Discours au Mont des Alouettes pour le Jubilé de la Vendée le 2 septembre 2023
Chers amis de la Mémoire Vendéenne,
Le Souvenir Vendéen a traversé aujourd’hui plusieurs générations. C’est plus qu’une association, nous pourrions dire une institution. Elle fêtera bientôt ses 100 ans. Elle a été fondée par le docteur Charles COUBARD en 1932. C’était alors le 1er centenaire de la 5ème et dernière guerre de Vendée à la Pénissière en 1832. Notre association n’a eu de cesse depuis de marquer le territoire de la Vendée militaire et plus encore jusqu’en Guyane ou jusque dans les rues des Massacres du Mans. Ses plaques ou ses monuments portent le récit des hauts faits et des personnages de l’épopée Vendéenne. Plus de 250 témoignages sillonnent ainsi la géographie de la mémoire. Nous y ajoutons aujourd’hui pour tous des plaques pédagogiques.
Le Souvenir Vendéen c’est aussi une revue trimestrielle qui avec ses plus de 300 numéros constitue aujourd’hui des milliers de pages d’articles, témoignages sauvés de l’oubli, confrontations de points de vue dans une véritable orfèvrerie de l’histoire dont le sérieux et l’érudition n’ont jamais été mis en cause.
Nous savons oh combien, il est essentiel de combattre l’ignorance et l’oubli. Comment pourrions-nous en vouloir à ceux qui n’ont jamais pu ouvrir ce chapitre sur les bancs d’école. C’est justement une des missions que s’est donnée le Souvenir Vendéen en diffusant et en vulgarisant ses connaissances dans un but (je cite les statuts) d’éducation populaire. Outre les moyens traditionnels de conférences, fascicules thématiques, commémorations, nous réalisons aujourd’hui des outils accessibles à tous nos contemporains et pour toutes les générations. Pour ne citer que quelques exemples : un page Facebook fédératrice et vivante, un site internet récent, un clip accomplissant l’exploit de résumer la Guerre de Vendée en moins de 3 minutes, la restitution de vrai visage de Jean-Nicolas STOFFLET à travers un travail scientifique irréprochable et toujours grâce à vos contributions des projets communs avec nombre d’associations amies.
Enfin, la création d’une section Jeune (la Jeunesse du Souvenir) qui pose déjà des pierres pour l’avenir ! S’engager aujourd’hui dans une telle aventure au service du Souvenir est un honneur et une fidélité. Deux belles vertus qui nous permettent de garder la flamme dans un monde qui cherche ses repères.
Notre association n’est pas une chapelle de nostalgie poussiéreuse, comme certains voudraient nous caricaturer, préférant que nous puissions laisser le passé là où il est. Ce passé-là est chevillé dans nos cœurs et le Souvenir Vendéen est devenu une référence, une maison mère, une grande sœur, comme vous voudrez. Elle a ce devoir d’être recevable par le plus grand nombre sans entrer dans aucun compromis sur ce qui nous rassemble. Son caractère apolitique originel est fondamental et incontournable. Comment pourrions-nous être accueillis par tous ces villages, ces Maires et élus pour inaugurer et incarner cette mémoire nécessaire, si nous avions une réputation partisane devant nous ? Nous finirions par desservir notre cause qui est plus grande que chacun de nous.
Loin d’être passéiste, notre association doit non seulement continuer à exhumer cette histoire si longtemps enfouie, niée ou déformée. Ce travail de longue haleine porte aussi un impératif sur notre monde contemporain. Nous devons nous appuyer sur l’incroyable résilience Vendéenne qui a porté tant de dynamisme, tant d’Espérance. Témoignons de cette particularité vendéenne qui ose dans son logo départemental arborer avec panache son identité fondatrice. Nous pourrons ainsi continuer à panser nos blessures.
En dehors de la dimension matérielle et concrète en faveur de nos réalisations et de la revue, nous devons peser de plus en plus auprès de certains pouvoirs publics, être aussi en capacité de répondre aux interrogations si nombreuses et enfin ne jamais abdiquer face au devoir de porter l’exigence et l’abnégation de nos glorieux prédécesseurs. Votre adhésion, votre soutien peuvent en être le témoignage concret. Merci à chacun de vous !
Un mot sur cette chapelle qui vous fait face..
