30 juillet 2025
Info Pierrefitte :

Info Pierrefitte :
Le 30 juillet
- Jean Delhérus, curé du diocèse du Puy, exécuté au Puy, 1794.
- Louis-Joseph Folquin-Boucher, 68 ans, né à Arras, exécuté en 1794.
Les victimes de Vannes de 1795
- Urbain-René de Hercé, 69 ans, né à Mayenne, évêque de Dol ;
- François de Hercé, vicaire général de Dol ;
- René-Vincent Gilard de l’Archantel, vicaire général de Quimper ;
- Jean-Marie-Maurice Rolland de Kerlouy, chanoine de Tréguier ;
- Lonis Gabriel du Largez, recteur de Plémeur-Bodou ;
- Julien Gauthier, vicaire de Plélan ;
- Jean Girard, vicaire de Montauban ;
- Louis-René-Patrice Le Gall de Brue, tous trois du diocèse de Saint Malo ;
- François-Pierre de Rieussec, vicaire général de Luçon ;
- Nicolas Boulard, curé de La Riche (Tours) ;
- Pierre-Antoine Vulfran Langlais, curé du pays de Caux ;
- Pierre-François Bréhérec, du diocèse d’Angers ;
- Jacques-Pierre Gourot, curé de Saint Georges (Angers) ;
- Jean-Baptiste Guegné, prêtre de la Vendée ;
- François-Dominique Castin de la Madeleine, de Saintes,
Tous ces prêtres furent fusillés à Vannes.
- Barbe Jago, 51 ans, née à Morlaix, religieuse, guillotinée à Brest.
- Adrien Lamouroux-Lamarade, 31 ans, né à Badefolds (Dordogne), déporté, mort sur les Deux-Associés.
- François Meffet, 61 ans, né à Onville (Metz), chanoine de Saint Thiébault de Metz, déporté, mort sur l’indien, inhumé à l’ile d’Aix.
- Jean-Augustin Mercadier, 56 ans, né à Saint Chély de Séverac, curé de Concourés (Rodez), détenu au Fort Hâ, décédé à l’hôpital Saint André, 1794.
- Yves Mevel, 65 ans, né à Roscof, capucin, exécuté à Brest, 1794.
- Pierre Mathilde Mourot, né à Mont Benoit en Montagne (Besançon), vicaire de Scey, près Vesoul, exécuté à Besançon, 1798.
- Jean Pascal, curé de Porté en Feu (Uzès), exécuté à Privas, 1794.
- Jacques Poujol de Lisle, 38 ans, né à Cazoulès, vicaire à l’Herm (Lot), déporté, mort sur les Deux-Associés.
- Victor Rozan, 48 ans, né à Bordeaux, curé de Bouillac (Toulouse) détenu au Fort du Hâ, mort à l’hôpital Saint André, 1794.
- Nicolas Varagne, 45 ans, né à Limoges, déporté, mort sur les Deux-Associés.
Un livre mis sous le boisseau : genèse de Ne fais pas ton Français
Je n’ai jamais voulu écrire un livre. Ce sont les circonstances — ou plutôt, une certaine nécessité intérieure — qui m’y ont conduit. Quatre maisons d’édition m’ont approché après m’avoir lu sur les réseaux sociaux ou entendu dans des cercles privés. Toutes m’ont proposé d’écrire. Elles avaient repéré une voix singulière, à contre-courant, qui racontait des choses que l’on n’entend plus : des choses vécues, vues, comprises — mais qui ne passent plus dans le langage autorisé.
Ce livre s’est imposé comme un témoignage et comme un démontage. Témoignage d’un itinéraire — le mien, celui de ma mère Houria, de ma famille maternelle arrivée d’Algérie en 1947. Et démontage de quarante ans de récits verrouillés, de slogans politiques recyclés, de silences imposés par peur de passer pour un traître. Car en France, dès qu’on touche à l’islam, à l’immigration maghrébine ou aux non-dits qui minent les quartiers, on franchit une ligne rouge invisible. Une ligne surveillée autant par ceux « de la communauté » que par ceux « du bon camp » politique.
