Discours de Nathalie Kosciusko-Morizet au Campus National des Jeunes Républicains, au Touquet:
Mes chers amis, merci d’abord pour votre invitation.
Daniel, tu as réussi à faire de ce rendez-vous annuel un incontournable. Avec Xavier Bertrand, avec Philippe Rapeneau, avec les RDJ Simon Jombart et Antoine Silanni, Marc-Philippe Daubresse, Bernard Gérard et l’ensemble de votre équipe qui s’est mobilisée depuis plusieurs semaines. La réussite est là, et cette réussite est la votre !
Chers amis, plus que jamais à l’occasion de ce campus jeunes, Je veux vous parler de vous. Je veux vous parler de la jeunesse.
Il y a eu un sondage, il y a quelques jours, qui annonçait qu’aux primaires, ce seraient les retraités qui voteraient. Et plutôt les retraités aisés, pour faire simple.
Et quoi d’original ? Depuis que j’ai commencé la politique, j’entends cela: tu te trompes de cible. Tu parles d’écologie, et à droite tout le monde s’en moque. Tu parles du nouveau monde d’après la transformation numérique, et notre public n’a pas dépassé le stade du mulot. Tu parles aux jeunes, et ils ne votent pas.
Je ne crois pas qu’il faille céder à ce discours. D’abord par ce qu’il n’y a pas de fatalité à cela. Ensuite et surtout, parce que la jeunesse, le nouveau monde, les sujets émergents, cela concerne en fait tout le monde.
Quand vous, la jeunesse, ne trouvez pas de travail, c’est toute notre société qui est en échec !
Quand vous, la jeunesse, êtes convaincus que votre avenir est ailleurs, c’est notre pays entier qui n’a plus d’avenir !
On parle beaucoup d’immigration. Et il y a de bons motifs, et même des motifs nouveaux et particulièrement dramatiques, ces derniers temps.
Mais moi, je veux vous parler d’émigration. De ceux, de plus en plus nombreux, de plus en plus divers aussi, qui émigrent ou qui en rêvent. De toute une jeunesse qui se demande si elle ne va pas partir ailleurs voir si le marché du travail est plus dynamique, la société plus ouverte, l’humeur plus optimiste.
Ce mouvement existe. Chacun le sait et l’entend, dans son entourage, dans ses amis, dans sa famille, ou dans sa vie. Le désir d’ailleurs de cette jeunesse désabusée qui veut aller vérifier si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Un sondage de 2013 indiquait que 51 % des 25-35 ans, s’ils le pouvaient, quitteraient la France ? Ce serait déjà le cas d’un diplômé sur cinq issus des grandes écoles de commerce. Perte de productivité, perte sèche aussi pour les finances de la France.
C’est une inversion historique : La France a toujours été terre d’immigration. Mais jamais d’émigration. Cela nous est particulier. Presque tous les pays européens ont vécu des vagues d’émigration importantes. L’Italie, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, l’Allemagne même. Mais pas la France.
Je ne parle pas ici d’émigration fiscale. Elle existe, bien sûr. C’est même une saignée. Mais là c’est autre chose. Ces jeunes qui partent chercher leur chance ailleurs, à Londres, en Amérique, en Asie, n’ont aucun motif fiscal à émigrer. Ils n’ont pas de fortune à protéger ou à transmettre.
Alors pourquoi partent-ils ? Parce que le contrat moral entre les générations est rompu. Pendant longtemps, chaque génération pensait que la suivante vivrait mieux. C’était même la justification des efforts. C’est fini. A la question « Pensez-vous que les jeunes d’aujourd’hui auront plus, autant ou moins de chances de réussir que leurs parents dans la société française de demain ? », dans l’enquête annuelle du Cevipof de janvier 2015, près de 3 Français sur 4 répondent « moins de chances » !
Voilà le résultat de 3 ans déjà de mandat de François Hollande !Souvenons-nous en janvier 2012 quand le candidat socialiste lançait au Bourget « Si je reçois le mandat du pays d’être le prochain président, je ne veux être jugé que sur un seul objectif: (…) est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 ? Je demande à être évalué sur ce seul engagement».
