La Campagne de France
La campagne menée en 1814 par Napoléon, pour la première fois sur le sol français depuis Toulon, est considérée comme la plus belle, mais à l’inverse de celle d’Italie en 1796, elle finit sur un échec : elle ne put empêcher l’abdication de l’Empereur. En janvier 1814, la France était envahie par trois armées : celle de Bernadotte attaquait la Belgique tandis que les armées commandées par le Prussien Blücher et l’Autrichien Schwarzenberg se préparaient à converger sur Paris, leurs forces réunies montant à 250 000 hommes. Napoléon ne pouvait leur opposer que 80 000 soldats Prussiens et Autrichiens pensaient, grâce à leur écrasante supériorité numérique, atteindre Paris en huit jours. Il leur fallut deux mois, déroutés par la rapidité des mouvements de Napoléon et par l’erreur qu’ils firent de se diviser. Napoléon mit en échec Blücher à Champaubert, le 10 février, puis, les 11, 12 et 13 à Montmirail, Château-Thierry et Vauchamps, lui infligeant de lourdes pertes. Puis il se retourna contre Schwarzenberg, défait à Mormant et Nungis le 17 février, à Montereau le 18. Sept batailles et sept victoires en huit jours. Quel général peut dire mieux ? Un instant démoralisés, les Alliés, sous l’impulsion du tsar, signèrent le pacte de Chaumont par lequel ils s’interdisaient toute paix séparée. L’offensive reprit en mars, toujours en direction de Paris. Napoléon battit Blücher à Craonne, le 7 mars, triompha à Reims, le 13, mais, ne pouvant plus pallier son infériorité numérique, échoua à Arcis. La route de Paris s’ouvrait aux Alliés. Napoléon conçut alors un plan audacieux : se placer sur les arrières de l’ennemi pour lui couper ses approvisionnements et l’obliger à rebrousser chemin pour l’affronter, ce qui sauverait Paris. Malheureusement, des lettres interceptées par les Alliés leur révélèrent que Paris ne résisterait pas : un parti favorable aux Bourbons était prêt à les accueillir. Le 31, les souverains étrangers entraient dans Paris. Revenu trop tard, Napoléon s’établit à Fontainebleau. Si les soldats étaient prêts à en découdre, il n’en allait pas de même des maréchaux las et fourbus. Ils imposèrent à l’Empereur une première abdication, le 4 avril, en faveur de son fils, que la défection de Marmont transforma en abdication sans condition. La campagne de France n’en demeure pas moins, pour tout amateur de stratégie, par ses mouvements inattendus et par son ultime coup d’audace, un véritable régal. Depuis Houssaye, on n’a pas fini de la commenter.
Jean Tulard
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