J’ai accepté un contrat chez Grasset, avant d’y renoncer deux mois plus tard sous la pression de mon entourage proche. Il ne fallait pas parler. Même quand on est concerné. Surtout quand on est concerné. Être d’origine algérienne ne protège pas du soupçon. Au contraire. Dire certaines vérités, même documentées, vécues, argumentées, c’est être immédiatement accusé de trahison. Par une partie des Maghrébins, qui ne supportent pas qu’on expose ce qui se joue dans les familles, les mariages, les mosquées, les quartiers. Mais aussi par une partie des Français de gauche, pour qui toute critique venue de l’intérieur dérange l’ordre symbolique établi. Cela remet en cause l’illusion universaliste, les postures morales, le confort du discours unique.
J’ai tenu bon. J’ai repris l’écriture fin août 2022. Deux heures par semaine, sans forcer. Tout était là, prêt. En moi depuis des années. L’écriture a été rapide, fluide. Le livre était terminé avant Noël.
Je l’ai structuré en deux grandes parties. Les deux premiers tiers suivent une trajectoire : celle de ma mère, la mienne, celle de notre famille. J’y démonte patiemment les éléments de langage du discours officiel. Je parle du rôle des femmes dans l’islam, des mariages arrangés, du surmusulmanisme — cette course à la surenchère pour ne pas être taxé d’être « moins musulman » que les autres. Je parle de l’antisémitisme ordinaire, du mépris envers les Noirs (les kahlouchs), envers les Français (les Gahouris), envers les Juifs. Je raconte les dessous d’une émeute urbaine à laquelle j’ai assisté près de Lens vers 2013-2014, et son traitement médiatique et politique, proprement scandaleux. Et je montre, surtout, à quel point tout cela contredit ce que l’on entend dans les médias ou les milieux politiques.
Je parle aussi de l’assimilation à l’envers : ces jeunes Français de souche qui, face à un monde individualiste et atomisé, se tournent vers des structures claniques musulmanes qui leur offrent protection, repères, solidarité. Ils fuient le vide, et l’islam leur tend la main.
La dernière partie du livre — le dernier tiers — devait raconter le prix à payer pour avoir dit tout cela. Ce que coûte, en France, une parole libre.
Le fait de répéter les éléments de langage attendus — même quand ils contredisent frontalement la réalité vécue — permet de maintenir sa réputation, de protéger ses réseaux, d’obtenir une forme de validation sociale, professionnelle, affective. Et quiconque rompt ce pacte tacite devient immédiatement un paria.
Mais une centaine de pages a dû être retirée. Non par censure éditoriale, mais pour des raisons juridiques défendables. Mon ex-épouse menaçait de porter plainte. Je ne pouvais pas raconter ce que j’avais subi. Pas en citant les faits, pas en nommant. Le droit protège ceux qui veulent vous faire taire. Et le silence s’impose — provisoirement.
À cela s’est ajoutée une autre pression, plus insidieuse encore : celle de la stratégie médiatique à adopter face à ceux qui font l’opinion — Libération, France Inter, Le Monde, BFM, LCI. On m’a demandé de retirer soixante pages supplémentaires, non pas pour des raisons juridiques, mais pour ne pas « gêner la gauche ». Trop dérangeant. Trop risqué. J’ai refusé fermement.
Le livre n’a pas été interdit, il a été placé sous cloche. Le service minimum a été assuré. Peu d’interviews, pas de relais, pas de débat.
En France, on ne brûle plus les livres. On les déprogramme. On les écarte discrètement. On évite d’en parler. Et surtout, on s’éloigne de leur auteur, de peur d’être associé à lui.
Le directeur d’un magasin Cultura m’a affirmé, autoritaire : « Votre livre n’est pas mis en avant par parti pris. »
Dans notre société, beaucoup ne cherchent pas la vérité — ils cherchent le bonus social. Répéter les bons mots, les bons slogans, les bons silences permet de protéger sa réputation, ses alliances, ses intérêts. Dire autre chose, c’est s’exposer. Être seul. Être puni.
