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Histoire : comment est né Israël ?

Deux mille ans de persécutions ont conduit les Juifs à revendiquer et à bâtir leur propre État. Marion Krivine, coordinatrice des programmes pédagogiques à l'Institut du patrimoine Ben Gourion (Israël) nous raconte.

Où le sionisme trouve-t-il ses racines ?

Les conquêtes assyriennes, babyloniennes, puis romaines ont amené les Juifs à quitter leur berceau historique, « Eretz Israël », et à s'exiler à travers le monde entre 70 avant J.-C. et 135 après J.-C. À la fin de l'Antiquité, les Juifs vivant en Terre sainte sont très minoritaires par rapport à ceux de la diaspora*. Ces derniers entretiennent, au fil des siècles, le rêve d'un retour. Au siècle des Lumières, les concepts de « peuple » et de « nation » voient le jour. Ils séduisent les peuples privés de territoire, donc les Juifs. Purement religieux à l'origine, le sionisme prend un tour plus politique. Les Juifs - qu'ils soient ashkénazes (Europe du Nord et de l'Est) ou séfarades (Bassin méditerranéen) - font l'objet de nombreuses persécutions. La montée de l'antisémitisme et les premiers pogroms* de Russie (dans les années 1880) accélèrent le développement du sionisme.

Qui en sont les initiateurs ?

Après les pogroms de 1881, un médecin d'Odessa, Léo Pinsker, publie le premier manifeste sioniste (bien que ce terme n'existe pas encore). Il estime que l'antisémitisme va se développer et que les Juifs doivent quitter l'Europe pour créer leur propre État. Parallèlement, des groupes commencent à émigrer vers la Palestine : c'est ce qu'on appelle la « première aliyah* ». Elle ne concerne guère que 10 000 personnes, mais crédibilise l'idée d'un retour vers Eretz Israël. L'un des membres de cette première vague d'immigrants, Eliézer Ben Yéhouda, va moderniser l'hébreu (langue religieuse) pour en faire une langue vivante, parlée par tous les Juifs de Palestine. Il se développera vraiment avec Theodor Herzl, journaliste autrichien traumatisé par les ravages de l'affaire Dreyfus dans la société française, où il avait toujours pensé que l'antisémitisme ne prendrait jamais pied. En 1896, il se convertit au sionisme et publie « l'État juif », livre appelant à la création d'un État pour les Juifs. L'année suivante, il convoque le premier congrès de l'OSM (Organisation sioniste mondiale) et déploie une intense activité diplomatique.

Pour créer un État juif en Palestine ?

La Palestine a toujours été au cœur du projet de constitution d'un État juif. Mais l'opposition de l'Empire ottoman, qui régnait sur ce territoire, a amené les sionistes et la communauté internationale à envisager d'autres possibilités, surtout après les terribles progroms du début du XXe siècle, qui suscitèrent une intense émotion dans le monde occidental. En 1903, le gouvernement britannique propose donc à l'OSM de lui donner une partie de l'Ouganda pour y créer un « foyer national juif ». Très divisé, le mouvement sioniste finit par repousser cette proposition en 1905. Le débat agitera le mouvement sioniste : l'objectif est-il de créer un État pour les Juifs (peu importe l'endroit) ou de créer un État dans les frontières bibliques d'Eretz Israël ?

Quel impact la Première Guerre mondiale aura-t-elle ?

En 1914, l'Empire ottoman entre en guerre aux côtés de l'Allemagne, donc contre l'Angleterre. Dès 1915, le leader sioniste Haïm Weizmann entreprend de convaincre le gouvernement britannique de l'intérêt qu'il aurait à soutenir la cause sioniste. En 1917, Lord Balfour déclare que la Grande-Bretagne est favorable à l'établissement d'un « foyer national juif » en Palestine. Cette « déclaration Balfour », sans portée juridique, est perçue comme un encouragement à la cause sioniste. Elle est déjà très mal vécue par les Arabes. Ce qui n'empêchera pas, en 1922, la SDN (Société des nations) d'accorder un mandat aux Britanniques pour faciliter l'immigration des Juifs en Palestine. L'Agence juive sera créée dans la foulée. La population juive ne cesse d'augmenter : de 83 000 fin 1918, elle passe à 164 000 en 1930, puis à 463 000 en 1940. Les affrontements avec la population arabe seront de plus en plus nombreux et violents, notamment entre 1935 et 1939, période de la grande révolte arabe.

Et après la Seconde Guerre mondiale ?

Après la Shoah et ses six millions de morts en camps d'extermination, la question de la création d'un État juif en Palestine s'impose à l'opinion internationale. En 1946-47, la Grande-Bretagne a de plus en plus de mal à gouverner une Palestine submergée par l'arrivée d'immigrants survivants de la Shoah et secouée par des affrontements entre Juifs et Arabes. Elle remet donc son mandat à la SDN, qui décide de créer un État juif à partir de la Palestine (dont le Sinaï, le Golan et la Jordanie sont exclus) : 55 % du territoire pour les Juifs, le reste pour les Arabes, et une zone internationale autour de Jérusalem. La contestation de ce partage dégénère en guerre civile. Le 15 mai 1948, Israël proclame son indépendance alors que les derniers Britanniques quittent le pays.

Pourquoi les frontières de 1947 ne cesseront-elles d'être contestées ?

Israël redessine les contours de son territoire dès 1949 en s'octroyant 73 % de la Palestine mandataire (au lieu des 55 % prévus par le partage de la SDN). La communauté internationale l'accepte tacitement. Mais la situation est encore très ambiguë : les Arabes se sentent spoliés ; quant aux Juifs et à leur Premier ministre, David Ben Gourion, ils considèrent que l'ensemble de la Palestine doit, à terme, leur revenir. Les conflits israéolo-arabes de 1967 (guerre des Six-Jours), 1973 (guerre du Kippour), 1982 (guerre du Liban), 1987 (première Intifada) et 2000 (seconde Intifada) trouvent leur source dans cette ambiguïté. Les accords de Camp David en 1979, d'Olso en 1993, de Camp David 2 et de Taba en 2000 et le plan de désengagement des territoires occupés de 2005 sont parvenus à régler certains problèmes frontaliers. Mais pas la question fondamentale de la coexistence entre juifs et arabes.

* Voir le lexique

Encadré / Lexique
- Aliyah : retour de Juifs de la diaspora vers Israël.
- Diaspora : dispersion à travers le monde antique de Juifs exilés de leur pays.
- Eretz Israël : frontières bibliques de l'État d'Israël.
- Pogrom : mot russe formé à partir de po (entièrement) et gromit (détruire). Agression meurtrière d'un groupe de personnes contre les Juifs d'un ghetto.

Sabine Germain

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