Quelques réponses aux questions des petits (et des grands) enfants… |
Pourquoi l'enfant dit-il dans le " Ma Nichtana " : ce soir-ci on mange du pain azyme et des herbes amères, on trempe deux fois, on mange accoudés ? Il n'a encore rien vu de tout cela au moment où il pose la question ?
En effet. A l'origine, tout le Seder se déroulait après le repas et l'enfant pouvait poser ces questions en toute connaissance de cause, selon ce qu'il venait de voir. Quand on a changé l'ordre de la soirée, on a cependant conservé ces questions - qui n'ont plus du tout leur caractère original - au début du Seder.
Pourquoi a-t-on changé l'ordre original qui semblait plus logique ?
On s'est rendu compte qu'il était beaucoup plus difficile de retenir l'attention des petits enfants une fois qu'ils avaient consommé un bon et copieux repas.
Pourquoi l'enfant ne demande pas, dans le " Ma Nichtana " : ce soir-ci on boit quatre coupes ?
C'est que même à l'origine, quand le Seder se déroulait après le repas, il n'avait pas encore vu boire les quatre coupes et ne pouvait donc poser une telle question.
Pourquoi explique-t-on, au cours du Seder, le récit de la sortie d'Egypte à partir d'un texte du Deutéronome (26-5-8) et non, comme il semblerait logique, d'après des extraits du livre de l'Exode ?
C'est que tous les textes de l'Exode comportent la mention du nom de Moïse et que nos Sages ne voulaient pas que - malgré son grand mérite -- il puisse un tant soit peu être associé aux sentiments de gratitude que nous exprimons le soir du Seder à l'Eternel, et à lui seul.
Pourquoi alors trouve-t-on tout de même mention du nom de Moïse dans la Haggadah dans le passage suivant : " Ils eurent confiance en Dieu et en Moïse, son serviteur".
C'est par entraînement, parce que l'on voulait citer le verset entier qu'effectivement se trouve là la mention de Moïse. Mais c'est une erreur qui est d'ailleurs rectifiée dans de nombreuses Haggadot.
Pourquoi certains ont-ils l'usage de revêtir un vêtement blanc au cours de la soirée du Seder, tout comme on a l'habitude de le faire à Roch Hachana et à Yom Kippour ?
Ce vêtement blanc est un symbole de pureté : le chef de famille attablé le soir du Seder, s'en revêt tout comme le prêtre au Temple, car lui aussi préside ce soir-là un office religieux domestique et non un simple repas. Par ailleurs, ce vêtement symbolise la joie c'est la raison pour laquelle on le revêt lors du mariage.
Pourquoi utilise t on trois Matsot le soir du Seder ?
On sait que pour rappeler le miracle de la manne qui tombait en double quantité le vendredi, on a l'habitude disposer, le vendredi soir sur la nappe, deux pains recouverts d'un napperon. La nappe et le napperon symbolisent les couches de rosée entre lesquelles Dieu faisait tomber la manne.
Cet usage est adopté également les jours de fête. Bien entendu, pendant Pessa'h les deux pains sont remplacés par deux Matsot. Mais pourquoi y ajoute t on une troisième Matsa pour les soirées du Seder ?
Cette troisième Matsa, qui sera brisée avant le début du récit de la sortie d'Égypte et dont seule une moitié restera sur le plat du Seder pendant que l'autre est conservée pour être consommée à la fin du repas, doit symboliser le pain misérable que nos ancêtres consommaient en Égypte et dont la ration leur était mesurée. C'est pourquoi cette Matsa est brisée en deux. N'oublions pas, par ailleurs, que l'autre moitié, en attendant d'être consommée, sera enveloppée dans une serviette avec laquelle le récitant rappellera, en la prenant sur son épaule, le balluchon que nos ancêtres ont emporté de la terre d'esclavage.
Une autre réponse peut être donnée à cette question : à l'époque du Temple, les personnes désireuses d'exprimer leur gratitude à l'Éternel, apportaient un sacrifice spécialement prévu à cet effet. Ce sacrifice était obligatoirement accompagné de trois Matsot. Comme nous avons tout lieu d'exprimer le soir du Seder notre reconnaissance à l'Éternel qui nous a délivrés d'Égypte, nous lui présentons également, à défaut de sacrifice, les trois Matsot prévues pour de tels cas.
Pourquoi, puisque Israël est l'enfant choyé de l'Eternel,fut il livré entre les mains de ses ennemis en Egypte ?
R. Hanina répond à cette question : " Les mesures du Saint, béni soit il, correspondent aux mesures humaines. Avant de descendre en Égypte, les fils de Jacob blâmaient leurs frères, fils de servantes et ne les considéraient pas comme leurs frères. Cela déplut aux yeux de l'Éternel. Le Saint, béni soit il, dit : " Comment faire pour qu'ils admettent les fils des servantes et les considèrent comme leurs égaux? Je les ferai descendre en Égypte. Qu'ils deviennent tous esclaves et, lorsque la délivrance viendra, je leur imposerai la loi de Pessa'h, à eux, à leurs fils et petit-fils, et tous proclameront : " Nous étions esclaves de Pharaon". L'égalité ainsi sera reconquise. "
Cela afin de faire connaître la majesté du Saint, béni soit il, à tous les vivants et que soit rétablie la paix entre toutes ses créatures.
