Éric Zemmour : Occident, la liberté en danger
Je connais fort bien Bruxelles. J’y ai présenté chacun de mes livres pendant trente ans. J’avais coutume de les dédicacer à la librairie Filigranes, sans doute la plus belle de la ville.
Et puis, il y a quelques années, le propriétaire m’a annoncé qu’il ne pouvait plus me recevoir, car on avait menacé de poser une bombe dans sa boutique.
Une bombe !
Alors, quand on m’a interdit l’entrée d’un colloque où je devais retrouver le Britannique Nigel Farage et le Premier ministre hongrois Viktor Orbán pour évoquer l’avenir de l’Europe, et que j’ai découvert que le maire de cette commune bruxelloise – le bourgmestre, comme on dit chez nos amis belges – était un Turc lié aux Loups gris d’Erdogan, j’ai songé que la ville glorieuse qui avait accueilli Victor Hugo en exil n’était plus que l’ombre d’elle-même.
Le lendemain, l’université de Lille interdisait la venue de Jean-Luc Mélenchon pour une conférence propalestinienne et je me disais que le pays de Voltaire n’était pas en meilleur état.
Pour la gauche, la liberté ne va pas de soi.
Elle se vit comme le camp du Bien
Qu’arrive-t-il à la Belgique ? Qu’arrive-t-il à la France ? À l’Europe ? À l’Occident, car même les pays anglo-saxons, la Grande-Bretagne et les
États-Unis, sont touchés par cette vague liberticide ?
Pourquoi l’Occident, où est née et a grandi la liberté individuelle, la liberté de pensée et la liberté d’expression, semble-t-il la renier ?
J’ai remarqué sans m’en étonner que Mélenchon avait défendu sa propre liberté, mais évidemment pas la mienne face à mes censeurs islamo-bruxellois.
Car, pour la gauche, la liberté ne va pas de soi. Elle se vit comme le camp du Bien. Elle cite Voltaire, mais pense en vérité comme Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. » La gauche a un objectif : défendre les minorités à tout prix, y compris contre la majorité.
Bref, une idée tocquevillienne devenue folle.
Alors, elle a renforcé les contre-pouvoirs : juges, médias, élus locaux, associations, autorités indépendantes. Elle a multiplié les lois de protection des minorités. Elle a criminalisé la moindre plaisanterie, la moindre critique. Sous couvert de poursuivre les « discours de haine », elle a donné aux associations toute possibilité d’attaquer en justice leurs opposants et aux juges toute licence de suivre leur subjectivité.
À l’école comme à l’Université, elle a endoctriné les jeunes esprits. Elle a établi les bases intellectuelles et juridiques, et donc politiques, de la tyrannie des minorités, et nous nous étonnons que la liberté de pensée et d’expression soit bafouée ! Il y a quelques semaines, une proposition de loi scandaleuse encourageant la dénonciation de propos privés a été adoptée en première lecture à l’Assemblée avec l’approbation de tous les partis, y compris le RN et LR.
Il faut que l’Europe reste l’Europe, et que la France reste la France,
pour qu’elles redeviennent le phare de la liberté
C’est sur ce terreau liberticide que l’alliance entre le « wokisme » et l’islam nous impose sa loi. L’islam n’a jamais connu ni la liberté ni l’individu, mais seulement la soumission à Dieu et au clan, tandis que le wokisme nie l’existence d’un individu libre et ne connaît que le déterminisme de fer des « minorités persécutées », femmes, LGBT ou racisées. L’islam et le wokisme ont forgé un nouveau « pacte germano-soviétique » pour abattre l’Occident : c’est ce qu’ils appellent « l’intersectionnalité ».
Pour rétablir la liberté de pensée et d’expression en Occident, il faut commencer par abolir les lois liberticides. Il faut lutter contre tous les adversaires de la liberté. Il faut enfin restaurer l’excellence à l’école car seule la connaissance permet à chacun de s’émanciper de ses déterminismes familiaux, religieux ou ethniques.
Bref, il faut que l’Europe reste l’Europe, et que la France reste la France, pour qu’elles redeviennent le phare de la liberté.
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