Voici, la Paracha de cette semaine
20 juin 2008
La Faute des explorats
La question lancinante qui traverse toute la Parachat shélah’ lékha, réside entièrement dans le contraste qui existe entre, d’une part, l’insistance des versets sur la valeur éminente des « explorateurs » choisis par Moïse, et, d’autre part, la gravité de leur faute et de ses conséquences, puisqu’elle conduisit à l’anéantissement de la génération (des pères) des hébreux sortis d’Egypte. En effet, le début de notre section hebdomadaire insiste lourdement sur leur stature, par l’emploi répété des termes anashim, ish et rashé (versets 2, 3 et 16, du chapitre 13 du Livre des Nombres), qui qualifient toujours, selon nos Sages, des çadiqim (des « justes »). Comment, dès lors, comprendre, que de telles personnalités aient pu décourager tout un peuple d’entrer en terre de Canaan, ceux-là mêmes qui ont vu à l’œuvre la toute puissance divine, osant dire à la face de Dieu que le peuple cananéen « est plus fort que nous », voire selon une autre lecture, « que Lui (Dieu) »[1]. De nombreuses tentatives de réponses à cette question existent. Nous en citerons une, qui provient du Zohar Ha-qadosh, dont la simplicité apparente n’en est pas moins éprouvée dans la réalité. Les « explorateurs », tous chefs de tribus, désiraient conserver leurs fonctions, dont ils savaient qu’elles leur seraient retirées pour être transmises à d’autres, lorsqu’ils entreraient en Canaan. En demeurant dans le désert, ils continueraient de diriger. Il leur fallait donc trouver un moyen de faire échouer la dernière étape qui concluait l’exode d’Egypte et la théophanie. Il est probable qu’ils devaient se trouver les meilleures raisons de s’attacher ainsi à leur magistère, mais en définitive, l’attrait du pouvoir est tel, que même les plus grands s’y brûlent les ailes. « Rabbi El’azar Haqappar dit : la jalousie, le désir et les honneurs font sortir l’homme du monde ».
Rabbin Michael AZOULAY
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