Pourquoi donc moise s'est il enfui devant son baton qui venait de se transformer en serpent, ainsi qu'il est dit : " ... le bâton se transforma en serpent et moise eut peur et s'enfuit" (Ex. 4,3).
Un idolâtre dit un jour à un sage en Israël : " Selon le témoignage même de votre propre croyance, mon dieu est plus grand et plus puissant que le vôtre. La preuve, c'est qu'à la vue de l'Eternel dans le désert, lorsque celui-ci lui apparut au milieu du buisson, Moïse ne s'enfuit pas, mais à la vue du serpent que moi, je considère comme un dieu, Moïse prend la fuite.
Bien au contraire, répondit le Sage. Moïse ne s'est pas enfui devant Dieu tout simplement parce que l'Éternel remplit toute la terre et qu'on le trouve en tout endroit. Est il possible dans ces conditions de fuir devant lui? Mais pour se préserver et ne plus être à la portée de ce que vous considérez comme un dieu, du serpent, il suffit de s'éloigner de quelques pas et l'on échappe à son emprise.
Ce fut Aaron qui frappa le Nil pour en transformer l'eau en sang et pour en faire sortir les grenouilles. Ce fut lui, également, qui amena la vermine sur l'Egypte en frappant la terre. Pourquoi remplaça t il moise pour ces trois plaies ?
C'est que Moïse ne pouvait, par reconnaissance, frapper le Nil pour amener des fléaux sur l'Egypte.
Ce fleuve lui avait accordé l'hospitalité quand sa mère l'y déposa à sa naissance. II ne pouvait pas non plus frapper la terre qui avait caché ce cruel contremaître égyptien qu'il avait tué en prenant la défense de son frère esclave. Il fit donc appel à son frère Aaron pour l'exécution de ces trois plaies, conformément à la volonté divine. (Cf. Exode 7, 19 ; 8,11.)
Pourquoi racontons nous la sortie d'Egypte, avec tellement de détails le soir de Pessa'h ?
Sur un bateau voyageaient plusieurs commerçants. Ils revenaient d'Extrême-orient, ramenant chacun des marchandises diverses : l'un un chargement de diamants, l'autre des tapisseries, un troisième des épices, un autre encore des bijoux.
Soudain éclate un orage qui menace de faire couler le navire. Tous les passagers. oublient la valeur de la marchandise qu'ils risquent de perdre. Ils sont tous égaux devant le danger et ne sont préoccupés que par le sauvetage de leur propre personne.
Mais, grâce à Dieu, le calme revient et les commerçants arrivent à bon port, contents d'avoir pu préserver tous leurs biens. Dès qu'ils mettent pied à terre, ils s'empressent de raconter à leurs amis venus les accueillir à quel danger ils ont échappé. Et il est facile, en les écoutant, de reconnaître celui dont les marchandises avaient le plus de valeur, car les détails qu'il rapporte sur la tempête sont beaucoup plus nombreux que ceux du voyageur qui risquait de subir une moindre perte.
Israël, s'il avait sombré en Egypte sans que l'Eternel l'eût délivré, n'aurait pas reçu la Torah et n'aurait pas été choisi pour remplir la noble mission qui est la sienne. Nous nous rendons compte à Pessa'h quelle eût été la grande perte que nous aurions subie de ce fait et c'est pourquoi nous ne pouvons raconter avec assez de détails cet événement miraculeux si important pour nous que fut la sortie d'Égypte.
La deuxième partie du Seder est introduite par un étrange et mystérieux usage : on ouvre toute grande la porte d'entrée et tous les assistants se lèvent pour saluer l'arrivée du prophète Elie par un joyeux " barou'h haba " (soyez le bienvenu). Quelle est la signification de cet usage ?
A l'origine, la tradition voulait que la porte de nos demeures restât ouverte depuis le début du Seder conformément à l'appel : " Que tous ceux qui le désirent viennent participer à notre soirée pascale ! " On la fermait quand on avait récité la prière après le repas, car on n'attendait plus personne.
A la suite des persécutions l'usage changea : on fermait bien soigneusement sa porte par crainte. On ne l'ouvrait que pour recevoir Elie, le prophète, qui fut un combattant zélé et courageux pour la cause divine et qui symbolise par son retour l'arrivée de temps meilleurs, ces temps messianiques mettant fin à nos persécutions et annonçant l'entente de tous les hommes unis dans le service de Dieu.
C'est en présence du prophète Elle que nous invoquons Dieu en vue de l'avènement de cette ère bénie qui nous permettra de boire une coupe de vin supplémentaire la coupe d'Elie car notre antique libération se trouvera amplifiée par l'affranchissement de toute l'humanité.
C'est cet usage qui s'est conservé de pas jours, même dans les pays où nous vivons en toute quiétude, car malheureusement les hommes souffrent toujours encore de l'absence de justice, de charité, d'amour et de paix véritable sous l'égide de Dieu.
C'est la réalisation de cet idéal que nous leur souhaitons particulièrement ce soir en présence du prophète Elie.
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