Le 6 juillet 1739 naissait Georges Jacob
Le 6 juillet 1739 naissait Georges Jacob, le plus éminent ébéniste français de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
D'origine bourguignonne, Jacob s'établit en 1755 à Paris où il commence son apprentissage l'année suivante. Reçu maître menuisier en 1765, l'ébéniste sera sous Louis XVI l'un des plus réputés fournisseurs de mobilier. Il est peu sollicité par le roi, qui lui préfère ses confrères Foliot ou Séné, mais livrera des ensembles raffinés notamment pour le comte de Provence et le comte d'Artois, frères du roi (et plus tard respectivement Louis XVIII et Charles X), ainsi que pour le roi de Suède Gustave III et le futur George IV d'Angleterre.
Dans les dernières années de l'Ancien Régime, Jacob met au point un mobilier typiquement néoclassique par ses lignes sobres et ses formes inspirées par l'Antiquité. Ces pièces se retrouvent dans de célèbres tableaux de Jacques-Louis David, ami de Jacob qu'il protègera durant la Révolution. Néanmoins, la fuite de sa clientèle issue de la cour ou la noblesse causera de graves soucis financiers à Jacob, qui transmet en 1796 la direction de son atelier à ses deux fils. Jacob, toutefois, fondera avec son cadet en 1803 l'entreprise Jacob Desmalter et Cie, active jusqu'en 1847. Employant plusieurs centaines d'ouvriers et extrêmement actives, la firme reçoit d'importantes commandes de Napoléon et son entourage, tels le trône de l'empereur et le serre-bijoux de l'impératrice aux Tuileries, actuellement conservés au Musée du Louvre. Il semble que Georges Jacob n'ait pas totalement alors cessé son activité, de nombreux meubles portant son estampille ayant été produit sous l'Empire.
Le musée Cognacq-Jay conserve l'une des plus imposantes créations de Georges Jacob à la fin du XVIIIe siècle : un lit à la polonaise, d'une exécution soignée et au pedigree prestigieux. On appelle lit à la polonaise un lit d'alcôve surmonté d'un baldaquin en fer cintré, maintenu par quatre montants. Son premier propriétaire, le comte de Vaudreuil, fut contraint par une faillite de le vendre avec tout son mobilier en 1788 à la couronne. D'abord au Château de Versailles, le lit est placé en octobre 1789 aux Tuileries, où il est utilisé par Madame Adélaïde ou Madame Victoire, tantes de Louis XVI. Il fut par la suite offert par l'empereur à Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, qui vendit son hôtel avec ses meubles en 1816 à la duchesse douairière d'Orléans. En hérite son fils, Louis-Philippe Ier, qui s'éteint en 1850 en Angleterre, où le lit est acheté par Lord Lonsdale, avant d'être acquis quelque temps plus tard par Ernest Cognacq.
La qualité technique du lit se remarque autant dans ses grandes lignes générales que dans la minutie des détails. Jacob a effectivement associé un vocabulaire architectural de colonnes corinthiennes et de vases à un répertoire naturaliste de frises de palmettes et de guirlandes florales. La dorure plus ou moins brillante participe à l'animation du décor. L'ornementation du tissu, refait à l'identique lors de la réouverture du musée en 1990, prolonge celle de la structure en bois sculpté.
Le lit à la polonaise est visible en salle 10 du musée, la Chambre bleue.
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