Mesdames et messieurs, mes amis,
Merci de tout cœur pour votre présence si nombreuse.
Merci à nos militants dont je salue le dévouement inlassable.
Merci à tous les parlementaires et élus qui me font l’honneur de leur amitié.
La confiance de l’Alsace a du prix pour moi, car dans votre région, on a la rigueur des valeurs.
Vérité, détermination, bon sens : ma campagne s’apparente à celle du paysan qui trace son sillon, imperturbablement.
Rien ne me fera dévier de mon but car je me bats pour la France que j’aime comme on se bat pour sa famille.
Nous sommes ensemble ce soir à Schiltigheim pour préparer l’alternance politique dont notre pays a besoin.
Cette alternance, je veux qu’elle soit franche et puissante car s’il s’agit seulement de remplacer la gauche par la droite sans changer résolument de politique, alors notre pays continuera de s’enfoncer.
Aujourd’hui, c’est la journée de l’Europe. Il n’y avait pas de meilleur endroit qu’ici, dans l’agglomération de Strasbourg, pour vous parler de son avenir et de celui de notre patrie.
Dans dix ans, la France sera-t-elle encore la 6ème puissance du monde et l’Union européenne existera-t-elle encore ?
L’Asie devient l’épicentre économique du monde.
L’ancienne domination occidentale est, chaque jour, disputée par des milliards d’habitants qui chaque matin se lèvent en se disant que le progrès est à portée de leurs mains.
Nous, nous ne savons même plus ce que signifie ce mot « progrès ». Pire que cela, le progrès nous angoisse.
De l’autre côté de la méditerranée, des millions de déshérités sont prêts à tout tenter pour rejoindre nos côtes.
La vieille Europe est submergée par les malheurs d’un monde livré au chaos…
Et puis, nous voici menacés sur notre propre sol par le fanatisme islamique. Il ne pose pas seulement des bombes et ne mitraille pas seulement des innocents, il rêve aussi de ronger l’esprit humaniste de l’Europe.
Après le fascisme, après le communisme, c’est une nouvelle guerre idéologique qui vient défier notre force de caractère.
Face à ces fanatiques qui ne doutent de rien, soyons sûrs de ce que nous sommes.
Je suis fier d’être Français et je me sens européen.
Autrefois, j’ai voté contre le traité de Maastricht, et je ne regrette rien de ce vote qui marquait ma défiance à l’égard d’une Europe technocratique et sans cap politique. Les faits m’ont donné raison.
Pour moi, la nation française a été et restera toujours d’actualité, mais soyons clairs : on ne relancera pas la France en défaisant l’Europe.
Dans un monde de 7 milliards d’habitants, nous avons, nous les 66 millions de Français, le choix : soit nous nous battons tout seuls ; soit nous nous battons avec les 440 millions d’européens qui, au demeurant, ne manquent pas d’atouts puisque l’Union européenne,
malgré ses problèmes, demeure la première puissance économique du monde !
Sauf à vouloir nous saborder, l’intérêt national commande donc d’être européens. Mais pas à n’importe quelle condition. Pas par défaut. Pas par résignation, comme si nous n’avions pas d’autre choix que d’accepter de nous diluer dans un système.
Car ce que nous devons défendre, ça n’est pas l’administration européenne, ça n’est pas seulement une monnaie ; non, ce que nous devons défendre, c’est la civilisation européenne et la place de la France dans cette civilisation !
L’Europe, c’est Paris, Rome, Madrid, Prague, Londres, Vienne, Athènes : ces villes éternelles
La philosophie antique, l’esprit des cathédrales, l’Etat de droit, la solidarité, le goût des arts et des sciences, la liberté de parler, de penser, de voter : tout cela forge l’âme de l’Europe.
L’âme de l’Europe résistera-t-elle au XXIème siècle ? C’est la question brûlante de notre époque !
Et pour la résoudre, il faut sortir de la langue de bois, arrêter de sauter sur sa chaise comme un cabri en répétant « l’Europe, l’Europe, l’Europe », comme s’il suffisait de dire « vive l’Europe » pour qu’elle vive vraiment.
La vérité, c’est que l’Europe est devenue un vieux corps malade.
