Gaza, la trêve à tout prix

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur l’incursion israélienne à Gaza et la reprise des violences dans la région de Sdérot. Dans l’ombre de la victoire historique de Barak Obama aux élections présidentielles américaines, Gaza et le Néguev occidental ont tremblé. La trêve décidée le 19 juin 2008 entre le Hamas et Israël n’aura finalement pas cessé, malgré l’incursion de l’armée israélienne dans la bande de Gaza et la riposte qui se traduit par le tir de près de quarante missiles Qassam et obus de mortiers sur Israël.

Le Hamas souhaite que la trêve se poursuive, et Israël est également favorable à la prolongation de la trêve avec les Palestiniens.
Il s'agit pourtant de la plus grave flambée de violence depuis cinq mois. Une trêve à la trêve a bien eu lieu, et le Hamas a accusé l'Etat hébreu d'avoir violé le cessez-le-feu alors que son bras armé a promis une « riposte sans merci ».
Suite à l’obtention de renseignements précis selon lesquels une attaque du Hamas devait avoir lieu, le ministre de la Défense Ehud Barak et le chef d’état major Gaby Ashkenazi ont décidé du lancement de la première opération importante depuis le début de la trêve en juin 2008.

Dans la nuit du mardi au mercredi 5 novembre, des forces spéciales de Tsahal ont pénétré dans le centre de la bande de Gaza, à quelques centaines de mètres de la frontière israélienne, près du camp de réfugiés d’Al-Boureij. L’objectif de cette incursion était de détruire un tunnel creusé par le Hamas qui menait vers le territoire israélien et devait servir à l’enlèvement de soldats ou de civils israéliens. Six terroristes palestiniens, parmi lesquels cinq lanceurs de missiles, ont trouvé la mort au cours de cette opération.

Les responsables israéliens n’ont pas eu le choix. Le risque d’escamoter la trêve était préférable à l’enlèvement d’autres soldats israéliens qui bloqueraient définitivement les éventuels pourparlers. Pour préserver la trêve, Israël a montré qu’elle avait tiré les leçons de l’enlèvement de Guilad Shalit…

Soucieux de prolonger la trêve, les Palestiniens du Hamas n’ont pas voulu endosser la responsabilité des tirs de missiles sur Israël. A Gaza, on présente officiellement le Djihad islamique comme responsable des représailles, sans toutefois s’en désolidariser. Le Hamas doit continuer de montrer sa capacité à régner sur Gaza en bonne intelligence avec les autres factions. Il doit montrer sa capacité à « résister », mais rêve aussi de devenir un interlocuteur pour la prochaine administration américaine.

Rappelons qu’au cours de sa visite en Israël à la fin du mois de juillet 2008, Barak Obama s’était rendu à Sdérot. Il avait alors rappelé le droit d’Israël à se défendre des attaques perpétrées par le Hamas contre les populations civiles. C’est aussi depuis Sdérot que le candidat à la Maison Blanche avait adressé un discours fort sur les dangers d’un Iran nucléarisé.

Dans ce contexte sensible, si l’on parle volontiers de négociations de paix au Moyen Orient, l’équilibre se fonde sur la terreur réciproque et demeure bien fragile.
S’il n’y a pas d’autre politique que celle de « la trêve à tout prix », il convient de rappeler que le prix de la trêve risque d’être très élevé pour Israël, comme pour le Fatah de Mahmoud Abbas d’ailleurs. Depuis 150 jours que la trêve a été décidée, le Hamas s’arme et s’organise.

De ce point de vue, le cas de Gaza n’est pas isolé. Malgré la volonté affichée par les Syriens par exemple de vouloir entamer des négociations de paix avec Israël, il faut rappeler que la Syrie continue d’envoyer des armes au Liban, toutes destinées au Hezbollah.
Saluons le reportage de Georges Malbrunot paru dans « Le Figaro » du jeudi 6 novembre, rare et précieux témoignage sur le trafic d’armes qui continue, sous le regard impuissant des autorités libanaises, et des forces de l’ONU.

Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, soldat de Tsahal et citoyen français, retenu en otage par le Hamas depuis 866 jours.

A la semaine prochaine, 

Guy Senbel.

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