Les pages retirées, je ne les ai pas abandonnées. Ce sont neuf ou dix chapitres que je retravaille aujourd’hui dans le cadre d’une fresque plus large sur les idéologies dominantes et leurs mécanismes d’élimination douce. Dans une démocratie comme la nôtre, on ne tue pas au sens littéral. On exclut, on salit, on fait le vide. Et on s’arrange pour que le discours qui gêne ne trouve jamais de scène.
Ne fais pas ton Français – Itinéraire d’un bâtard de la République est un livre debout. Un livre blessé, mais debout. Il dit ce qu’on ne dit plus. Il montre ce qu’on ne veut plus voir. Il dérange — et c’est sa fonction. Ce n’est pas un pamphlet. C’est un acte de vérité.
David Duquesne
parue dans Le Figaro – 28 juillet 2025
Par Henri Guaino
Cher Jean-Luc Mélenchon,
Il y a quelques semaines, lors d’un colloque à l’Assemblée nationale, vous avez enflammé le débat public en vous attaquant, cette fois, à la langue française. Comme toujours, vous avez trouvé le ton et les mots qu’il fallait pour exaspérer vos adversaires politiques. Quitte à feindre vous-même la colère, vous prenez un malin plaisir à mettre les autres en colère pour leur faire perdre la maîtrise d’eux-mêmes. Et, ça marche. Il faut dire que vous ne reculez devant rien, comme lorsque vous avez osé comparer Mathilde Panot et Manuel Bompard à Léon Blum, vous qui connaissez pourtant si bien l’histoire de la gauche, ou quand Rima Hassan vous est apparue comme la réincarnation de Victor Hugo, vous qui connaissez pourtant si bien Victor Hugo. Avec la langue française, que vous maniez pourtant si bien, vous nous refaites le coup. L’erreur serait, de ne pas prendre assez au sérieux le défi derrière la provocation. Car c’est bien un défi que lance, à tous ceux qui ne s’y résignent pas, cette vision post nationale et post républicaine que vous portez désormais et qui est dans l’air du temps délétère qui souffle sur nos sociétés malades. Vous avez, comme le disait Camus à propos de l’intelligentsia de gauche de son époque, décidé de placer votre fauteuil dans ce que vous pensez être le sens de l’histoire qui pour vous, désormais, se trouve dans la créolisation, chère au poète et philosophe martiniquais Édouard Glissant.
Il y a, dans ce que vous avez dit, une part de vérité : toute culture, toute civilisation, toute langue vivante emprunte aux autres. Pour parler comme Édouard Glissant, elles ont toutes des racines multiples. Le Français comme le créole dont mon ami, Alain Bentolila, auteur du premier dictionnaire de créole haïtien, dit qu’il est né d’une base syntaxique africaine sur laquelle sont tombés les mots français des maîtres d’esclaves des Antilles. Seules les sociétés hermétiquement fermées n’empruntent pas, mais elles dégénèrent, se dessèchent dans le totalitarisme des mondes clos et s’effondrent au moindre choc venu de l’extérieur. La défense éperdue de la pureté est une tentation mortifère. Mais, comme toujours, tout est une question de limite: celle de la capacité d’une culture, d’une civilisation, d’une langue à digérer les emprunts qu’elle fait aux autres, les assimiler, les fondre dans un tout auquel ils apportent une vitalité nouvelle et dans lequel ils trouvent un sens nouveau et un nouvel éclat.