La vérité, c’est qu’elle fonctionne comme une bureaucratie, avec des peuples qui n’y croient plus, avec des responsables politiques qui agissent au coup par coup, qui n’ont plus aucune vision de ce qu’elle devrait être.
Face aux flux migratoires, chaque Etat a agi en ordre dispersé.
Contre le terrorisme et l’Etat islamique, seule la France et le Royaume Uni sont véritablement en action.
Où sont les armées européennes ? Planquées sous le sigle de l’OTAN, aux ordres de l’allié et ami américain.
Dans quelques semaines, le Royaume Uni va peut-être divorcer de l’Europe, et on est là, les bras ballants, à se demander quelles seront les conséquences de ce choc.
Eh bien, le choc sera économique avec le retrait d’une des principales puissances de l’Union.
Le choc sera stratégique avec le départ de l’un des rares Etats qui, avec nous, prend ses responsabilités en matière de défense.
Le choc sera politique car la vague de l’euroscepticisme va s’amplifier…
De l’extrême droite à l’extrême gauche, les démagogues n’attendent que cela !
71 ans après la fin du nazisme, en Autriche, le candidat de l’extrême droite est à la porte du pouvoir…
Le délitement du rêve européen, ce rêve né sur les ruines de la guerre, est à l’œuvre, et, à aucun moment, je ne vois le Président Hollande se lever pour enrayer cette machine infernale qui va nous péter à la figure.
Et pourtant, il devrait se lever pour tout repenser.
L’Europe à 28 membres a rendu caduc l’objectif d’une Europe fédérale – à laquelle je n’ai personnellement jamais cru – et elle a déréglé le fonctionnement de l’Europe communautaire des années 80.
Aujourd’hui, nous sommes dans le flou institutionnel, et comme il n’y a plus de leadership politique pour piloter l’Union européenne, tout s’enlise.
Depuis 4 ans, le gouvernement français est considéré par ses partenaires européens comme peu fiable.
Ce gouvernement qui ne fait aucune réforme de fond, qui ne respecte pas sa parole sur ses déficits, ce gouvernement dont les résultats en matière de croissance et de chômage sont médiocres, comment voulez-vous qu’il puisse être une locomotive européenne ?
La France est encalminée et l’Europe, la pauvre Europe, n’y est pourtant pour rien dans notre chômage de masse, nos dettes à n’en plus finir, nos absurdes 35 heures, nos impôts en cascade : mais il est tellement plus facile d’accuser Bruxelles de tous nos maux, plutôt que de les résoudre nous-mêmes.
La capacité d’entrainement du Président de la République est inexistante parce que sa politique est calamiteuse.
La France de Hollande étant à la traine, c’est l’Allemagne qui a pris les rênes de l’Union, pour le meilleur comme pour le moins bon.
Avec tout le respect que je lui dois, Angela Merkel défend ses intérêts qui ne sont pas nécessairement les nôtres.
Sur la crise grecque, elle a oscillé entre fermeté extrême et bienveillance calculée.
Sur la crise ukrainienne, Berlin fut plus sensible aux pressions polonaises et américaines qu’à nos liens nécessaires avec la Russie.
Sur les flux migratoires, elle a, sans en référer à personne, ouvert grandes les portes de son pays, créant un appel d’air qu’elle tente aujourd’hui de réfréner en « dealant » avec la Turquie qui, jusqu’à ce jour, laissait cyniquement passer les migrants.
Et voici maintenant toute l’Europe sommée d’accepter ce deal, ce chantage : réfugiés contre libre circulation pour les turcs, sans parler de la perspective insensée d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
Je refuse cette politique sans vision. Mais plutôt que d’accuser Berlin de suprématie, nous ferions mieux de nous demander pourquoi Paris est en situation de suiveur et non de leader !
L’Europe est un lieu de pouvoir où les nations fortes impriment le rythme aux autres. Lorsque la France est faible elle subit l’Europe ; lorsqu’elle est puissante, elle la conduit et l’Europe existe.
Le Général de gaulle disait que l’essentiel, pour jouer un rôle au-delà de ses frontières, « c’est d’exister par soi-même, chez soi ! ».
Eh bien, pour commencer, il est temps de redonner à la France le pouvoir d’exister par elle-même et chez elle.
