression sioniste (et non juive) contre le ghetto de Gaza, je prends acte que plusieurs milliers de roquettes se sont abattus sur Israël avant le déclenchement de cette offensive, je prends acte de la légitime préoccupation du Hamas de se réarmer pour se défendre contre l’agression, je prends acte du prisonnier Shalit devant permettre de libérer les 11000 prisonniers palestiniens détenus en Israël, je prend acte des actions de guérilla permanente mené par la résistance palestinienne contre l’occupation sioniste y compris en territoire Israélien.
Mais le futur sera le futur, et Israël ne sait pas évoluer, les arabes eux veulent la paix.
Je conclus enfin mon discours que j’ai voulu long et exhaustif pour donner la chance à mon auditoire de mesurer la portée historique de mes propos :
« Mon combat pour le peuple palestinien, est le combat de ma vie, moi Jean-Moïse, juif, je dénonce Israël pour ses crimes quotidiens à l’encontre de la population palestinienne.
La légitimité d’Israël est fondé sur la Shoah, mais est la cause du malheur d’un peuple qui ne l’a pas commise, à leur tour les palestiniens sont victimes d’un génocide dont le nombre de victimes et les conséquences pour le monde seront pire encore.
On fonde sur des chimères historiques voire mythologique un quelconque droit sur la terre en ignorant totalement la présence antérieure de structures institutionnelles et de population.
Israël mène aujourd’hui une guerre impérialiste et colonialiste qui à pour but l’éradication du projet d’un état palestinien, en s’appuyant sur des alliés fort et sur des masses financières inépuisables.
La richesse d’Israël n’a été obtenue que par la spoliation, et l’inégalité des citoyens devant l’éducation, la santé et tous autres services publics est en soit le témoignage formel d’un régime raciste.
Enfin l’agression militaire qui en découle, déclenchée par des actions de résistance palestinienne est le prélude à un génocide de vaste ampleur ayant pour but le massacre voire l’éradication du peuple palestinien par le plus monumental nettoyage ethnique que la terre n’aie jamais connu !!! »
A ces mots mon auditeurs, composés de mes amis de combat politique de la gauche altermondialiste, de quelques amis du show bizz comme Juliette Binoche, Marion Cotillard, et même Bigard ce grand humoriste, les représentants de reporters sans frontières ou des médecins pour gaza, se mirent à applaudir, j’avais réussi à convaincre.
C’est à ce moment que j’eu la surprise d’apercevoir David mon ami d’enfance, seul membre de la communauté à s’être déplacé par amitié, il avait un air gêné David, pour détendre l’atmosphère entre nous il lâcha une phrase dont je ne sais si c’est de l’humour « Alors Jean-Moïse, prochain spectacle à la main d’or »…
… si c’est le cas je réviserais…
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