Là, commencent nos divergences : au lieu de fondre les parties dans le tout, vous voulez dissoudre le tout dans les parties. C’est à dessein que vous avez employé le mot « remplacement » : vous souhaitez, vous l’avez dit, remplacer peuple français par un autre peuple et la langue française par une autre langue. Vous pensez que, pour l’un comme pour l’autre, la créolisation est en marche et que rien ne l’arrêtera. Derrière vos revirements, il demeure chez vous une constante : la vision marxiste de l’histoire engendrée par la lutte des classes, même si vous avez troqué un prolétariat contre un autre, les ouvriers contre les nouveaux damnés de la terre. Je vous écoute et je pense à Marx et Engels à propos du cosmopolitisme qui ouvrait la porte à l’internationalisme prolétarien : « En exploitant le marché mondial, la bourgeoisie a donné une forme cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand regret des réactionnaires, elle a dérobé le sol national sous les pieds de l’industrie. »
Vous nous racontez la suite de l’histoire : au grand regret des réactionnaires, la mondialisation de la concurrence, en conduisant à l’importation massive de main-d’œuvre à bon marché, a installé le cosmopolitisme sur le sol national, rendant la créolisation aussi inéluctable que jadis, pour les marxistes, la dictature du prolétariat. Sauf que, depuis Marx, nulle part on a vu le prolétariat prendre le pouvoir. Vous cherchiez comment durcir le camp d’en face pour durcir le vôtre: camp contre camp, exploités contre exploiteurs, révolutionnaires contre réactionnaires. Vous avez trouvé « le grand remplacement ». C’est un coup de génie. Vous vous emparez du mot de l’adversaire. Vous le retournez. Ce faisant, vous donnez une réalité à la menace et vous coalisez tous ceux qui, pour rien au monde, ne veulent être remplacés, même ceux qui se méfiaient de ce mot aux relents de grand complot. On aurait tort de n’y voir qu’un calcul électoral. Vous vous vivez désormais comme un révolutionnaire, accoucheur de l’histoire. Comme tous les révolutionnaires vous êtes convaincu que la plus grande violence est toujours du côté de ceux qui s’opposent au sens de l’histoire, en oubliant un peu vite les grands crimes qui ont été commis en son nom.
Vous vous rêvez en démiurge de la révolution du grand remplacement par la créolisation. Je ne dirais pas qu’il y a chez vous un petit penchant autoritaire de type bonapartiste. Vos amis, d’ailleurs, le prendraient pour une insulte. Je dirais plutôt que je sens chez vous un rapport au pouvoir personnel semblable à celui de François Mitterand qui, après l’avoir tant critiquée, expliquait, une fois élu président, que la Ve République, dangereuse avant lui, le redeviendrait après lui. Mais, devant le guide de la révolution que vous êtes devenu, je ne peux pas m’empêcher de me demander si vous n’aspirez pas à être l’égal de Lénine ou de Castro plutôt que celui de François Mitterrand. Au pouvoir, quel genre d’accoucheur de l’histoire seriez-vous ? En attendant, la preuve selon vous que le destin de la France et de la langue française sont scellés, c’est que 40% des Français seraient déjà bilingues. Mais, ce n’est qu’une donnée d’enquête déclaratoire, personne n’a fait passer un examen à tous les Français pour évaluer leur maîtrise d’une deuxième langue. Et qu’est-ce que le bilinguisme a à voir avec la créolisation ? Les bilingues ne mélangent pas leurs deux langues pour n’en faire qu’une. Vous avancez un autre argument: « nous ne sommes pas propriétaires de la langue française ». Pour les langues, il n’y a ni brevet ni droit d’auteur et aucune œuvre de l’esprit humain n’appartient à son créateur : vous créez, l’humanité s’empare de votre création et en fait ce qu’elle veut.
