Le 13 Août 1942:
Et clamor Jerusalem ascendit, lettre pastorale du Cardinal Saliège, Archevêque de Toulouse pour protester contre la rafle du Vel d'Hiv.
Il envoie la lettre pastorale à toutes les paroisses de son diocèse et en ordonne la lecture en chaire...
Mes très chers Frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l'homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n'est au pouvoir d'aucun mortel de les supprimer.
Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d'une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.
Pourquoi le droit d'asile dans nos églises n'existe-t-il plus ?
Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
Seigneur, ayez pitié de nous.
Notre-Dame, priez pour la France.
Dans notre diocèse, des scènes d'épouvante - (l'expression a été remplacée par "émouvantes" après que Jules Saliège eut reçu des
pressions) - ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n'est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d'autres. Un chrétien ne peut l'oublier.
France, patrie bien-aimée, France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine, France chevaleresque et généreuse, je n'en doute pas, tu n'es pas responsable de ces horreurs - (pour la même raison, ce mot a été remplacé par "erreurs").
Recevez, mes chers Frères, l'assurance de mon respectueux dévouement.
Jules-Géraud Saliège
Archevêque de Toulouse
À lire dimanche prochain (23 août 1942), sans commentaire."
Pierre Laval, sous prétexte que les Allemands risquent de remettre en cause l'autonomie relative de la zone non occupée, fait interdire sa publication par arrêté préfectoral. Mais elle est tout de même lue dans plusieurs paroisses de France.
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