Pas de honte, nous sommes Français, héritiers d’une nation qui est montée sur les barricades pour la justice et qui est sortie des tranchées pour son indépendance.
Pour la liberté, combien sont tombés en criant « vive la France » ?
Et il faudrait maintenant s’excuser d’avoir eu des héros.
Il faudrait accepter que ceux qui ont toujours dénigré notre pays, qui n’ont eu de cesse que de combattre ses institutions et son esprit réécrivent l’Histoire pour obtenir enfin la victoire que les français ne leur ont jamais donné.
Il n’en est pas question.
Nous sommes Français, avec nos villes, nos paysages, avec notre langue belle et riche. Nos grands écrivains remplissent les bibliothèques universelles du monde, celles que les fanatiques voudraient bruler, celles que Google voudrait acheter.
Nous sommes Français, les pieds dans cette terre de paysans mais l’esprit toujours tendu vers les plus surprenantes inventions industrielles, technologiques, artistiques.
Oui, Français, querelleurs et insoumis, mais du moins cet esprit rebelle nous a donné Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Molière et De Gaulle.
En 1945, on la croyait détruite, mais la France s’est relevée.
En 1958, on la croyait décomposée mais elle s’est rassemblée et redressée.
On 1970, on la disait puissance moyenne, mais le TGV, Airbus, Ariane et le nucléaire venaient surprendre ceux qui nous croyaient éteints.
En novembre dernier, les terroristes espéraient nous terroriser, mais on n’abat pas 2000 ans d’Histoire.
Nous sommes la France.
Nous venons de loin et nous irons encore loin si nous avons encore le courage d’oser.
Pour ne pas sombrer dans la médiocrité, la France est une des rares nations à vouloir vivre au-dessus d’elle-même. Elle se veut respectée, entendue du monde, et de fait, elle l’est encore.
Je ne veux pas que ma France tombe.
Je ne veux pas qu’elle termine en comptoir de la Chine. Je ne veux pas que notre patrimoine ne soit plus qu’un musée.
Je ne veux pas que notre nation devienne une mosaïque de communautés ethniques, religieuses qui n’obéiraient qu’à leurs propres lois.
Je ne veux pas qu’être Français se résume à une formalité administrative.
Afficher un matricule, c’est être prisonnier. Afficher une identité, c’est revendiquer un destin commun.
Nous ne représentons qu’1% de la planète, mais « la politique la plus coûteuse, la plus ruineuse, c’est d’être petit ». Petit, n’est pas Français !
Avec mon projet, je veux donner aux Français le pouvoir de retrouver leur souveraineté.
Souveraineté d’un pays qui crée des emplois partout et pour tous, car plus on est productif moins on est dépendant de la croissance extérieure, qui est d’ailleurs de plus en plus faible.
La France doit être la patrie du travail, des entrepreneurs, des investisseurs, bref la patrie de l’audace, pas la patrie des déficits, des impôts et des chômeurs, en un mot, la patrie de la tristesse.
Notre système économique et social est usé jusqu’à la corde.
Je propose une libération du travail avec la fin des 35h.
Je propose la refonte du code du travail.
Je veux mettre le paquet sur l’apprentissage et l’alternance plutôt que de financer des emplois aidés et autres emplois parking.
Je souhaite que les revenus du travail soient toujours supérieurs à ceux de l’assistance : la dégressivité des allocations chômage et l’instauration d’une allocation sociale unique le permettront.
Plutôt que de voir les fonds de pensions américains ou le Qatar racheter nos richesses, je veux créer les conditions d’un capitalisme français, avec des capitaines d’industrie, avec des jeunes créateurs d’entreprise, avec des épargnants qui ne soient pas spoliés par l’Etat, avec des agriculteurs qui peuvent se moderniser et se payer un salaire à la fin du mois…
Je baisserai de 50 milliards d’euros les charges et impôts sur les entreprises.
J’instaurerai une flat tax à 30% sur la fiscalité du capital et supprimerai le stupide ISF.
Pas de souveraineté française sans finances publiques en ordre !
Avec 2100 milliards de dettes, non seulement nous accablons l’avenir de nos enfants, mais nous sommes la proie des actionnaires étrangers et des spéculateurs que nous sollicitons pour financer notre dette.
