FILLON PRÉSIDENT:
Discours du Trocadéro
"Mes chers amis, merci.
Oui, merci de tout cœur pour votre présence vous qui avez su braver les injonctions, les caricatures et parfois même les invectives en vous présentant ici, en cette place, si forte en symbole.
Merci, à vous qui ne baisserez jamais les bras.
A vous qui refuserez toujours d’entendre les sirènes du découragement.
Vous êtes une « certaine idée de la France », cette idée éternelle est plus grande que moi, plus grande même que cette élection, oui, c’est cette haute idée française que je voulais inviter, ici, à Paris, au Trocadéro.
Je voulais l’inviter car dans cette campagne présidentielle où je suis devenu la cible de tous, cette campagne où le dénigrement de ma personne sature l’information, on vous vous a oubliés, on a oublié ce que vous aviez sur le cœur, ce pour quoi vous vous battiez.
A cet égard, même si toute cette charge contre moi est injuste, révoltante, instrumentalisée, je vous dois des excuses, dont celle de devoir défendre mon honneur et celui de mon épouse alors que l’essentiel est pour vous comme pour moi de défendre notre pays.
Hommage devait être rendu aux militants de la France que vous êtes.
Vous êtes la France qui vient de loin, héritiers d’un passé toujours présent.
La France des paysans, la France des cathédrales, des châteaux et des sans culottes, la France qui a brillé et qui continue de briller dans les arts, les sciences et les technologies, la France qui oppose aux terroristes et aux tyrans sa force morale et militaire.
Vous êtes la République, qui fait de chacun de nous le compagnon de l’autre.
La République est née de siècles de combat pour faire triompher l’intérêt général.
Elle est une révolte face aux facilités, face aux échecs.
Elle n’est que mouvement. Si elle tombe, elle se relève telle Gavroche sur sa barricade.
Elle se relève toujours et c’est la faute à Voltaire, à Rousseau, c’est aussi pour nous la faute à Victor Hugo, à Clémenceau, aux héros de 20 ans de la Résistance.
» Vivre, c’est ne pas se résigner ! « , écrivait Camus.
Sans cesse dans son histoire, la France a cru au mouvement.
Jamais elle n’a fait bon ménage avec le statu quo et les arrangements à la petite semaine, ce que le Général de Gaulle qualifiait en son temps de » petite soupe sur son petit feu, dans sa petite marmite « .
Oui, vous êtes libres, et avec vous je parle de la première valeur de notre devise, la Liberté, et j’en parle pour les courageux que le système décourage, les intrépides qu’il étouffe, les audacieux qu’il suspecte, bref, ceux pour qui la liberté est une opportunité de prendre leur destin à pleines mains.
Et celui, mes amis, qui la prend, s’engage pour réussir sa vie et pour prouver qu’il existe en lui une flamme ; et de fil en aiguille, de flamme en flamme, c’est tout un peuple qui se redresse et retrouve le goût du bonheur.
Oui, pacifiquement et patiemment, vous êtes ensemble le peuple qui tous les jours est au travail, qui croit à la famille, à l’ordre juste, qui respecte le drapeau tricolore, le peuple qui ne fait pas de bruit, qui a du bon sens.
Vous êtes les électeurs de la droite et du centre, bien décidés à faire de l’élection présidentielle le point de départ d’un pays qui renaît, un pays dont vous et vos enfants seraient fiers, un pays qui affirme sa volonté d’être une puissance gagnante, la 1ère puissance européenne d’ici 10 ans.
Vous êtes la preuve vivante que rien de grand ne peut se faire sans vous.
A vous mes amis, je dois la vérité.
On m’attaque de toutes parts et je dois en conscience vous écouter, écouter cette foule immense qui me pousse vers l’avant, mais je dois aussi m’interroger sur ceux qui doutent et fuient le navire. Leur responsabilité est immense et la mienne aussi…
Vous savez que je suis un homme pudique mais je dois vous faire une confidence. Je ne me suis pas réveillé un matin en me disant : « Tiens, je vais être candidat à la présidence de la République ».