Je ne crois pas que Marx se serait reconnu dans l’Union soviétique, ni Nietzsche dans le nazisme, ni que Sophocle reconnaîtrait son Antigone dans toutes les représentations que l’on en a faites après lui. Malraux avait dit son émotion lors de l’inauguration de Brasilia quand, au milieu d’enfants qui représentaient des scènes de l’histoire de France, il avait vu Jeanne d’Arc, jouée par une petite fille avec sa bannière, un bouclier tricolore et un bonnet phrygien. Ce qui lui avait fait dire: « Jeanne incarne et magnifie désormais les grands rêves contradictoires des hommes.» Même Jeanne D’Arc n’est pas notre propriété, sans que ce soit une raison pour que nous coiffions toutes ses statues d’un bonnet phrygien. Aux États-Unis, on ne parle pas tout à fait l’anglais comme en Angleterre. Au Canada, aux Antilles, dans le Pacifique, en Afrique, on ne parle pas tout à fait le français comme en France. Ce n’est pas une raison pour supprimer l’Académie française. Si la France n’est pas plus propriétaire du Français que l’Angleterre de l’Anglais, elle en est la matrice. Cela nous fait un devoir de maintenir une langue de référence, d’accompagner son évolution de façon ordonnée, sans brutalité, sans rupture, sans déchirure, en préservant son génie, sa logique, son harmonie. Laissons le Français se déliter et il accouchera vite d’un « globish » mondialisé. Vous connaissez, le mot de Michelet : « L’histoire de France commence avec la langue française ». Elle pourrait bien finir avec elle. Ce n’est pas ce que veulent les francophones du monde entier. Un jour, Aimé Césaire demande à une mère de famille martiniquaise si elle est contente que ses enfants puissent apprendre le créole à l’école. À son grand étonnement, la mère de famille lui répond, énervée, « je n’envoie pas mes enfants à l’école pour qu’ils apprennent le créole, mais pour qu’ils apprennent le français! ».
Césaire et Glissant, écrivaient en Français des poèmes martiniquais et Senghor des poèmes africains. Ils y importaient des mots, en inventaient, licence poétique aidant. Ils enrichissaient sans déconstruire. Senghor, est entré à l’Académie française en disant: « Disons, qu’il y a un danger d’enrichissement désordonné et c’est la raison pour laquelle il y a, n’est-ce pas, une Académie française ». Parmi ceux qui dans le monde ont le Français en partage, qui aiment sa littérature, qui le magnifient avec leur imaginaire, beaucoup se désolent de nos renoncements. Car s’il dépérit, c’est parce que nous encourageons son dépérissement, non du fait de la fatalité du métissage culturel puisque nous sommes tous, depuis toujours, des métis culturels. Ces renoncements ont des noms. Renoncements à l’assimilation républicaine par le multiculturalisme, l’inclusion, le culte des origines.
Tout le monde se souvient de votre tonitruant « la République, c’est moi! », mais le projet de la République « une et indivisible », qu’en avons-nous fait, et vous-même qui l’encensiez jadis avant de le répudier, et de quelle façon, puisque vous allez, désormais, jusqu’à réintroduire Dieu dans les débats sur le voile? Renoncement, l’écriture inclusive qui se répand dans l’administration et dans l’université: réécrivez les fables de La Fontaine, les poèmes de Verlaine ou Les Misérables en écriture inclusive et vous comprendrez, peut-être, ce que signifie détruire une langue. Renoncement, la féminisation sauvage des noms de fonctions sans se soucier de briser l’harmonie de la langue: essayez donc avec « procureure », « défenseure » ou « docteure » qui écorchent l’oreille à moins que le « e » soit muet, mais alors, à quoi bon? Renoncement, le pédagogisme qui dit à l’élève « parle comme tu veux », « écris comme tu veux », « découvre toi-même les règles et applique-les si tu en as envie » et qui ne sanctionne plus les fautes d’orthographe, ni les fautes de syntaxe pour ne pas brider la créativité linguistique de l’enfant. Je lis que pour la correction du bac de Français on a donné cette directive à des correcteurs: « “La maîtrise de la langue dépasse largement le cadre du respect du code orthographique, il n’y a pas lieu de lui accorder une place à part ». Renoncement, le quasi-abandon de l’écriture et de la lecture. Mais, en privant une partie croissante de notre jeunesse des mots et de la syntaxe indispensables pour accueillir la transmission, se faire comprendre, nous ne lui laissons que la violence pour extérioriser ce qu’elle ressent. Renoncement, aussi, la place faite à la littérature. Comparez les manuels d’aujourd’hui à nos vieux Lagarde et Michard si respectueux du texte et de l’auteur. Qui encore dans nos écoles entend la leçon de Senghor : « Écoutez donc Corneille, Lautréamont, Rimbaud, Péguy, Claudel. Écoutez le grand Hugo. Le français, ce sont les grandes orgues qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l’orage » ? Née du génie de toute une nation et de la volonté de l’État, la langue française se délite avec le délitement de l’État et de la nation.
