Algérie
Ce projet républicain est universaliste et humaniste. C’est une politique de grandeur de la France fondée sur les droits de l’homme. Point de races ni de religions, un seul homme, un seul Français. Bugeaud et ses officiers ont fait leurs classes dans la Grande Armée. Ils sont les enfants de la Révolution et du Code civil. Ils ne songent nullement à convertir au catholicisme les musulmans qu’ils soumettent. Ils sont certes des sabreurs sans pitié ; mais, dès son arrivée au pouvoir, Napoléon III a donné des consignes strictes pour que les Arabes ne « connaissent pas le sort des Indiens d’Amérique ». Au contraire des républicains, l’Empereur songe, lui, à un royaume arabe, indépendant, régi par la « loi musulmane », mais protégé par l’armée française, où les colons n’auraient pas été privilégiés par rapport aux populations autochtones ; mais où celles-ci ne seraient devenues citoyennes françaises qu’en abandonnant leur « statut personnel », c’est-à-dire le code juridico-politique de la charia. Les décrets impériaux du 21 avril 1866 proposèrent donc aux juifs et aux musulmans, qui étaient prêts à abandonner ce « statut personnel », d’acquérir la nationalité française ; mais les autorités religieuses des deux cultes font alors pression sur leurs ouailles pour qu’elles refusent cette offre pourtant alléchante. L’Islam est à la fois une identité, une religion, et un système juridico-politique. L’Islam est le nœud gordien de cette affaire algérienne que la France n’a jamais osé trancher.
Eric Zemmour
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