Je n’ai jamais été dans le schéma de ceux qui sont animés par une ambition personnelle dévorante et qui calculent le moindre de leurs actes, le plus anodin de leurs propos et qui tissent inlassablement, dès leur plus jeune âge, des réseaux en fonction de ce seul objectif.
A chaque étape de ma vie politique ce qui n’a cessé de m’animer, c’est, la possibilité de réaliser, d’être utile, de rendre service à mon pays.
Mes amis, vous savez mon diagnostic : je crois que notre pays décline et que l’heure est à un dépassement collectif.
Je comprends votre inquiétude.
Elle s’est amplifiée depuis cinq ans. Cinq longues années durant lesquelles notre République a été mise à mal.
Cinq ans pendant lesquels nous avons vu notre pays, petit à petit, descendre dans un long hiver historique, se replier sur lui-même, perdre son rang économique, sa place en Europe et notre tissu social se déliter à la vitesse d’une pelote.
Et pendant ce temps-là, qu’ont-ils fait tous ces socialistes qui auraient dû uniquement se consacrer à l’intérêt national ? Rien.
Ils étaient trop occupés par une seule obsession : mettre en place une série d’accommodements déraisonnables et de démissions camouflées, selon les vieilles règles de la IVe République. Des arrangements d’appareil. Toutes les décisions lourdes, importantes, reportées. La nomination des amis parce qu’ils sont des amis et non pour ce qu’ils valent. Le mépris de la vérité qui dérange. L’oubli des réalités qui fâchent. Tout cela nous l’avons vu, nous le voyons encore, alors que le monde se fait, autour de nous, plus dangereux, plus incertain chaque jour.
Au dehors c’était la guerre, et l’on réduisait le budget de nos armées. La dislocation de l’Europe, et l’on nommait Harlem désir pour s’en occuper.
Au-dedans c’était la crise, et l’on continuait à dériver comme un bâton au fil de l’eau.
Six millions de chômeurs, neuf millions de pauvres, une jeunesse en déshérence, un pays qui doute, des Français qui se divisent, la haine qui s’installe.
Une génération sacrifiant la suivante, abaissant son éducation, la condamnant a ployer jusqu’à la fin sous le fardeau d’une dette insoutenable, au sein d’un pays déclassé, au milieu des ruines de notre industrie, de notre économie, sans rêves réalisables, sans argent, sans emploi, sans avenir.
Notre pays n’a pas été gouverné, il a été géré par le premier secrétaire du parti socialiste.
Dès le début, le hollandisme a montré son vrai visage : ces synthèses impossibles, cette alternance d’attentisme et d’activisme poussif et brouillon, cette crainte constante d’affirmer clairement un cap, préférant caboter le long de l’actualité.
Il paraît qu’il ne faut pas parler de cela, que le droit d’inventaire nous est refusé. Une élection chasse l’autre. Les commentateurs ne s’intéressent qu’à cette course d’obstacles des prétendants, qu’à la tactique. C’est un mauvais feuilleton. Dans ce récit effarant la France a comme disparu et les Francais aussi. Or moi, c’est de la France et des Français que j’ai voulu, que je voudrais toujours me soucier. Et je crois que les millions de voix qui se sont portées sur moi à la primaire veulent dire simplement ceci : nous autres Français n’en pouvons plus de vos calculs, de vos carrières, de vos histoires.
Je vais vous faire une confidence. Si par magie les Francais avaient pu assister a ce que j’ai vu ces dernières semaines, une vague de dégout les submergerait. La fuite en canard, d’un camp a l’autre, d’un hiérarque l’autre, vers la circonscription, le portefeuille. La désertion assumée, sans honte et aussi sans orgueil. Se sauver soi-même. Oui, là aussi, la France et les Français avaient disparu.
