Les mutins de la Grande guerre réhabilités ?
12 mai 2008
Exécution d'un mutin à Verdun en 1917 (Bibliothèque Nationale française)
Jean-Marie Bockel lance une réflexion sur la réhabilitation de certains soldats qui se sont mutinés durant la première guerre mondiale.
Faut-il réhabiliter 600 «poilus» fusillés durant la Ie guerre mondiale car ils refusaient de combattre ? Dans une interview sur RTL ce matin, Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, annonce qu'il lance une réflexion sur le sujet.
Le sujet avait déjà été évoqué voilà dix ans, en 1998. Lionel Jospin avait souhaité «que ces soldats, désignés pour l'exemple, réintègrent pleinement notre mémoire collective nationale». Mais le premier ministre s'était heurté au refus de Jacques Chirac, qui avait parlé de proposition «inopportune».
Le gouvernement et le chef de l'Etat, qui vient par ailleurs de demander que l'histoire de l'esclavage soit enseignée à l'école primaire, souhaite relancer ce débat, , alors que la France célèbrera le 11 novembre prochain le 90e anniversaire de l'Armistice de 1918. «Nous sommes en train d'examiner l'ensemble du dossier de façon extrêmement précise» afin «de prendre une orientation» d'ici le 11 novembre, affirme le secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants.
3.500 condamnés pour refus de combattre
A la fin de la Grande guerre, on recensait plus de 3.500 condamnations pour refus de combattre. Sur ce total, 554 soldats furent condamnés à mort : les fameux fusillés «pour l'exemple». Jean-Marie Bockel est cependant revenu sur cette définition, expliquant : «Sur les 600 personnes condamnées à mort, toutes ne l'ont pas été pour l'exemple. Il y a eu un certain nombre de droits communs et tous ceux qui l'ont été pour des raisons de refus de combattre ou de mutinerie n'ont pas été des mutins de 1917. Il y en a qui l'ont été dès 1914».
De fait, entre 1914 et 1915, de 450 à 500 soldats seront fusillés, principalement pour des mutilations volontaires. C'est pourquoi, estime Jean-Marie Bockel, «il y a des situations extrêmement diverses et donc il faut que nous puissions apporter tous les éléments permettant en cours d'année au président de la République, s'il décide de faire ce geste de réconciliation», de prendre une décision». Car, explique le secrétaire d'Etat, ces réhabilitations auront lieu «au cas par cas».
Autre question : si les mémoires de ces soldats sont réhabilités, leurs noms seront-ils ajouté aux monuments aux morts ? «Ce sont des décisions qui seront prises au plus haut niveau. A chaque jour suffit sa peine. Je n'en suis pas encore au stade des propositions et le président n'en est pas encore au stade de définir précisément quelles décisions il sera amené à prendre».
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