C’est l’État qui a permis le développement du Français tel que nous le connaissons, depuis que François Ier a signé à Villers-Cotterêts en 1539 l’édit qui le rendait obligatoire pour tous les actes juridiques, que Richelieu a créé l’Académie, que Jules Ferry en a fait la langue unique de l’école. Vous avez bien compris que, dans les circonstances actuelles, la culture redevenait un grand sujet politique. Mais vous voulez une politique de dilution multiculturelle. Je veux une politique d’affirmation de ce qu’il y a de meilleur dans la culture française à offrir à l’humanité. Cela fait-il de moi, à vos yeux, un réactionnaire ? Peut-être. Moi, je préfère le nom de résistant, résistant à ce qui n’est que l’air du temps et non, comme vous voulez le croire, le grand vent de l’histoire sous lequel le Français ne pourrait que plier. « Un Français, disait Lucien Febvre qui en connaissait si bien l’histoire, c’est l’artisan laborieux d’un perpétuel travail de remaniement, d’adaptation, de synthèse qui, d’une somme d’individus de provenances diverses, d’une masse hétéroclite de produits importés du dehors, de techniques apprises d’autrui, (…) réussit à forger, à reforger, à maintenir une unité perpétuellement changeante, elle aussi, mais toujours marquée d’une marque telle qu’en regardant les créations successives qu’elle estampille, personne ne s’y trompe: elles sont françaises ».
En nous annonçant que le grand remplacement par la créolisation est inéluctable vous nous rendez encore plus tangibles les menaces qui pèsent sur cette marque. Mais l’histoire de ce Français, si opiniâtre depuis toujours à persévérer dans son être, n’est pas écrite, car même si les hommes ne savent pas toujours l’histoire qu’ils font, en dernier ressort, ce sont quand même eux qui la font.
Ma citation du jour:
"Moi, je veux continuer à vivre, même après ma mort."
(Anne Frank . extrait tiré du Journal d'Anne Frank)
« Le plus grand miracle, ce n’est pas que Dieu change les choses… c’est qu’Il change les cœurs.
Ce cœur que tu croyais perdu peut retrouver la paix.
Cette blessure que tu caches depuis des années peut guérir.
Ce pardon que tu croyais impossible peut devenir un pont vers ta liberté.
Rien n’est trop dur à restaurer quand Dieu s’invite dans ton histoire. Ne fuis pas la douleur : traverse-la avec Lui. C’est là que renaît la vie. »
(Pape Léon XIV)
Le Point culture de Karim Ouchikh
Non, Emma n’a pas été kidnappée.
Elle a embarqué de son plein gré sur un bateau qui tentait de forcer un blocus maritime qu’elle savait parfaitement illégal selon les lois israéliennes, et discuté au niveau international. Elle connaissait les règles, elle connaissait les risques, elle les a assumés.
Ce n’est donc pas un kidnapping, mais une interpellation liée à une infraction volontaire.
Maintenant, elle entame une grève de la faim : c’est son droit, c’est un choix personnel. Mais il faut être honnête : les otages à Gaza, eux, n’ont pas ce choix. Ils ne mangent pas, ou très peu, pas parce qu’ils protestent, mais parce qu’on les affame. On ne les a pas arrêtés pour un acte politique, on les a enlevés parce qu’ils étaient israéliens, enfants, femmes, vieillards, civils.
Il ne faut pas tout mettre sur le même plan.
Alain Azria
Le Point culture de Karim Ouchikh
« Il n’y a pas d’homme sans part de poésie " (Romain, Gary), ni sans rêve d’aventures.
– Eugène Boudin, Fête dans le bassin de Honfleur (détail), 1862 – Collection Yann Guyonvarc’h.
Exposition "Eugène Boudin, Le père de l’impressionnisme", Une collection particulière,
Musée Marmottan Monet, 27 juillet 2025.