Samedi 27 décembre, à 9H30 heure locale, une soixantaine d’appareils israéliens (avions, drones et hélicoptères) ont bombardé une cinquantaine de sites du Hamas. Il s’agit d’une première étape. Le ministre de la Défense israélienne, Ehoud Barak, a affirmé que l’hypothèse d’une offensive terrestre n’est pas exclue. D’ailleurs, les transferts de tanks vers le sud d’Israël sont en cours.
Ehoud Olmert a donc tenu parole. Les tirs n’ont pas cessé de la part du Hamas. La riposte était inévitable. Les tirs devenaient trop nombreux et trop dangereux. Au cours de la journée de samedi, un civil israélien a été tué et quatre autres ont été blessés à Netivot.
Peu avant minuit, on comptait selon des sources médicales palestiniennes 230 tués et plusieurs centaines de blessés, dont 120 dans un état grave. Parmi les personnes tuées : Tawfik Jaber, le chef de la police du Hamas, dont le QG était une cible prioritaire. Les opérations se poursuivent dans la nuit de samedi à dimanche. Des ateliers métallurgiques, qui produisaient et stockaient des roquettes, ont également été la cible des hélicoptères israéliens.
Le Hamas a réagi à ces attaques en adoptant une posture de victime et de martyre, préparant un nouveau un débat sur la question de la « disproportion de la riposte »… Les corps des terroristes du Hamas tués au cours des raids israéliens sont montrés sans pudeur aux caméras de télévision, laissant croire qu’il s’agit là d’une nouvelle opération criminelle. Rares sont ceux qui rappellent que les personnes qui sont visées par Israël sont responsables de tirs quotidiens de missiles.
Hanyeh, le chef du Hamas à Gaza n’hésite pas à employer un vocabulaire emprunté à un script de film d’horreur, masquant à peine une véritable panique : « Même si on nous attache à des gibets, si on fait couler notre sang dans les rues ou si on déchiquette nos corps, nous ne nous inclinerons que devant Dieu et nous ne renoncerons pas à la Palestine ». Depuis son exil syrien, le leader du Hamas, Khaled Mechaal, a appelé à une « troisième Intifada » contre Israël. Le Hamas appelle la Jordanie et l’Egypte à couper toute relation diplomatique avec le Hamas. L’Egypte, qui se voit reprocher par certains de cautionner l’intervention militaire israélienne pour avoir notamment reçu Tsipi Livni en fin de semaine dernière, a décidé de rappeler son ambassadeur à Tel Aviv pour marquer sa désapprobation…
La pression internationale pour que cessent les bombardements israéliens ne s’est pas fait attendre. L’ONU, l’Europe, la Russie appellent les deux parties à la retenue. Washington demande à Israël de faire en sorte que les raids ne fassent pas de victimes parmi les populations civiles et tient le Hamas pour responsable de la violation du cessez-le-feu. L’ensemble des pays arabes et l’OCI, l’Organisation de la conférence islamique, qui représente 1,3 milliards de musulmans, ont condamné les raids israéliens, les qualifiant de crimes de guerre. Un sommet de la Ligue arabe est prévu à Doha mercredi 31 décembre. Des manifestations sont organisées dans tout le Moyen Orient pour condamner les attaques israéliennes, y compris à Istanbul et à Islamabad, et même dans la capitale marocaine.
Les conséquences d’une telle intervention, tant sur le plan sécuritaire que sur le plan des relations diplomatiques dans la région, sont difficiles à évaluer. Si les autorités israéliennes ont prévu jusqu’à 200 tirs de missiles du Hamas par jour, on ne sait pas encore la méthode qui va être employée par le Hamas pour étendre son « cercle de feu » : s’agit-il de tirer des missiles en profondeur à l’intérieur d’Israël pour toucher le cœur du pays ? L’action sera-t-elle relayée en Judée Samarie ou depuis le Sud de Liban où des batteries de missiles contrôlées par des milices palestiniennes sont pointées vers Israël ?
En Israël, plusieurs partis politiques tels que le Shass ou Kadima, ont décidé de suspendre leur campagne électorale. Le leader de l’opposition B. Netanyahu a déclaré l’unité de tous les responsables politiques israéliens « devant leurs ennemis ». Le pays semble décidé à tout faire pour écarter définitivement la menace terroriste à Gaza.
Si une solution militaire était indispensable pour mettre fin aux tirs de missiles et aux menaces terroristes, la solution politique pourrait être détenue par le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. L’affaiblissement du Hamas à Gaza est une occasion unique pour les modérés palestiniens, et à quelques mois des élections palestiniennes, de reprendre le contrôle sur ce qui devait être le point de départ de la construction d’un Etat palestinien, après le désengagement israélien de la bande de Gaza, il y a plus de trois ans. Cette hypothèse a été avancée au cours de la soirée de samedi par Tony Blair qui préconise « la mise au point d’une nouvelle stratégie pour Gaza, qui place de nouveau ce territoire sous la direction légitime de l’Autorité palestinienne ». |
Rédigé par : |