« Pourquoi l’extrême gauche déteste-t-elle tant un écrivain innocent ? »

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Pour libérer Boualem Sansal, il faut nous libérer du joug idéologique de la gauche avant tout.

« L’extrême gauche, complice de mes bourreaux. »

Ce n’est pas une métaphore. Ce n’est pas une formule. C’est une cellule, des barreaux, du béton, du silence.

Nous y sommes : Boualem Sansal est en prison.

Pas en résidence surveillée. Pas dans l’exil intérieur des écrivains morts-vivants. Non. En prison. La vraie. Avec porte qui claque et surveillant qui soupire.

Et tout cela ne fait pas scandale. Pourquoi ? Parce que l’époque, cette grande couveuse de pathologies sentimentales, n’a aucune tendresse pour les innocents lucides. Elle préfère les coupables bavards. Elle chérit les voyous éducables, les égorgeurs repentis, les accusateurs systématiques. Mais un écrivain algérien, francophone, laïc, courageux et attaché à l’universel ? Trop d’irrégularités dans son dossier. Inadmissible pour le logiciel du Camp du Bien.

Le Grand Simulacre ne tolère pas les voix dissonantes

Philippe Muray l’a prophétisé : nous vivons dans l’Empire du Bien, version festive, où tout est autorisé sauf la réalité. Où la dénonciation des crimes réels est suspecte, tandis que les récits de souffrances calibrées sont distribués comme des tickets de rationnement mémoriel.

Or, Boualem Sansal a commis tous les crimes aux yeux du monde inverti :

 • Il a dénoncé l’islamisme sans génuflexion décoloniale.

 • Il a osé parler de son pays sans faire porter le fardeau à la France.

 • Il a continué d’écrire en français, avec clarté, avec précision, avec dignité — autant dire : avec trahison.

 • Il a préféré la vérité des choses au storytelling communautaire.

 • Il a écrit des livres, au lieu de brandir des pancartes.

Et surtout : il n’est pas malléable. On ne peut ni l’acheter, ni l’embrigader. L’époque, qui aime tant les anciens islamistes devenus conférenciers TEDx, ne sait que faire d’un homme qui n’a jamais pactisé.

Le monde aime les victimes qui rentrent dans le cadre

Boualem Sansal n’est pas une bonne victime. Il ne pleure pas sur commande. Il ne gémit pas à l’unisson. Il n’a pas été forgé dans les moules subventionnés. Il accuse ce qui tue. Et ce qui tue, en 2025 comme en 1992, c’est bien l’alliance du religieux fanatique et de la lâcheté occidentale.

Alors on l’abandonne. Pire : on fait mine de ne pas savoir.

Rien sur les plateaux. Rien dans les rédactions. Rien dans les tweets ornés de drapeaux.

L’extrême gauche regarde ailleurs — vers Gaza, vers les « luttes intersectionnelles », vers les dernières directives du parti.

Ils ne veulent pas libérer Sansal. Ils veulent qu’il se taise.

Les bourreaux d’aujourd’hui s’appellent “coexistence”, “respect”, “pas d’amalgame”

Muray aurait souri, jaune : la prison du XXIe siècle est pleine de tolérance. On y enferme ceux qui veulent libérer, et l’on libère ceux qui veulent enfermer. Tout est inversé. L’écrivain est le monstre, le bourreau est la victime, l’émeutier est un poète, et le penseur laïque devient un fasciste s’il ose décrire ce qu’il voit.

Et comme toujours, les fossoyeurs sont polis. Ils ne frappent pas. Ils zappent.

Il faut libérer Boualem Sansal. Et libérer ce qu’il incarne.

Ce n’est pas qu’une affaire judiciaire. C’est une radiographie morale de notre époque.

Le silence autour de Boualem Sansal est le bruit exact que fait notre monde quand il enterre l’universel. Il nous dit : tais-toi, ou on te calera dans une case. Tais-toi, ou on t’enfermera — dans une cellule, ou dans une image.

Mais Sansal parle encore. Alors libérons-le, mais avant cela, libérons-nous.

David Duquesne 

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