07 mai 2025
Après 57 jours et 57 nuits de combat quasi ininterrompus, le camp retranché de Dien Bien Phu tombe le 7 mai 1954 à 17 h 30.
Ce fut la bataille la plus longue, la plus furieuse, la plus meurtrière de l'après Seconde Guerre mondiale.
On peut estimer à près de 8 000 le nombre de soldats vietminh tués pendant la bataille et à 2 293 celui des tués dans les rangs de l'armée française. Une fois le cessez-le-feu signé, le décompte des prisonniers valides ou blessés, capturés à Diên Biên Phu en Indochine française s'élève à 11 721 soldats dont 3 290 sont rendus à la France dans un état sanitaire catastrophique, squelettiques. Il en manque 7 801. Le destin exact des 3 013 prisonniers d’origine indochinoise reste toujours inconnu.
Plusieurs centaines de corps de combattants des deux camps restent enfouis sur place. Environ un millier de soldats français seraient enterrés dans des fosses communes plus ou moins organisées et signalées. En 1954, quelques dépouilles de militaires français sont rapatriées et inhumées à Fréjus. Des chantiers d'urbanisation au début du xxie siècle amènent parfois à la découverte de nouveaux corps. En 2023 l'association Le Souvenir français déplore que le ministère français des armées ne s'engage pas à une opération d'archéologie en collaboration avec les autorités vietnamiennes.
Tous les prisonniers devront marcher à travers jungles et montagnes sur une distance de 700 km, pour rejoindre les camps, situés aux confins de la frontière chinoise, hors d'atteinte du corps expéditionnaire. D'après Erwan Bergot, sur les 11 721 soldats de l'Union française, valides ou blessés, capturés par le Vietminh à la chute du camp, 3 290 furent libérés et 8 431 sont morts en captivité. D'après la revue Historica, sur 10 998 prisonniers, 7 708 sont morts en captivité ou disparus.
Là, un autre calvaire attendait les prisonniers. Ceux qui ont le mieux survécu étaient les blessés lourds, pris en charge par la Croix-Rouge, qui n'eurent pas à subir la marche forcée de 700 km où les malades étaient abandonnés par le Viet Minh au bord de la route. Les autres furent internés dans des camps dans des conditions effroyables. Ainsi, leur alimentation quotidienne se limitait à une boule de riz pour les valides, une soupe de riz pour les agonisants. Un grand nombre de soldats sont morts de dénutrition et de maladies. Ils n'avaient droit à aucun soin médical.
Élie Denoix de Saint Marc.
Nous nous souvenions de l'évacuation de la Haute-Région, des villageois accrochés à nos camions, qui, à bout de forces, tombaient en pleurant dans la poussière de la route. Nous nous souvenions de Diên Biên Phû, de l'entrée du Vietminh à Hanoï. Nous nous souvenions de la stupeur et du mépris de nos camarades de combat vietnamiens en apprenant notre départ du Tonkin. Nous nous souvenions des villages abandonnés par nous et dont les habitants avaient été massacrés. Nous nous souvenions des milliers de Tonkinois se jetant à la mer pour rejoindre les bateaux français.
Devoir de mémoire
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