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Adieu, Monsieur Katz.

PAR MICHEL GURFINKIEL

C'est l'un des fondateurs d'Israël. Et l'un de ses meilleurs géopoliticiens. Il vient de s'éteindre, à 93 ans.

Shmuel Katz, homme politique, journaliste, historien, s'est éteint à Tel-Aviv le vendredi 9 mai. Au lendemain des festivités du soixantième anniversaire de l'Etat d'Israël. Ses amis et ses disciples voudront y voir un symbole.

Il avait quatre-vingt-treize ans. C'était l'un des derniers représentants d'une génération exceptionnelle : celle des fondateurs de l'Etat. Essayons de nous représenter ce que cela peut signifier. Les parents de Katz avaient fui la Lituanie, alors province russe, et ses pogromes, pour l'Afrique du Sud, alors dominion britannique, et donc terre de droit et de tolérance. Mais dans les années 1930, le racisme et l'antisémitisme montent dans ce pays comme dans le reste du monde : la ségrégation entre Blancs et Noirs s'alourdit, et les Juifs sont de moins en moins tenus pour des Blancs. En 1935, alors qu'Hitler a pris le pouvoir en Allemagne, une loi du parlement du Cap met pratiquement fin à toute immigration juive. L'extrême-droite blanche milite pour des mesures plus radicales : selon elle, les Juifs ayant acquis la nationalité sud-africaine devraient perdre le droit de vote, voire même être expulsés.

En droit international, il existe alors un ultime refuge : le Foyer national juif de Palestine, institué par la Société des Nations et administré par la Grande-Bretagne. Mais en fait, les Britanniques sont en train de trahir leurs obligations. Le Livre Blanc de 1939 fermera le Foyer national aux Juifs européens ou extra-européens, au moment même où fuir devient, pour eux, une question de vie ou de mort. Mieux : avec ce même Livre Blanc, les Britanniques, peuple d'élite, sûr de lui-même, dominateur, et pétri de bonne conscience – self-righteousness -, instaureront en Palestine une politique analogue à l'apartheid sud-africain : par décret du roi d'Angleterre, les Juifs n'auront plus le droit d'acheter des terres que dans 5 % de ce qui est, juridiquement, leur patrie.

Les dirigeants et militants sionistes sont horrifiés. Mais que faire ? La plupart d'entre eux ont trop conscience de leur faiblesse. Ils décident de protester contre la nouvelle politique britannique. Mais ils n'osent envisager une rébellion. Un seul leader sioniste passe outre : Vladimir Zeev Jabotinsky. Il fait remarquer qu'une telle insurrection serait conforme à l'esprit même de la civilisation anglo-saxonne, où il a toujours été légitime, depuis le XIIe siècle et jusqu'à la Révolution américaine, en passant par la République de Cromwell et la Glorieuse Révolution anglaise de 1688, de se révolter au nom du droit.

Katz rejoint Jabotinsky, dont il sera bientôt le secrétaire. Sa qualité de citoyen de l'Empire britannique lui permettant d'immigrer en Palestine, il fait partie, dans les années 1940, de l'état-major de l'Irgoun. Il échappe cependant aux services secrets britanniques. Sa ruse : il écrit pour le Daily Express, un quotidien conservateur, des articles au vitriol en faveur de la Résistance juive. Les policiers britanniques ne peuvent pas imaginer qu'un intellectuel fasse ce qu'il dise et participe concrètement à la cause qu'il défend de façon aussi explicite.

On connaît la suite. Israël accède à l'indépendance en  1948. La gauche y est au pouvoir jusqu'en 1977. Pour Katz et ses semblables, c'est la traversée du désert. Puis le Likoud, héritier de l'Irgoun, l'emporte. Katz travaille quelques mois pour Menahem Begin. Avant de se retirer pour se consacrer uniquement à la réflexion et à l'histoire. Nous avons été des centaines et des milliers à découvrir la géopolitique d'Israël dans ses livres, ses articles, ses conversations où le réalisme et la litote anglo-saxonnes se mélangeait miraculeusement aux valeurs juives.

Il avait gardé, jusqu'au bout, une entière vivacité d'esprit. Voici deux mois, il publiait son dernier livre, l'histoire de la famille Aaronsohn qui, pendant la Première Guerre mondiale, avait mis sur pied un réseau d'espionnage en faveur des Britanniques, le Nili, afin de hâter la fin de l'occupation turque en Eretz-Israël. Son œuvre majeure, Lone Wolf (Le loup solitaire), une biographie en deux volumes de Jabotinsky, était parue douze plus tôt, en 1996, quand il avait soixante-dix-huit ans.




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