Mais je doublerai cette confidence par une autre. Je sais bien, croyez-le, quelle est ma part de responsabilité dans cette épreuve. Au delà des trahisons, du calendrier judiciaire, de la campagne de dénigrement, c’est bien par ma faute que ce projet que je porte, auquel je crois, auquel vous croyez, rencontre de si formidables obstacles. J’ai commis la première erreur autrefois, je vous l’ai dit, en demandant a ma femme de travailler pour moi, parce qu’elle connaissait le terrain, parce que c’était commode. Je n’aurais pas du le faire. Et j’ai commis la seconde en hésitant sur la manière d’en parler, de vous en parler, d’en parler aux Français. Je ne vous demanderai pas de vous mettre à ma place. Mais croyez-le, lorsqu’on est, ce que je crois être profondément, un honnête homme, lorsqu’on a passé sa vie au service de l’intérêt général, essayant, un jour après l’autre, de prendre les décisions qu’on croit justes, il est difficile de faire face à une telle campagne. Par un côté, par le désir de moralité qu’elle comporte, elle vous parait juste. Par tout un autre, par l’excès, par la disproportion, par la haine, elle vous parait injuste. J’ai fait ce que j’ai pu entre ces écueils. Je me suis souvent raffermi en me disant que le jour où je serai reconnu comme innocent par une justice dont je ne désespère pas, quelles qu’aient été mes réserves sur ses premiers actes, mes accusateurs trop rapides auraient honte à leur tour.
Le problème, voyez-vous, c’est que ce jour là il sera trop tard. L’élection aura été faussée. Elle n’aura pas permis de mettre un terme aux deux scandales qui défigurent le pays beaucoup plus sûrement, plus profondément que mes propres erreurs.
Quels sont ces scandales ?
Le premier scandale, c’est la manière, insidieuse, molle, hésitante mais terrible dans ses conséquences, dont François Hollande a œuvré au déclassement de notre pays.
Son terrible bilan n’a malheureusement pas été effacé comme par un coup d’ardoise magique. Il demeure, plombant notre croissance et hypothéquant l’avenir de nos enfants.
Et qu’importe si par un tour de joueur de bonneteau, c’est son ancien porte-serviette, M. Macron, qui prend maintenant le relais, adoptant son programme pour le plus grand bonheur des marchands d’illusions.
La faute est là et aucun artifice ne peut l’effacer.
Le second scandale, c’est celui de tous nos concurrents qui, indifférents à toutes les réalités économiques, ignorant tous les défis du monde, n’hésitent pas à promettre les 32 heures, le retour du franc, l’augmentation des dépenses publiques. Et qu’importe la faillite !
Cette démagogie devrait se heurter à un mur de raison, mais non, le boulevard est ouvert à tous les illusionnistes et les extrémistes.
Ce qui se passe actuellement donnerait presque à croire que nous sommes dans une comédie si durant ces cinq années ne s’était pas dressé un des plus terribles dangers auquel la France n’a jamais été confrontée depuis des décennies.
Je veux parler du totalitarisme islamique.
Toulouse, Charlie, l’Hypercacher, le Bataclan, les terrasses parisiennes, Nice…
Nous sommes en état d’urgence mais à en écouter certains il est urgent de ne pas en faire état.
Moi j’en parle et j’en parle fort. Contrairement à ceux qui temporisent et qui hésitent, je suis d’une détermination totale.
Parce que je crois que toute personne coupable d’intelligence avec l’ennemi doit être condamnée ; parce que la France ne peut pas servir de sanctuaire, de base arrière à l’islamofascisme ; parce qu’il faut extirper de notre corps social cette tumeur qu’est l’antisémitisme. ; parce que nous ne pourrons jamais accepter que sur notre sol, comme partout dans le monde, les femmes soient assignées à résidence et traitées comme des citoyennes de seconde zone.
A votre inquiétude légitime s’est ajoutée la colère envers cette chasse à l’homme qui me vise et qui, au-delà de ma seule personne, cherche à briser la droite, à lui voler son vote.
Je ne parle pas seulement pour moi, mais parce que la démocratie vous appartient, à vous !