Plus de 65% de nos emprunts sont entre les mains de fonds étrangers, mais la facture sera bien un jour pour les Français.
Il faut réduire nos dépenses publiques en réformant l’Etat, en le remettant à 39 heures, ce qui nous permettra à terme d’économiser 500.000 postes dans nos administrations.
Quant à notre solidarité sociale, il faudra, pour sauver nos retraites, passer progressivement aux 65 ans et harmoniser les régimes du privé et du public car l’équité l’exige.
Je sais bien que toutes ces réformes constituent un effort pour nous tous.
Mais tout cela est réaliste, tout cela est dans nos cordes, tout cela nous permettra de relancer notre pays :
En deux ans, on peut atteindre les 2% de croissance, en trois ans on peut revenir à l’équilibre de nos comptes publics, en cinq ans on doit pouvoir viser les 7% de chômeurs, et dans moins de dix ans, être le leader européen.
Enfin, mes amis, souveraineté nationale rime avec cohésion nationale.
L’insécurité détruit notre cohésion.
Combien de temps encore faudra-t-il au gouvernement pour interdire les rendez-vous nocturnes de « nuit debout » qui se terminent dans la casse et la violence anti policiers ?
En plein état d’urgence, alors que les terroristes rodent dans notre pays, on se paye le luxe de tolérer l’intolérable.
Ça suffit maintenant !
Les Français veulent ordre et sécurité sans lesquelles il n’y a pas de liberté.
Je veux doter nos policiers et gendarmes des outils les plus modernes pour agir.
Je veux construire des prisons parce que c’est là qu’est la place des délinquants qui pourrissent la vie des citoyens.
Je veux que la justice soit rapide et désengorgée d’une partie des petits délits qui doivent être immédiatement sanctionnables et sanctionnés.
Ma révolution du bon sens exige une immigration contrôlée.
Parce qu’il en va de notre cohésion nationale et de notre identité.
Je veux être clair : vu l’état de notre économie, vu notre taux de chômage, l’immigration légale doit être réduite à son strict minimum.
Je veux instaurer des quotas d’immigration par régions et par qualifications professionnelles, resserrer et conditionner le regroupement familial à des clauses d’intégration strictes, restreindre l’accès aux prestations sociales à deux ans de séjour légal.
On me dit que ces mesures pourraient se heurter à la Cour européenne des droits de l’homme et à la jurisprudence de la Convention européenne des droits de l’Homme… Cette Convention est très estimable mais elle ne saurait interdire à un Etat de choisir qui il veut et qui il peut accueillir sur son territoire.
Aucun juge ne peut décider de l’avenir de notre peuple.
L’application de cette convention européenne doit être recadrée, notamment sur la question de l’immigration.
La France doit, pour cela, mobiliser les Etats européens car il y a des sujets sur lesquels la souveraineté nationale doit être respectée, dès lors que l’esprit fondamental des droits de l’homme n’est pas bafoué.
En cas de blocage, nous ne devrons pas hésiter à dénoncer cette convention et à nous en retirer tant que nous n’aurons pas été entendus.
Quant aux islamistes qui prêchent la haine de ce que nous sommes, qu’ils prennent leurs bagages ou qu’ils se plient à la République, à toute la République française !
J’ai été élevé dans la foi catholique et je respecte toutes les croyances, mais la religion n’est pas un projet de société.
Le combat pour la laïcité ne date pas d’aujourd’hui. Ce que nous avons autrefois exigé de l’Eglise catholique, nous l’exigeons du culte musulman qui doit prendre ses responsabilités et nous aider à chasser les intégristes.
Dans notre pays, on peut être de toutes les croyances, de toutes les origines, mais il y a une règle : on est d’abord Français avec les devoirs que cela impose.
Libération économique, redressement financier, cohésion nationale : toutes les mesures que je viens d’évoquer doivent permettre à la France de retrouver sa force.
Et cette force retrouvée, je veux la mettre au service d’une Europe efficace, protectrice, indépendante.
Pourquoi ?
Parce que la paix sur notre continent en dépend.
Parce que je crois la civilisation européenne plus respectueuse de la personne humaine, des libertés individuelles que toutes les autres.
