On connaissait la France comme fidèle partenaire économique des Palestiniens. Désormais, c’est dans le secteur éducatif que cette dernière a l’intention de s’illustrer.
Afin de concrétiser douze ans de coopération dans le secteur de l’enseignement et des langues, un nouvel accord de financement vient d’être conclu. Au total, 700000 euros ont été alloués par la France à l’Autorité palestinienne afin de promouvoir l’apprentissage de la langue française au sein des écoles et des établissements situés dans les territoires palestiniens.
Un projet de taille et de longue haleine. En 2000, le premier FSP (Fond de Solidarité Prioritaire) a été mis en place. Il s’agit d’un programme pilote qui regroupe 26 écoles publiques "d’excellence" et 7 universités au sein desquelles le français est enseigné.
Au total, ce sont près de 5000 élèves qui étudient cette langue dans les établissements du secondaire. Une référence pour les autres enceintes scolaires. Aujourd’hui, ce plan, établi sur 5 ans se voit renouvelé après quelques années de flottement et surtout de déficit budgétaire.
De nouveaux axes se dessinent alors. Dans un premier temps, mettre en place des laboratoires de langues dans les écoles ainsi que des classes de soutien en français.
Puis, développer la formation des professeurs en mettant au point un programme national. A ce jour, 230 enseignants sont habilités à dispenser des cours de français. Enfin, diversifier les formations proposées à l’université. Le français est une langue utile dans de nombreux métiers qui concernent le secteur touristique, notamment.
Trois projets qui devraient, grâce à la somme accordée par le consulat français, aboutir d’ici 2 ans. "Les 700000 euros vont subventionner un programme conçu sur une période de 2 ans renouvelables. Par la suite, une nouvelle somme pourrait être délivrée afin de poursuivre le projet" a expliqué Séverine Laville, Coordinatrice du FSP linguistique à Guysen International News.
Et les ambitions ne sont pas minces. Fort des succès obtenus par ce programme pilote d’enseignement, le Ministère Palestinien de l’Éducation Nationale a proposé l’introduction officielle du français comme deuxième langue étrangère dans l’ensemble des établissements publics du secondaire.
"Actuellement il est possible de choisir l’étude du français. Mais il s’agit d’une simple option qui ne compte même pas pour le baccalauréat. Les enseignants enregistrent ainsi une perte de motivation des élèves, dès la première. Seuls ceux qui souhaitent faire des études de français par la suite poursuivent ces cours. Sinon ils sont très vite délaissés" précise Séverine Laville.
Car à ce jour aucune règle n’est fixée quant à l’apprentissage de cette langue. Chaque école, chaque professeur a sa méthode. "D’ici 4 ans et après renouvellement du programme, nous espérons réussir à mettre en place un manuel national. Actuellement, les professeurs se basent sur des méthodes égyptiennes. Mais nous aimerions créer quelque chose d’adapté à la culture locale. Un comité d’experts linguistiques se chargera de cette question".
Le français semble donc au cœur des préoccupations dans ces territoires. Une réalité quelque peu surprenante ; pourquoi tant d’engouement pour cette langue ? "15000 élèves, écoles publiques et privées confondues, étudient le français à Gaza et en Judée Samarie. C’est une vieille tradition. Il y a des années de ça, les écoles privées qui se trouvaient dans ces régions étaient dirigées par des sœurs françaises.
Certains cours étaient même dispensés en français, surtout à Gaza et Bethlehem. Ainsi, beaucoup de Palestiniens parlent désormais le français, et souhaitent que leurs enfants apprennent cette langue" explique la coordinatrice du FSP.
Il était donc impératif de répondre à cette requête en développant cette langue au sein du réseau public. Car s’il y a bien une chose que les responsables du projet veulent éviter, c’est de faire du français un enseignement d’élite.
Une mission apparemment réussie, et une coopération qui selon les représentants français "n'est pas prête de s'arrêter". |
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