Alors mes chers amis je vous pose la question : 3 ans plus tard vivez-vous mieux ?
Vous deviez être la priorité de son mandat, vous êtes aujourd’hui la grande oubliée de son quinquennat !
La jeunesse part parce qu’elle n’y croit plus. C’est un signal d’alerte.Et cela concerne tout le monde. L’exil, c’est dur pour ceux qui partent. Mais c’est encore plus dur pour ceux qui restent. Quand les jeunes diplômés auront quitté la France, à la suite des grands capitalistes susceptibles d’investir dans les start-ups qu’ils auraient pu créer, que nous restera-t-il ?
Faut-il se résigner ? Ce mouvement est-il irréversible ? Non ! Ceux qui partent n’aiment pas moins la France. Nul ne s’exile par plaisir. Beaucoup ont l’idée que la France ne peut pas se réformer. Ils ne veulent pas rester pris à ce piège. Et puis ils ont le ras-le-bol de la sinistrose. Ces jeunes Français qui partent appliquent finalement le mot de Taine, « On voyage pour changer, non de lieu, mais d’idées ».
Mes amis, Voilà la clef. Changer d’idées, ici, maintenant, en 2015 avec les régionales, en 2017 avec les présidentielles, c’est possible !
Ce n’est pas une question d’âge, ou alors c’est une question d’âge des idées. Les idées ont un âge. Elles sont d’une génération, elles aussi. On ne transformera pas la France avec les idées des années 90.
Moi je crois à un fil directeur, la liberté. Une idée toujours neuve, et particulièrement dans un pays dont les élites se sont acharnées, pendant des années, à déployer leur créativité dans les normes et les contraintes de toutes natures.
Deux idées à partager, pour illustrer.
L’entreprise Française étouffe sous les charges et les prélèvements. 120 milliards de plus qu’en Allemagne. On voudrait que nous attendions d’avoir résorbé le déficit pour nous en occuper. C’est inefficace, car personne n’a jamais vu qu’on résorbe le déficit sans croissance. C’est injuste, car c’est condamner la jeunesse au chômage, le temps de rembourser les lourdes dettes accumulées par leurs aînés. C’est mensonger, car promettre les baisses d’impôt pour plus tard, après la réduction des déficits, c’est n’y arriver jamais. Je propose qu’on fasse du même mouvement, au même moment, les réformes structurelles et les baisses de prélèvement, quitte à creuser transitoirement le déficit. Et au premier rang des réformes structurelles, le passage de la retraite à 65 ans.
Deuxième idée, le monde du travail se transforme. Un mouvement profond le traverse, un vent de liberté, le développement de l’indépendance. Auto entreprise, entreprise individuelle, portage salarial, cela prend plusieurs formes. Le lien de subordination qui est au fondement du salariat fait repoussoir pour beaucoup. Avec les outils numériques, une nouvelle société émerge. Dans ce monde là, la question d’une durée de travail unique est dépassée. 35 heures ou 39 heures, ce n’est pas le sujet. Pourquoi la même durée pour tous ? Pourquoi le même contrat pour tous ? Les réponses aux questions d’hier, il fallait les donner hier. Aujourd’hui, c’est un véritable statut de l’indépendant qu’il nous faut.
Je ne veux pas faire un catalogue de mesures, mais partager une idée, une envie. Celle de liberté. La liberté d’aller chercher des idées neuves. La liberté de ne pas rester prisonniers de nos vieilles lunes.
Personne, dans aucune famille politique, dans aucune aventure humaine, personne n’est fort, s’il n’est d’abord libre. C’est le propre de toute les œuvres collectives, ceux qui les portent sont d’abord des hommes et des femmes libres.
Ensemble, cultivons notre liberté, pour rendre la leur aux Français.
Chers amis, soyons libres !
Seul le discours prononcé fait foi
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