Parce que les tempêtes qui se lèvent au proche Orient et en Afrique exigent que nous soyons unis.
Parce que le défi économique et financier que nous lance l’Asie ne nous permet pas de nous diviser.
Parce que nous avons un message universel qui est indispensable au monde.
Comment y parvenir ?
D’abord, je l’ai dit, il y a un problème politique de leadership.
Tant que le tandem franco-allemand, qui est le moteur de l’Union, sera déséquilibré, tout le système restera figé. La France doit être forte si nous voulons que l’Europe soit forte.
Ensuite, il y a un problème de priorités. A force de vouloir s’occuper de tout, l’Union européenne passe à côté de l’essentiel.
Nous ne serons jamais un état fédéral.
Nous sommes trop différents pour y parvenir.
Nos histoires, nos cultures, nos langues, nos coutumes sont trop anciennes pour s’effacer devant des règles uniformes.
Alors arrêtons de vouloir passer tout le monde à la toise, sur tous les sujets, de Paris à Bratislava et de Copenhague à Lisbonne. Il est temps d’en revenir à la belle devise de l’Europe : Unis dans la diversité !
C’est celui-là le vrai projet européen. Celui qui défend les intérêts des européens, qui s’enrichit de leurs identités, car pour être solidaires entre Européens, nous n’avons pas besoin de tous manger le même fromage !
La géométrie variable, la subsidiarité doivent cesser d’être des concepts creux.
L’Union européenne doit être recentrée sur les priorités majeures.
La première des priorités, c’est la croissance européenne et la défense de ses intérêts économiques dans le monde.
Commençons par faire de la zone euro un espace efficace, cohérent, avec un directoire politique, avec une politique économique et financière, avec des parlementaires nationaux désignés pour encadrer démocratiquement cette zone monétaire.
Les principales nations de la zone euro, son noyau dur, doivent se fixer des objectifs d’harmonisation économique et budgétaire.
On ne peut pas avoir, d’un côté, une monnaie unique, et, de l’autre, tant de disparités entre nos Etats.
Il faut un calendrier précis pour que d’ici une dizaine d’années, nos fiscalités sur les entreprises soient comparables, nos prélèvements obligatoires à peu près équivalents, le niveau de nos droits sociaux aussi transversal et équitable que possible, sans parler des déficits et de la dette qui doivent, chez chacun de nous, être sérieusement tenus.
Par ailleurs, le droit de la concurrence au sein de l’Union ne doit plus sacrifier toute possibilité de créer des géants industriels en Europe.
C’est utile de défendre l’équité concurrentielle entre nous, mais si c’est pour être ensuite mis en pièces pas des mastodontes étrangers, alors, l’équité devient de l’angélisme.
Pareil pour notre agriculture : donnons-lui les moyens d’assurer notre indépendance alimentaire et d’être le fer de lance de notre puissance commerciale.
A force de lui imposer des normes, de vouloir en standardiser les productions, de l’accabler sous des charges exorbitantes et injustes, nos paysans se meurent sous le regard de leurs concurrents étrangers qui n’en attendaient pas tant.
Les paysans français étouffent sous les contraintes et les contrôles pendant que des sociétés chinoises rachètent leurs terres pour nourrir l’Asie.
Cette France des normes absurdes et cette Europe de l’uniformité, nous n’en voulons plus ! Je dis stop à la naïveté et stop à la soumission des européens.
Ce que le général De Gaulle appelait le «privilège exorbitant» du dollar est devenu encore plus exorbitant puisque les Etats-Unis se servent désormais du dollar pour appliquer la législation américaine aux entreprises européennes dans des conditions qui sont, sur le plan du droit et de la morale internationale, absolument scandaleuses parce qu’elles nient la souveraineté de l’Europe qui n’est plus qu’un vassal de la puissance américaine.
La seule façon de résister à cette emprise c’est d’avoir une monnaie qui assure notre indépendance, donc il faut que l’euro devienne une monnaie de réserve et de règlement pour que les entreprises européennes puissent l’utiliser à leur guise dans les échanges internationaux.
C’est un objectif de long terme mais si on veut l’atteindre il faut se mettre en route maintenant.
