Le testament spirituel de l'abbé Cyril Gordien
(30 avril 1974 - 14 mars 2023). Extraits :
« LE MOMENT DE MON DÉPART EST VENU »
« Moi, en effet, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. » (2 Tm 4, 6.7)
Voici près d’un an que je combats contre ce cancer. Un an de lutte acharnée, de souffrances quotidiennes, de diverses hospitalisations. Un an de chimiothérapies endurées toutes les deux semaines. Je sens bien que mon corps s’affaiblit, et que le cancer gagne du terrain. « Mais l’on ne se bat pas dans l’espoir du succès, non, non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ! » (Cyrano de Bergerac). La médecine semble baisser les armes, les chimios ne sont pas assez efficaces. Demeure toujours le combat de l’âme, pour tenir, avancer, garder l’espérance, s’abandonner au Seigneur, se confier à la sainte Vierge, prier sans relâche, encourager ses proches, garder la joie du cœur, et se préparer à la mort. Je veux mener ce dernier combat avec le courage et la force de la foi.
Je me prépare donc à paraître devant mon Seigneur. J’ai confiance, car comme l’écrivait Benoit XVI, le Seigneur est à la fois mon juge et mon avocat : « Bientôt, je serai face au juge ultime de ma vie. Même si, en regardant ma longue vie, j’ai beaucoup de raisons d’avoir peur et d’être effrayé, j’ai néanmoins l’âme joyeuse, car j’ai la ferme conviction que le Seigneur n’est pas seulement le juge juste, mais en même temps l’ami et le frère qui a lui-même souffert de mes défauts et qui, par conséquent, en tant que juge, est également mon avocat. » (Benoît XVI).
Saint Josémaria disait : « La joie chrétienne a ses racines en forme de croix ». Au soir de ma vie, malgré toutes ces souffrances, je garde une joie profonde, la joie de savoir que le Seigneur est avec moi, la joie de savoir que le Seigneur m’attend au Ciel. Si parfois la tristesse apparaît, je demande au Seigneur de la changer en joie. La mort d’un être cher provoque des pleurs, des larmes, des douleurs. Le Christ aussi a pleuré devant la mort de son ami Lazare. Mais que cette douleur du cœur, aussi intense soit-elle, n’éteigne pas la flamme de la foi et de l’espérance.
« Quelle joie quand on m’a dit, nous irons à la maison du Seigneur ; maintenant notre marche prend fin, devant tes portes Jérusalem ».
Oui, ma marche prend fin, dans la joie de paraître bientôt devant le Seigneur. C’est avec la sainte Vierge que je veux franchir cette porte au dernier instant de ma vie, elle qui est la porte du Ciel.
« Serviteur de votre joie », je vous bénis de tout cœur.
Abbé Cyril Gordien +
Prêtre pour l’éternité
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