Fondée en 1823 par Marie-Thérèse, la fille de Louis XVI qui souhaitait, je cite : « perpétuer à jamais le souvenir d’une épopée à jamais mémorable » La construction ébauchée de cette chapelle fut laissée en plan en 1830. Elle failli être démolie sous Louis-Philippe. Il faudra attendre 125 ans pour que Monseigneur CAZAUX en 1955 confie au Souvenir Vendéen le soin de l’achever. IL fallut plus d’une dizaine d’année pour aboutir aux plans, aux financements et enfin à la bénédiction de la chapelle le 28 février 1968, avec cette belle inscription « 1793, la Vendée fidèle ». IL fallut encore plusieurs années pour finir de rembourser l’emprunt qui fut contracté, grâce aux nombreuses souscriptions de l’époque et aux généreux donateurs. Cette chapelle reste et demeure selon le vœu de 1823, il y a 200 ans le souvenir d’une épopée à jamais mémorable.
Pour terminer, je souhaite vous dire pourquoi le Souvenir Vendéen ne pouvait qu’être à vos côtés en ce jour de Jubilé.
Notre présence à tous aujourd’hui est comme un faisceau de signes adressés à nos contemporains, parfaitement conforme à l’image de ces Moulins, de cette chapelle et son calvaire tournées vers l’horizon. Soyons de solides ancrages contre l’oubli du temps, sachons transmettre cette épopée à nos enfants. Nous devons non seulement être des témoins, des passeurs, mais nous devons aussi redire que cette longue histoire douloureuse amplifiée par le déni (le fameux mémoricide démontré par Reynald Sécher) incarne une valeur intangible pour le présent et surtout pour un avenir réparateur, empreint d’une espérance habitée par les mots si verticaux de Bonchamps.
La Mémoire appelle aussi l’audace, surtout parce que la force de la survie surpasse la haine qui s’est acharné sur cette « Terre de géants et de genêts en fleurs », comme on peut l’entendre sous la superbe plume de Philippe de Villiers à chaque Cinéscénie, à deux pas d’ici.
L’audace d’aujourd’hui au Mont des Alouettes, c’est aussi celle de la fidélité au petit Pierre, 4 ans, Jean 5 ans, Louise 15 jours, et tant d’autres parmi les 110 enfants de moins de 8 ans massacrés aux Lucs-sur-Boulogne… Beaucoup d’autres villages martyrs de la Vendée : la Gaubretière, Chanzeaux et bien d’autres que l’on voulut détruire « par principe d’humanité », comme a su si bien le démontrer Alain Gérard dans un ouvrage du même titre.
Le génocide de la Vendée et son long chemin de souffrance n’est plus à prouver. Jacques Villemain l’a fait magistralement et définitivement dans deux ouvrages aux qualifications juridiques et historiques incontestées. Le révisionnisme n’est clairement pas de ce côté. A l’inverse, chaque nouvelle recherche apporte des confirmations à ces démonstrations.
La Mémoire n’est surtout pas un immobilisme passéiste, elle doit savoir se nourrir de l’Histoire pour enrichir l’avenir et construire le meilleur à l’image d’un André Ripoche dont le message claque comme un étendard dans nos âmes. La Figure d’un La Rochejaquelin qui n’a que 21 ans et général de l’armée vendéenne. Nous savons que rien ne se perd jamais, selon les mots du dernier chef de la Grand’Guerre, le si célèbre Général Charette.
Si nous sommes ici ce matin à braver les incertitudes de la météo, c’est aussi pour redire que notre combat se mène par tous les temps… ET surtout au présent !
Je ne peux m’empêcher de voir au milieu de vous les 15 000 anciens combattants, présents ici même, il y a 200 ans. Espérant un semblant d’éclaircie, ils venaient retrouver leur honneur autour de la Duchesse d’Angoulême. N’y voir qu’un acte politique serait un aveuglement sur ce qui animait profondément ces êtres qui portaient le deuil de tant d’amis et de parents, et témoins de tant d’horreurs. Cette Chapelle est aussi là pour porter leur digne mémoire !
Nous sommes parfois entre nous des anciens combattants qui n’ont jamais combattus ! Un ami de beaucoup d’entre vous, fut et doit être un exemple pour nous. Pierre Gréau, un fidèle parmi nous tous, un Vice-président du Souvenir Vendéen proche de toutes nos associations, servait sans jamais se servir. Il avait refait à pied la Virée de Galerne. Historien passionné, Il savait réveiller le risque de nos torpeurs. Nous savons qu’il jubile plus que jamais avec nous tous sur ce Mont des Alouettes.
Avec les innombrables victimes de 93, les héros bien sûr, ces grandes figures légendaires qui nous habitent, mais surtout la multitude d’anonymes qui foulèrent cette terre de leurs sabots pour reconquérir leur liberté, avec tous ceux qui ont transmis ce flambeau durant ces 230 années, portant avec eux ce souci de justice et légataires de valeurs éternelles, soyons redevables de ce souvenir, car il nous oblige aujourd’hui !
Pour le Présent et pour l’Avenir, Portons ensemble le Souvenir Vendéen !
Xavier de MOULINS
Vice-président du Souvenir Vendéen
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