Il est d’autant plus nécessaire que la Chine s’est déjà engagée sur cette voie et ne tardera pas à exiger de nos entreprises qu’elles utilisent sa monnaie pour commercer sur son territoire.
Nous avons fait l’Euro pour conforter notre indépendance, pas pour devenir plus dépendants de l’Amérique et de l’Asie.
Pas de naïveté dans les négociations concernant le traité de commerce transatlantique.
L’Amérique est un partenaire économique de l’Union européenne, et réciproquement.
Mais il n’y aucune raison de foncer tête baissée vers un accord qui ne préserverait pas nos intérêts.
Pour sceller un accord, il faut la confiance : peut-on considérer que les Etats-Unis sont de bonne foi quand leur justice astreint des entreprises étrangères à des amendes d’un niveau tel qu’on peut parler d’extorsion de fonds ?
L’an passé le Crédit agricole a dû payer une amende massive dépassant 900 millions de dollars pour avoir contourné des embargos décidés par les seuls Etats-Unis.
Pareil pour la BNP, pénalisée à hauteur de 9 milliards de dollars pour des faits similaires.
La levée des sanctions contre l’Iran n’empêche pas l’administration américaine de menacer les banques européennes qui se risqueraient à financer des échanges avec ce pays. Airbus vient de signer un accord parfaitement légal pour vendre à Téhéran plus d’une centaine d’avion. Pourtant, la société européenne ne trouve aucune banque qui accepte de la financer. Au nom de quelle morale internationale ?
Au nom de quelle stratégie commerciale destinée à favoriser son concurrent américain ?
Au nom des meilleurs sentiments, la machine gouvernementale américaine s’est organisée pour mettre en place un véritable rouleau compresseur normatif
à base de lois, de normes, de décisions de justice, visant à imposer à la terre entière la loi américaine.
Tout se passe comme si les sociétés américaines, elles, échappaient à toute poursuite ou contournaient sciemment les normes en question, tandis que toute société étrangère qui pourrait avoir des activités aux Etats-Unis ou qui utiliserait le dollar se verrait automatiquement appliquer la loi américaine, devenue extraterritoriale.
Bref, ça n’est pas parce que nos alliés américains nous pressent de signer cet accord transatlantique que l’Europe doit se coucher.
Pour l’heure, la France doit dire non !
La vérité, c’est que cette négociation n’aurait jamais dû être ouverte tant que les Etats Unis n’ont pas renoncé à imposer unilatéralement leur législation aux entreprises européennes.
Comme elle doit dire « non » à la commission de Bruxelles qui examine l’opportunité d’accorder à la Chine le statut d’économie de marché.
Un feu vert des experts européens aboutirait à une suppression de nos droits de douanes. Des centaines de milliers d’emplois européens sont en jeu.
Il faudrait être fou pour abattre nos défenses face au géant chinois qui continue à subventionner son industrie et à bénéficier du dumping social.
Cela n’est pas parce que ce grand pays a tourné la page du marxisme qu’il faut lui accorder le pouvoir de submerger l’économie européenne.
Plutôt que de s’ouvrir à tous les vents de la mondialisation, l’Europe ferait bien de réfléchir à instaurer des taxes anti-dumping à ses frontières, une TVA sociale, pour financer sa protection sociale.
Et elle ferait bien d’exiger, en contrepartie de l’ouverture de ses marchés, que les entreprises étrangères s’engagent à investir aussi dans l’Union européenne, en ouvrant des usines chez nous.
Le consommateur européen est l’un des plus prisés et l’un des plus accessibles du monde, mais il doit y avoir des compensations à son ouverture.
La seconde priorité pour l’Europe : c’est la protection de ses frontières.
Les conflits ont jeté sur les routes des millions de réfugiés.
Certains réclament légitimement l’asile et nous devons les protéger mais les plus nombreux sont des migrants économiques que nous n’avons pas les moyens d’accueillir sans risquer la destruction de notre modèle politique, culturel et social.
La plus grande catastrophe humanitaire de l’après-guerre a fait sauter toutes nos barrières, mais au-delà de cet évènement brutal, la vérité c’est que l’Europe n’a aucune politique d’immigration commune digne de ce nom.
La création en 1985 d’un espace de libre circulation fut un progrès, mais elle avait ses exigences et nombreux sont les pays qui n’ont pas été à la hauteur de ces exigences. Une fois de plus, les Gouvernements ne sont pas allés au bout de la logique de leurs ambitions affichées. De même que l’euro n’a guère de sens sans une harmonisation fiscale, budgétaire et économique, Schengen n’a pas de sens sans un contrôle rigoureux de toutes les frontières extérieures et un partage des fichiers informatiques. Et nous sommes loin du compte et pas seulement à cause de la Grèce ou de l’Italie. Et cette défaillance ne concerne pas seulement l’immigration, mais aussi la sécurité comme l’ont montré les allers et retours en Syrie effectues par des djihadistes dont beaucoup étaient des ressortissants européens.
Nous avons donc besoin d’un nouveau Schengen avec un vrai corps de gardes frontières et notamment de gardes cotes pour venir en aide aux pays dont les frontières maritimes sont prises d’assaut, mais aussi avec un recours systématique aux moyens modernes de contrôle, c’est à dire aux moyens informatiques et biométriques et avec une coopération sans faille entre services de sécurité. Quiconque est allé aux USA sait ce que sont les contrôles américains dans les aéroports. Et bien, c’est ce dont l’Europe a besoin à ses propres frontières extérieures.
L’Europe doit mieux se protéger et mieux protéger ses ressortissants. Europol et Frontex doivent disposer de moyens accrus et leur modernisation est un impératif. Il ne s’agit pas de renier Schengen, mais de bien en mesurer les enjeux. L’Europe des marchands, des touristes et de la monnaie unique ne suffit pas. Et elle est même menacée de disparaître si elle n’est pas l’Europe de la sécurité, si elle n’est pas l’Europe qui maitrise l’immigration, si dans ce domaine comme dans le domaine économique elle n’est pas l’Europe qui protège. À défaut, il faudra sortir de Schengen.
Notre sécurité passe par des frontières défendues. Elle passe aussi par une défense militaire, c’est la troisième priorité.
Depuis la fin de la guerre froide, l’Europe n’a rien fait pour prendre son destin en main. Pire que cela, avec la crise ukrainienne, elle s’est inutilement brouillée avec la Russie.
Pour quel résultat ? Le durcissement du régime russe et une crise agricole dont on n’aurait pu se passer.
La coopération entre l’Europe et la Russie est la clé de la paix et de la prospérité de notre continent.
L’Europe continue de s’en remettre aux Etats-Unis pour la protéger et elle compte sur la France ou le Royaume Uni pour agir hors des frontières.
Je veux rendre hommage à nos soldats, à leur bravoure, à leur professionnalisme.
Du Mali à la Syrie, ils défendent ceux qui en Europe pensent que l’Histoire est un fleuve tranquille, ceux qui croient qu’en baissant la tête, les balles de nos ennemis leur passeront au-dessus.
Sur cette question de la défense, je demande que l’Allemagne prenne pleinement ses responsabilités à nos côtés.
Je demande qu’un fonds européen permanent permette de financer les opérations extérieures que notre pays assume souvent seul pour la sécurité de tous.
La quatrième priorité, c’est de faire de l’Europe le centre mondial de l’innovation, de la recherche et de la connaissance.
Nous en avons les atouts culturels et scientifiques.
Face aux géants américains, chinois et indien de la communication, il nous faut reparler règles de propriété intellectuelle numérique, assumer notre exception culturelle.
Il ne suffit plus de dire que nous avons Airbus ou Eureka : il faut aussi construire les futurs Airbus de l’audiovisuel, du numérique, des nouvelles technologies.
Ayons des projets industriels communs, des projets scientifiques qui permettent de créer des pôles à vocation mondiale, par exemple sur la recherche médicale ou les transports du futur, où nous avons chacun des compétences immenses.
Incitons à la mise en réseau au niveau européen des pôles de compétitivité et à la coordination des programmes de recherche entre les universités européennes afin de faire contrepoids aux investissements massifs des États-Unis et de la Chine dans les domaines stratégiques.
Cinquième priorité, elle aussi vitale : il faut une nouvelle politique énergétique européenne.
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